Un utile contrepoint aux couinements des belles âmes de la presse bobo s'extasiant devant les lanceurs d'alertes...
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Ce livre fait suite à une série d'émissions diffusées sur France Culture. Sur la base notamment d'entretiens avec d'anciens responsables de services secrets, les auteurs décrivent le fonctionnement des services de renseignement aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Russie, en Allemagne, en Chine, en Israël, en Algérie et en France.
L'ouvrage met surtout l'accent sur les relations entre les services et le pouvoir politique et sur le poids de ces services dans l'exercice du pouvoir. On n'y trouvera pas de révélation fracassante mais une mise en lumière intéressante des différences culturelles entre les pays. D'un côté, les pays où la communauté du renseignement occupe une place prédominante ou au minimum très importante (Russie, Chine, Algérie) et de l'autre les pays où les services ont moins de pouvoir (France, Allemagne). Pour chaque pays, une carte permet de synthétiser les priorités stratégiques en matière de renseignement.
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Si vous aviez encore des doutes sur le fait que le récit, au sens large (roman, film, télé, journaux, magazines, documentaires, jeux vidéos etc.) est devenu un bien de consommation de masse, cet Exemplaire de démonstration saura vous en convaincre.
ScriptGenerator est un logiciel conçu pour vous aider à optimiser la production de biens culturels en réduisant les coûts. Grâce à sa base de données, il vous fournit de manière automatisée la matière première dont vous avez besoin, en vous débarrassant de cet intermédiaire encombrant qu'est "l'auteur". De la trame du récit aux personnages, de la campagne marketing à la gestion des droits, tout est optimisé grâce à ScriptGenerator pour améliorer vos chances de placer votre produit sur le marché international de la façon la plus compétitive, puis de le décliner sous forme de produits dérivés.
Évidemment une telle entreprise n'est possible que si elle fait l'objet d'un secret absolu. Et pourtant... s'il était possible de remonter la filière, jusqu'aux sources de cette effrayante entreprise de normalisation de la pensée par le capitalisme ?
Un petit roman à la fois savoureux et glaçant, qui atteint parfaitement son objectif : faire réfléchir le lecteur à la place de l'imagination et de la création dans la société de consommation.
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Le narrateur est ingénieur dans l’industrie minière en Afrique, domaine où les employés sont rarement d’une moralité irréprochable et dans lequel les disparitions soudaines, voulues ou forcées, sont fréquentes.
En fouillant les affaires de son prédécesseur, victime de cette épidémie de fuite, notre homme découvre une drôle de brochure : un programme informatique, capable de générer des récits, des scénarios de films, séries ou jeux vidéos à la demande. Pour ses concepteurs, le problème est simple : tout a déjà été écrit, les auteurs de génie ont déjà fait le tour de tout ce qui pourrait passionner les hommes. Il ne reste plus qu’à rationaliser cette entreprise en se débarrassant des « artistes » trop instables pour produire des récits s’adaptant parfaitement à la mode du moment.
Le narrateur, abasourdi par une telle découverte, se lance alors à la recherche de cette fameuse entreprise et de son produit miracle dans tous les milieux d’affaire des quatre coins de la planète.
Le titre du roman laisse peu de surprise au twist final : le roman que l’on tient entre les mains serait en réalité l’exemplaire de démonstration destiné aux clients intéressés par le programme. Cette construction m’aurait certainement beaucoup plu si je n’avais pas lu récemment un roman qui jouait exactement sur les mêmes mécaniques (« Ada » d’Antoine Bello). Toute l’originalité et la surprise du roman ayant disparu pour moi, ma lecture a perdu beaucoup de sa saveur.
Il me reste tout de même une réflexion assez cynique sur la culture vue comme un bien de consommation comme un autre, avec ses thèmes vendeurs recyclés et répétés jusqu’à plus soif. Avec les annonces enthousiastes des progrès réalisés en intelligence artificielle ces dernières années, nul doute qu’un tel programme intéresse aujourd'hui déjà beaucoup d’éditeurs !
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Le narrateur est géographe-géologue travaillant en pleine jungle africaine pour une multinationale minière. Fouillant dans des monticules de terres rouges, poussières de la mine retombées par les pluies, il découvre quelques pages d'un document de présentation d'un nouveau logiciel permettant de créer à volonté des récits. Intrigué et convaincu des énormes opportunités de cette découverte, il décide de se mettre à la recherche de l'homme à qui appartenait ce document. S'engage alors un roman d'espionnage, thriller scientifico-politico-économique. Le narrateur va parcourir le monde en passant par toutes les zones du globe où la finance spécule sur les matières premières, sur les biens. Au fil de l'histoire, le narrateur trouve des pages complémentaires du document et l'on découvre petit à petit l'ambition des inventeurs de ce logiciel de création de récit.
Le roman est structuré par une alternance de court chapitre dans lesquels le narrateur nous raconte son enquête et des chapitres présentant les pages de présentation du logiciel de création de récit.
Ce court roman permet à l'auteur de décrire et dénoncer, par petites touches précises, les conséquences de la spéculation par la finance sur tout ce qui peut être marchander, échanger, les matières premières mais également les biens manufacturés et culturels.
En parallèle, l'auteur par cette idée d'un logiciel de création de récit pouvant être adapté à tous biens culturels, nous livre une réflexion sur la création, la consommation et la mercantilisation de la culture.
Enfin, l'auteur crée un texte auto-référent puisque la partie romancée qui raconte la découverte du logicilel n'est qu'un exemple de création littéraire par le logiciel : d'où le titre du roman "exemplaire de démonstration". Cette dernière astuce a finit par fortement me pertuber dans ma lecture et l'appréciation notamment du style des parties romancées. En effet, le style est très imagé et au fur et à mesure des chapitres il devient parfois assez ampoulé, excessif et on ne sait plus si c'est le style de l'auteur ou si cet exès est voulu pour quelque part dénoncer en creux ce que peut devenir un style créé par une machine (voir les différentes citations présentées).
Un roman extrêmement intelligent, dense, captivant et qui en 138 pages propose beaucoup de réflexion sur notre monde et notre société de consommation.
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Roman puissant, enjoué et glaçant, sur la mort industriellement inéluctable de la création.
Publié en 2003, le premier roman de Philippe Vasset, à l'époque connu uniquement au sein de l'univers feutré des journalistes spécialisés en intelligence économique, frappait d'emblée par sa cohérence minutieuse, son ambition fondamentale fort habilement enveloppée dans une belle apparence de dilettantisme, et sa qualité d'écriture légèrement vertigineuse.
Preuve présentée en abyme, indiquée clairement dès le titre, cet "Exemplaire de démonstration" est le roman d'une quête archétypale, mettant en scène un "héros", ingénieur spécialisé dans l'industrie minière et l'Afrique, apprenant par hasard l'existence d'un sublime McGuffin ("objet de la quête"), le ScriptGenerator©®™, produit absolument secret destiné à industrialiser définitivement les activités de création, en s'affranchissant du caractère financièrement bien peu productif des "artistes", et des "péripéties" nombreuses, même si elles sont condensées avec subtilité en 140 pages, des trafics incessants d'un port africain aux officines de trading londoniennes, des diamantaires d'Anvers aux halls zenifiés des hôtels montagnards suisses.
Évoquant déjà avec bonheur des développements littéraires ultérieurs, que ce soient les arcanes lucides et glacés du Hugues Jallon de "La base" (2004) ou du "Début de quelque chose" (2011), l'élégante et rude vérité au sein des clichés mondialisés du Paolo Bacigalupi de "La fille automate" (2009), ou encore le calme sibyllin de ceux qui vont gagner quoiqu'il arrive du NIck Barlay de "La femme d'un homme qui" (2011), impressionnant de maîtrise logicielle de bout en bout, Philippe Vasset déroule avec brio et intelligence son terrifiant argumentaire commercial.
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Le livre est la parfaite image de la vie du personnage principal : monotone, répétitive et ennuyeuse.
Ce livre se contente de décrire des faits archi connus, sans aucun travail journalistique.
Décidément, comme le conseille l'auteur ce cet ouvrage, mieux vaut lire des S.A.S..
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Je ne suis pas fan de ce genre de lecture mais intéressant quand même.
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Que voila un ouvrage bien insignifiant. Quoi que vous en attendiez, vous risquez d'etre décu. Documentaire sous forme romancé censé introduire le lecteur dans le monde glauque des marchands d'armes (en fait celui des VRP de l'armement), ce que l'on apprend en plus d`une liste fastidieuse de noms de missiles pourrait aisément tenir en une douzaine de paragraphes. Quant a la valeur romanesque de l'intrigue, meme avec la plus grande indulgence on reste sur sa faim. le livre est présenté par son auteur comme une forme de reportage romancé ("Décrire le fonctionnement d'un pan de l'économie mondialisée habituellement soustraite aux regards. Rien n'y est inventé." -nous fait miroiter l'auteur), mais reportage et roman confinent tous deux a l'inexistant. N'est pas Henry de Monfreid ("Les secrets de la Mer rouge") qui veut...
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Après trente ans de carrière, se sentant menacé par la justice, un cadre de l’armement brûle des papiers sensibles et revient sur les épisodes les plus «flamboyants» de sa carrière de vente de sous-marins et autres canons ou missiles.
Ceci est une fiction mais tous les épisodes de vente d’armement à Bagdad, Tbilissi, Caracas ou encore à Tripoli sont eux des faits d’armes bien réels, avec tous leurs protagonistes, rassemblés par Philippe Vasset à partir de documentation et surtout d’entretiens dans ce milieu opaque.
«J’avais pour adjoints deux jeunes officiers impatients d’en découdre : comme souvent chez les militaires reconvertis, le privé était pour eux un univers sans règles ni sanctions, une mission commando perpétuelle ou, contrairement à l’armée, tout était permis. Il a fallu leur expliquer que, s’ils avaient sur le fond, globalement raison, il était essentiel de maintenir une apparence de modération dans nos activités : nous n’avions pas, comme ils se l’imaginaient, toute licence pour aller cambrioler nos concurrents, payer des commissions à droite et à gauche et violer les embargos comme bon nous semblait. Ce genre d’activités ne nous était évidemment pas inconnu, mais elles avaient lieu dans la plus grande discrétion et ne constituaient en aucun cas, j’étais désolé de les décevoir, l’essentiel de notre activité (comme eux, j’avais autrefois rêvé que l’intrigue était la norme dans les ventes d’armes, mais, en vingt ans de métier, j’avais plus souvent été déçu que comblé…).»
C’est l’histoire d’un homme qui rêvait que sa vie ressemble à une fiction, à ces romans d’espionnage et ces films qu’il dévore, l’histoire d’un homme impatient de se salir les mains, de faire des «exploits», de côtoyer l’opaque. Déçu par l’ascension plutôt lente de sa carrière réelle, par son véritable rôle de super VRP, par une vie passée en salle de réunion, par l’ennui des salles d’attente, par une vie dénuée de filles superbes à ses pieds et de brutalité, il peaufine les détails du roman de sa vie, continuant de se rêver comme un personnage hors normes.
Cadres d’entreprise avides d’aventure, et qui évoluez dans les eaux profondes de l’économie mondialisée, dévorez ce roman captivant, qui pourrait se transposer dans n’importe quel secteur … et la perte de contact avec la réalité, et la sauvagerie qui peut en résulter, y sont-elles toujours moindres ?
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En préambule et avertissement à ce court roman, Philippe Vasset se propose au travers d'une fiction ne se basant que sur des faits et des noms, des lieux réels, de décrire le fonctionnement d'un pan de l'économie mondialisée habituellement soustrait aux regards.
Philippe Vasset, veut montrer "un écart grandissant entre les fictions dont on nous abreuve et un réel presque invisible".
Mais de mon point de vue ça ne fonctionne pas. Arrivé au bout de ce roman, je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand chose et surtout je n'ai pas bien compris la démarche de l'auteur. Cherche t-il à dénoncer cette économie des l'armement ? Dans quel but Philippe Vasset veut-il nous ouvrir les yeux ? En quoi serait-il plus averti, mieux informé que d'autres puisque il ne s'agit pas d'une enquête journalistique et que donc il ne fait que regrouper des informations que tout un chacun à pu lire au travers de vrais enquêtes journalistiques fait par de vrais journalistes.
Un style pas très original avec par moment des phrases étonnantes pour les détails "Ils m'adressaient leurs conclusions par courrier électronique, compressé en format zip" (c'est vrai que ça change tout !) ou des images clichées totalement anachronique "...devant la télévision en espérant que l'effet combiné de l'alcool et du rayonnement cathodique...(!!)" (en 2009 les tubes cathodiques sont depuis longtemps dans les décharges)
Finalement, c'est un "journal intime" très froid, sans âme, listant un enchaînement d'évènements internationaux connus. Faute de vouloir choisir le roman pour nous faire passer ses messages, le texte ne fonctionne pas et n'est pas très intéressant.
PS : Pour mieux comprendre notre monde dans cette économie mondialisée, découvrir les vrais enjeux et remettre du réel dans la fiction que l'on nous sert, il vaut mieux lire les petits précis de mondialisation d'Eric Orsenna. Voilà des textes bien écrits, denses, donnant un regard généreux et lucides pour nous ouvrir les yeux
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