Pascal Ruter

Tout compte fait, pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps, je trouve.

Ah j'oubliais! Ses derniers mots : "dit lui que c'est un champion''

Les livres nous protègent, nous les humains ; ils nous protègent de l’ennui, de la bêtise, de la médiocrité, de la violence et de plein d’autres choses mauvaises, mais pour les sorcières c’est l’inverse.

La vérité nue est là : il y a quelques années, un gars a traversé cette cour, il s’appelait Jean-Paul, et ce n’était pas encore son père. Il lui ressemblait et écoutait le Walkman qu’elle porte à la ceinture. Il lui était évidemment impossible d’imaginer que sa propre fille, au même âge, appuierait sur la touche rewind et remonterait le temps pour connaître le secret de sa mort.

C'est ça, être heureux. Savoir qu'on est à la bonne place.

– Faut faire gueuler Corneille ! Faut faire gueuler Corneille !
– Antanaclase ! Apocalypse ! Acclamation !

- Ce soir, renseignez vous sur Corneille.
- Il est célèbre ? ai-je demandé.
- Oui, Héléna, très célèbre. Sur internet vous trouverez plein de renseignements. Ou bien dans une encyclopédie.
Lola a demandé ce que c'était, une encyclopédie, et la maîtresse a dit que c'était comme sur internet mais dans un livre.
- Et surtout, a-t-elle repris, imaginez les personnages tels que vous les sentez.

Il a soudain envie de lui raconter la rencontre avec les trois autres, de lui dire que dans ses veines il y a plus de peur que de sang, dans ses poumons plus d'angoisse que d'air et que lui parler maintenant, le réconforte.

La plage est grise. La mer, lointaine, dessinée au fusain. De loin elle semble pétrifiée, avec cette ligne d'écume horizontale qui n'éclate jamais. C'est étrange cette tranquillité, cette immobilité. A croire que le jour ne se lèvera jamais tout à fait. Que la ville ne se réveillera pas.

Temps merveilleux du matin jusqu’en fin d’après-midi. Mais une brutale dégradation dans la soirée, avec une tempête et des orages. Il faut attendre demain pour évaluer les dégâts . 14/20

On a beau être en vacances, on aime bien être classé du meilleur au plus nul. Je suis sûr que même mort, on organise des concours, là-haut. (p. 75)

Allez, avouez, pas de chichis avec moi. Vous les connaissez aussi bien que moi, ces petites boules numérotées, agitées par l'air pulsé à l'intérieur de la sphère transparente et qui se mettent à bourdonner comme des petites abeilles multicolores jusqu'à ce que l'une d'elles se trouve cueillie par un tube qui la hisse comme une reine au sommet de la sphère. Attrapée, la boule. Le miel de la chance. Au hasard.
Comme ça 5 fois. Avec un numéro en plus pour départager les simplement chanceux des carrément gros veinards.

La peur s’en va avec l’espoir. Sans espoir on ne craint plus rien.

Tu sais comment mon père appelle la montagne ? Tu vas te marrer. Il l’appelle la grande salope. Il a raison. (….) - Tout ce qu’elle te montre n’est qu’illusion et piège. C’est elle la plus forte. Elle finit toujours par avoir le dessus. Elle met le temps, elle est patiente mais quand elle a juré ta perte, t’es foutu. Un jour ou l’autre, elle te bouffe.

La confiance, t'en as trop, tu tombes du fil. T'en as pas assez, tu ne remontes jamais sur le fil. La confiance, cette garce, elle se gagne par gouttes et se perd par litres. Si tu la laisses filer, t'es jamais sûr de la retrouver.

- Tu vois, Bigfeet, si les hommes faisaient la cuisine au lieu de se castagner, le monde irait beaucoup mieux.

Jusque là, pour Victor, une année scolaire, c'est du saut à l'élastique sans élastique.

Ce qu’il préfère ?

Ecouter les Rolling Stones, se gaver de loukoums avec son copain Haïçam, parler mécanique avec son drôle de père… Quand il ne s’amuse pas

à planquer le papier des toilettes des filles, il essaie d’échapper aux punitions qui pleuvent sur lui comme la foudre sur le paratonnerre.

Mais lorsque Marie-José, génie absolu, déboule dans sa vie un beau jour de contrôle de math, c’est tout son univers qui implose…

P.-S. : Si vous avez envie de rire, c’est normal.

Si vous avez envie de pleurer, c’est normal aussi.

Papa, qu’est-ce que ça fait quand on aime quelqu’un ?

Il a levé le nez vers moi et s’est raclé la gorge, à cause de la fameuse pudeur.

- Ça fait… Attends que je me souvienne… C’est comme la fin de l’exil.

- Tu veux dire quand on est loin de son pays ?

- De son pays et de soi-même aussi. Tu comprends ?

- Évidemment, tu me prends pour une nouille ? Mais un truc me tracasse, le sentiment d’amour, à tous les âges c’est pareil ?

- Exactement pareil, mon vieux. C’est toujours la même bombe atomique dans un champ de fraises. Et la fraise, c’est toi !

Chapitre 24 : page 250

Napoléon :-« Je me sius pas lassié déoprter puor farie des moulniets dans l’aeu. »
Père :- « D’abord, s’exclama mon père, encore une fois, arrête de dire qu’on t’a déporté ; et puis les moulinets dans l’eau, c’est bon pour la santé. Il te faisait faire des exercices pour ton bien. Tu comprends, ça ? POUR-TON-BIEN. »
Napoléon haussa les épaules.
Napoléon :- « Geulue pas comme aç, je sius pas sroud. »
Père :- « Je gueule pas, j’explique. »
Napoléon :- « Il m’énrevait avec son pteit milalot de bian en lépoard. »
Père :- « Qu’est-ce qu’un maillot de bain en léopard vient faire là-dedant ? »
Un sourire malicieux illumina soudain le visage de mon grand-père.

La jambe droite de Mary, tendue et souple en même temps, dessine un demi-cercle sublime dans l'obscurité, tandis que son pied gauche sert de pivot. Compas parfait. Son talon viens frapper de plein fouet la tempe de notre homme, puis presque aussitôt sa mâchoire. Surpris, le type valdingue contre la barrière et s'écroule au sol. Il comptera ses dents plus tard.