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Critiques de Philippe Jaenada (1177)
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La Petite Femelle

Ce roman de 700 pages m’a permis de découvrir l’histoire de Pauline Dubuisson que je ne connaissais pas. Moins de dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est accusée d’un meurtre de sang-froid, celui de son amant. Belle, libre, elle catalyse toutes les rancœurs et frustrations de ceux qui ont subi les privations et les pertes dues à la guerre. On ne voit pas en elle, une jeune femme émancipée, intelligente, qui souhaite vivre comme elle l’entend sans calcul mais bien comme une traitre, une arriviste. D’ailleurs n’a-t-elle pas couché avec des Allemands et été tondue ? Cela suffit à la condamner d’avance sans même écouter ce qu’elle a à dire.



Philippe Jaenada, dans une enquête méticuleuse, retrace l’histoire de Pauline et tente de lui rendre justice. Richement documenté, ce récit éclaire la personnalité et le caractère de Pauline Dubuisson d’un jour nouveau, décrivant une jeune femme instruite, moderne, bilingue et précoce qui, à 14 ans, tombe seulement amoureuse d’un beau jeune homme sans se soucier qu’il soit Allemand. Elle sera aussi une des premières étudiantes en médecine après la Libération.



J’ai aimé découvrir cette histoire et la plume de Philippe Jaenada. Ce récit se lit facilement comme une enquête et une histoire à suspens. La lecture est intense, haletante. Et après le meurtre, c’est le procès qu’il décrit avec minutie ; un procès perdu d’avance car elle n’a pas le profil d’une repentie, cette jeune femme trop belle et trop indépendante. Que de hargne et de jalousie derrière les mots des uns et des autres, autant parmi les acteurs de la Justice que chez les journalistes.



Si, comme moi vous découvrez l’auteur, sachez qu’il aime les digressions, les remarques, les anecdotes… et que cela peut parfois agacer. Mais j’ai trouvé tout cela très intéressant.



Une belle découverte.
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13 à table ! 2020

Sixième édition pour ce recueil annuel dont je ne loupe pas la sortie, bien tristement…



Cette année les auteurs sont : Philippe Besson, Françoise Bourdin, Michel Bussi, Adeline Dieudonné, François d'Epenoux, Eric Giacometi, Karine Giebel, Philippe Jaenada, Yasmina Khadra, Alexandra Lapierre, Agnès Martin-Lugand, Nicolas Mathieu, Véronique Ovaldé, Camille Pascal, Romain Puértolas, Jacques Ravenne et Leïla Slimani. J'en ai déjà lu quelques-uns, pour les autres c'est une découverte même de nom. Donc une nouvelle par auteur pour ceux qui ne connaissent pas ce recueil.



Une m'a plus attirée que les autres, je vous laisse deviner laquelle…



"J'aurais dû les enterrer… je me répétais cela en boucle. Puis j'ai marché, de nouveau, poussé par la faim. Comment pouvais-je encore avoir faim? Comment le soleil pouvait-il se lever, se coucher? Les oiseaux chanter? Par hasard, j'ai rejoint un cortège de gens de mon ethnie qui fuyaient vers le pays voisin. Sur leurs échines fatiguées, quelques provisions, quelques objets. Dans les bras des mères, des enfants apeurés…"



Par contre, je suis désolée que ce livre s'éloigne du principe de base qu'il était. Les premières années le rapport avec les personnes dans le désœuvrement était la base peu importait ensuite le sujet. Là, on s'en éloigne largement. Dommage. Le thème de cette saison est "le voyage".


Lien : https://passionlectureannick..
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13 à table ! 2020

Depuis 2014, à l’initiative de Véronique Colucci, 13 à table ! est un recueil de nouvelles d’écrivains. Cette année, le thème est les vacances. Tous les ans, depuis le lancement je me procure ce recueil de nouvelles ce qui me permet à la fois de soutenir les restos du cœur mais aussi de passer un bon moment. Chaque année je découvre de nouveaux auteurs que je prends plaisir à lire dans d'autres écrits.
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La Petite Femelle

Quelle claque que ce livre ! Au départ d'un fait divers l'auteur fait (re)vivre devant nos yeux non seulement la vie de Pauline mais également toute une époque en mêlant adroitement le pathos à l'humour et on éprouve réellement de l'empathie pour cette femme qui certes a tué mais qui avait pas mal de circonstances atténuantes .

Plus qu'un fait divers Jaenada analyse surtout le fonctionnement de la justice et de la « société » de l'époque très peu favorable à l'émancipation de la femme. On est surpris et révolté devant le comportement proprement scandaleux de la justice et de la police qui déforment , oublient et même à l'occasion modifient les procès verbaux et les témoignages. Sans oublier la presse qui inventera littéralement la vie de Pauline.L'auteur réalise ici une véritable contre- enquête et ne laissant rien de côté ses propos sont toujours étayés et confirmés par des déclarations complètes des intervenants.

Enorme travail d'historien également réalisé par l'auteur qui nous décrit avec émotion l'occupation de Dunkerque et de sa région

Les écrits de Jaenada n'ont pas pour but de nous faire croire que Pauline est innoncente mais bien de nous fait comprendre le cheminement de cette femme dans la vie et ce qui l'a conduit un jour de 1953 devant les assises .

Un livre fort , poignant qui m'a fait découvrir une Pauline Dubuisson , trop libre , trop fière et indépendante aux yeux de patriarcat dominant de son époque.
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La Serpe

ahh la la "mon" Philippe !

Grande fan de tes digressions, tu peux écrire sur n'importe quel sujet, je te suis.

Oui mais voilà... La Serpe.... je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé mais là Philippe, pour la 1ère fois, tu m'as un peu perdu.

Beaucoup de détails et de précisions sur l’enquête qui vont qui viennent (cela plaira aux amateurs-enquêteurs) et qui ont bien failli me perdre.

L'histoire d'Henri Girard est effectivement romanesque mais j'ai trouvé le personnage moins attachant que Sulak ou Pauline.

Allez la bise et vivement le prochain ! :)
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La Serpe

Quel livre !!!

Tout d'abord, il y a une histoire vraie, tragique, celle d’un triple meurtre commis quelque part dans le Périgord, en 1941, dans un château. Par qui ???

Le coupable est tout désigné, Henri Girard que l’on connaitra par la suite sous le pseudonyme de Georges Arnaud. Tout l’accuse rapidement, c’est un homme que j’ai trouvé parfaitement antipathique dès le début, il est arriviste, intéressé, parfois violent et toutes les preuves sont contre lui. Bien sûr que cela ne peut être que lui.

Mais grâce au talent de son Avocat, il est finalement acquitté!

Philippe Jaenada a décidé de reprendre cette histoire et de mener l’enquête pour trouver le coupable. La tâche est compliquée, tous les protagonistes de l’époque étant morts. Un travail de fourmi commence pour l’auteur, il reprend les faits, lit tous les compte-rendus, articles, témoignages de l’époque. C’est un travail titanesque qu’a accompli Philippe Jaenada, et il arrive à nous raconter tout çà comme un polar et avec une pointe d’ humour que j’ai adorée. Vraiment je ne m’attendais pas à rire autant en lisant une telle histoire, ce monsieur a un talent unique.

S’il fallait y trouver un défaut, je dirais juste que les 150 premières pages où l’on nous déroule la biographie intégrale d’Henri Girard sont un peu longues, mais on oublie vite lorsqu’on entre dans le vif du sujet.

Moi qui n’adhère pas toujours aux prix, cette fois je ne peux que dire que ce prix Femina est largement mérité.

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La Serpe

Quelle jubilation ce livre!!!

Tout d'abord, il y a une histoire, tragique, terrible et morbide. Un triple meurtre, dans un château, avec un coupable tout désigné mais finalement acquitté! Mais cet accusé n'est pas n'importe qui.... C'est l'auteur du Salaire de la peur, George Arnaud, de son vrai nom Henri Girard. Histoire complètement incroyable et digne d'Agatha Christie!

Mais avant tout, il y a un écrivain génial, qui a décidé de reprendre cette histoire et d'en dérouler le fil pour trouver le coupable, le vrai....ou pas! Et c'est génial, drôle, cynique et surtout très très bien ficelé et écrit!!!

Je me suis vraiment amusée à cette lecture, qui mêle enquête très rigoureuse et humour très décalé! Prix Femina mérité!
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La femme et l’ours

Il y a eu l’Ulysse d’Homère, l’Ulysse de Joyce, « La femme et l’ours » pourrait être l’Ulysse de Jaenada. Après une dispute, le romancier estimé mais sans lecteur, Serge Sabaniego, que ses potes pochtrons surnomme Bix, quitte son palais d’Ithaque, un deux pièces près de la place Clichy. Il laisse seuls son épouse et son fils de dix ans, bien décidé à ne pas rentrer de la nuit. Pauvre Bix, de rêve en illusions, de cauchemars, en désillusions, ton voyage à saute-bistros va durer plus longtemps que tu ne le crois.



Tu vas rencontrer quelques Sirènes, quelques Cyclopes, pas mal d’éclopés et même un effroyable monstre à deux têtes. Tu n’es plus très jeune Bix, ne reste pas trop longtemps en rade, Pénélope et Télémaque t’attendent. (Rade = bistro en argot, dépêchez-vous de lire ce jeu de mot, c’est Philippe qui me l’a prêté, il en a besoin pour une prochaine chronique)



Jaenada a enchanté la rentrée littéraire en 2015 avec « La petite femelle ». Le romancier, peu connu du grand public, avant ce coup de maitre est l’auteur d’une série de romans plutôt bien enlevés. Il se raconte à l’aide de doubles littéraires dans des déambulations sociologiques, philosophiques et très souvent éthyliques. « La femme et l’ours » n’échappe pas à cette règle, de rencontres en rencontres, des hommes et des femmes vont se donner des instants de vie. Jamais cynique ou malveillant, Jaenada porte sur tout ce petit monde un regard tendre et humaniste.



Philippe Jaenada c’est l’ours du titre, sans vouloir le vexer il a plus l’air d’un nounours que d’un grizzly. Ça tombe bien pour ces dames, un nounours c’est beaucoup plus tendre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Petite Femelle

Je ne sais plus trop quand j’ai commencé à lire La petite femelle mais je n’ai pas été une reine de la vitesse avec ce roman (en même temps je ne me suis pas inscrite à un concours de rapidité de lecture )). Je l’ai aimé de la première à la dernière page (700 pages quand même) malgré ma lenteur (ou peut être est ce justement pour cela que je n’étais pas pressée de le finir pour retarder le moment de le refermer).



J’avais vu Philippe Jaenada dans une émission de télévision et outre les éloges concernant son roman, j’avais été séduite par l’auteur lui même, par l’humour qui perçait sous ses interventions, par la personnalité qu’il laissait entrevoir. Sur le plateau, il défendait avec sincérité et conviction mais sans angélisme Pauline Dubuisson. C’est d’ailleurs le point de départ du livre : le portrait sans nuance, accablant de la jeune femme dessiné au moment du fait divers la concernant (le meurtre de son ancien petit ami en 1950).



Face aux mensonges de la presse (les journalistes à l’époque se contentent de relayer les infos transmises par la police), aux mensonges des inspecteurs qui ont enquêté sur l’affaire, aux mensonges des magistrats et des avocats qui l’ont jugé, Philippe Jaenada a décidé de mener sa propre enquête pour réhabiliter la jeune femme. Si son livre est un roman, ce n’est pas parce qu’il a romancé une partie des faits (au contraire il les reprend un à un, relisant tous les témoignages, tous les rapports, toutes les archives, rejouant la scène du meurtre avec sa femme pour visualiser la trajectoire des balles).



Il cite Paul Valéry



Il y a plus faux que le faux, c’est le mélange du vrai et du faux.

et souligne que tous ceux, cinéaste ou écrivains, qui ont repris l’affaire Dubuisson avant lui, ont mêlé fiction et réalité.



Avant d’arriver au fait divers en lui-même, Philippe Jaenada revient sur les ancêtres de Pauline Dubuisson, sur l’éducation qu’elle a reçue exclusivement de son père (qui lui a aussi appris à ne jamais montrer ses faiblesses et plus généralement ce qu’elle ressent), sur la perte de son frère à 9 ans qui l’a beaucoup affecté et au contexte dans lequel elle grandit à Malo les Bains pendant la seconde guerre mondiale, autant d’éléments constitutifs de la personnalité de Pauline Dubuisson. Dans cette première partie, j’ai lu avec plus qu’intérêt les détails concernant l’opération Dynamo, la destruction de Dunkerque, l’occupation par les allemands car l’écrivain a une façon de raconter l’histoire que j’ai vraiment trouvé passionnante.



Au delà de son souci des détails (pas une seconde d’ennui pourtant), de sa rigueur, de sa pugnacité, de son entêtement à toujours interroger ce qui a fini par s’établir comme des évidences, j’ai aimé son style, son humour, son sens de la dérision.



Philippe Jaenada cultive avec brio l’art de la digression en commentant entre parenthèses ce qu’il écrit soit pour approfondir un point soit pour faire un lien avec sa vie et nous en raconter un épisode. Jamais il ne nous perd dans ces parenthèses pourtant nombreuses. Au contraire c’est souvent très jubilatoire à lire.



Et puis La petite femelle se lit comme une enquête policière même si on connait déjà la victime, la coupable et l’issue, l’auteur distille dans son récit un suspense des scènes précédant le meurtre aux derniers moments de la vie de Pauline Dubuisson en passant par le procès, qui m’a tenu en haleine.

Parce que La petite femelle est le portrait d’une femme haïe et seule face à son époque, parce que Philippe Jaenada a une voix d’écrivain unique, singulière, un regard à la fois drôle et sensible, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce roman.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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La Petite Femelle

Je ne connaissais pas cet auteur.

Ma bibliothécaire me l'a conseillé.

J'ai tenté....

Au bout de 50 pages, j'ai craqué. Trop de parenthèses tuent les parenthèses...

Je ne me suis pas sentie concernée par l'histoire de cette jeune fille.

Je n'ai pas du tout aimé le style d'écriture de l'auteur.

J'abandonne ce pavé !
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La Petite Femelle

Les coups de cœur se font rares pour moi en cette rentrée littéraire alors lorsque je tombe sur un roman comme La petite femelle je ne peux que saluer bien bas son auteur !



La petite femelle représente la biographie qu'on rêve de lire sur chaque personnage historique, le roman qu'on aime plus que tout sur chaque événement vrai et marquant : un mélange subtil et harmonieux entre la neutralité nécessaire à la vérité et la subjectivité obligatoire pour éveiller l'intérêt du lecteur, le faisant dévorer un pavé de plus de 700 pages. Philippe Jaenada se lance un défi : mener l'enquête sur cette figure féminine qu'est Pauline Dubuisson : une croqueuse d'hommes, une jeune femme en quête d'indépendance ou une personne perdue au milieu de l'horreur de la Seconde guerre mondiale ? Les trois à la fois ?



Vous allez donc voir le portrait le plus sincère de cette personnalité en même temps que la description fascinante d'une terrible époque. A côté de cette investigation il y a aussi ce personnage central qu'est Philippe Jaenada lui-même. Vous souvenez-vous de la célèbre citation de L'Attrape-Cœurs (Salinger) ?



« Mon rêve, c’est un livre qu’on arrive pas à lâcher et quand on l’a fini on voudrait que l’auteur soit un copain, un super-copain et on lui téléphonerait chaque fois qu’on en aurait envie. » [L'Attrape-Cœurs - J.D. Salinger]



C'est exactement ce que j'ai ressenti pour ce livre, je n'ai pas pu m'empêcher de faire défiler les pages, et lorsque qu'il me restait "encore" la moitié du livre en fait je pensais "il ne me reste plus que la moitié du livre", que vais-je lire à présent (d'ailleurs je suis en petite panne de lecture depuis) ? Philippe Jaenada est un auteur que j'aimerais vraiment rencontrer, il est drôle, il a le sens de l'autodérision, se livre à son lecteur comme s'il était son ami.



Ainsi au-delà de l'aspect impressionnant de ses recherches et connaissances, La petite femelle permet aussi à l'auteur de s'exprimer sans pour autant prendre le pas sur le sujet central de son livre, sans pour autant chercher à se mettre sur le devant de la scène. Il apporte une touche d'humour et de lumière dans une histoire tragique.



En définitive, j'ai eu le coup de cœur pour ce livre : il est passionnant du début à la fin, et je lirai avec joie les autres romans de cet auteur !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Plage de Manaccora, 16h30

Jaenada et sa famille échappent de justesse à un grand incendie de forêt. Il en tire ce grand roman pourtant hilarant.



Philippe Jaenada renouvelle régulièrement la prouesse de réussir de grands romans, provoquant un rire authentique quasi-permanent durant la lecture, à partir d'un je-ne-sais-quoi et d'un presque-rien dont le seul contenu serait affligeant d'insignifiance chez la plupart des autres écrivains.



"Plage de Manaccora, 16 h 30", son sixème roman, paru en 2009, reste mon préféré à ce jour. C'est ici qu'il atteint son sommet dans cette tentative de montrer à quel point le cerveau humain, nourri de culture générale, d'histoire personnelle, d'idées, de sentiments, de passions, peut produire un invraisemblable monceau de pensées, vagabondes ou non, en quelques instants, et ce, quelle que soit la situation ou l'ampleur de la crise à un moment donné.



Fondé sur une aventure réellement vécue par l'écrivain et sa famille (à savoir se retrouver pris dans un gigantesque incendie méditerranéen lors de vacances en Italie du Sud), ce roman en constitue la démonstration hilarante, servi par ces phrases à rallonge et ces digressions imbriquées dans jusqu'à quatre niveaux de parenthèses qui servent désormais d'heureuse marque de fabrique à Philippe Jaenada.



"Je suis resté quelques secondes horrifié (gourde hypnotisée, je dois reconnaître - mais on ne peut pas m'en vouloir), prenant véritablement conscience de la monstruosité de l'ennemi qui se déployait : des kilomètres de feu féroce contre nous, toute une région enflammée qui se dressait contre nous, petites personnes. (Je me demandais combien de petites personnes à la traîne avaient déjà été tuées là-bas, étaient restées au-delà de la frontière de feu qui avançait, et noircissaient maintenant dans le brasier - je ne savais pas, peut-être pas une, peut-être dix ou cinquante. La vieille en noir, sûrement, recroquevillée et grésillante. D'autres. Où était Tanja ?) La horde brûlante progressait en ligne incurvée pour couper une fuite éventuelle par la forêt, nous cerner et nous rabattre, nous coincer au bord de la mer, nous étouffer. Mais il y avait peut-être une issue juste là, deux mètres plus haut : s'il s'agissait effectivement d'un parking (il en fallait bien un, on ne parcourt pas des kilomètres à pied avec glacière et parasol pour aller jouer à la balle dans une crique - si ?), une route y menait, des voitures y stationnaient - tout ce qu'il faut pour se sauver. C'était, sans mélo, notre dernière chance."

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La Petite Femelle

Pauline Dubuisson a fait couler beaucoup d’encre. Et tous et chacun a réinterpréter les faits, les a commentés, les a analysés… Mais l’a-t-on réellement laissé s’expliquer ? Jaenada le fait lui. Et il repart du début. De son enfance, où son éducation n’a pas été des meilleures. Des relations complexes avec sa famille… qui ont eu forcément un impact majeur sur ses relations avec autrui, notamment les hommes. Il nous la présente également pendant ses études de médecine à Lille. Les difficultés rencontrées… bref, un portrait complet, complexe… Mais nécessaire pour arriver à cette année de 1951, où elle tuera son ex petit ami de trois balles de revolver. Elle sera jugée et condamnée à perpétuité. Bref, l’histoire de cette femme est captivante… Mais… j’ai eu quelques difficultés avec le style de l’auteur. C’est ma première lecture de lui, et je me demande si j’ai fait le bon choix de texte… J’avais quelques fois du mal à m’y retrouver, surtout quand l’auteur, sans crier garde, inclut des épisodes anecdotiques de sa vie. Je suis mitigée… mais cette lecture m’a donné très envie de lire Je vous écris dans le noir, qui raconte également l’histoire de Pauline Dubuisson. Une lecture en demi-teinte…
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Sulak

Le sur-moi nous oblige à considérer Sulak comme un malfaiteur, sans violence certes mais l'arme braquée sur soi doit laisser des traces à ceux qui ont vécu ces braquages.



Un moi qui s'étonne d'en arriver à trouver sympathique ce bandit hors du commun, intelligent, à la belle écriture, aux réflexions de bon sens.



La lecture du livre de Jaenada devient obsessionnelle : savoir, tenter de comprendre, prendre position ou pas, frissonner, plaindre celui qu'on disait beau, si gentil… et dont la mort à 29 ans nous choque.



Basculement étrange lorsque la morale voudrait qu'on n'excuse pas.

Même un juge déclara après la mort mal expliquée de Sulak : « c'est un esprit pur qui s'en va. »

Tout est dit : auteur de nombreux vols mais avec une éthique.



Homme fidèle à sa famille, sa compagne (l'amour d'une courte vie), ses amis et le refus de la violence : il valait mieux arrêter une opération, se rendre que d'y recourir.



Nous découvrons son besoin continuel d'agir, une manière de détourner les anormalités de la société, une manière de vivre intensément, une addiction aux chemins de traverse.

Tout un monde ignoré autour de certaines bijouteries et des « commandes » que nous n'imaginions pas.

Braquages, aide à l'évasion, évasion, jeu du chat et de la souris avec les « flics », … la liste est longue.



Ennemi public numéro 1, tout sera mis en oeuvre jusqu'aux concours de circonstances qui enlèveront toute chance d'échapper à la justice et à la prison.



Le livre montre les dérives et rivalités entre polices.

Un seul (Moréas) voudra éviter toute effusion de sang et conversera avec un Sulak malicieux.

Après son départ de la police, tout changera et aboutira à une violence institutionnelle dont le « coupable » souffrira.

Des contradictions apparaîtront et créeront des doutes autour des circonstances de sa mort.

Une souplesse physique de chat (son passé de légionnaire), une intelligence vive (langues, lectures, observations), de l'amour, du respect, de l'humanité, des voyages, une sympathie qui lui est accordée par beaucoup, etc… tout est là pour qu'on l'apprécie et qu'on regrette son absence.



Ah s'il avait pu écrire…



Ce qu'a fait Philippe Jaenada avec le souci du détail comme d'habitude, avec les témoignages qu'il a recueillis (il suffit de lire les remerciements), sans prendre position mais en lançant l'interrogation suscitée par les détails troublants et contradictoires entourant la dernière évasion et la mort de Bruno Sulak.





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Sulak

Quel livre!



Je ne connaissais ni l'auteur, ni Bruno Sulak.

J'ai tout simplement adoré.



Philippe Jaenada retourne sur la vie de Bruno Sulak, gentleman braqueur à la fin des années 70 (principalement début 80).



C'est extrêmement bien argumenté avec l'aide de la famille, des amis . Il y a un énorme travail de l'auteur pour être le plus juste possible.



Jaenada créé beaucoup de digression ( de digression (de digression 🙂)) afin de confier ( souvent avec humour) des infos diverses (personnelles par moment). Cela ne m'a absolument pas dérangent (ça paraît même plaisant).



Bruno Sulak mérite tout les honneurs (malgré les voles) sachant qu'il n'a jamais fait couler une goutte de sang, aucune violence et était contre l'injustice tout au long de sa vie.



Il ne me reste plus qu'à lire les autres romans dont certains sont dans ma PAL.

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Les brutes

Sympa et marrant.



Philippe Jaenada nous relate avec brio et énormément d'humour sa convocation pour le service militaire et ses stratagèmes pour se faire réformer.



je dois avouer que ça m'a bien fait marrer dans le train. :D



Ca tient en un format nouvelle (85 pages avec énormément d'illustrations).

Normalement on aurait dû selon l'auteur aborder aussi mariage et catéchisme, mais j'ai eu beau secouer le bouquin dans tous les sens, je n'ai trouvé qu'un chouya de mariage et un iota de catéchisme. Le gros du truc c'est l'armée, avec ses militaires pas rigolos et ses gradés aussi sympa qu'un porte de prison.



Une jolie petite tranche de vie mais c'est court, trop court !
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Au printemps des monstres

Trois étoiles et demi pour "Au printemps des monstres", c'est un peu chiche de ma part, car j'idolâtre Philippe Jaenada, depuis que j'ai rencontré "La serpe" sur ma route, en tant que lectrice, heureusement.



Toujours le même plaisir de lecture cette fois-ci, mais l'auteur a tellement approfondi son sujet, a procédé à un tel questionnement des archives, a déployé une telle rigueur d'analyse des documents relatant le drame ( le meurtre d'un jeune garçon de 11 ans commis en 1964), que j'ai eu le sentiment de me perdre dans une foule de détails.



Dans l'interview accordée par l'auteur à la librairie Mollat à Bordeaux pour la parution de son livre (août 2021), celui-ci confesse avoir fait preuve d'un trop grand dogmatisme dans "La serpe" et avoir voulu corriger cette erreur.



On comprend bien ce qu'il veut dire : sans doute cet ouvrage conséquent (plus de 700 pages) est-il plus modeste dans le ton et la rigueur, sans doute se présente-t-il encore plus (s'il est possible) comme véritable enquête avec ses redites inévitables, ses hypothèses examinées jusqu'au bout puis infirmées ou confirmées (la police et la justice auraient été bien inspirées d'éplucher les faits avec le même sérieux). Mais "du coup", comme on dit maintenant, le récit fourmille de mille impasses, d'un million d'informations à passer en revue : travail certes indispensable mais qui nuit à la fluidité de l'ensemble.



Cette oeuvre est-elle faite pour être fluide ? C'est la question. Peut-être que c'est le lecteur qui est paresseux.

Sûrement...

Mais bon...



Ceci dit, Jaenada est fidèle à son style : alternance du récit de l'enquête et du récit de la vie de l'enquêteur au moment où il enquête, c'est sympa et honnête. Et bourré d'humour et de tendresse.



Jaenada ne fait pas dans le fell good, ah non, ce serait bien le contraire : la complexité humaine est bien inquiétante et le crime aussi, sans parler de plein d'autres vilains défauts. Mais c'est un auteur qui introduit un peu de compassion dans un monde de brutes et qui parvient à marier lucidité (un chat c'est un chat) et une certaine gentillesse : oui, la gentillesse, une vertu sous estimée sans laquelle aucune société ne serait viable.



On se sent toujours mieux après l'avoir lu qu'avant ... c'est bon signe, non ?
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La Serpe

Je ne vous ferai pas l'offense d'un nouveau post commençant par *tudum tudum*. Quand bien même celui-ci est en miroir du précédent. Pourtant, je viens de lire le maître ès faits divers. Et sûrement LE livre qu'il faut avoir lu quand, comme moi, on est amateur de crimes horribles racontés avec une voix profonde et mystérieuse (Pradel, Bellemare, Hondelatte, Drouelle, poke les gars !) Là encore, pas de chroniques à base de parenthèses pourtant chères à l'auteur (et à mon cœur, j'aime tellement les conversations parallèles et les digressions en tout genre). Mais un post on ne peut plus conventionnel qui n'aura pour seul objectif que celui de vous convaincre, si vous ne l'êtes pas déjà, qu'il faut lire Jaenada (et je n'ai même pas été soudoyée par @thaelh . Elle vous en a déjà parlé ? Je ne suis pas sûre.)



La serpe, c'est l'arme du crime. Le château d'Escoire, le lieu du drame. Les victimes ? Georges, Amélie et Louise. Le coupable idéal ? Henri Girard. Qui sera finalement acquitté de ce triple meurtre grâce au célèbre avocat Maurice Garçon. Et qui deviendra Georges Arnaud, auteur du Salaire de la peur. Il portera toute sa vie durant, le deuil de sa seule famille et l'infamie de cette enquête.

Un ami, parent d'élève et descendant du principal intéressé, doté d'une grande force de persuasion, va lancer Philippe Jaeanada sur la piste d'Henri Girard. C'est en Meriva que ce périple de plus de 600 pages commence. Une enquête fleuve où Philippe Jaenada va reprendre chaque élément, rouvrir chaque dossier, passant des heures aux archives (big up aux deux supers archivistes qui prouvent à elles seules toute la force du service public !), remontant le cours du procès, le cours de l'histoire (cette ténébreuse affaire datant de 1941, période bien ténébreuse elle aussi.) (Ah, voilà, que je commence moi aussi à me perdre dans les parenthèses.)



Jaenada est tour à tour drôle, tendre, pugnace. Il nous entraîne avec lui en ami, comme s'il nous invitait dans sa bande (à lui tout seul) et que nous devenions membre du Club des Cinq (je pourrais être Claude ? C'était un peu ma préférée.) Nous tentons de comprendre pourquoi Maurice Garçon a tenu à défendre Henri Girard.



Comprendre aussi les premières heures de l'enquête, les témoignages à charge, mais aussi et peut-être surtout Henri Girard. Un personnage en or pour un orfèvre comme Jaenada. Tout est ciselé, le moindre détail est sculpté. Tout est intelligent. Et dieu que ça fait du bien de lire un livre comme celui-là. Alors, c'est en Watson admiratif de ce Sherlock et content d'avoir participé à tout ça, même de très loin, que nous refermons le livre. En ayant la satisfaction d'une affaire résolue.

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Au printemps des monstres

un pavé essouflant. non pas trop lent mais trop long. l'auteur refait l'enquête dans le détail. du pointillisme a l'excès. un grand mérite. cependant a mon gout cette affaire est trop ancienne pour m'avoir passionnée. j'en ressort essouflee et ravie de me plonger dans un roman de taille 'normale'.
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Au printemps des monstres

Philippe Jaenada a l’art de nous immerger dans les faits divers qui le passionnent. Je suis admirative de toutes ses démarches, de tous ses déplacements sur les différents lieux de l’affaire et cette connexion qu’il établit, psychologique, émotionnelle, avec les protagonistes à travers le temps. Dans la forêt où a été retrouvé le corps du petit Luc, à l’hôtel où a vécu le couple Léger, le dernier appartement où s’est réfugié Lucien à l’âge de 68 ans après ses 41 ans de prison, les établissements psychiatriques où est passée Solange… Jaenada vit littéralement son investigation.

Et il épluche tout. Le moindre rapport d’enquête, chaque lettre envoyée par l’Étrangleur (« Il a soif de publicité ») avant et après son arrestation, la presse de l’époque. Il lit, analyse… et commente. C’est souvent perspicace, parfois drôle (il a le sarcasme facile). Mais à d’autres moments, j’ai eu l’impression qu’il se noyait dans les détails (a-t-on vraiment besoin de la biographie détaillée de chaque personne ayant eu trait, de près comme de loin, à cette sordide histoire?).



Je n’ai pas eu le sentiment que ce livre apportait grand-chose de neuf sur l’affaire (« un véritable sac de nœuds »), déjà l’objet d’une publication (« Le voleur de crime » de Jean-Louis Ivani et Stéphane Troplain auquel Jaenada fait de multiples références) : « On ne connaîtra jamais la vérité, toute la vérité ». On comprend assez rapidement que Lucien Léger a été un beau pigeon (et un grand imbécile) qui a bien cherché ce qui lui est arrivé : s’il n’avait pas joué (et aimé jouer) le rôle de l’Étrangleur (« J’ai voulu me donner un autre nom et créer un autre personnage »), s’il avait tout de suite dénoncé le véritable coupable au lieu de protéger un pseudo « ami » (« cet acharnement de plus de quarante ans à refuser sa culpabilité, inventer n’importe quoi pour pouvoir se dire pur et irréprochable envers et contre tout et tous »), il n’aurait pas autant exaspéré la justice (« Je me suis bien amusé ») qui a fait de lui, au final, « le plus ancien détenu de France », « condamné sans preuve, sans mobile, et finalement sans conviction ».



Après, il faut reconnaître qu’il était entouré de sales types que cela arrangeait bien. Jaenada pointe par exemple les manquements des avocats (notamment Maurice Garçon) et du juge Seligman. Yves Taron était une belle pourriture qui a bien profité de son statut de malheureux (beau-?)père. Suzanne Brulé était « une femme aux mœurs légères ». Jean Salce (l’ancien nazi) était à mille lieues de son image lisse et médiatique. Même le jeune Luc était un sale gosse (« un enfant fugueur, particulièrement difficile, peu studieux et instable »).

Et puis il y a Solange Léger. Une belle femme maladive dont la triste vie fait bien pitié… C’est sûrement la seule personne authentique de ce nid de monstres. C’est en tout cas comme cela que l’auteur la présente : quelqu’un qui est resté fidèle à soi-même (et à son mari) jusqu’au bout. C’est avec elle que le livre se clôt, apportant une touche de poésie à un monde fangeux.
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