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EAN : 9782246816935
162 pages
Grasset (23/08/2023)
3.45/5   83 notes
Résumé :
Ils sont trois et vivent à des milliers de kilomètres. Il y a Nana, jeune éthiopienne discrète et contemplative ; Jan, trentenaire hollandais embourbé dans sa solitude ; Ali, bangladeshi arrivé à Paris pour tirer sa famille de la misère. Leurs quotidiens sont radicalement opposés mais une chose les relie, une fleur : la rose. La première les cueille sous une serre dans la vallée du Rift. Elle épuise son corps tout le jour et découvre la vie par la douleur. Jan le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Nana, Jan, Ali. Ethiopie, Amsterdam, Paris.
Leurs vies n'ont rien en commun, ils ne vont même jamais se rencontrer. Une seule chose les relie : les fleurs, en particulier les roses.
Celles que Nana cueille à longueur de journées, dans une serre gigantesque et étouffante en Ethiopie, pour qu'elles soient envoyées par avion aux Pays-Bas, où Jan, trader en fleurs, va les acheter par lots depuis les gradins du marché aux fleurs d'Alsmeer près d'Amsterdam, pour le compte de ses clients. de là, elles repartiront le plus vite possible sur les route d'Europe dans des camions réfrigérés, pour arriver encore fraîches à destination chez le client final, ou chez un revendeur. Et par exemple, certaines aboutiront à Paris, dans les mains d'Ali, candidat réfugié en provenance du Bangladesh, qui vit dans l'attente de papiers et d'un travail qui lui permettra de faire venir sa femme et son fils en France. Entretemps, il vend (ou tente de vendre) ses roses à l'unité sur les terrasses de la Ville-Lumière. Euro par euro, il gratte de quoi payer son fournisseur, son loyer, et ce qui reste (quand il reste quelque chose), il l'envoie au pays.

C'est fou comme la rose, symbole tellement chargé de romantisme et de passion, fait ici le lien entre trois destins qui n'ont rien de passionné ni de romanesque, mais sont au contraire gris, désespérants, désespérés.
Après des études universitaires qui ne l'ont menée à rien, Nana, jeune femme discrète et rêveuse, se retrouve ouvrière, un sécateur à la main, le corps peu à peu épuisé par la chaleur et la station debout, empoisonné par les pesticides dont on arrose copieusement les roses, qui ont plus de valeur que les humains qui s'en occupent.
Après des études universitaires qui l'ont conduit à son emploi de trader, Jan, jeune homme insignifiant, s'englue dans un travail et une vie dont il pressent qu'ils ne vont le mener à rien d'épanouissant.
Quant à Ali, il n'a pas fait d'études, il avait un travail mais, comme tant d'autres, il voulait juste une vie meilleure pour sa famille, sans imaginer les sacrifices qu'il faudrait consentir pour y arriver (ou pas).
Loin du romantisme et de la passion précités, la rose est ici le symbole déprimant d'un monde globalisé, où tout, même l'humain, est un produit. Un monde gouverné par la seule loi du marché, du profit et de l'argent, qui broie les corps et les âmes dans des emplois précaires, dangereux et/ou vides de sens.
Ces trois portraits sont tristement réalistes, et l'auteur ne fait pas dans le pathos. Au contraire, l'écriture est trop désincarnée à mon goût, même si c'est peut-être pour montrer qu'aux yeux du Dieu Marché, ces trois vies tellement solitaires et en détresse ont si peu d'importance qu'elles sont déshumanisées et donc interchangeables à volonté. Mais quand même, j'ai trouvé ce roman trop court, trop prévisible, et manquant de consistance, de la même manière que ces roses amenées du bout du monde sont belles mais manquent de parfum. Néanmoins un livre utile s'il pouvait éveiller les consciences, ce serait déjà ça.

En partenariat avec Grasset via Netgalley.
#Rosenuit #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Rose nuit d'Oscar Coop-Phane est un bijou littéraire dont le fonds très sombre magnifie la présence du trio des personnages par la pureté, la poésie et la flamboyance de l'écriture.

Une écriture magnifique qui se passe des mots, c'est la lumière sur les instantanés de vie, trop vite arrêtés. Nana en Ethiopie, Ali à Paris et Jan aux Pays-Bas, tous les 3 liés sans qu'ils le sachent au commerce en chaîne intensif de la rose, « le sorbet avalanche » pourtant symbole de l'amour.

La narration est douce, très lente, nous découvrons petit à petit le calvaire de Nana jeune cueilleuse dans les serres surchauffées d'Ethiopie, l'existence fantomatique d'Ali, vendeur à la sauvette dans les rues de Paris et l'écrasante solitude du trader Jan parmi les gourous de la finance.

J'ai aimé la manière subtile et implacable de l'auteur de lier ces 3 personnages qui ne se rencontreront jamais. Ils existent pourtant bel et bien et ce livre nous ouvre les yeux sur une impitoyable réalité.

Le style poétique, rempli de lumière rend d'autant plus cruelles, injustes et révoltantes la déchéance et la privation des droits humains de ces 3 êtres au nom du profit et de l'exploitation intensive d'une rose, sacrifiée elle aussi.

Livre lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2023.

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Rose nuit est un livre construit autour de trois personnages qui ne se rencontreront jamais bien qu'ils soient liés par l'économie contemporaine, une structure que j'apprécie peu. le roman d'oscar Coop-Phane réserve pourtant de bonnes surprises.

Nana a grandi en Éthiopie, auprès d'un lac qu'elle aimait. Elle a fait des études, mais ça ne l'a pas menée à grand-chose, alors…
Jan aussi a fait des études et aujourd'hui, il vit à Amsterdam. Son métier : acheteur de fleurs.
Ali rêve de faire venir sa femme et son fils à Paris, mais avant, il doit obtenir ses papiers. Pour survivre, il vend des roses aux terrasses des restaurants.

Bien sûr, j'aurais aimé connaître la suite de l'histoire des personnages, mais ce n'est clairement pas le propos de l'auteur. Il a voulu montrer à quel point nous sommes peu maîtres de nos vies (Nana et Ali) ou des conséquences de nos actions (Jan).

Un auteur à découvrir

Lien : https://dequoilire.com/rose-..
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Trois vies sur trois pays qui ont un lien entre elles, d'un bout à l'autre d'une chaîne internationale de production et vente de roses. le thème est semblable notamment a "La tresse" si vous aviez aimé. Pour parler de cette société débile, d'abord qui coupe les roses (!), qui leur fait traverser la planète, pour les vendre a la sauvette dans les restaurants ou les supermarchés. Installant l'exploitation humaine là-bas avec les maladies liées aux produits chimiques, les métiers sans intérêt et la précarité de tout ce beau monde qui survit. Après les cheveux et les roses, a quand les noix d'acajou ou les amandes grillées ?
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Elle commence son long parcours avec les mains de Nana, là-bas en Éthiopie. On coupe ses branches, ses épines, ses feuilles. On la met au froid, tête en bas. Puis c'est Jan qui prend le relais, dans un grand entrepôt de Hollande. On ne la regarde pas, ce n'est pas vraiment sa beauté qui compte, mais plutôt le prix qu'on négocie. Et c'est enfin avec Ali, dans les rues de Paris, qu'elle finit sa vie. Là encore, personne se s'attache à ce qu'elle est, ce qu'elle représente et a tout le chemin qu'elle a parcouru… Parce que c'est sûr, si on la connaissait vraiment, on lui accorderait toute la place qu'elle mérite…

L'histoire qui se déroule au fil des pages du roman de Oscar Coop-Phane, Rose nuit, est celle de la rose. de sa culture sous serre en Éthiopie, son marché en Hollande, jusqu'aux vendeurs des terrasses de Paris, c'est cette fleur que l'on suit. Et à travers le regard de trois personnages, elle devient leur raison de vivre.

On ne sait pas vraiment si cette rose est un prétexte pour lever le voile sur les travers de la mondialisation, la misère des uns et la richesse des autres.
On ne sait pas vraiment si cette rose est une raison à la convoitise, celle qui ronge mais qui ne comble pas.
On ne sait pas vraiment si cette rose est la face cachée, derrière sa beauté, de la solitude de ceux qui croisent sa route, leurs tourments et leurs blessures.

Cette rose pourtant franchit bien des frontières, elle passe entre tellement de mains, cassant les corps de ceux qui la cueille, à l'ombre de laquelle ceux qui la vendent arpentent les pavés en pleine nuit… Elle a bien plus de force qu'on ne le croit, tout à tour souffrance, honte et angoisse pour qui la porte. Une chose est sûre, après cette rencontre, une fois la dernière page tournée, vous la regarderez différemment… Ou vous la regarderez tout simplement…
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critiques presse (2)
Bibliobs
07 décembre 2023
A travers le destin de trois personnages, l’auteur retrace le parcours d’une rose Sorbet Avalanche, de la vallée du Rift à la vente à la sauvette dans une rue de Paris.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
25 août 2023
On s’étonne presque de la brièveté du roman, tant l’enquête menée par l’écrivain à travers le monde semblait appeler un récit tentaculaire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
 La première fois qu’il est arrivé ici, Jan a été impressionné. Un million de mètres carrés, 12000 travailleurs, une fleur sur trois vendue en Europe qui transite par là, une course perpétuelle, tout livrer, si vite, si loin. Les plantes, il s’en fout bien, mais quand même, la force du business l’intimide. Il se sent minuscule. Qu’est-ce que ça veut dire, d’être acheteur quand on sait que d’autres hommes ont construit tout ça ?
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Elle ne lui avait pas dit que sous les serres, il fait une chaleur insoutenable, que les cueilleuses s’écroulent à cause des températures et de l’air moite. Elle ne lui avait pas dit que les produits qui font pousser les plantes détraquent les corps, pourrissent en quelques mois la vue et les organes, que les filles font toutes des fausses couches ou enfante des bébés tarés. Elle ne lui avait pas dit que le salaire ne vaut rien qu’il représente pour un mois et cent-quatre-vingt-douze heures de travail le prix auquel on vend un seul carton de fleurs, que seuls les étrangers en jouissent, qu’ils condamnent la terre qu’ils l’assèchent et que les autres cultures dépérissent. Elle ne lui avait pas dit que les gardes vous traitent comme des bêtes, avec toute la violence des hommes armés. Que les femmes s’écroulent, que les corps essaient de tenir pour survivre.
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(...) il ne pourra jamais en être, Il ne pourra jamais en jouir. Ils se sentirait comme une tache de gras sur une nappe en papier. Il y a la nationalité bien sûr, l'histoire de la traverse, ce voyage vers l'inconnu, la trouille au ventre, parce qu'on a plus le choix, parce qu'il faut fuir pour survivre. Mais ce n'est pas seulement ça. C'est un malaise bien plus diffus qu'une nationalité ou une origine. On parle de classe, de rang social, de hiérarchie. C’est l'impossibilité de faire partie d'un monde, de s'échapper du sien aussi.
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Les fleurs poussaient plutôt haut. Les pieds étaient surélevés sur des talus d'une vingtaine de centimètres. Nana ne devait pas se plier completement pour sectionner les branches réticentes. Elle sentait simplement ses épaules s'affaisser et se courber comme une honte. Une chanson lui trot tait dans la tête. Elle n'arrivait pas à s'en défaire. Mais ce n'était pas un air qu'elle connaissait, ce n'était pas quelque chose, non plus, qu'elle avait entendu mais qu'elle aurait oublié. Non, Nana savait que cette chanson-là, c'était son âme qui la traînait. Il y avait en elle un soupçon d'angoisse répétitive - une musique qui, en tout point, reflétait les errances de ses pensées.
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La peur aussi rend les idées poreuses. C'est une tétanie sournoise. Elle se manifeste, elle est forte, on la comprend et on l'observe. Il y a tous ces moments où on croit qu'elle est terrée quand en réalité, elle vous caresse la nuque.
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Videos de Oscar Coop-Phane (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oscar Coop-Phane
Dans cet épisode de L'Intention, c'est la fleur de la romance, de la passion. C'est aussi le signe de la mondialisation.
Dans Rose nuit, publié aux éditions Grasset, le romancier Oscar Coop-Phane raconte le destin de trois personnages à trois extrémités du monde et pourtant tous reliés par une chose : la rose. Reflet d'une époque absurde et d'une vérité obscure, cette fleur a su intriguer et inspirer Oscar Coop-Phane.
Dans ce podcast, il partage avec nous ces investigations et le travail littéraire qui l'ont mené à écrire son roman.
Concept éditorial : Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka Voix et interview : Laetitia Joubert et Shannon Humbert Ecriture: Lauren Malka Montage, musique originale : Maképrod Conception graphique : Lola Taunay Photo auteur : JF Paga Extrait musical: French 79 feat. Sarah Rebecca - Diamond Veins (2016) Album : Olympic Auteur : Henner Simon aka French79 Voix : Sarah Rebecca LABEL: Alter K - IN/EX
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