Citations de Pascal Ruter (331)
- Combien je vous dois, monsieur ?
Il a paru réfléchir, comme s'il ne connaissait pas bien le prix.
- Hummm... Faites tout pour être heureux, ça sera bien payé !
- Effectivement... c'est pas donné. J'espère que ça va rentrer dans mon budget.
- J'ai tout de suite vu que t'étais pas dans ton assiette. T'es comme...
- Un morceau de laitue. La laitue toute molle à côté du steak et qui sert à rien, qu'on a envie de foutre à la poubelle.
- Ah l'écrivain... Marcel je sais plus quoi... un nom bizarre ; on me le donnerait, j'en voudrais même pas.[...]
- Marcel... Marcel... Proust ? Marcel Proust ?
- Quelque chose comme ça.. Tu connais ? Évidement que tu connais ! Un type qui écrit des tas de souvenirs... Je me demande comment il a pu stocker tout ça[...] Balèze, je te jure. Comme s'il avait une machine à remonter le temps dans le stylo. Les souvenirs lui revenaient en mangeant une pâtisserie avec son thé, je ne sais plus laquelle.. des loukoums, je crois bien.[...]
- Des loukoums ? Tu es certain que Marcel Proust mangeait des loukoums avec son thé ?
- Certain. Je l'ai lu.
J'ai fini par dire que j'étais désolée même si franchement je l'étais pas plus que ça, j'ai remarqué que tu te tires de toutes les situations en disant que tu es désolé (retiens bien ça).
- Tu vois dis Napoléon, j'ai 86 ans. Je les fais pas c'est vrai, mais je les ai.
- Oui
- Traduis en coupe du monde de football. Allez, c'est assez instructif. pose la division sur la table... Fais-voir. C'est ça.
- 21.5
A peine vingt deux petites coupes du monde de football de rien du tout. Et j'avais connu mes deux premières. Moi père une douzaine. Nos vies se réduisaient à ça. A quelque coupes du monde. Et puis le coup de sifflet final.
Je suis monté au CDI, qui était un endroit davantage dans ses cordes mais où, pour ma part, je ne m'étais encore jamais trop montré - un genre de bibliothèque où on peut s'informer sur tout. A la télévision j'avais entendu qu'on appelait parfois ce genre d'endroit un "temple de la culture" et je préférais m'en tenir à bonne distance, à cause du temple, et aussi de la culture.
La particularité des gens qu'on aime, j'ai remarqué, c'est de nous persuader qu'on est indispensable alors qu'on sait parfaitement qu'on ne sert à rien.
(p.268)
La peur s’en va avec l’espoir. Sans espoir on ne craint plus rien.
Je ne sais pas si ça vous fait la même chose, mais la grammaire en général et le subjonctif imparfait en particulier, moi, je trouve ça rassurant ; surtout quand on aborde la question des sentiments.
Je me disais qu'on avait dû l'appeler Etoile parce qu'il y avait des milliers de petites étincelles dans ses yeux, et ça faisait plaisir à voir au milieu du désastre de la communication.
(La tante de Victor, Etoile, est autiste)
Lola regarde les mots qu’elle vient de tracer sur le sable de la plage. À chaque membre de sa famille, elle a fait correspondre un seul et unique terme. Pour son petit frère, c’était assez simple : Jérôme = collant.
Justement, le voilà, le pot de glue ! Il a beau être mignon dans son maillot de bain qui lui remonte jusqu’au nombril, n’empêche que ça fait quinze jours qu’il ne la lâche pas d’une semelle.
– Qu’est-ce que tu as écrit ? demande-t-il, intrigué.
Même si Lola est souvent agacée par son petit frère, elle n’a pas envie de lui faire de la peine. Alors elle s’exécute, et lit ce qu’elle a écrit sur le sable en sautant ce qui pourrait lui être désagréable.
– L’année prochaine, tu sauras lire. Tu n’auras plus besoin de moi.
Jérôme est fou de joie.
- Mmm... Qu'est-ce que vous préparez ?
- Tofu !
- Mo non, jo no sui po fou.
Il trouvait ça très drôle.
- ... Quand on veut faire le tour d'une question, on utilise la proposition subordonnée rotative, et hop !
- C'est toi qui ne tourne pas rond, je crois.
Je me demande comment on peut être prof.
– Tiens, et pourquoi ?
– Normalement, vous allez à l’école justement pour quitter l’école. C’est même fait pour ça, ça vous apprend comment la quitter. Eh ben les profs, eux, ils sont faits d’une façon tellement bizarre, c’est les seuls à aller à l’école juste pour y retourner. Vous trouvez pas qu’il faut être un peu toc toc ?
– Toc toc ?
– C’est une expression de ma mère, toc toc. Tordu, si vous préférez. Et puis, ils ont des manies. Mon prof de maths, par exemple, adore tracer des triangles dans des ronds… Je vous jure, un triangle circoncis, il appelle ça.
La mère de Suzanne a éclaté de rire, je ne voyais pas pourquoi.
– Avouez qu’il y a un truc qui cloche, chez eux. À mon avis, ils devraient être à l’asile, mais comme il n’y a pas assez de place, on les a mis au collège. Parce que c’est le seul endroit où leur folie passe inaperçue. Et puis alors, je sais pas si vous avez remarqué, mais les profs, ils se ressemblent tous. Ils ont le même autocollant sur leur voiture, et ils s’habillent tous de la même façon. On les repère à des kilomètres. Moi, à cent mètres, je peux vous dire : celui-là il est prof.
[...]
– Elle est sympa, ta mère, ai-je dit. J’aime bien échanger des points de vue avec elle.
– Je crois qu’elle t’apprécie également. Tu as fait une grosse impression.
– Elle fait quoi comme métier ?
– Elle est prof.
Une des silhouettes aimante son regard. Lucia. Il la reconnaît. Elle est en train de s'étirer en prenant appui sur un banc. Fine et délicate comme une libellule. Toute gracile qu'elle est, elle dégage une solidité à toute épreuve. Comme si rien ne pouvait la faire plier ou avoir raison de sa volonté. Une petite salamandre qui peut traverser toutes les épreuves.
Sur la table de chevet, j'ai vu le livre de M. Alexandre Dumas. Sûrement, je mettrais plus de temps à le lire que lui à l'écrire.
p.21
L’avantage avec les gens qui parlent tout seuls, c’est q’ils alimentent la conversation d’eux-mêmes et répondent aux questions que vous n’avez pas posées. Ça a quelque chose de reposant.
Elle daigne sourire et je suis content. Je crois que l’himiut est un parachute quand on n’a pas la carrure d’un séducteur.
Le subjonctif imparfait, c'est comme le Loto : vous pouvez tomber dessus une fois par inadvertance, mais jamais deux.
Car tu le sais bien, cher lecteur, sauver les bibliothèques, c’est sauver l’humanité.