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Citations de Pacôme Thiellement (216)


L'homme riche est le dernier des péquenauds de son temps. Il n'a rien vécu, ne vit rien, ne vivra rien. Il "capitalise". Il "accumule". Il mange tout ce qu'il peut, il vomit, et ce qu'il a vomi, il voudrait le donner à sucer au reste du monde. Mais il n' a aucune importance. C'est un pauvre type et sa vie n'a aucun intérêt. (p 185)
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Notre vie est la description d’une guerre contre une partie de nous-mêmes qui n’est pas nous. Et ce que cette dernière essaie de nous faire croire, c’est également le mythe que « seuls les salauds gagnent » et que « les bons seront toujours perdants », ce serinage incessant inventé pour enténébrer notre cœur, que ce soit par le cynisme ou par la dépression. Cette idée engendre le cynisme si ce mythe nous rend salauds ; elle engendre la dépression si ce mythe nous remise, par le désir de rester honnête, dans le camp des perdants. Tous ces effets collatéraux de notre traumatisme premier, toute cette compulsion à répéter le malheur subi sont les effets de la présence de cette âme adventice. Alchimie, anamnèse : toute une vie ne suffirait pas à nous apprendre à vivre.
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C’est la légende d’une troisième Laure, femme-vampire qui n’appartient pas aux dimensions de notre monde, mais aux climats pluvieux et sombres de la mémoire, de la nostalgie et des rêves :

"Laura est le visage dans la lumière brumeuse,
Les pas que vous entendez près de l’entrée.
Le rire qui flotte dans une nuit d’été,
Dont le souvenir n’est pas clair.
Et vous voyez Laura dans le train qui passe devant vous.
Ces yeux : à quel point ils vous semblent familiers.
Elle vous donna votre premier baiser.
C’était Laura –
Mais elle est seulement un rêve."
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Jésus voulait abolir le caractère légaliste de l’Ancien Testament. Extrêmement peiné par les références continuelles aux coutumes tombées en désuétude que les membres de son peuple prenaient pour des Lois, il leur a explicitement demandé de se contenter de deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». A contrario, Paul dit : « Annulons-nous donc la Loi par la foi ? Loin de là ! Au contraire nous confirmons la Loi ». L’image de la crucifixion de Jésus neutralise sa parole libératrice et nous rend à nouveau coupables d’un péché dont Jésus croyait nous avoir débarrassés.
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Nous nous rendions le soir dans des salles obscures, des cryptes aux motifs orphiques, égyptiens ou chinois, où on nous diffusait des images en mouvement. Nous décryptions des récits qui décrivaient le fond obscur et sacré de notre présent, des contes qui tenaient à la fois de l’ensorcellement et de l’anamnèse, de la manipulation et de l’initiation. Nous adorions des idoles, que nous associions aux étoiles, et nous observions leur action sur le monde des hommes. Nous construisions le monde de notre âme à partir des architectures produites par les films, et nos rêves devinrent cinématographiques et hermétiques dans leur forme comme dans leur fond.
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The Leftovers parle de notre époque. C'est même la raison pour laquelle cette série nous touche autant. Nous n'avons pas connu le Sudden Departure et la perte de 2% de la population, mais, pour autant, nous vivons dans l'état suspendu de ces "citoyens résiduels", entre l'attente d'un miracle qui ne vient pas et la résignation à une quotidienneté qui ne nous convient pas. Nous n'avons pas connu le Sudden Departure, mais nous sommes à deux doigts de nous transformer en Guilty Remnants.
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Quand vous serez capable de vivre la solitude dans l'état amoureux, et l'amour dans l'état de solitude, alors vous aurez accès au repos.
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Le jihad est la guerre que l’homme fait contre lui-même et contre ses instincts pour répondre à l’appel de Dieu. Le jihad esthétique est le combat de l’artiste contre ses propres déterminations pour accomplir son œuvre, dans toute sa grandeur et son inactualité, à travers toutes les impossibilités qu’il rencontre, qu’elles viennent du dehors, comme du plus profond de lui-même.
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Ce que les gnostiques avaient fait au judaïsme d’abord, au christianisme ensuite, les Beatles, à travers leur pop music, pleine et légère, complexe de toute la culture européenne et simple comme un enfant qui danse, l’avaient fait au rock. « Nous avons combattu la loi, écrit John Lennon en 1978 dans son livre Éclats de ciel écrits par ouï-dire, et la loi a perdu. »

Ce n’est pas en rejetant la loi qu’on s’extrait de son emprise, mais en la pervertissant, en la métissant et en l’épissant. Les gnostiques furent d’abord de grands parodistes, insistant sur le ratage de la Création et l’imbécillité congénitale du dieu à l’origine de notre monde. L’auteur du Deuxième Traité du grand Seth est formel : « Et une voix, celle du Cosmocrator, s’éleva alors vers les anges : “Je suis Dieu et il n’y en a pas d’autre que moi.” Mais je me mis à rire gaiement à la vue de sa vanité. » Ce que comprirent les gnostiques, c’est que, pour se dépêtrer d’une fiction totalisante, il faut accumuler les fictions singulières, dissipatrices, noyautées par le vide qui les fonde, le secret qu’elles révèlent (Dieu n’existe pas, moi non plus, donc je suis Dieu et tout est possible) et autour duquel elles tournent. C’est même la seule condition de la liberté et le seul athéisme qui sache rire. « Leur “simplicité” consiste à vrai dire dans le rejet total de la discipline » (Tertullien).

La gnose n’a jamais créé d’ordres du monde que pour les contraindre à se révéler ultérieurement comme des absurdités grotesques et terribles, ce qui fit de ses praticiens les cibles systématiques de tous les pouvoirs organisés. « Il me semble, écrit encore Lennon dans Éclats de ciel écrits par ouï-dire, que les seuls chrétiens dignes de ce nom étaient (sont ?) les gnostiques, qui croient en la connaissance de soi, c’est-à-dire en la nécessité de devenir des Christ, de trouver le Christ qui est en soi. »

Le mellotron, c’est l’homme conscient de son identité truquée, de sa nature de double ou d’escamoteur.
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On est attaché à la possession d'une chose parce qu'on croit que si on cesse de la posséder , elle cesse d'être.
Simone Weil
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"Et le Mal, en conformité avec la tradition [...], n'y est pas représenté comme principe éternel, antagoniste du Bien, mais comme le résultat d'un enténébrement de la Lumière incréé par le monde matériel. Ou encore celui de notre chute dans le Temps. (p. 31)
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Comme les personnages qui vivent et font vivre des trahisons, d'aucuns ont estimé que la série avait trahi ses promesses et ses spectateurs. "Curieusement, ces fans mécontents ne se sont jamais demandé s'ils ne pouvaient pas trouver, en eux-mêmes, le sens de ces fameuses énigmes. [...] Ils ont beaucoup exigé de Lost en échange du temps passé à en regarder les épisodes. Ils ne se sont pas demandés si Lost, en retour, pouvait exiger quelque chose d'eux en échange du temps passé à les écrire et à les réaliser." (p. 38)
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citant Dante dans la Divine Comédie :
Je voulais voir comment se joint
L’image au cercle, comment elle s’y noue,
Mais pour ce vol mon aile était trop faible :
Sinon qu’alors mon esprit fut frappé
Par un éclair qui vint à mon désir.
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Citant Farîd al-Dîn ‘Attar : Mon discours est sans parole, sans langue et sans bruit. Comprends-le sans esprit et entends-le sans oreille.
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Citant Jean Cocteau dans Orphée : Les miroirs sont les portes par lesquelles entre la mort.
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Citant Franz Kafka : Ce n’est pas le regard qui saisit les images, ce sont elles qui saisissent le regard. Elles submergent la conscience.
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Et toutes leurs chansons sont de bons vecteurs d'anamnèse rappelant l'auditeur à son identité divine. Mais la chanson " Instant Karma " ne parle pas seulement de l'anamnèse ; elle parle des chansons de Lennon ou des Beatles en tant qu'elles en sont le vecteur. C'est une chanson sur les chansons elles-mêmes.
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Toutes les chansons de John Lennon ou des Beatles parlent d'une société de solitaires, de cœurs brisés, d'hommes de nulle part.
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Pacôme Thiellement
," dans chaque être il y a une étincelle de Lumière d'autant plus grande que celle-ci est éloignée du pouvoir dont jouissent les hommes et qui est le facteur principal de leur enténèbrement ».
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"On n'obtient jamais le pouvoir, c'est le pouvoir qui nous obtient. Plus un homme croit avoir du pouvoir, plus il appartient aux ténèbres. Plus un homme se croit puissant par rapport aux autres, plus il dépend d'une puissance supérieure dont il est l'esclave. On ne se libère jamais de la servitude en devenant le maitre d'autres hommes. On se libère de la servitude en libérant d'autres hommes."
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