Peter May

Le traitement contre le cancer est une loterie aux enjeux élevés. Si on gagne, on vit.

Sentant la présence de sa nièce, Ana l'appela et fit un pas vers elle. Mais Cleland la retint fermement par le bras et, de sa main libre, pressa un pistolet sur sa tempe.

- Ne lui faites pas de mal, s'il vous plait, le supplia Cristina.

- Ce n'est pas mon intention, répondit-il avec un sourire triste. Ça l'était. Mais plus maintenant. Une femme remarquable, votre tante. Quand tout sera fini, je l'emmènerai. Je ferai tout ce qu'il faut pour qu'elle puisse de nouveau voir et entendre.

Sidérée, Cristina le dévisagea.

- Vous ne pourrez pas.

- Je peux faire tout ce que je veux.

- Sa maladie est génétique. Elle est incurable. Il n'existe aucun traitement.

- C'est incroyable ce qu'on peut acheter avec de l'argent. Or de l'argent, j'en ai beaucoup, Cristina. Et personne pour qui le dépenser depuis que vous avez tué mon Angela.

Gigs menait notre groupe le long des corniches et des fissures de la roche, examinant le contenu de chaque nid. il était muni d'une perche de capture de près de deux mètres de long, équipée à une extrémité d'une mâchoire métallique à ressort. il l'utilisait pour cueillir les petits dans leur nid, les faisant passer rapidement au second du groupe. Donnie était un vétéran qui faisait cela depuis plus de dix ans., un homme taciturne qui devait avoir largement passé la cinquantaine, toujours une casquette vissée sur la tête. Des favoris argentés lui mangeaient le visage, marqué par les ans et les éléments. Il travaillait avec un gourdin et, lorsqu’il réceptionnait un oiseau tenu au bout de la perche, il s'en saisissait et le tuait d'un seul coup, propre et net. J'étais le suivant dans chaîne. Gigs avait décidé de me baptiser dans le sang, et c'était réussi.

- Son père avait été tué en essayant de braconner un cerf sur le domaine pendant la Famine de la pomme de terre.
- Je croyais que cela s'était passé en Irlande".
Sime secoua négativement la tête. "La famine sévissait tout autant dans certaines parties de l’Écosse.

- Parce que la loi est faite pour que les puissants et les riches conservent le pouvoir et les richesses. Les métayers comme nous survivent à peine avec le produit de leurs fermes. Enfin, je ne t'apprends rien ! Mais cela ne nous dispense pas de devoir payer un loyer, même quand nous sommes sans argent. Alors, les propriétaires promulguent des avis d'expulsion. Si nous ne pouvons pas payer, ils nous chassent, incendient nos maisons pour que nous ne puissions pas y retourner. Nous mettent de force sur des bateaux en partance pour le Canada ou l'Amérique. Ainsi, ils sont débarrassés de nous une bonne fois pour toute. Ces bâtards paient même notre voyage. Certains d'entre eux. Ils doivent estimer que ce n'est pas cher payé en regard du résultat.

It took him back twenty, thirty years. It was extraordinary, he thought, how much he had changed in that time, and how little things haf changed in this place where he had grown up. He felt like a ghost haunting his own past, walking the streets of his childhood.

La matinée avait été sinistre, l'ombre de la mort se reflétait dans les nuages qui obscurcissaient le soleil. Mais, soudain, il y a eu une éclaircie dans le ciel, au-dessus de la baie ; les rayons du soleil ont dessiné des anneaux d'argent sur l'eau d'un gris d'étain et, grâce à la pluie qui tombait, un arc-en-ciel parfait a enjambé le port. Jusqu'à aujourd’hui j'aime penser que grand-père me disait au revoir.

Il revit les motifs familiers creusés dans le paysage, semblables aux tranchées de la Grande Guerre, sauf qu’ici les hommes ne les avaient pas creusées pour s’entre-tuer mais pour se chauffer. Siècle après siècle, l’extraction de la tourbe avait laissé ces balafres caractéristiques sur des étendues immenses où rien ne poussait. Dans la baie, l’eau, ridée par le vent incessant qui la parcourait, semblait glaciale.

Le prêtre était un petit homme, ..., le sommet du crâne presque complètement chauve. Il avait laissé pousser ses cheveux d'un côté et les rabattait avec de l'huile, de la brillantine ou quelque chose dans ce genre-là. Je suppose qu'il pensait que ça dissimulait le fait qu'il était chauve, mais ça lui donnait seulement l'air ridicule. Depuis j'ai appris à ne jamais faire confiance aux types coiffés comme ça. Ils n'ont pas de jugeote.

Mais je sais maintenant que les larmes sont une forme d'acceptation. Et je n'étais pas encore prêt pour cela.

Dans une relation, le changement s'opère lentement, sans qu'on le remarque tout de suite. Comme le passage du printemps à l'été, ou de l'été à l'automne. Soudain l'hiver est là, et on s'étonne d'avoir pu se laisser surprendre aussi vite.

Un sourire lui venait aux lèvres par intermittence, comme un papillon cherchant un endroit où se poser.

Comme toutes ces âmes perdues arrivées à la quarantaine, à la recherche de leur passé sur les réseaux sociaux, pour finir par s'apercevoir que la réalité ne serait jamais à la hauteur de ces souvenirs idéalisés.

Cher monsieur, nous avons bu du vin bourru ensemble. Alors bien sûr que vous pouvez les voir !

Parfois, au loin, la forme floue d’une île apparaissait quelques instants avant de replonger dans la brume, masquée par les vagues. À chaque fois, nous espérions ardemment qu’elle annonçait la fin de notre cauchemar. Mais ce n’était jamais le cas. Le calvaire continuait, une heure après l’autre. Le vent, la pluie, la mer, nos estomacs qui se contractaient et rien d’autre à expulser que de la bile. Je ne pense pas m’être jamais senti aussi misérable de toute ma vie.

Ils perçoivent les gémissements des petits bateaux tirant sur leurs amarres. Leurs coques s'entrechoquent et se bousculent dans le noir, comme des enfants jouant des coudes pour se faire de la place.

Le regard sombre de Gigs fit lentement le tour des visages rassemblés autour du feu. « Certains d’entre vous étaient sur le rocher cette année-là, ceux-là savent de quoi je parle. D’autres n’étaient pas là. À ceux-là, je vais dire ce que j’ai dit alors. Ce qui se passe sur ce rocher, ce qui se passe entre nous, reste ici. Sur l’île. Cela reste dans nos têtes, mais cela ne doit pas franchir nos lèvres. Et si un seul d’entre vous ici présents dit un seul mot à ce propos à quelqu’un, il devra en répondre devant moi avant d’en répondre à son Créateur. » Pas un seul des hommes présents autour du feu n’aurait osé croire que cela fût faux. Tandis que les flammes consumaient la tourbe et faisaient danser sur les murs les ombres des hommes assemblés là, tels les témoins muets d’un vœu de silence, l’obscurité, au-delà de la lumière, semblait rendre la Blackhouse qui les entourait plus petite. Les regards revinrent sur Fin, et ils virent un homme perdu, tremblant dans le noir. Le sang avait quitté son visage, blanc comme un linge.

Les parents sont le roc sur lequel on construit sa vie

Un sourire lui venait aux lèvres par intermittence, comme un papillon cherchant un endroit où se poser.

Mais c'est surtout la musique qui vous ramène à l'adolescence. J'ai toujours associé certaines chansons à certaines filles. Je me souviens d'une fille appelée Sine (cela se prononçait Sheena). C'est elle que j'avais emmenée au bal ce mois de février. A chaque fois que j'entends Waiting For a Girl Like You de Foreigner, même un fragment dans une émission sur les vieux succès à la radio ou lors de la rediffusion d'un vieux Top of the Pops, je pense à Sine.