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Citations de Pacôme Thiellement (220)


Les œuvres anamorphiques comme Hamlet, Twin Peaks ou The Leftovers sont des fictions-vortex, des textes-maelström, qui tourbillonnent autour d'incomplétudes manifestes, toujours en attente d'être comblées par nos relectures et réinterprétations.
(Sarah Hatchuel)
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C’est toujours le problème du personnage principal dans les fictions : tous les personnages secondaires sont les faire-valoir de son récit et tendent à donner une image de l’Univers, miroir de la personnalité du lecteur ou du spectateur, comme un récit hiérarchiquement organisé, avec individus principaux, secondaires et figurants. Et les médias, en sélectionnant au sein de l’humanité personnages principaux et personnages secondaires, en mettant toute la société au diapason des vies de certains «élus » (ceux qui ont « réussi », les stars et les politiques, les VIP) reconduisent cette logique dans le domaine de la vie elle-même.
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ceux qui se prennent pour nos chefs sont en réalité nos employés et que, même s'ils nous parlent avec une arrogance déplacée, ils travaillent pour nous et non l'inverse.
Le pouvoir rend mauvais. Nous le savons depuis toujours. Le pouvoir rend triste. Nous le savons depuis que le monde est monde. Comme la prostitution, il laisse quelque chose dans l'âme. C'est pour ça que nous laissons le pouvoir aux seuls hommes susceptibles d'être séduits par son usage. Nous laissons à nos marionnettes le plus de pouvoir possible dans l'objectif qu'ils prennent pour eux et sur eux le plus de malédiction possible. Nous tenons à notre âme comme ils tiennent à leurs profits. Certes, nous ne penserions pas qu'ils seraient aussi mauvais. Certes, nous les préférerions un peu plus obéissants. Certes, nous sommes déçus par Pompidou, Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Macron. Mais nous ne devons pas oublier leur fonction première. Nous les avons placés là pour nous concentrer sur autre chose. Il est temps pour nous que cette autre chose prenne le dessus sur notre détresse de les voir gérer si mal la tâche que nous leur avons laissée. Notre destin n'est pas de nous battre contre des hommes politiques. Bien sûr qu'ils déconnent. Bien sûr que ce sont des idiots. Mais nous, nous ne sommes pas assez idiots pour ne pas voir que c'est précisément pour cela que nous leur avons laissé ce hochet - le pouvoir- et cette poussière : l'argent. Nous avons tellement à faire. Nous avons tellement à faire et nous avons si peu de temps pour le faire.
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L’objectif secret de Twin Peaks est de repérer la continuité du théosophisme dans la culture contemporaine. Redécouvert à la lumière de Twin Peaks, le système mystique de Mme Blavatsky est l’impensé sur lequel se structure toute la mythologie de notre temps, sa Voie de la Main Droite : le New Age.
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Twin Peaks n’est pas une œuvre d’art au sens classique du terme. Twin Peaks est un mood, c’est-à-dire la formalisation, à la fois souple et claire, non systématique mais récurrente, de la qualité de l’air propre à son identité fictionnelle.
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Mani avait eu cette révélation : le combat auquel l’homme ne pourra jamais se soustraire est celui de la Lumière et des Ténèbres. Et celui-ci se joue à l’intérieur de chaque cœur humain mais tout aussi bien de chaque communauté, de chaque civilisation, de chaque spiritualité. La même idée se retrouve chez Shakespeare.
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William Shakespeare naît en avril 1564 à Stratford-sur-Avon. Son œuvre s’inscrit dans l’avènement de la dynastie des Tudor, qui met fin en 1485 à la guerre des Roses, opposant les maisons de York et de Lancaster et ayant décimé en trente ans toute l’aristocratie militaire : Shakespeare en détaillera le récit dans ses pièces historiques. Henry VIII instaure l’anglicanisme et s’allie aux bourgeois qui étendent leur influence par le prêt avec usure, la subvention des découvertes scientifiques et l’acquisition de terres mobilières. Le père de William, John, est gantier et bonnetier. Mary Arden, sa mère, malgré ses aspirations à la petite noblesse, est d’extraction paysanne.

Il ne fait aucun doute que la raison principale pour laquelle des spécialistes ont voulu que ce soit un autre qui ait écrit les pièces de Shakespeare est la raison même pour laquelle il les a écrites. Ils voulaient un aristocrate ou un grand bourgeois. Or seul un homme d’origine relativement modeste, seul un petit-bourgeois, possédant en outre une expérience intime des hommes de basse extraction et un sens aigu des négociations nécessaires à la profession de commerçant, pouvait les écrire.
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Quand nous avons refusé le travail démiurgique qui allait nous anéantir psychiquement et faire de nous un esclave, la minute suivante, nous nous sommes abandonnés aux addictions diaboliques de l’alcool et des stupéfiants, créant une prison seconde autour de notre âme, nous faisant passer d’une emprise à une autre derrière l’apparente liberté de nos décisions. Enfin, quand nous avons fui l’ennui familialiste démiurgique pour défendre notre droit à une existence poétique, nous n’avons pas vu l’amour malade qui se tenait dans un coin et nous attendait pour bénéficier de nos pulsions contradictoires et nous piétiner le cœur.
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L’Eglise, en continuation directe du Sanhédrin qui condamna Jésus, a agi comme n’importe quelle bonne officine maffieuse : elle s’est donnée comme l’héritière exclusive du message de celui qu’elle avait assassiné. Elle s’est donnée ensuite comme le fan-club d’un homme qui aurait refusé d’en être membre.
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Jésus n’a pas voulu construire une Eglise dont le pouvoir serait unique. Il n’a pas cherché l’exclusivité. Il a dit : « Le vent souffle où il veut ». On peut considérer que le péché contre l’Esprit est celui de nier la possibilité de la grâce chez des personnes dont les conceptions métaphysiques, politiques ou religieuses sont différentes des nôtres. Le péché contre l’Esprit, si mystérieux a priori, c’est la négation que quelque chose de bien puisse avoir lieu sans notre intercession, et d’une façon qui déroge à notre manière personnelle de lire les projets de la divinité.
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Jésus ne s’est pas intéressé à la famille. Il a méprisé les liens biologiques et a annoncé leur destruction : « Je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison ». Il n’a jamais parlé de mariage. Le mariage ne fait pas partie de ses sujets de prédilection. Paul, on l’a compris, n’aime pas le sexe, mais il sait que ses interlocuteurs vont quand même vouloir baiser. Du coup, il transforme son magistère en agence matrimoniale : « Il est bon pour l’homme de s’abstenir de la femme. Toutefois, à cause des débauches, que chaque homme ait sa femme. S’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient : mieux vaut se marier que de brûler ». […] L’Eglise n’a cessé de considérer la famille comme le socle de sa société.
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"Et le Mal, en conformité avec la tradition [...], n'y est pas représenté comme principe éternel, antagoniste du Bien, mais comme le résultat d'un enténébrement de la Lumière incréé par le monde matériel. Ou encore celui de notre chute dans le Temps. (p. 31)
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Le problème de ce monde, c'est qu'on doit encore consolider les décors et recoudre les costumes alors même qu`on est déjà en train d'y vivre. Il ressemble à ces rêves dans lesquels nous nous retrouvons sur une scène de théâtre pour jouer un rôle dont nous n'avons jamais appris les répliques alors que quelqu'un nous souffle des paroles incohérentes et que le public nous regarde, sidéré. Non seulement nous avons du mal à retaper notre propre histoire, non seulement la plupart des événements qui en orientent le sens glissent comme des pièces de monnaie sous les buffets et derrière les armoires ou se retranchent dans la partie la plus obscure de notre àme, mais on doit aussi composer avec les incertitudes du récit collectif ou les ambiguïtés régulièrement mises à jour de notre propre système référentiel, quand ce ne sont pas les petits secrets de notre récit familial. Et ce drame individuel et collectif se rejoue dans chaque vie, dans chaque espace, dans chaque temps, dans chaque monde. Notre vie est une pièce jouée dans un théâtre en ruines, Nos plus belles répliques sont hurlées alors que l'orage détruit les derniers éléments du décor.

Alpha. Philosophie, p. 13.
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Nous cesserons d'être les contemporains de Shakespeare lorsque nous cesserons de nous faire souffrir inutilement par amour.
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"On n'obtient jamais le pouvoir, c'est le pouvoir qui nous obtient. Plus un homme croit avoir du pouvoir, plus il appartient aux ténèbres. Plus un homme se croit puissant par rapport aux autres, plus il dépend d'une puissance supérieure dont il est l'esclave. On ne se libère jamais de la servitude en devenant le maitre d'autres hommes. On se libère de la servitude en libérant d'autres hommes."
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Par la musique, nous sommes en mesure de transformer le sentiment initial de la vie en modifiant la sensation du temps et les rythmes qui conditionnent notre perception.
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Face à la violence du Temps, afin de recréer les conditions de l’amour, et sa signification originelle, il faut à chaque fois inventer une forme d’amour qui corresponde à ce moment du Temps, une forme d’amour qui, si elle ne retrouve pas les conditions de l’état pléromatique, remplit du moins l’illusion conditionnée du manque par des images qui nous permettent de nous souvenir de sa lumière initiale. Et c’est ce que Shakespeare va inventer dans ses Sonnets comme dans son théâtre. Afin de recréer les conditions de l’amour, donc. Shakespeare, malgré sa « tendresse navrée », inventera le sickamour.
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Ce que Dante implique, en défendant l’interprétation symbolique d’une œuvre d’art, c’est l’autorité spirituelle de l’opération poétique individuelle. Ce que Dante théorise, en véritable sous-marin de la turbulence profane dans les mers sacrées, c’est que quelqu’un comme lui puisse produire une œuvre dont la portée spirituelle soit équivalente à celle de la Bible. Et pour cela, il dégriffe et singe la théorie des quatre sens de l’écriture biblique […].
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William Shakespeare se marie avec Ann Hathaway en 1582. William a 18 ans, Ann en a 26. Un premier enfant, Susanna, naît de leur union en 1583. Puis des jumeaux, Hamnet et Judith, en 1585. Après quoi, Shakespeare quitte village, parents, femme et enfants pour partir à Londres. À l’époque, Londres est une ville jeune, changeante, pauvre, violente, libre. La moitié de la population a moins de 20 ans. La génération précédente, décimée par les maladies et les guerres, laissa une ville désolée de 50 000 personnes qui, à force de migrants, d’ouvriers agricoles et de jeunes ambitieux de province, se hissera à 200 000 habitants en 1600. Il y a plus de mendiants à Londres que dans tout le reste du pays, sans compter les membres des classes laborieuses, les ouvriers sans maîtres et les innombrables prostituées. Presque tous les hommes portent une arme à leur ceinture. Enfin, last but not least, les Londoniennes ont la réputation d’être les femmes les plus chaudes d’Europe.
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Les hommes se retournent dans leur miroir comme les enfants dans leur lit : pour trouver le sommeil. La constance apparente des choses est ce sommeil ; la permanence du visible alliée à la confiance que notre identité ne va pas nous faire faux bond pendant la nuit. Pour cela, nous composons énormément, avec ce monde comme avec nous. Nous recouvrons nos mutuels abîmes d'une fine bande de gaze. Nous attribuons nos inconsistances crasses aux hasards de la vie. Et nous nous aveuglons sur ce qui glisse en nous avec l'évidence du fildefériste ivre dans le cirque anticosmique du dieu mauvais. Le premier garant de cet aveuglement, c'est encore notre visage. En lui s'unifient, lorsque nous le regardons, les multiples puissances que nous savons s'éparpiller et s'affronter inlassablement dans notre âme jusqu'au plus complet déchirement. C'est pourquoi nous retournons, toujours, dans le miroir, vérifiant notre constance, appuyant notre permanence, implémentant notre confiance, et nous nous rassurons... Mais parfois, quelque chose d'étrange se passe. Un détail nous échappe, un amour nous trouble, un mort nous parle. Soudain, c'est le miroir qui se retourne dans l'homme ; et ce qu'il lui montre alors n'est pas bien glorieux.
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