L’histoire, vraie, de Beatrice Cenci est absolument terrible. Les Cenci était une famille de la noblesse italienne. La belle Beatrice, ses frères et sa belle-mère vivaient sous le joug du père Cenci, un tyran abominable qui les maltraitait. Il poussa même le vice jusqu’à vouloir « épouser » sa fille. Face à cette menace explicite d’inceste, la famille demanda de l’aide auprès des autorités et du Pape. Cette aide leur fut refusée. Il faut dire que le père Cenci était riche. Ne voyant pas d’autre issue, ils décidèrent d’assassiner le patriarche. S’ensuivit un procès retentissant. Malgré la sympathie qu’éprouvait le grand public pour les Cenci, Beatrice et ses frères furent condamnés à mort et exécutés en 1599. Beatrice n’avait que 22 ans.
J’avais découvert cette histoire dans un film de Lucio Fulci, un métrage plutôt inattendu de la part de celui qui est considéré comme le maître du gore. S’il y a bien quelques scènes violentes, les scènes d’interrogatoires, le film se situe vraiment dans le registre du drame historique. J’avais beaucoup aimé ce film, l’intrigue était bien menée, les acteurs très bien choisis, tout particulièrement Beatrice interprétée par Adrienne Larussa dont la beauté gracile convient parfaitement au rôle. J’avais vraiment été touchée par le destin tragique de Beatrice. Je m’étais alors promis de lire les ouvrages racontant ces événements.
Pour le premier ouvrage consacré à Beatrice, j’ai choisi la pièce de Percy Shelley. Cette grande figure du romantisme britannique, connu pour son idéalisme et son humanisme, ne pouvait qu’être touché par la figure de Beatrice. Cette lecture a été aussi pour moi l’occasion de découvrir Monsieur Shelley. Et je dois dire que j’ai été séduite par sa plume. Bien sûr, le ton est parfois emphatique mais je trouve que cela colle bien avec le sujet. Pour raconter les terribles méfaits du père Cenci, Shelley fait preuve d’une délicatesse remarquable. Tout en étant finalement assez explicite, il fait montre d’une grande pudeur et quelque chose me fait dire que c’est par égard pour son héroïne. La pièce se lit très bien même si ma lecture a été ralentie du fait qu’il s’agissait d’une édition à la demande BNF (qui est donc un fac-similé) et certaines pages étaient difficilement lisibles. C’est vraiment dommage que cette pièce ne soit plus trouvable autrement.
Cette lecture m’a donc permis de poursuivre ma découverte de l’histoire de Beatrice et m’a également offert de rencontrer Percy Shelley dont je lirai avec plaisir d’autres œuvres.
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Curieusement, le titre de ce long poème romantique, peut prêter à confusion, car il n'aborde jamais le sujet de l'islam de front, mais de manière plus général, englobant au passage toutes les autres religions. Cette merveilleuse histoire est écrite comme un roman palpitant, nous emmenant dans un orient imaginaire de légende. Les deux héros, un couple d'amants passionnés, essaye de vivre un amour sublimé, pas seulement par les sentiments et la passion, mais aussi dans le cadre d'un idéal romantique et révolutionnaire. N'oublions pas, que ce récit fut publié au lendemain des défaites révolutionnaires et napoléoniennes, l'auteur partisan d'une Europe de liberté, d'égalité, de fraternité est abattu, par la répression conservatrice qui règne sur le continent. Transposant ses idéaux dans son roman-poème, il y conçoit au travers du jeune couple, un espoir de bonheur futur dans la lutte contre le tyran de la cité où se déroule l'action principale. S'attaquant au fanatisme politique et religieux, les protagonistes sont les prémices de la révolution à venir, qui libéra les peuples orientaux des chaînes de plomb qui les enchaînent. Subtilement, l'auteur en plaçant son récit en Orient, vise bien sûr l'Empire Ottoman sans le nommer, mais aussi les monarchies absolues, d'Europe occidentale, menant du coup un double combat pour la liberté.
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Ce recueil de Percy Shelley, est un peu la synthèse du romantisme poétique anglais, courant héritier des lumières, mais aussi, incluant un retour à la nature avec un mysticisme panthéisme. L'auteur est un poète engagé, athée et rationaliste, développant une philosophie de poésie aux contours anarchisants et progressistes. Les thèmes poétiques de l'auteur sont variés, politiques où il psalmodie son amour de la liberté, sa haine de la tyrannie, religieux avec son rejet de Dieu et des croyances, social en fustigeant les conventions de la société anglaise qui l'a rejetée. Ses vers sont sans appel, exécutant la sentence contre tout ce qui l'abhorre au plus haut point, Shelley en cela se rapproche du concept de l'anarchie et de son libre-arbitre total. Cependant, si l'auteur impose cette image trouble à l'instar de son ami Lord Byron, il en cultive une seconde, beaucoup plus subjective. Dans une versification structurée, fouillée, Shelley nous présente des poèmes mémorables, où l'amour de la nature, paradis terrestre idéalisé, le font émerger comme un romantique rêveur, chantre protecteur des beautés naturelles. Curieusement, même s'il rejette en bloc la religion, il va créer peut-être, les plus beaux poèmes empreints de mythologie antique à la verve mystique qui ont été écrits à cette époque. Malgré toutes ses contradictions philosophiques, Shelley est un rebelle permanent, sans concession, croyant en un monde futur meilleur, sa poésie nous emmène au paroxysme de la révolte romantique jusqu'à l'excès et la mort prématurée pour ce jeune prodige à moins de 30 ans.
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La nécessité de l'athéisme est un dialogue entre deux amis : Eusébès, chrétien sincère, s'inquiète de l'état d'esprit de Théosophus, qui, à force de se poser des questions sur la religion, délaisse la foi. Les deux compères exposent dans un premier temps leurs arguments : l'histoire du christianisme, les miracles, les prophéties pour l'un, les manques de preuve, les inconsistances d'un Dieu parfait, le comportement des chrétiens qui laisse parfois à désirer pour l'autre.
Alors Eusébès pousse son ami dans ses derniers retranchements : il lui démontre que s'il a l'honnêteté de pousser son raisonnement jusqu'au bout, il ne peut qu'être athée, chose abominable, tous les deux en conviennent. Théosophus esquive et promet de réfléchir plus longuement aux arguments de son ami.
Étant donné l'absence de réponse aux arguments d'Eusébès, on ne peut qu'y voir une déclaration d'athéisme de l'auteur, à peine voilée par quelques dénégations de Théosophus. Juste assez pour ne pas trop s'exposer aux foudres des autorités, on l'imagine. Pour ce qui est des arguments, ils ne sont pas sensiblement différents de ce qui se faisait déjà à l'époque : quand on en a lu un, on les a tous lus !
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Ce drame lyrique en quatre actes , écrit en 1820 est une reprise du mythe de Prométhée qui eut une féconde postérité littéraire . Ici Shelley s'appuie sur le peu que l'on connaît des pièces d'Eschyle qui lui sont consacrées . Le Titan Prométhée qui s'élève contre les dieux en faveur de l'humanité est le grand rebelle et à ce titre inspire ceux qui demandent la liberté pour les peuples . Shelley y rêve d'une réconciliation suite à la Révolution française . Cette œuvre optimiste , certes , est assez rude à lire le style étant d'un romantisme exacerbé.
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Des textes engagés dans une poésie très belle.
Je ne m'attendais pas à cette découverte lorsque j'ai trouvé ce recueil dans une boite à livres : j'ai été agréablement surprise de découvrir les opinions politiques de ce poète, qui n'était pour moi jusque là que "le mari de Mary Shelley" (situation inverse pour une fois ;) )
La préface de Hélène Fleury est instructive mais sans être trop indigeste.
De quoi me réconcilier avec la poésie!
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Un best of deguise et une anthologie de l'oeuvre d'un des plus grands poetes de son temps,idéal pour decouvrir son style d'ecriture et ses thèmes favoris.Homonyme de Mary Shelley la creatrice de Frankenstein,ce poete classique a cree une oeuvre completedont il puise les thèmes dans sa vie quotidienne.
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L'Epervier a eu une idée très originale: unir dans un même ouvrage les deux grands noms du Romantisme anglais, tout comme ils l'étaient dans la vie par l'amitié.
Le choix de publier certains de leurs écrits politiques, largement méconnus en France où ils sont surtout connus pour leurs poésies, est également un choix original et parfaitement approprié.
Je regrette la relative brièveté de l'ouvrage (une centaine de pages), quoiqu'elle suffit à présenter les opinions politiques de ces deux hommes, et qui inspira, on le sait peu, celles de grands noms tels que Ghandi (Non-Violence, inspirée par Percy Shelley)...
Le Romantisme n'est donc pas qu'une histoire de contes fleuris et poétiques comme la critique d'aujourd'hui tend à le faire croire. C'est au contraire un mouvement inspiré, qui trouve dans la poésie un moyen d'expression fort, et qui véhicule bien mieux que de longs discours des idées humanistes et libertaires. Leurs héros sont comme furent Byron et Shelley dans leurs vies: des rebelles contre la tyrannie, politique et religieuse, amoureux de la connaissance, de la vérité, et surtout, de la Liberté.
La présentation de chaque textes par une courte introduction est vraiment un plus, qui fait de ce livre une vraie réussite, tant sur le plan éditorial qu'intellectuel.
Quiconque aime Byron et Shelley peut donc acquérir ce livre les yeux fermés...
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Première approche de ce poète romantique anglais assez proche de Byron du début du XIXème siècle. J'ai pris un des rares ouvrages en rayon de la bibliothèque. Le titre n'a finalement que peu de rapport à l'islam, il a plusieurs fois changé de titre: d'abord "Laon et Cythna", "La révolution de la cité dorée" ou encore "Une vision du XIXème siècle". Il semblerait que ce titre définitif soit une attaque frontale contre la religion en général et que pour éviter directement la censure anglaise, il a choisi l'islam comme titre.
Ces 12 chants ici traduits en en français en prose sont une véritable ode à la Liberté et au triomphe de l'Esprit sur l'hégémonie obscurantiste de la religion et de l'état. Cette longue allégorie sur l'émancipation met l'accent sur l'égalité totale entre les sexes ce qui est bien en avance sur son temps. Shelley n'étant pas étranger aux idées anarchistes, il a su au long de ses œuvres mêler poésie et philosophie du "Ni dieu ni maître".
Le récit débute par une métaphore de l'aigle qui combat le serpent et se poursuit par la rencontre avec l'alter ego du narrateur et qui nourrissent ensemble les mêmes sentiments de justice et d'égalité entre hommes et femmes et rejettent les doctrines qui asservissent l'âme.
Ils subissent tous deux une triste épopée de captivité, faim et soif, isolés du monde sur une île ou au fond d'une grotte. Symbole de l'oppression des tyrans, ils sont libérés et se retrouvent pour une cavalcade sur un destrier noir qui vient pour pourfendre le monde injuste. Visions apocalyptiques de l'enfer sur terre où règne désolation engendrée par le pouvoir et l'esclavage.
Ils finissent pour être sévèrement réprimés et accèdent au paradis terrestre.
On peut sentir tout au long du texte un véritable espoir dans l'amour une admiration pour les beautés de la nature.
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Huit mois pour lire 105 pages... Les paysages suisses ne me font visiblement pas rêver, même à l'écrit. Je n'ai pas eu non plus le palpitant pour le style d'écriture de Mary et Percy Shelley. Tout à fait suffisant pour se mettre dans le contexte de l'oeuvre majeure de la dame. J'espère que le vrai Frankenstein, le Prométhée moderne, né de cette nuit d'écriture spontanée entre amis me plaira beaucoup plus. Affaire à suivre.
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Ce journal de voyage, qui inclut également quelques passages de la main de Claire Clairmont (la demi-soeur de Mary Shelley) est en réalité composé de trois parties : le récit du premier voyage en 1814 (lorsque Percy s'enfuit avec Mary et Claire), 4 lettres relatives au second voyage en 1816 (pour rejoindre Byron en Suisse) et le poème Mont Blanc de Percy Shelley.
La préface d'Anne Rouhette est très intéressante, car elle explique bien le contexte d'écriture de ce journal mais aussi son travail de traductrice et les différentes sources utilisées pour ce travail (avec notamment les différences qu'il peut exister entre les différentes versions anglaises de ce journal).
Le journal en lui-même est tout aussi passionnant : en 1814, la France sort difficilement des guerres napoléoniennes et les Shelley sont parmi les premiers voyageurs à s'y rendre et à en donner leurs impressions. On croise donc des villages dévastés par la guerre, très pauvres. C'est aussi intéressant de les voir comparer les habitants des différentes régions ou pays traversés, leurs coutumes, leurs personnalités...
Petit détail amusant : les passages de la main de Mary reflètent déjà ses talents de romancière (description des paysages, des habitants...), ceux écrits par Percy sont beaucoup plus poétiques et dans le registre de l'émotion.
Une excellente découverte et qui donne vraiment envie que le reste des journaux et lettres de Mary Shelley soit enfin un jour édités en français.
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