J’avais trouvé le précédent livre de l’auteur vraiment intéressant parce qu’il permettait, pour des non spécialistes de Bosch, de découvrir ce peintre mystérieux. Ayant eu l’occasion de découvrir un peu Le Caravage dans le très beau La course à l’abime, de Dominique Fernandez, j’espérais poursuivre cette découverte avec Le mystère Caravage. Peut-être était-ce trop attendre.
Peter Dempf nous livre ici un livre ambitieux, dans lequel on retrouve, mêlées, les intrigues vaticanes, une vengeance,et, de toutes parts, mensonges et faux-semblants.
Concernant le contexte politique de l’époque, on retrouve sans surprise un membre des Borghese, sorti vainqueur des luttes – à fleuret pas toujours moucheté – entre le parti italien, le parti français et le parti espagnol, chacun luttant pour que son favori puisse occuper le trône de Saint-Pierre.
Mais, et c’est peut-être le fond de mes réticences, l’impression d’ensemble est d’abord que l’auteur, dans toute cette matière, n’a pas su, voulu, osé, choisir. Choisir un fil de trame, et utiliser le reste pour le décor. Non, là, tout semble mis presque sur le même plan. Et l’on se retrouve avec en quelque sorte un thriller – roman d’aventure – historique – dans le monde de la peinture. Le tout formant une sorte d’empilement de rebondissements – pour faire du thriller -, d’aventures – pour l’aventure – avec des références historiques et géo-politiques. Et que ces différents éléments – du moins c’est ainsi que je l’ai ressenti – ne se fondent pas dans un ensemble, au service de l’histoire, mais, au contraire, entrent en concurrence, se phagocytent les uns les autres. Du coup, je n’ai pas ressenti une cohérence, une ligne directrice, mais une accumulation.
Le deuxième point que je regrette – mais, là, c’est un choix de l’auteur -, c’est que Le Caravage n’est en réalité pas réellement un acteur de cette histoire. Il en est la toile de fond, mais jamais l’on n’accède à ses pensées, à ses idées. Parfois, lorsqu’il donne des leçons à ses élèves, il explique un petit peu sa démarche. Mais pour le reste, l’histoire est essentiellement extérieure à lui, vue par les yeux de Nerina, une de ses élèves. Forcément, moi qui espérait découvrir plus intimement ce personnage, je reste sur ma faim.
L’ensemble reste néanmoins plutôt agréable à lire, et beaucoup de lecteurs y trouveront une matière riche, y découvriront un peintre fascinant. Beaucoup auront beaucoup de plaisir à suivre le périple du peintre, poursuivi par de sombres personnages.
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