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Critiques de Paula McLain (140)
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L'aviatrice

Paula McLain raconte une vie romancée de Beryl Markham. Beryl a deux ans lorsque sa famille s'installe au Kenya en 1904 ; deux ans plus tard sa mère, ne s'adaptant pas à la vie de la ferme repart pour l'Angleterre avec son fils aîné.

Beryl possède un caractère indépendant et bien trempé, elle n'a peur de rien. Avant d'être la première femme aviatrice à accomplir un vol transatlantique en solitaire, elle est la première femme entraîneur de chevaux de courses. Les personnages qui gravitent autour de Beryl sont pour la plupart illustres, Karen Blixen, la romancière, le Baron Bror von Blixen, Denys Finch Hatton, amant reconnu de Karen Blixen, guide de safari, les Princes royaux David et Harry d'Angleterre, ... L'auteure stipule que lorsque des personnages historiques sont cités, les situations, les incidents et les dialogues sont fictifs et dépourvus de toute intention de changer la nature imaginaire de l'ouvrage.

Ce roman bien écrit m'incite à lire le récit autobiographique de Beryl Markham Vers l'ouest avec la nuit dont Ernest Hemingway a proclamé « c'est un sacré bon bouquin ».

L'aviatrice est un roman riche pas avare de belles descriptions ni de poésies, une lecture agréable. À lire !

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La troisième Hemingway

En 1936 Martha Gellhorn, jeune américaine de 27 ans nous est présentée comme une jeune romancière, désireuse de faire du journalisme.

Sa famille, représentée par un père obstétricien, une mère très active mais toujours présente pour son mari sont des parents très affectueux, désirant en même temps voir leur fille rentrer dans un format plus rassurant plus pour lui éviter des tracas que pour préserver leur réputation.

Martha ne veut rien entendre. Elle est très concernée par les conflits mondiaux en Espagne, en Allemagne, les régimes dictatoriaux.

Elle est en même temps très libre et avoir des relations avec des hommes mariés ne la gêne pas.

C'est ainsi qu'elle fait la connaissance d'Ernest Hemingway, marié, père de famille. Elle deviendra sa nouvelle épouse et divorcera de sa propre initiative.

L'harmonie ne régnait pas entre eux, trop en concurrence sur les sujets qu'ils traitaient.

Chemin faisant, Martha Gellhorn deviendra une grande reporter de guerre et s'éteindra à plus de 80 ans.

Le livre est très intéressant, ressemblant plus à une chronique qu'à un roman avec un fond historique très important.

On retrouve Paula McLain dans le choix de ses héroïnes : des femmes libres comme dans "L'aviatrice" et "Madame Hemingway".

Dans ce livre -ci l'auteure jette un regard d'américaine sur les conflits en Europe et j'ai trouvé ce regard peu courant et plein d'enseignements.



Challenge plumes féminines





Un grand merci à l'opération masse critique privilégiée et aux éditions Presses de la Cité qui m'ont permis de découvrir ce destin d'une femme vraiment hors du commun.
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L'aviatrice

Œuvre de fiction mettant en scène des personnages célèbres, l’aviatrice, c’est Beryl, dont l’ambition depuis toujours est de marquer le ciel en le parcourant. Ah, mais oui, Beryl, qui cite Denys et son accident au-dessus de Voï.

Voilà, nous savons, pour avoir lu La ferme africaine et vu Out of Africa qu’il est question du Kenya dans les années 1920, de la « vallée heureuse » du Rift où les couples s’échangeaient allègrement, et où, pourtant, les ragots et les médisances pouvaient les détruire.

Beryl Markham, au début de sa vie, est une sauvageonne, elle court la campagne en compagnie des futurs moranes (les guerriers masaïs qui doivent tuer un lion pour être considérés comme des hommes), elle apprend à parler le swahili, elle se passionne pour les histoires de la création du monde, elle apprend à se garder des périls (damans, ou marmottes, éléphants, serpents). Dans ce monde fait pour elle, son seul véritable univers, le paradis sur mesure, elle nait véritablement, et s’efforce d’oublier que sa mère l’a abandonnée sans un mot, repartant en Angleterre avec son frère.

Elle rencontre Lord Delamere et sa femme Florence, eux aussi mis en scène dans livre et film. Et commence à élever des chevaux, sans oublier, puisqu’elle veut continuer à le faire, de déposer un mamba noir, mortel et heureusement mort, dans le lit des gouvernantes supposées l’éduquer.

Exit, les gouvernantes.

Très jeune, elle se trouve obligée par les circonstances de se marier, et comprend vite le désastre de l’entreprise. Les différents maris s’enchainent, avec aventures entre temps.

Et la rencontre avec Karen Blixen, qui devient son amie, et Denys Finch Hatton, son amour frustré, puisque Karen veut toujours plus que lui ne veut.

Bien que basé sur la trahison vis-à-vis de son amie, Beryl tombe elle aussi amoureuse de Denys. Ils ne vivront jamais ensemble, cependant, peut-être parce que l’un et l’autre sont trop sauvages, ou indépendants, pour se fixer.

Elle fait partie du monde des nantis anglais, mais son père, comme peu après Karen Blixen, fait faillite et doit s’exiler.

Ce roman racontant les malheurs de la jeune Beryl est malheureusement un peu longuet. Le titre aurait pu être « Première entraineuse de chevaux », car ses prouesses- réelles- d’aviatrice sont juste évoquées. Même doutant d’elle, et recevant plein d’avanies, elle fut la première femme dans les deux disciplines.

Grâce à l’ambiance dégagée dans le livre, son principal mérite est de nous donner envie de relire La ferme africaine et Lettres d’Afrique de la grande Karen Blixen

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L'aviatrice

" Avant que le Kenya soit une terre vieille de millions d'années et pourtant d'une certaine manière encore neuve, seule la plus majestueuse de nos montagnes portait ce nom .

On la voyait de notre ferme à Njoro , [...] dressant au bout de l'immense plaine dorée ses pics durs aux cimes desquels les glaciers n'avaient pas complètement fondu.

Derrière nous, la forêt Mau était bleue, drapée dans des écharpes de brume. "



Le décor est planté , presque familier : peu à peu surgit l'ombre de "La ferme africaine " ou de " Out of Africa " et, comme par enchantement , les personnages connus apparaissent les uns après les autres : Lord et Lady Delamere , Berkeley Cole, Cockie, Bror ,

Karen Blixen et Denys Finch Hatton ....

Beryl Markham née Clutterbuck on l' a aussi déjà croisée chez Karen : c'était Félicity .



Ici, on la retrouve de 1904 à 1936 .

Abandonnée par sa mère à 4 ans, c'est près de son père , de la nature et des chevaux que Beryl va puiser sa force et se construire.

Si elle a trouvé une mère de substitution en la personne de Lady Delamere , Lady D, la vie à la "colonie" sera toujours une épreuve mais elle restera toujours imprégnée de valeurs ancestrales acquises dans l'enfance près d'une tribu africaine .

Peu à peu , s'affirme une personnalité non-conformiste, entière, libre et passionnée, énigmatique à souhait .Compliquée et rebelle.



Beryl . On va donc la suivre dans le monde hippique : son domaine, sa passion .

Elle devient la première femme entraîneur puis éleveur .

Et, de défit en défit elle saute les obstacles, tombe, se blesse mais se relève toujours .

L'aviatrice naîtra plus tard ...



C'est aussi le monde de Karen Blixen et de Denys Finch Hatton . Plus le récit avance, plus il y a fusion entre les deux romans ; les deux histoires souvent n'en font plus qu'une , unies par un lien fort, intime et essentiel dans la vie de Beryl. Ces trois- là sont le coeur du récit .



Tout est fait pour que l'on succombe aux charmes romanesques d'une histoire d'amour .

C'est avec délice que je me suis laissée envahir par les images de "Out of Africa ", l'émotion au bord des yeux , la musique aussi revenait par bribes ...une vraie midinette !



Plus sérieusement, je pense qu'il est essentiel d'avoir en tête le livre de Karen Blixen ou le film pour bien profiter du récit ,pour bien appréhender l'atmosphère .



Mais il n'y a pas que du romanesque : l'auteure à conscience de laisser poindre en filigrane les horreurs du colonialisme : terres accaparées, peuplades exploitées , nature massacrée pour le plaisir de quelques nantis .

Le portrait de la colonie n'a rien de flatteur non plus et rien n'est fait pour l'enjoliver : elle est décrite comme étant un microcosme cupide et plutôt abject dans l'ensemble .

Aussi, le rapport à ce petit monde européen revêt-il une grande importance dans le récit pour expliquer en partie l'aspect relationnel des personnages .



Ce roman, je dirais qu'il est flamboyant .

Il est bien construit, mêlant biographie , histoire et fiction. Il va emporter le lecteur dans un puissant tourbillon de passion et d'aventure .



L'immersion dans le monde équestre est intéressante. révélant des connaissances pointues de l'auteure . Les précisions même très techniques ne rebutent pas le profane ; tout est mesuré dans ce livre .

Même observation sur le thème de l'aviation et les descriptions de vol .



Le portrait d'une jeune femme extraordinaire est particulièrement réussi ainsi que celui d'une époque, d'un pays, d'un pan de société et de personnages hors du commun .

Un excellent moment de lecture.





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Madame Hemingway

Journal imaginaire d'Hadley Richardson, la première Madame Hemingway, celle des débuts et des découvertes, ce livre empreint tour à tour de sérénité et d'intensité m'a séduite à plus d'un titre.



Bien sûr, il y a d'abord le plaisir de lire sur le Paris insouciant des Années 20, ses artistes célèbres, ses cafés qui le sont presque autant, ses fêtes, l'effervescence, les histoires de couple, de frime et d'alcool... Plaisir également de partir skier dans un petit paradis autrichien, d'assister aux corridas de Pampelune ou de bronzer sur la Côté d'Azur des millionnaires... Vraiment, avec eux, on ne s'embête pas !



Mais ce n'est pas là le plus intéressant à mes yeux. Non, le plus intéressant, c'est l'histoire d'amour vécue et racontée par Hadley, touchante de vérité du début à la fin. Spontanément, je dirais que c'est un amour de femme à l'ancienne, profond, sincère, oublieux de soi-même, très centré sur l'homme et la cellule familiale. Mais c'est bien l'homme qu'Hadley aime, pas l'écrivain, pas la belle image, et elle est prête à s'oublier pour l'aimer et le soutenir plus et mieux. C'est beau et tragique, surtout quand on voit comment elle est payée en retour... Je dois d'ailleurs avouer que j'ai eu un petit plaisir revanchard en lisant la postface et en voyant que Pauline n'a pas été mieux traitée qu'Hadley...



Ce que j'ai aimé aussi dans ce livre, c'est les visions de la vie qu'il présente : intensité, passion, création et ambition pour Hemingway contre sérénité, équilibre, douceur et simplicité pour Hadley. Ou l'union d'un feu-follet génial et d'une chatte domestique qui n'aspire qu'à ronronner... Pas étonnant qu'ils aient parfois eu du mal à s'accorder, alors même qu'ils ont à mon sens tous les deux raison, en partie. Très intéressant à lire, en tout cas.



Bref, Madame Hemingway a été pour moi une jolie rencontre et m'a convaincue de me mettre (enfin) à la lecture des œuvres de son géant de mari...
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L'aviatrice

La famille de Beryl Markham arrive au Kenya en 1904.

Les conditions de vie très dures provoquent le retour de la maman et du frère aîné à la santé fragile deux ans plus tard.

La petite Beryl souffre de cette séparation mais elle se révèle très solide.

Elle s'adapte à la vie au Kenya, élevée par son père qui élève des chevaux de race.

Elle est élévée au milieu de la tribu kipisigi qu'elle considère comme les siens, dans son enfance du moins.

Beryl n'est pas douillette et sait ce qu'elle veut.

Elle devient entraîneuse de chevaux de courses et sera la première aviatrice à effectuer un vol transatlantique en solitaire.

On ne peut s'empêcher de revoir des images du film "Out of Africa" lorsqu'elle tombe follement amoureuse de Denis Finch Hatton, l'amant de la romancière Karen Blixen.

C'est un roman qui passe par plusieurs ambiances et descriptions, un peu longues pour moi quand il s'agit de chevaux.

J'ai fait connaissance avec le destin de Beryl Markham.

Il faut dire que son destin d'aviatrice est très peu évoqué dans le livre.

J'ai pensé que le titre était choisi car cette dame est surtout connue pour ses exploits dans ce domaine.

Une histoire pas commune du tout que nous raconte Paula Mc Lain.

Tout au long du livre, Beryl m'a paru très sympathique. Son caractère endurci par ses conditions d'éducation l'ont bien servie en même temps car cela lui a permis de réaliser ses désirs avec une force peu commune.



Challenge pavés contre l'illetrisme 2017

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Madame Hemingway

Pour mieux comprendre l'homme, cherchez la femme…

Madame Hemingway est une biographie romancée de la première épouse d'Ernest Hemingway, Hadley Richardson.

Tout semble éloigner Hadley et Ernest lorsqu'ils se rencontrent en 1920 à Chicago, pourtant ils vont follement s'aimer, partir vivre en Europe, voyager, rencontrer d'autres écrivains expatriés (Gertrude Stein, Ezra Pound, James Joyce, Francis Scott et Zelda Fitzgerald), découvrir le jazz, la corrida et boire beaucoup trop. Hadley continue de jouer du Rachmaninov sur des pianos loués mais elle s'efface complètement face au torrent créatif de son mari, souffrant sans jamais se plaindre de leur pauvreté. Ernest Hemingway gagne sa vie comme journaliste mais il rêve de devenir un écrivain majeur, cherche son style et rédige son premier roman, Le soleil se lève.

Un amour profond, une entente charnelle et l'admiration réciproque qu'ils se portent, peuvent-ils survivre à la gloire puis à la beauté d'une autre femme, Pauline, une amie du couple ?

Le récit connaît quelques longueurs, le style sans fioritures manque parfois de souffle, mais au final, dresse un joli portrait tout en nuances, dans la période de l'entre-deux guerre en Europe. Hadely a beaucoup contribué à l'éclosion du talent de son époux, un homme tour à tour égoïste et flamboyant qui pouvait s'appuyer sur son amour inconditionnel et sa force morale.

Cette période charnière inspira plus tard à Ernest Hemingway, Paris est une fête que je vais m'empresser de relire avec un vif intérêt en espérant retrouver la saveur d'un paradis perdu...

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L'aviatrice

Si vous choisissez ce livre pour son titre ou sa couverture, il faut vous attendre à une surprise. L'aviation n'est absolument pas le sujet principal de cette histoire, ce n'est qu'à la fin du livre que le thème est abordé.



Beryl Markham, l'héroïne de cette histoire, est une femme d'exception, une passionnée, une battante. J'imagine qu'en achetant "l'aviatrice" j'avais l'envie de rencontrer une personne de cet acabit, même si je ne m'attendais absolument pas à découvrir l'univers du cheval et plus particulièrement de l'élevage et du sport hippique.

Si vous aimez les chevaux, n'hésitez pas !

Comme je n'avais pas lu le résumé de l'éditeur avant de commencer ma lecture, ma seconde surprise a été de retrouver les personnages de "La ferme africaine" de Karen Blixen (Out of Africa).

J'avais été conquise il y a bien longtemps par le récit de Karen et bien évidemment par le beau Denys Finch Hatton. Les retrouver ici a été un vrai bonheur. Il m'arrive d'être déçue quand certains auteurs utilisent l'atmosphère, les lieux, les protagonistes d'un livre que j'ai aimé, je ressens même parfois comme un agacement...

Pour celui-ci j'ai adhéré immédiatement.

L'écriture est belle, l'histoire passionnante, les personnages terriblement attachants.

Ce livre a été un vrai coup de cœur et m'a donné envie de relire "La ferme africaine" pour rester plus longtemps sous le soleil d'Afrique avec les kikuyus, Karen, Denys, Berkekey et les autres...
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Madame Hemingway

Il est des écrivains si célèbres qu’on pense tout connaître d’eux. Mais que sait-on de celles qui les ont accompagnés une partie de leur vie, leur moitié, celles avec qui ils formaient un nous ? Partons à la rencontre de Madame Hemingway …



Vivant toujours chez sa sœur dans le Missouri, Hadley Richardson a 28 ans lorsqu’elle rencontre Ernest Hemingway à Chicago. C’est lors d’une soirée où les jeunes gens écoutent du jazz et où l’alcool coule à flots que leurs regards se croisent pour la première fois. Ernest a 21 ans, il rentre juste de la guerre et fascine ses amis par ses récits vivants, réalistes, animés. Elle, si droite et juste, alliant la naïveté et une force à toute épreuve, et lui, jeune "chien fou" sentant croître ce besoin viscéral de coucher sur papier les récits qui le dévorent pour devenir un grand écrivain à l’image de son ami Sherwood Anderson, se complètent à merveille. Fraîchement mariés, ils emménagent à Paris, au son de l’accordéon d’un bal musette du 14 juillet 1922, dans une mansarde ouverte à tous les vents avec toilettes "à la turque" sur le palier. Ils n’ont pas un sou mais des rêves plein la tête et l’envie de vivre cette vie de bohème, de fréquenter les artistes au café autour d’un verre. Ils y rencontrent Ezra Pound, ses idées révolutionnaires et ses maîtresses, les Fitzgerald et leur conception jusqu’au-boutiste de l’amour libre, ainsi que Gertrude Stein et sa compagne – et avec elles le saphisme. Hadley et Ernest forment un couple uni, simple et solide aux yeux de ces amis dont la conception de l’amour est plutôt floue et dangereusement instable. Observant avec attention ces différents couples qui les entourent, Hadley s’interroge sur la place qui doit être la sienne au sein de son propre couple. Elle sait qu’Ernest a besoin d’elle et de son soutien pour continuer à avancer dans ses écrits. Mais lorsque celui-ci commence à acquérir une petite notoriété, attirant les regards, notamment ceux de jeunes femmes sveltes et bien habillées, Hadley se sent de plus en plus menacée.



Le roman de Paula McLain est un habile prolongement féminin au fameux roman d’Hemingway Paris est une fête. Tout y est : l'amour, les affres de la création, le tourbillon de fêtes, l'effervescence d'une époque où les écrivains anglo-saxons expatriés animaient les rues de la capitale. L’histoire se déroule donc essentiellement à Paris mais on suit aussi les Hemingway jusqu’en Espagne où Ernest se fascine pour les corridas, en Autriche où skier les émerveille, à Toronto pour la naissance de leur fils avant un retour en France et un séjour sur la côte méditerranéenne. L’auteur décrit avec finesse et passion ces années folles et rend sa place à Hadley Richardson, celle de la première épouse de l’écrivain, sa muse, sa complice, qui un jour choisit de s’effacer pour que Hemingway enfin paraisse. Un beau roman, touchant.

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Madame Hemingway

D’aucuns disent qu’il y a toujours une femme derrière un grand homme. Pour Ernest Hemingway, la première d’entre elles, c’est Hadley. La première, oui, car il y en eut d’autres, même si Hadley Richardson fut la première épouse. Nous sommes en 1920, c’est l’époque des Roaring Twenties où le jazz et la prohibition contournée marquent une sortie de guerre sous les couleurs de l’euphorie et de l’insouciance. « Prenons une bonne cuite. / D’accord. Ça, on a toujours su faire. » (p. 413)



Dans ce roman, c’est Hadley qui prend la parole et qui raconte sa rencontre avec celui qui n’était tout d’abord qu’un journaliste enragé d’écriture et prêt à tout pour apprendre à devenir un écrivain. « Qu’avez-vous l’intention de faire ? / Entrer dans l’histoire de la littérature, je pense. » (p. 25) Outre cette rage de percer dans le monde des lettres, le jeune Ernest porte en lui le traumatisant souvenir de la guerre et des blessures qu’il a reçues. Tous ses démons sont déjà là, tapis derrière l’appétit d’écrire. Le mariage d’Hadley et d’Ernest est rapide et c’est tout aussi vite que le couple part à Paris. Aux dires de certains, il n’y a que là que l’on peut écrire, vraiment écrire.



Hadley comprend vite qu’elle ne peut et ne doit pas rivaliser avec l’écriture si elle veut garder son mari. Elle se fait son soutien le plus fidèle et le plus solide, alors même qu’elle dépérit dans cette ville étrangère, solitaire parmi la foule. Elle doit sans cesse composer avec les humeurs de son époux qui désespère de voir ses nouvelles publiées. Mais Ernest est un être sensible et attentif : entre deux humeurs, il fait tout pour combler son épouse et se sortir de son marasme intime. « Ce que j’ai compris, moi, c’est que si je m’occupais de ma femme – c'est-à-dire de toi – je me soucierais moins de moi-même. Mais peut-être que ça marche dans les deux sens. » (p. 112) Hadley et Ernest s’affrontent souvent, mais tiennent bon. Jusqu’à ce que la vérité éclate : il est notoire qu’Ernest avait un grand appétit pour les femmes, même si le remords accompagnait souvent ses incartades. « Les gens ne s’appartiennent qu’aussi longtemps qu’ils y croient l’un et l’autre. Il a cessé d’y croire. » (p. 468)



Dans ce Paris des années 1920, Hadley nous donne à voir Ezra Pound, James Joyce ou Gertrude Stein dans les cafés de Montparnasse et de la Rive Gauche. C’est tout un Paris mythique qui surgit sous la plume de Paula Mclain et c’est bien ce qui m’a le plus intéressée. Suivre l’éclosion de l’Hemingway écrivain est fascinant : on voit l’obscur journaliste qui court après les sujets et l’auteur en devenir qui gratte des pages pendant des nuits entières. Et quand vient enfin la reconnaissance, on peut se demander si elle valait tout ça. « Ce fut la fin du combat d’Ernest avec l’apprentissage et la fin d’autres choses également. Il ne serait plus jamais inconnu. Mais nous ne serions plus jamais aussi heureux. » (p. 309) À voir la fascination d’Hemingway pour la tauromachie, on ne peut s’empêcher de penser que l’écriture est une corrida et que l’auteur n’est peut-être pas le torrero.



Par certains aspects, ce roman m’a rappelé Alabama song de Gilles Leroy, ce récit où l’on suit les déboires conjugaux et artistiques du couple Fitzgerald. On croise d’ailleurs Francis et Zelda dans les pages de ce récit. Le roman de Paula McLain est fondé sur un artifice, à savoir faire parler la femme cachée derrière l’homme. Mais créer un personnage à partir d’une personne réelle tout en soutenant l’illusion de la réalité, ça prend difficilement avec moi. Nul doute que l’auteure connaît son sujet et qu’elle s’est documentée avant de donner la parole à Hadley, mais il me manque de véritables interventions de cette épouse trimballée dans toute l’Europe. Des lettres ou des extraits de journaux auraient très largement contribué à renforcer la longue confidence de cette femme qui, finalement, reste bien impalpable malgré la volonté de Paula McLain de la sortir de l’ombre.



Le titre original est The Paris Wife et je trouve qu’il correspond beaucoup mieux au roman. Peut-être que cette expression ne fait pas suffisamment sens pour les lecteurs francophones, mais le destin d’épouse d’Hadley est liée à Paris et il est dommage que le titre français occulte cette facette du personnage. Madame Hemingway est un beau roman sur l’amour et l’abnégation conjugale. Il m’a donné envie, plus que jamais, de découvrir les œuvres d’Hemingway qui me manquent.

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Madame Hemingway

La première épouse ou l'amour sacrifié au génie.



Hemingway a été un homme à femmes. Quatre épouses se sont succédées auprès de l'homme, passionné, survolté, excessif et torturé.

Hadley Richardson fut la première, celle des jeunes années de galère mais de liberté, où le futur écrivain se cherche et vit de petits cachets de journaliste, aux Etats Unis puis en Europe.

Des moments de bonheur dans le Paris des Années folles, au sein d'une société artistique joyeuse et stimulante.



Mais le tableau romantique se craquelle au fil des absences d'Ernest, de ses engagements politiques et de ses aventures amoureuses.

Epouse aimante, conciliante et attentive, son image semble abandonnée sur le bord du chemin. Lâchée par le rythme frénétique de son "grand homme", elle subit la solitude physique et intellectuelle dans le tourbillon d'une époque où tout semblait possible. Le mariage se délite, aussi irréversiblement que l'écrivain apparait.



On s'y attache à cette jolie Hadley! Bien qu'elle apparaisse assez effacée et sans projets propres aux cotés de l'excessif Ernest, elle apporte une note de douceur et de sérénité dans le décryptage d'un couple au fonctionnement atypique.



Et qu'en dit Hemingway, dans son "Paris est une fête"?

Je vais aller y jeter un coup d'oeil....

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La troisième Hemingway

Ernest Hemingway a eu quatre épouses. Dans Madame Hemingway, Paula McLain nous dressait le portrait de la première d'entre elles, Hadley Richardson. Avec cet ouvrage, La troisième Hemingway, c'est sur Martha Gellhorn qu'elle pose son regard. Autant la première a été celle qui avait cru en lui, avait soutenu, stimulé ce parfait inconnu qui tirait alors le diable par la queue. Autant Martha Gellhorn fut celle qui a dû se battre pour exister face au monstre de célébrité qu'il était devenu entre temps. Deux femmes, deux courages. Et malheureusement pour elles, deux déceptions amoureuses.



Lorsque je me suis vu proposé de confier ma perception de ce nouvel ouvrage de Paula McLain, je n'ai pas hésité une seconde. Persuadé que j'étais de retrouver dans La troisième Hemingway, ce talent avec lequel l'auteure avait su me faire entrer dans l'intimité de ses personnages, sans sombrer dans le parti pris ou le voyeurisme. Paula McLain sait convaincre de la sincérité sentimentale, de la force de caractère qu'il a fallu à ces femmes pour exister en des époques où la notoriété ne pouvait être que masculine.



Avec un style agréable et limpide, l’auteure fait revivre ses personnages avec une incroyable authenticité. Personnages féminins qu'elle évoque avec une complicité subtile, sans se laisser déborder par la solidarité féminine qui ne peut pas ne pas l'animer. Surtout lorsque ces femmes sont confrontées à des monstres de célébrité comme cela a pu être le cas avec Hemingway.



Martha Gellhorn s'est battue pour exister, ne pas rester à l'ombre de ce mari célèbre et envahissant, être reconnue pour elle-même puisqu’elle écrivait elle-aussi. C'est sans doute une des raisons qui l'a poussée à prendre tous les risques dans ce métier de reporter de guerre qui répondait à ses aspirations aventurières. C'est ce combat-là, d'être soi-même et non le faire valoir d'un autre, ou la femme de …, que Paula McLain nous fait appréhender dans cet ouvrage consacré à la troisième épouse du futur prix Nobel de littérature.



En contre poids de ses sentiments à l'égard de l'écrivain repu de son succès, consciente de la faiblesse de sa position, Martha Gellhorn a tenu à préserver son indépendance. Elle a eu l'intelligence de dominer ses sentiments, en forme de mise à l'épreuve de ceux de son illustre époux. Prudente, elle n’a pas voulu avoir d’enfant de son héros tout en se prenant d’affectation pour les trois garçons qu’il avait eus avec ses deux premières épouses. Une mise à l'épreuve qui dévoilera malheureusement la volatilité de cet époux et sa soif d’exclusivité. Le talent est exigent, le succès est égoïste. Martha Gellhorn s'est brûlé les ailes au contact de cet homme des cavernes avide de la reconnaissance des autres, avare de la sienne.



C'est à chaque fois un univers féminin dans lequel Paula McLain nous incorpore. C'est tellement bien écrit qu'on voudrait qu'il soit objectif. Elle choisit des personnages forts qui n'inspirent pas la compassion. Je repense à cet autre ouvrage de son cru qui m'avait séduit, L'aviatrice. Il y a chez cette auteure cette grande faculté à lier les références historiques avec une atmosphère du quotidien des plus crédibles. Y aurait-t-il de sa plume un ouvrage sur les autres madame Hemingway que je m’empresserais de me le procurer.



Je remercie vivement Babelio et les Presses de la cité pour m'avoir adressé cet ouvrage que j'ai lu avec un plaisir non dissimulé.

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La troisième Hemingway

Love and Ruin : le titre anglais de l'ouvrage me paraît mieux convenir que "la Troisième Hemingway", pour résumer la biographie romancée de Paula McLain.

L'amour, c'est celui qui va unir pendant près de sept ans Martha Gellhorn et Ernest Hemingway. Ils se rencontrent en 1936, elle a vingt-sept ans, il a trente six ans, ils vont partir ensemble en Espagne comme correspondants de guerre. Martha Gellhorn, journaliste, écrivain sera la Troisième "Madame Hemingway". Elle deviendra une des plus célèbres correspondantes de guerre du vingtième siècle, couvrant les plus grands conflits, et rapportant aux lecteurs de Collier's tout ce qu'elle avait pu vivre, au plus près des combats.

Les ruines, ce sont celles d'un monde stable qui va disparaître à jamais, mais c'est aussi, celles de l'amour de Martha Gellhorn et d'Ernest Hemingway. Un écrivain renommé n'admet pas qu'une journaliste portant son nom lui fasse de l'ombre … Les sentiments, la complicité, volent en éclat alors que le talent de Martha Gellhorn est reconnu.



Paula McLain a choisi de mettre l'accent sur ces deux caractères forts, cette rivalité, cette incompréhension croissante - alors que le monde se déchire.

C'est cet angle d'approche qui m'a particulièrement intéressé.

L'ouvrage reposé, je garde à l'esprit les images particulièrement vives de la guerre d'Espagne, des combats violents et des souffrances des civils mais aussi la vie calme et douce de l'intermède à Cuba.

J'ai aimé découvrir le travail d'une correspondante de guerre, tout le caractère, le talent qu'il a fallu à Martha Gellhorn, pour rapporter à ses lecteurs, pendant soixante ans, les conflits mondiaux. Il s'agit d'une biographie romancée qui m'a donné envie d'en savoir plus…



Je remercie les Editions Presse de la Cité, ainsi que Masse Critique de Babelio, de m'avoir permis de recevoir La troisième Hemingway, de Paula McLain, et d'en faire la critique.
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Madame Hemingway

"J’ai appris à ne jamais tarir le puits de mon inspiration, à toujours m’arrêter quand il restait un peu d’eau au fond et à laisser sa source le remplir pendant la nuit." H. Hemingway



Après avoir lu le livre de Paula McLaine, cette citation d'Ernest Hemingway ne m'inspire plus la même émotion. Écrivain de génie, il est ici également présenté comme un personnage égoïste, prétentieux, colérique et imbu de lui-même. Son égo démesuré trouve sa résonance auprès de Hadley Richardson, jeune femme intelligente et droite qui souffre des excès de son mari.

Leur histoire est certes une histoire d'amour passionnée, mais l'abnégation de l'épouse fidèle inspire plus souvent la pitié que l'admiration.

Même si ce roman est une fiction où les personnages sont imaginaires, l'auteur a cependant eu à cœur de rester au plus près de la vérité en s'inspirant de sources historiques et de faits réels.

Pour le style, j'ai nettement préféré le roman "l'aviatrice" sorti en 2015 qui m'a semblé plus abouti.

Madame Hemingway est un bon livre pour plonger dans l'ambiance Parisienne d'après guerre et découvrir l'univers des écrivains de cette époque toujours à la recherche d'inspiration. Dans ce roman Ernest Hemingway a trouvé la sienne, mais d'où vient sa source ?
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La troisième Hemingway

Rien ne prédisposait Martha Gellhorn à devenir la grande reporter de guerre qu'elle va devenir...Née en 1908 dans une famille de la haute société de Saint Louis - sa mère est camarade d'enfance d'Eleanore Roosevelt - c'est déjà une enfant déterminée, elle sait qu'elle veut voyager. Engagée en 1931 pour relater les effets de la grande dépression, l'ensemble de ses récits sera publié dans un ouvrage "j'ai vu la misère : Récit d'une Amérique en crise". Son physique de mannequin grande et blonde la dessert mais sa rencontre avec Hemingway, déjà écrivain établi qui l'encourage, va changer ses plans...Il est sur le point de partir en Espagne pour tourner un film de reportage afin de lever des fonds et plaider la cause des républicains. Sa décision est prise elle sera reporter pour témoigner et c'est à Madrid que leur relation va débuter; la proximité de la mort, les bombardements, les snipers, la promiscuité du danger vont resserrer les liens des deux américains qui deviennent amants malgré qu'Hemingway soit déjà marié. Et c'est cette guerre qui révèlera le caractère fort et indépendant de la jeune femme. De retour aux États-Unis leur relation reprend mais son besoin d'exister face un amant aussi flamboyant la fait repartir en Tchécoslovaquie, en Finlande où, en Carélie, elle subit les bombardements de l'armée russe. Puis la Chine en guerre contre le Japon. Entre ses missions elle retrouve Hemingway avec lequel, une fois divorcé, elle emménage à la Finca Vigià à la Havane. Enfin mariés, leur relation va rapidement se déliter, Hemingway prend ombrage de ses absences, s'alcoolise, et, en panne d'inspiration après son roman majeur Pour qui sonne le glas, s'aigrit...Martha, elle, ne supporte plus de n'être considérée que comme la femme d'Hemingway, la vie dans l'ombre du grand écrivain l'étouffe...

La troisième Hemingway est la biographie romancée et néanmoins très documentée dans laquelle Paula McLain fait revivre une femme d'exception, grande reporter de guerre, unique femme à avoir vécu le débarquement de 1944, épouse d'un véritable ogre, qui consumera chacune de ses quatre femmes à l'instar de Picasso. Deux personnalités fortes qui s'attirent s'enflamment, se jalousent, s'envient et finiront par se détruire...Un Hemingway que l'on découvre vulnérable et fragilisé par cette femme intelligente qui revendique son indépendance qui l'abandonne, déclenchant sa jalousie et sa vindicte. Paula McLain réussit brillamment, par un style fluide, sans temps morts ni digressions à faire revivre une femme d'exception et à mettre en lumière le rôle déterminant des correspondants de guerre, en particulier les femmes.

Un portrait magnifique et réussi que j'ai eu plaisir à découvrir.

Je remercie les Presses de la cité et Babelio pour cette belle découverte lors cette masse critique privilégiée.
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L'aviatrice

Fallait-il rendre justice à Beryl Markham, pour que Paula McLain lui consacre un ouvrage, au demeurant fort réussi à mon sens ? Mais lui rendre justice de quoi au juste ? De ne pas avoir eu avec son récit auto biographique, Vers l'ouest avec la nuit, le même accueil que Karen Blixen avec le sien devenu si populaire, La ferme africaine, adapté au cinéma sous le titre Out of Africa.



Ces femmes ont toutes deux vécu, au début du vingtième siècle, une vie d'aventure au Kenya, alors colonie britannique. Elles se sont beaucoup fréquentées, appréciées mutuellement. Elles ont même partagé le même amant. Mais ça, ce n'est pas le point commun qui aurait pu renforcer leur amitié.



On peut même affirmer que Beryl Markham aura autrement marqué l'histoire que Karen Blixen. Si cette dernière a passionné son public en sachant mettre par écrit son amour de l'Afrique, du Kenya en particulier, premier regard vraiment respectueux des peuplades qu'elles a côtoyées, Beryl Markham, qui cultivait la même passion pour ce pays et ses autochtones pour y être née, a quant à elle ajouté à son crédit des prouesses propres à battre en brèche le monde masculin de ce temps, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'était pas enclin à voir des femmes lui damer le pion.



Elle a été la première femme à obtenir son brevet de pilote professionnel et surtout à avoir traversé l'Atlantique d'est en ouest. Exploit à laquelle rien ne la prédisposait, si ce n'est son formidable goût de l'indépendance, son courage à toutes épreuves, sa capacité à rebondir quand tout avait périclité, tant dans les domaines professionnel qu'affectif. Si la chance lui a souri, elle ne l'a dû qu'à son audace, son opiniâtreté et son mépris d'une mauvaise réputation dont les jaloux ont voulu l'affubler.



Avant de se lancer dans le pilotage d'aéroplanes, elle avait déjà fait ses preuves sur les terrains exclusivement réservés aux hommes, en réussissant comme entraîneur - mot que l'on ne peut toujours pas mettre au féminin sans verser dans un registre plus péjoratif - de chevaux de course.



Abandonnée comme elle par sa mère durant sa prime enfance, Paula McLain s'est sentie très proche de ce personnage atypique au point de nous livrer une magnifique biographie romancée dans laquelle les fresques paysagères et les récits d'aventure nous donneraient la nostalgie du temps des colonies, si ce dernier terme ne comportait pas en lui-même son propre discrédit. Cette auteure à l'écriture fluide et sans métaphore a su parfaitement mettre en valeur ce curieux mélange qui caractérisait Beryl Markham, une sauvageonne à la beauté pourtant féminine. Personnage qui n'a dû son succès qu'à sa philosophie certes primitive, apprise à courir pieds nus avec les autochtones, mais au demeurant plus humaine que celle qui avait cours dans les salons de la société coloniale, laquelle se qualifiait sans rougir de bonne société.



Le style agréable de Paula McLain me donne le goût d'inscrire à ma liste de lecture une autre biographie de son cru : Madame Hemingway.



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L'aviatrice

Après une enfance passée dans le ranch de son père qui l'a élevée après l'abandon de sa mère peu après leur installation au Kenya, la jeune Beryl accepte d'épouser Jock, un propriétaire terrien voisin, qui peut sauver la ferme familiale. Mais l'indépendance de la jeune femme, qui a grandi dans un village kipsigi s'accommode mal de la rigidité et la violence de son mari...Devenue indépendante professionnellement comme entraîneur de chevaux, elle fréquente la communauté britannique qui gravite régulièrement autour de la Baronne Blixen, danoise, propriétaire d'une ferme et maîtresse de Denys Finch Hatton, mi-aventurier, mi-dandy, organisateur de safaris. Elle s'intéresse par la suite à l'aviation pour devenir la première femme à traverser l'atlantique d'est en ouest.



J'ai beaucoup apprécié cette biographie romancée dans laquelle Paula McLain nous fait partager le destin surprenant de cette jeune femme et qui permet de découvrir le Kenya, d'entre-deux guerres, la vie et les traditions kipsigi, une vraie évasion dans les paysages africains. Mais c'est également la vie des expatriés britanniques, aventuriers ou vrais entrepreneurs, faisant preuve d'adaptation et de véritable intérêt pour le pays ou de morgue condescendante qui est décrite au plus près.

L'aviatrice est le beau portrait d'une femme indépendante et attachante, déterminée à réussir dans un métier d'hommes - elle sera la première femme entraineur de chevaux de courses en Afrique - et dans une société britannique encore très guindée et corsetée, pleine de principes.

J'avais beaucoup aimé Mme Hemignway et j'ai retrouvé avec plaisir le style fluide de Paula McLain favorisant l'évasion et l'aventure.

Un seul bémol, L'aviatrice est un titre un peu trompeur la partie consacrée à l'aviation étant limitée et le titre original - Circling the sun - évoque plutôt la recherche d'un destin et d'un idéal, et reste plus fidèle à l'esprit du roman.

Une très bonne lecture pour s'évader et prendre de la hauteur...
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Madame Hemingway

Avec Madame Hemingway, Paula Mclain entraine ses lecteurs dans le Paris des années 20 et l'on y rencontre un nombre impressionnant d'artistes de l'époque.

Ici la narratrice est Hadley, la première épouse du grand Ernest Hemingway. Sous les yeux de sa femme, on découvre les débuts difficiles de l'auteur, ses échecs et sa motivation. On entre dans l'intimité de ce couple fusionnel dont tout le monde s'étonne qu'ils soient si amoureux et si proche. On découvre leur vie, leurs déplacements de pays en pays et surtout Paris en toile de fond.

Le style de l'auteur est fluide et se lit très bien mais malgré ça j'y ai trouvé quelques longueurs. D'autant qu'on sait tous que ce mariage va se finir par un divorce. Le fait de connaitre la fin avant même de commencer m'a un peu gâché la lecture et j'avais hâte d’arriver aux dernières lignes.



Hemingway m'apparait un peu plus sympathique après avoir lu ce roman même si aucun de ses défauts n'est caché.

Une lecture agréable mais pas pour autant un coup de cœur.
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La troisième Hemingway

La troisième Hemingway Paula McLain Presses de la Cité janvier 2019 #Ernesthemingway #NetGalleyFrance



Bien sur je connaissais Hadley, Pauline,Martha et Mary les épouses successives d'Hemingway. Je les avais rencontrées avec plaisir dans l'essai de Naomi Wood Mrs Hemingway, mais sincèrement sans Paula Mclain je n'aurais pas fait la connaissance d'une femme hors du commun, je veux parler de Martha Gellhorn. Journaliste, écrivain, correspondante de guerre cette femme a croisé en 1936 la route d'Ernest Hemingway , son idole .. Deux tempéraments de feu, hyperactifs, passionnés par l'écriture, le monde. Ce qui devait arriver arriva. Tous les deux ont couvert la guerre d'Espagne croyant dur comme fer que les loyalistes arriverait à faire barrage à Franco et à ses partisans. Guerre, peur, mort, amour .. Il leur faudra 4 ans pour pouvoir officialiser leur union et 3 ans pour la détruire. entre temps Pour qui sonne le glas est paru ..Martha Gellhorn a aimé Hemingway à la folie mais il n'était pas question pour elle d'aliéner sa personnalité , de ne plus courir le monde , bref de ne plus vivre. Hemingway ne l'a pas supporté .

Paula McLain mêle admirablement la fiction et l'histoire suffisamment pour que cette biographie se lise vite et bien et nous remette en mémoire ces périodes noires. A découvrir sans hésiter.

Un grand merci aux Presses de la Cité et à Babelio pour cette masse critique
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Madame Hemingway

Proposé en partenariat avec le Livre de Poche, j’ai accepté ce roman sur la seule foi de son titre ! Dès qu’on me parle de littérature, je ne peux que sauter sur l’occasion … Et cette fois-ci, j’ai eu bien raison !



Ernest Hemingway est pour moi à la fois connu et méconnu : connu car j’ai dévoré plusieurs de ses romans (Le Vieil Homme et la Mer, L’Adieu aux armes, Pour qui sonne le glas) qui furent de belles découvertes à l’époque; mais méconnu car je ne me suis jamais intéressée à sa vie. Je savais seulement qu’il avait passé du temps à Paris, côtoyant Joyce et d’autres Américains autour de la librairie de Sylvia Beach, Shakespeare and Co.



Dans cet épais roman, Paula Mc Lain nous propose une partie de son histoire, à travers sa relation avec sa première femme, Hadley Richardson, tout droit débarquée du Missouri. C’est à Chicago que les futurs amoureux se rencontrent, et c’est à Chicago qu’ils tombent sous leur charme mutuel. Hadley, intelligente, solide; et Ernest, jeune homme de 20 ans blessé et traumatisé de la Grande Guerre.



« Qu’avez-vous l’intention de faire ? - Entrer dans l’histoire de la littérature je présume ».



« Je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi vibrant et plein de vie. C’était de la lumière en mouvement. Il n’arrêtait pas de bouger – ou de penser, ou de rêver, semblait-il. »



Le mariage sera très vite décidé et rapidement ils embarquent pour la France. Direction : Paris, capitale de la littérature et QG de la « génération perdue » où ils retrouveront Ezra Pound, Gertrude Stein, James Joyce, Fitzgerald.



« Il goûtait à tout ce que cette ville lui offrait, aimait la parcourir, surtout la nuit, passant la tête dans les cafés pour voir qui s’y trouvait ou pas. Il était reconnaissable partout avec ses longs cheveux indisciplinés, ses chaussures de tennis et sa veste rapiécée, la quintessence de l’écrivain rive gauche. »



Nous les suivons donc sur la piste de leur aventure littéraire, au gré des déconvenues d’Hemingway qui subit échec sur échec; mais aussi de leur aventure intime, au sein de ce couple exceptionnel, constamment désargenté mais qui résiste à l’adversité malgré tout. Jusqu’à ce que la réputation de coureur de jupons d’Ernest se confirme et qu’il contribue à la destruction du ménage, après 5 ans de vie commune, bon gré mal gré.



« Personne, en réalité, ne semblait pouvoir retenir quiconque. C’était l’époque qui voulait ça. Nous étions en train de nous libérer pour vivre à fond une jeunesse pleine de promesses et d’airs de jazz. »



Côtoyer un écrivain torturé tel qu’Hemingway n’est pas de tout repos. Tout le long du roman, j’ai admiré Hadley qui tente d’avoir une vie familiale normale, mais sacrifie un certain nombre de ses rêves à ceux de son mari, attachant mais envahissant. Je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec ma propre situation personnelle, ce qui m’a rendu ce texte encore plus fort (non pas en ce qui concerne les rêves mais vivre avec un artiste n’est effectivement pas toujours une sinécure …).



Entre Paris, la Côte d’Azur, la Suisse, le Canada, le couple Hemingway est animé par une plume solide et une narration intéressante par Hadley elle-même, entrecoupée de monologues intérieurs attribués à Ernest. Au fur et à mesure, c’est une analyse de l’écriture d’Hemingway qui se dessine. Ainsi lorsqu’on lui conseille : « Éliminez tout ce qui est superflu [...] Méfiez-vous des abstractions. Ne dites pas au lecteur ce qu’il doit penser. Il faut que l’action parle d’elle-même. » Pour moi, c’est l’essence même de l’écriture américaine de l’après-guerre, celle de Fitzgerald et compagnie.



Mais dans ces premières années littéraires d’Hemingway, nous n’assistons finalement qu’à la naissance de Le Soleil se lève aussi, son premier succès, inspiré de leurs fréquents voyages en Espagne pour assister aux corridas.



En bref, un roman très bien documenté, vivant, qui fait écho au texte rédigé par Hemingway lui-même, Paris est une fête, et qui raconte toutes ces années (publié de manière posthume en 1964). Ce roman est donc à lire, tout comme Le Soleil se lève aussi pour compléter cette biographie romancée.

Une lecture très enrichissante !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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