Pierre Gripari

Tfou! Tfou! Ça sent le chrétien, ici!

- Tu ne reviens donc pas chez notre père?
- Non, répond Manque-de-Chance. Je me trouve très bien dans ce pays. C'est le seul où l'on ne m'ait pas encore traité d'idiot.

Le petit cochon est si gourmand que, quand il mange, il n'entend rien.

Les sirènes, ce sont les femelles des ondins. Et les ondins sont immortels. Du fait qu'ils sont immortels, ils ne meurent pas. Du fait qu'ils ne meurent pas, ils n'iront pas au Ciel. Du fait qu'ils n'iront pas au Ciel, ils ne verront pas Dieu. En conséquence, ils devraient être tristes... Mais ils ne sont pas tristes, au contraire! Ils sont gais comme des étourneaux! Donc, ce sont des démons! Leur existence, à elle seule, est une insulte pour le bon Dieu.

Vous êtes mort! dit la femme brutalement. Enfin quoi, vous ne vous rappelez pas? Même qu'on vous a enterré ce matin!

- Vous allez travailler, toutes les deux. Vous allez devenir vedettes.
- J'aimerais mieux devenir frite, objecta la patate.

Il était une fois une patate - une vulgaire patate, comme nous en voyons tous les jours - mais dévorée d'ambition. Le rêve de sa vie était de devenir une frite.

Qu'est-ce que c'est que ce travail? Alors, ce n'est plus l'Enfer, ici, c'est la Côte d'Azur?

Toutou, s'approchant du miroir : Miroir, petit miroir au mur, me vois-tu ? M'entends-tu ?
Le Génie (apparaissant dans le miroir) : Oui, mon maître !
Toutou : Est-ce que je suis un beau toutou ?
Le Génie : Tu es un très beau toutou !
Toutou : Bravo ! Est-ce que je suis un bon toutou ?
Le Génie : Tu es un très bon toutou !
Toutou : Formidable ! Est-ce que je suis un toutou intelligent ?
Le Génie : Non, tu n'es pas un toutou intelligent.
Toutou : Ah zut alors ! Déjà en panne ? (il frappe le miroir de l'index).

ELLE. - Moi, je te dis que ça se peut pas !
LUI. - Et moi, je te dis que ça se peut !
ELLE. - Moi, je te dis qu'il faut pas !
LUI. - Et moi, je te dis qu'il faut !
ELLE. - Tu n'as pas le droit de faire ça !
LUI. - J'ai le droit, que je te dis !

Ma chère Rose,
Personnage principal de votre roman, et sachant mieux que personne à quel point aimez faire parler vos créatures, j'ai décidé de vous faciliter la besogne en racontant moi-même ma propre histoire. Je vous dois bien cela, et cet effort ne me coûte guère, vu que je n'existe pas, au sens que, vos pareils et vous, vous donnez à ce mot.
D'après ce que j'ai cru comprendre (si je me trompe vous m'arrêterez), "Histoire de prose" doit être un roman libertin. Je me propose d'y raconter mes propres expériences amoureuses, en commençant par ma petite enfance pour terminer par... ma foi, quand vous le jugerez désirable.
Je m'appelle Parmenon, Roger Parmenon, et je suis né le jour des Rois, c'est-à-dire le 6 janvier 1930, dans le XVe arrondissement de Paris.

M. Jourdain. - Le prose, ça veut donc dire le cul?
Le Professeur d'Argot. - Tu l'as dit, bouffi!
M. Jourdain. - De sorte que, depuis plus de quarante ans, toutes les fois que je parle de cul, je parle de prose sans le savoir?
Le Professeur d'Argot. - Tout juste, Auguste!
M. Jourdain. - Mais cela est admirable!

Molière: Le Bourgeois prolétaire.