Philippe VASSET nous confie dans "Une vie en l'air" la place essentielle, presque fondatrice, qu'a tenu un lieu insolite dans sa vie, une structure de béton longue de 18 kms en forme d'interminable pont, un viaduc haut de 7 mètres qui enjambe les champs et les routes, depuis Orléans en direction de Paris.
On découvre de quoi il s'agit quelques chapitres dans le récit, mais je ne souhaite pas le divulguer dans ma chronique, j'ai attaqué la lecture de ce livre sans le savoir et cette part de mystère était justement ce qui m'a poussé à m'intéresser à ce texte.
On plonge dans un témoignage, une autobiographie de l'auteur qui tourne exclusivement autour de ce haut pont de béton à l'aspect un peu brut, aux piliers semblable à des pattes d'éléphants, et de son impact sur sa vie depuis sa toute petite enfance.
J'aime particulièrement ce genre de livres : introspection, réflexion sur le passé et la construction d'une vie... L'auteur nous livre sans fard ses pensées, ses ressentis, ses rêves, ses regrets. J'ai aimé lire à propos de toutes les histoires que lui inspirait la longue structure de béton qui faisait partie de son paysage, extérieur mais aussi et surtout intérieur.
Cette structure l'a structuré lui-même pendant des années, il s'est construit autour de ça. Il a apprivoisé cette chose qui le fascinait, et exacerbait son imagination, il l'a approchée, a grimpé et marché sur ses plateformes, le long de cette chenille immense sans but ni utilité, s'est demandé à quoi tout cela rimait, tout en étant inéluctablement attiré, habité par cet étrangeté.
Le temps n'avait pas de prise sur lui quand il surplombait le monde, juché là-haut, et qu'il contemplait le paysage, les champs, les maisons, les routes, la vie tout autour de lui, de loin, spectateur, voyeur, et gardien d'un monument qu'il érigeait comme un foyer ultime.
J'aurais trop de choses à dire sur ce récit, il n'y a pas d'intrigue, juste une longue présentation très exhaustive de ce pilier dans la vie de l'auteur, et une réflexion mûrie par toute une vie hantée. Lui-même parle de possession et c'est flagrant. L'auteur, qu'on voit comme solitaire et pensif, est possédé par l'objet de son obsession, qu'il voudrait posséder en retour, dont il se croit seul maître.
Récit initiatique et poétique, on découvre une autre façon d'habiter le monde, et d'être habité par lui.
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Ce livre fait suite à une série d'émissions diffusées sur France Culture. Sur la base notamment d'entretiens avec d'anciens responsables de services secrets, les auteurs décrivent le fonctionnement des services de renseignement aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Russie, en Allemagne, en Chine, en Israël, en Algérie et en France.
L'ouvrage met surtout l'accent sur les relations entre les services et le pouvoir politique et sur le poids de ces services dans l'exercice du pouvoir. On n'y trouvera pas de révélation fracassante mais une mise en lumière intéressante des différences culturelles entre les pays. D'un côté, les pays où la communauté du renseignement occupe une place prédominante ou au minimum très importante (Russie, Chine, Algérie) et de l'autre les pays où les services ont moins de pouvoir (France, Allemagne). Pour chaque pays, une carte permet de synthétiser les priorités stratégiques en matière de renseignement.
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Vous avez sûrement déjà consulté une de ces cartes à grande échelle, ultra-détaillées ? On y voit des routes, des voies ferrées, des forêts (en vert), des fleuves et des rivières (en bleu), des zones urbaines (petits carrés et zones en gris ou noir), des hachures symbolisant des usines ou des entrepôts, etc. Et puis il subsiste des zones sans aucune légende, des zones blanches. Ce sont ces zones que l'auteur, Philippe Vasset s'est proposé d'aller explorer “en vrai”, à la rencontre de la différence entre la carte et le territoire. Selon la formule de Jean Baudrillard : “C'est désormais la carte […] qui engendre le territoire”, en effet, et Houellebecq l'a exploitée en vraie grandeur, cette formule magique, dans son éblouissant roman éponyme. “Un livre blanc” a moins de panache. Embrouillé, allusif, jamais décidé dans son propos, il nous balade dans ces zones blanches sans conviction, et l'on échoue à ressentir son frisson de l'aventure, celle-ci étant quasiment éludée, comme si l'auteur n'osait pas aller au bout de ce qu'il voulait nous raconter, en une regrettable fausse modestie. Dommage ! Car le titre et le propos étaient tentants. Peut-être n'est-ce que partie remise, cher auteur ?
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Original, mais le sujet paraît vite épuisé, et en faire tout un livre , c’est tirer sur la ficelle ! C’est une ligne de béton tendue à dix mètres au-dessus de la Beauce, qui barre depuis toujours le paysage de son enfance. Elle devait servir de rampe à un véhicule révolutionnaire, un monorail propulsé à 430 kilomètres à l’heure sur coussins d’air : l’aérotrain, invention futuriste née de l’imagination de l’ingénieur Jean Bertin et conçu pour relier, à très grande vitesse, les centres urbains de la France pompidolienne. Si le projet fou de Bertin a fait long feu, cette ruine du futur, elle, est restée debout, absurde, au milieu des champs.
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L'auteur nous parle du génie d'un homme Jean Bertin qui créa l'aérotrain et obtint les autorisations pour construire une structure, afin d'en faire un site expérimental au-dessus et à travers la Beauce.
Cela dura de la fin des années 1960 à 1976 où le projet fût abandonné, projet qui consistait à tester un prototype de matrice sur coussin d'air (aérotrain).
Il fût abandonné au profit du TGV.
186 pages d'une confession, d'un engouement, d'un amour immodéré et inexplicable pour une ligne de béton qui traverse la Beauce, au-dessus d'un paysage où l'auteur, du haut de son perchoir, à passer des heures, voir des jours entiers à observer la vie alentour.
Il y a dormi, il y a dansé, il a même pensé à y faire des "rave-parties", à se l'approprier, à en déclarer l'indépendance.
Finalement ce quai de béton oublié de tous et n'appartenant à personne, restera (pour moi en tous cas), un mémorial à la gloire de cet écrivain Philippe Vasset, qui a réussi le tour de force d'en faire un livre très intéressant, qui restera dans ma mémoire et dans celles, de ceux, qui comme moi auront été happé par son histoire.
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Voici sur 186 pages le récit "d'un toxicomane de l'aérotrain" et on le lit sans s'ennuyer, ce qui est paradoxal, car il ne se passe rien.
Est-ce un roman de fiction, un conte, une fable, un récit autobiographique, je n'en sais rien mais j'ai suivi l'auteur sur ses 18 kms de rail de l'aérotrain qui n'a jamais vu le jour. On suit les états d'âme de l'écrivain, ses recherches sur le constructeur, ses interviews des politiques et protagonistes de l'époque, ses essais de fêtes sur ce tronçon, son rêve de l'acheter. Donc rien de palpitant mais on continue la lecture, tenue par l'écriture et la beauté de ces lieux abandonnés qui font souvent fantasmer les randonneurs de sites urbains en friche.
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Voici un roman bien étrange. L’histoire d’un personnage, vivant en marge de la société, s’incrustant dans les "zones blanches", déambulant là où personne ne va ni ne vit. Des lieux pour la plupart non répertoriés sur les cartes de Paris, des lieux situés dans des zones périphériques, dans des friches industrielles…
Pour ne pas rester seul, et gagner de l’argent, notre homme a le projet de fonder une secte. Pour cela il s’associe avec un écrivain nommé André, rencontré par hasard (et pas rasé) et commence à réfléchir à la forme, au contenu et aux orientations de cette secte. Mais attention une secte répondant aux normes. Pas question pour eux de se faire épingler par les autorités antisectes. S’en suit alors une sorte d’étude de marché, un catalogue assez interminable de lieux et d’expériences possibles ou vécue en matière de secte, le tout entrecoupé de descriptions très détaillées de ces zones blanches et de la manière dont notre narrateur réussit à y pénétrer en se jouant des digicodes et autres systèmes de sécurité.
Si le style littéraire de Philippe Vasset est irréprochable, décrivant avec moult détails ces "zones blanches" comme Modiano peut raconter les rues mal éclairées de Paris des années 50, donnant l'impression au lecteur de faire une étrange balade dans un Paris interdit et inconnu, l’histoire elle ne tient pas vraiment la longueur avec une intrigue qui se dissout rapidement dans des considérations mélangeant urbanisme et philosophe, sans que tout cela mène à quelque chose de concluant et qui fasse vraiment avancer l’histoire. Là ou l’on attendait un roman plein de mystère, de personnages énigmatiques, Philippe Vasset nous convie à une visite simple mais quand même passionnante de ce Paris interdit, mais en oubliant presque au final son projet de secte. Frustrant.
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Que voila un ouvrage bien insignifiant. Quoi que vous en attendiez, vous risquez d'etre décu. Documentaire sous forme romancé censé introduire le lecteur dans le monde glauque des marchands d'armes (en fait celui des VRP de l'armement), ce que l'on apprend en plus d`une liste fastidieuse de noms de missiles pourrait aisément tenir en une douzaine de paragraphes. Quant a la valeur romanesque de l'intrigue, meme avec la plus grande indulgence on reste sur sa faim. le livre est présenté par son auteur comme une forme de reportage romancé ("Décrire le fonctionnement d'un pan de l'économie mondialisée habituellement soustraite aux regards. Rien n'y est inventé." -nous fait miroiter l'auteur), mais reportage et roman confinent tous deux a l'inexistant. N'est pas Henry de Monfreid ("Les secrets de la Mer rouge") qui veut...
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Si on m'avait dit qu'un jour je lirais un bouquin consacré à un rail de béton, je ne l'aurais évidemment pas cru. Si en plus on m'avait dit que j'aimerai beaucoup ledit bouquin, là, j'aurais éclaté de rire. Comme quoi un aérotrain peut en cacher un autre. Ce livre est un OVNI mais dans lequel on est rassuré, presque en terrain conquis. Une espèce de (bonne) littérature "upperground" (du coup) qui nous entraîne dans une réflexion profonde sur le bâti, qu'il soit existentiel ou architectural. Cette ruine moderne prend aujourd'hui une dimension vertigineuse quand on pense à l'effondrement qui nous pend au nez. Comme si l'air comprimé de l'aérotrain allait - enfin ! - nous péter à la figure. Un livre hors-sol qui vole très haut.
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L’écriture est un art où les mots ont une source personnelle puisés dans l’abime de son enfance, Philippe Vasset d’un endroit insolite, un lieu gardien d’un passé solitaire jonchant le miracle de l’imagination, d’une prouesse stylistique et narrative d’Une vie en l’air, un sujet étirant sa mémoire se dilatant dans une inextricable biographie où s’illusionne le romanesque créatif de l’auteur. Je suis un lecteur happé par l’intelligence narrative de ce roman, une force structurelle aux fondations de béton d’une lance de lancement creuse les sillons des méandres de la mémoire de notre auteur.
Une vie en l’air vacille les sens de la mémoire de Philippe Vasset, il n’oublie pas cet édifice, ce jouet éveillant les sens de cet enfant qu’il fût. IL narre le compagnon de jeu de ce viaduc en distillant au fil de ce récit les sensations imperceptibles comme si le temps se dilate dans des émotions figées, un kaléidoscope de scènes traverse les années pour dessiner un tableau intemporel. Philippe Vasset semble rechercher une habitation, un lieu, ruisselant sans cesse vers l’aérotrain, ce portail vers la vie, cette vie qui lui est propre.
Philippe Vasset nous présente le projet fou d’un érudit à travers l’édifice qui constelle ses fantasmes. Nous plongeons dans l’aérotrain, avec ces us et ses légendes, son concepteur et certains quidams, d’anecdotes croustillantes, plus ou moins farfelues, laissant le lecteur dans l’expectative et son esprit vagabonder dans une aventure de complots. Comme une enquête, Philippe Vasset explore la genèse du projet, l'ingénieur français Jean Bertin, porteur de l’aérotrain, laissant le vestige d’un projet dans la Beauce comme un mausolée paradant l’énigme d’un vestige lointain que Philippe Vasset aura enfant inventé tant de scénarises différents, de science-fiction, d’Utopie, nourrit de lecture de gare comme Francis Ryck ou Marc Agapit.
Ce roman à la trinité, dans sa composition, est sculpté de musique, comme un écho du passé, Philippe Vasset baigné par l’électro aura cette folie de vouloir créer une rave partie sur l’autel de son enfance, mais l’entreprise trop périlleuse échouera pour laisser notre auteur seul avec sa musique pour une soirée seul, avec cette solitude ancienne de son enfance, de ces errances sur le long de cette arche dominant le paysage.
Cette première partie ancre le narrateur dans cette double vie, entre le viaduc de l’aérotrain, ses expéditions solitaires, le long des rails, ses heures à planer au-dessus de paysage, scrutant l’horizon, regardant la vie des autres s’articuler autour de sa tour, celle de son jardin, ermite de cette peinture en mouvement, qu’il participe lorsqu’il s’échappe de cette structure happant son imagination.
Dans la deuxième partie, des paroles de Dépêche mode, nerver let me down again, Philippe Vasset échappe à son paysage natale pour voguer vers une vie d’adulte, se socialisant, participant à des raves party, voyageant et laissant son eldorado en berne, pour y revenir comme aimanté par ce lieu, spectre d’une vie, venant perturber son esprit. Comme le dit le narrateur, ce lieu est une drogue, l’aspirant à lui, le consume de l’intérieur, pour s’en dégager c’est la fiction, un murmure récité encore et encore.
Dans la douceur d’Etienne Daho, la troisième partie s’ouvre sur la toxicomanie de l’auteur où dans le dédale de ces errances, Philippe Vasset cherche des lieus déserts pour revivre la sensation cette solitude passée, sa drogue, des voies abandonnées, des ponts, viaduc ferroviaires à la personnalité de Dorian Gray. Une vie en l’air se perd dans l’incertitude de l’auteur, recherchant son identité à travers, une quête à la Don Quichotte, une communauté l’absorbant dans sa névrose, comme ce lieu en Belgique, Tour & Taxis , une zone industrielle en friche, qu’une femme Marie veux préserver. Cette anecdote légitime la fois sincère de préservation d’un lieu, comme les Indiens avec les terres sacrés, des ossements de leurs ancêtres. Ce crève-cœur de la construction du raccordement de l’A10 à A6, détruisant une partie de cette arche, laissera notre nostalgique dans un désarroi légitime. Ces rencontres lui ouvrent une perception de mouvement, son portail devient l’antre d’un film où il sera acteur, ce lieu vecteur d’une société de consommation en péril selon le cinéaste.
Trouble de ce roman, c’est la recherche de soi, Philippe Vasset à travers ce vestige d’un échec industriel, essaie d’avoir une réponse à l’identité de son être, celle de l’écriture, avec comme catalyseur ce décor, source d’écriture d’un récit étranger au projet de Jean Bertin. Puis ces autres récits que Philippe Vasset écrira, laissant son arche loin de lui, mais présent.
Ce roman est une longue quête intérieure qui peut se conclure de la sorte par les mots de Philippe Vasset.
« Habiter, comme écrire, c’est travailler une énigme. »
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Prêtre défroqué, le héros de la Légende a travaillé pendant de longues années au sein de la Congrégation de la cause des saints, la “petite usine à auréoles” du Vatican. Cette organisation méconnue est chargée d'examiner les dossiers de béatification et de canonisation soumis par les paroisses du monde entier, et de certifier miracles et autres apparitions divines. Lassé d’examiner les dossiers toujours identiques soumis par les fidèles, ce fonctionnaire amateur de vies de saints sanglantes tente de pimenter son quotidien en rédigeant des rapports sur des candidats légèrement différents, des saints "disco, pulp et kitsch", outranciers et rebelles. A ses côtés, Philippe Vasset poursuit l'exploration des marges qui lui est chère, en allant dénicher des candidats à la sainteté improbables : ermites d'aires d'autoroutes, street-artists, musiciens punks...
A la fois brillamment érudite et irrésistiblement drôle, cette exploration des formes modernes de la vocation mystique mène en toute décontraction le lecteur à une réflexion sur la notion de sacré telle qu’elle peut subsister à notre époque. Et nous oriente vers une réponse qui pourrait valoir à Philippe Vasset toutes les excommunications : il n’y a de sacré que l’humain, et son désir infini de se raconter des histoires.
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Dès l'enfance Philippe Vasset a eu une obsession : ce rail de béton qui longe la voie ferrée au nord d'Orléans, vestige du projet abandonné d'aérotrain de l'ingénieur Jean Bertin. Il l'arpente, il y séjourne des heures, il y revient, il y observe le monde de plus haut, il voudrait faire revivre le projet, ou faire un objet d'art de ce qu'il en reste, ou y organiser des rave parties. J'en passe.
C'est bien écrit, souvent agréable. Un peu vain cependant. On se demande à quoi cela rime.
Mais l'auteur l'avoue honnêtement : «J'étais, indubitablement, l'un de ces songe-creux ».
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Si vous avez une âme d’explorateur, les temps sont rudes : tous les continents, toutes les îles, toutes les forêts sont aujourd’hui parfaitement cartographiés et à seulement quelques heures d’avion, et les voyages spatiaux ne sont pas encore à l’ordre du jour. Il ne vous reste plus qu’à ronger votre frein en songeant à tout ce qui vous auriez pu faire en naissant à la bonne époque.
Et pourtant ! Des terres vierges il en reste plein, au cœur même de nos plus grandes villes. L’auteur a parcouru pendant une année ces grandes zones blanches présentes sur les cartes IGN de grandes villes françaises, pour découvrir quelles histoires elles peuvent bien nous raconter.
On aurait pu s’attendre à des bâtiments improbables, à des situations tellement particulières qu’aucun géographe n’a pu se résoudre à leur assigner un symbole cartographique bien précis. Ce qu’on trouve plutôt, c’est toute une population qui essaie de survivre dans les rares espaces desquels on ne les chasse pas, en s’amassant dans des abris de fortune. Inconnus des administrations, absents des statistiques officielles, ombres errantes autour des métros ou des poubelles de supermarchés, c’est avec une douloureuse cohérence qu’on les retrouve habitant des zones qui, quelque part, n’existent pas.
Habitant Bruxelles depuis plusieurs années maintenant, ce livre a réveillé pas mal de souvenirs et de scènes que j’avais bien vite oubliés. D’autant que pendant longtemps, j’aurais été le premier à réclamer qu’on sorte un SDF de la banque ou de l’abri de bus dans lequel il s’était réfugié pour la nuit et auprès duquel je devais passer. À cause d’un mélange de peur d’être plus facilement agressé par quelqu’un qui n’a pas grand-chose à perdre, et de gêne à voir quelqu’un évoluer dans un espace où il n’a « pas sa place ». Cette place, j’ai fini par reconnaître qu’il y avait autant droit que moi, et question agression, une méfiance mutuelle nous mène plutôt à nous éviter.
Il est très curieux de se dire qu’une ville possède plusieurs populations « parallèles », qui vivent au même endroit mais ne se fréquentent jamais. Quant à suivre l’exemple de l’auteur, ça reste une autre paire de manches, d’autant qu’entre vigiles, chiens de garde, et vagabonds bien décidé à défendre leurs maigres possessions, il ne semble pas avoir été particulièrement bien accueilli…
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