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EAN : 9782290392690
128 pages
J'ai lu (10/04/2024)
2.7/5   5 notes
Résumé :
Lassé du silence de l'écriture, le narrateur s'improvise parolier et submerge de textes une star dont il admire la voix. Mais malgré son désir, et ses efforts, sa langue peine à devenir sonore, l'entraînant dans une exploration de plus en plus obsessionnelle de la voix, et en premier lieu de la sienne, qu'il a passé sa vie à assourdir. Parviendra-t-il à s'entendre ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fabuleuse et rocambolesque déclaration à la chanteuse aimée, au langage poétique qui se dérobe et à la voix, toujours unique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/25/note-de-lecture-a-cappella-philippe-vasset/

Amoureux d'une chanteuse, quoi de plus naturel pour un écrivain que de vouloir lui écrire… une chanson ? « A cappella », dixième roman de Philippe Vasset, publié chez Flammarion en janvier 2023, tente le récit de ce pari infiniment plus risqué qu'il n'y paraît, sur le mode de la confidence autobiographique aussi joueuse que songeuse déjà expérimenté avec grand brio par l'auteur dans son « Une vie en l'air » de 2018.

Feignant ostensiblement de naviguer autour du débat « poésie et chanson » qui agita le monde international des lettres (davantage que le vrai-faux marronnier qu'il peut constituer d'ordinaire) lorsque Bob Dylan se vit décerner le prix Nobel de littérature en 2016, Philippe Vasset ressuscite pour nous la dérive psycho-géographique qui hantait « Un livre blanc » (2007) ou « La conjuration » (2013), sous une tout autre forme, désormais encore plus poétique et immatérielle. le terrain de jeu amoureux est pleinement celui de l'écriture, qui tient ici une place sans doute encore plus centrale, au-delà du paradoxe, que dans « Exemplaire de démonstration » (2003), en un fabuleux retour à la source.

Derrière sa légèreté virevoltante, « A cappella » travaille en profondeur les lignes de force d'un David Toop (à propos d'art sonore même) comme d'un Peter Szendy (à propos d'écoute et d'espionnage), d'une Sandra Moussempès (à propos de voix fantômes) comme d'un Youssoupha (à propos de rap et de Kongo) – ce qui n'est en définitive pas si surprenant pour un auteur qui est aussi journaliste spécialiste de renseignement et d'Afrique. Voix, son et tessiture se retrouvent les jouets d'une nasse lexicale encouragée par Olivier Cadiot et Pierre Alferi, tandis qu'une dream machine géante évoquerait le Thomas Lanfranchi de « une guêpe dans le k-way » et que certaines échappées sur rame lorgneraient du côté d'Anne Savelli et de son « Fenêtres ». Pour un écrivain aussi naturellement féru d'enquête et de mystère, ce chant d'amour en forme d'interrogation décisive sur l'écriture est bien le plus bel hommage qui soit à l'énigme même de la poésie.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Comme c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en essayant d'écrire des chansons que le narrateur croit parvenir à ses fins. S'entremêlent alors au fil des pages ses brouillons avortés et le récit du cheminement de pensée qui conduit à ces divers essais. Au fil des pages s'égrène une réflexion à la fois sur l'écriture et ses différents avatars (la chanson, le rap…) mais aussi sur la voix, l'oralité (avec la mention attendue du gueuloir flaubertien). On aime quand le narrateur ponctue son texte de morceaux qu'il écoute, qu'il aime ou qui le frappent au fil de ses pérégrinations (on aimera d'autant plus si on partage ses goûts musicaux, de Daho à Christophe en passant par Bertrand Burgalat). Il y a un côté décousu dans le texte qui n'est pas sans charme, tenant de la rhapsodie ou de l'impromptu, de l'association d'idées pas forcément préméditée. Au fil des pages, le côté universel de la réflexion artistique, plus proche peut-être d'ailleurs du travail de l'artisan remettant sans cesse l'ouvrage sur le métier que de l'image de l'artiste inspiré, se mâtine d'éléments ancrant le texte dans une expérience collective contemporaine. Il y a d'abord en ouverture l'incendie de Notre-Dame, marqueur temporel qui produit sur le narrateur l'impulsion d'un premier essai de couplets. Puis sa description de ses trajets en transports parisiens, du défilement du paysage à la voix indiquant l'approche des stations. Vers le milieu du livre, s'invite un imprévu : le confinement.

Paradoxalement, c'est lors de ce moment d'enfermement obligatoire que l'auteur fait ressortir son goût pour la vadrouille des villes. Bravant les interdictions de sortie, son narrateur se lance dans des expéditions pédestres à travers la capitale où, sa quête lui montant à la tête, il se met à psalmodier voire entonner à tue-tête des chansons dans la ville déserte. Il y a là une forme de poésie toute contemporaine assez réjouissante à la lecture, qui donnerait volontiers l'envie, d'une façon ou d'une autre, de se laisser porter par sa voix.

Plus sur le blog :
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critiques presse (1)
LeMonde
24 avril 2023
Sac plastique en main, au travers duquel on identifie la forme plate et carrée de pochettes de vinyles, Philippe Vasset arrive pour notre rendez-vous autour d’A cappella, un récit dans lequel il s’intéresse aux rapports entre chant et littérature.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Sa voix, je suis toujours en train d’essayer de la décrire, de mobiliser les adjectifs pour en cerner les contours. Des pages et des pages de « c’est comme… », tout ça pour rien : à peine posées, les métaphores se gondolent et glissent à terre tels des lés de papier peint mal collés. Jamais la langue ne m’a à ce point abandonné. Seul bénéfice, mon impuissance l’amuse. Du coup j’en rajoute, je souffle, je lève les bras au ciel, je m’agite comme un acteur de film muet.
Je l’ai rencontrée dans un festival de cinéma dont nous étions, l’un et l’autre, jurés, moi en tant qu’écrivain et elle chanteuse. Enfermés dans une construction Second Empire aux faux airs de gâteau au kirsch, nous avons passé quatre jours dans une alternance de nuits artificielles et d’aubes au néon, le pas de moins en moins assuré et le teint de plus en plus blafard à mesure que nous progressions d’une salle de projection à l’autre, prenant consciencieusement des notes pour éviter que les films que nous étions censés juger ne se confondent, ce qui finit néanmoins par arriver et compliqua singulièrement les délibérations. Je connaissais ses disques, sa voix, et voilà que son timbre se mettait soudain à excéder les trois minutes d’une chanson pour déborder sur le quotidien, parler du temps qu’il faisait et réclamer des chips, un peu comme si la robe d’un portrait débordait, soudain, le cadre du tableau et se mettait à cascader sur les meubles environnants.
Pourquoi ces détails ? Parce que c’est sur de telles pentes qu’un livre, insensiblement, s’étage. La littérature ne raconte pas la vie : elle épouse ses reliefs, investit ses délaissés. Ecrire, c’est de la culture sur brûlis. Et cette voix que je suis toujours incapable d’évoquer, cette voix qui s’impose autant qu’elle échappe, cette voix était l’une de ces plages du réel : à peine l’ai-je entendue que je voulais m’y attarder. Mais comment habiter une voix qui n’est pas la vôtre ? C’est pourtant l’évidence : en lui écrivant des chansons ! Et pourquoi pas ? Je suis écrivain, oui ou non ? Alors ! Si j’ai su écrire des livres, je suis bien capable de composer des paroles.
Rétrospectivement, la constance avec laquelle je me précipite dans les pires traquenards me fascine : je me fais l’effet d’un de ces héros de film d’horreur, acharné à ouvrir la seule porte qui doit rester fermée, à prendre le seul auto-stoppeur dont il faut se méfier et auquel l’ensemble des spectateurs crient silencieusement « Nooooooooon !!!! », en pure perte.
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Mais on ne suit pas une voix comme on suit une odeur. Peut-être parce qu’elles peinent à s’imposer sur le bruit de la ville, peut-être aussi parce qu’elles sont trop signifiantes, et donc moins évocatrices : au restaurant, dans le métro, on attrape une note, un mot, mais, très vite, c’est toute une conversation qui vient, des histoires de week-end et de collègues, des détails oiseux et des opinions ridicules : qui a envie de s’encombrer de tout ça ? Je préfère ces moments où les voix, à force de se redoubler, s’annulent dans une immense rumeur au sein de laquelle les mots claquent comme des bogues de marrons sur le feu. Je peux rester des heures dans un hall, une galerie, à écouter le jeu des échos diluer le sens jusqu’à l’indistinct. Mon seul regret est qu’un tel phénomène n’ait jamais pu être enregistré de manière satisfaisante. Ce qui s’en approche le plus, c’est le bourdon des chœurs de la liturgie byzantine, cet épanchement sur lequel s’avance le récitant comme, ce soir, sa voix sur des courants de rumeurs, sa voix qui frange le bruit d’une mousse légère, sa voix que j’écoute se diffracter comme à travers une cataracte, sa voix qu’elle m’accuse parfois de fétichiser, à quoi je réponds que j’aimerais bien, ça voudrait dire que j’ai une vague idée de ce qui se joue, de la scène et de l’intrigue, mais rien, rien du tout, je reste à chasser sur l’eau tel un bateau à quai, coque qui choque et haubans qui tintent.
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out le cortège bourdonne. Filtrée par les casques et les écouteurs, la musique fait une rumeur d’essaim, entrecoupée des annonces du contrôleur, elles aussi chuintantes, comme remâchées par les enceintes. Les yeux fermés, on tente d’isoler des mots, de suivre une phrase mais, très vite, tout s’éparpille et les bris de voix oscillent entre deux eaux, s’amalgament un instant aux grincements du convoi pour finalement reprendre leur poudroiement de sable. La pénombre du wagon et la nuit qu’il traverse sont tramées des reflets de centaines d’écrans.
Absorbés, engourdis, les passagers restent immobiles, comme frappés par une secrète catastrophe, et le murmure qui émane de leurs écouteurs semble l’appel lointain de secours égarés, incapables de localiser notre capsule naufragée et tournant, sans but, dans l’obscurité, scénario dont les complications, couplées aux effluves de chaleur électrique, finissent par agir en conducteurs du sommeil.
Je ne me souviens pas du réveil, ni de la descente de train. Ce dont je me souviens, en revanche, c’est de l’avoir entendue rire au bout du quai. Dans la torpeur assourdie et l’accumulation d’échos, seule sa voix faisait corps.
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Quais, talus, levée : tous les ouvrages qui distribuaient le cours de mon existence prenaient l’eau de toutes parts. J’avais beau rabâcher que « vivre et écrire sont deux entreprises distinctes », je me mélangeais de plus en plus allègrement les pinceaux.
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Vidéo de Philippe Vasset
Lassé du silence de l'écriture, le narrateur s'improvise parolier et submerge de textes une star dont il admire la voix. Mais malgré son désir, et ses efforts, sa langue peine à devenir sonore, l'entraînant dans une exploration de plus en plus obsessionnelle de la voix, et en premier lieu de la sienne, qu'il a passé sa vie à assourdir. Parviendra-t-il à s'entendre ? À l'occasion de la parution de son nouveau roman A cappella, dans lequel Philippe Vasset explore à la première personne les liens entre texte et voix, l'auteur propose dans le cadre du festival une expérience d'écoute immersive consacrée aux mutations du timbre d'une seule personnalité, présence sonore familière et terriblement lointaine. L'écoute dans le noir, d'une durée de trente minutes, sera suivie d'un entretien avec l'auteur.
Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Il a publié dix livres aux éditions Fayard, dont Un livre blanc (2007), Journal intime d'un marchand de canons (2009), Journal intime d'une prédatrice (2010), La Conjuration (2013), et plus récemment La Légende (2016) et Une vie en l'air (2018). A cappella est son premier ouvrage aux éditions Flammarion.
Retrouvez notre dossier "Effractions 2023" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2023/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
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