AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Piotr Bednarski (61)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les neiges bleues

Comme des milliers d’autres Polonais lorsqu’en 1939 les Soviétiques envahissent l’Est de leur pays, l’auteur, alors âgé de cinq ans, est déporté en Sibérie avec toute sa famille. Son père est envoyé au Goulag, dans l’un des terribles camps de la Kolyma, cette région de l’Extrême-Orient russe transformée par le travail forcé en un centre majeur d’extraction minière, notamment aurifère. L’enfant, sa mère et sa grand-mère, sont relégués dans une petite ville, située dans la taïga sur le trajet du Transsibérien.





Semblant de petites nouvelles indépendantes, les courts chapitres se succèdent en autant de tranches de vie pour former la trame d’un quotidien inscrit dans un monde singulièrement à part. Dans ces confins écrasés de froid, où l’on manque d’autant plus de tout, en particulier de nourriture, que la guerre bat son plein, un assemblage hétéroclite d’exilés assignés à résidence, pour la grande majorité les membres de familles de prisonniers politiques, tente tant bien que mal de survivre. Le froid, la faim, mais aussi la menace permanente du NKVD qui, à tout moment, peut arbitrairement trancher le fil des existences, marquent leur dur ordinaire, où brutalité et duplicité côtoient entraide et générosité pour espérer gagner quelque temps sur la mort qui frappe à une cadence infernale.





La narration est menée par un petit garçon de huit ans, bien conscient de ce que la survie peut nécessiter de fausseté et de compromission, mais qui n’en aborde pas moins la vie avec la spontanéité et la fraîcheur de l’enfance. Les épisodes qu’il relate dessinent peu à peu un tableau d’ensemble, à plus forte raison terrible et impressionnant, qu’ils sont tous extraits d’une réalité pour lui banale, et que tout y a l’accent d’une histoire vécue. Aussi effroyable soit-il, le récit ne laisse jamais la place au désespoir, et s’éclaire plutôt de précieux éclats d’amour et d’amitié, de sincérité brute et passionnée, de foi pure et touchante - pépites d’humanité tranchant sur leur gangue de noirceur, et qui, au fil d’une écriture d’une magnifique simplicité baignée de poésie, ensorcellent le lecteur coeur et âme.





Un livre superbe, aussi marquant qu'émouvant, pour une plongée à hauteur d’enfant dans une période terrible de l’histoire russe. Très grand coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9516
Les neiges bleues

« La température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s'estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur - désormais seuls le feu de bois, l'amour et trois cents grammes quotidiens d'un pain mêlé de cellulose et d'arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort. »

.

Presque tout est dans cette citation. Presque. Peut-être manque-t-il le nom de cette mort : Staline.

.

Dans ce récit autobiographique, l’auteur raconte comment il a été le seul de sa famille à survivre, étant enfant, au système répressif russe des années 1940 : déporté polonais dans un village surveillé du goulag, il côtoie quotidiennement la faim, la misère, le lavage de cerveau, les emprisonnements, les disparitions mystérieuses et, bien sûr, la mort, bien trop tôt et bien trop banalisée.

.

Parce que c’est l’enfant qui raconte, on entrevoit comment l’enfance elle-même a contribué à le sauver, au même titre que sa foi, la poésie mais, surtout, son humanité qu’il ne s’est jamais laissé ôter par le pouvoir, même lorsque celui-ci s’acharnait sur sa famille comme un mauvais sort. Aperçu d’un ordre politique répressif et inhumain, ce texte d’une centaine de pages est, à travers les péripéties des personnages, un témoignage de ce que l’humain fait de mieux, et de ce qu’il fait de pire.

.

Mais si son principal intérêt est le témoignage sur le vif de la vie dans ces camps, je ne le qualifierais pourtant pas de bouleversant car l’auteur, justement, n’en fait pas des tonnes : il décrit des situations révoltantes avec la plume de celui qui est face à une certaine fatalité banalisée, même si à sa manière il y résiste, armé de sa seule joie de vivre et de l’amour de sa mère qui le protègera, du moins un temps, puis d’une mère au sens plus large. Ou peut-être met-il une distance volontaire, salutaire, entre ce qu’il vit et ce qu’il raconte, qui place également, de fait, le lecteur en retrait de l’action et surtout du ressenti.

.

Contrairement à mes attentes, dues notamment au titre, je ne qualifierais pas non-plus ce texte de d’éminemment poétique, même s’il n’est pas dénué de passages qui le sont. Il est simple, efficace, bercée d’une certaine douceur envers les personnages et même d’une certaine tendresse y compris envers les méchants, qui finissent d’une manière ou d’une autre par montrer une âme timide sous leur carapace de communisme. Il est en tous les cas instructif et édifiant, et finit même, à force de le caresser des yeux, par en devenir touchant, dans sa retenue et sa pudeur.

.

Sur le thème, j’avais également adoré découvrir, il y a très longtemps, le texte qu’Alexandre Soljenitsyne avait composé lorsqu’il était au bagne (entre 1948 et 1952), sous forme de long poème pour le mémoriser sans subir la censure ni la mort. Il y a quelque chose de vraiment puissant dans cette forme qui servait le fond, essentielle à son existence et, plus encore, indispensable à sa transmission. Quand on y pense, l‘exercice est complètement fou, la prouesse incroyable. Je vous le recommande en complément si vous souhaitez explorer le sujet !
Commenter  J’apprécie          9334
Un goût de sel

Après Les Neiges bleues qui relatait avec une extraordinaire poésie son enfance en Sibérie, où sa famille polonaise avait été déportée en 1939, Piotr Bednarski poursuit sa narration autobiographique avec la réalisation de son rêve de toujours : devenir marin. Il a désormais vingt-quatre ans. Ses parents sont morts en exil et c’est avec ses grands-parents qu’il est revenu dans les Marches de l’Est, cette partie orientale de la Pologne attribuée à l’Ukraine et à la Biélorussie en 1945. Lui qui, depuis ses cinq ans, a d’abord vécu déplacé avant que ce ne soit le déplacement des frontières qui fasse de lui un étranger sur sa terre natale, a décidé de partir encore, appelé par le vent du large.





Il ira d’engagement en engagement, de chalutiers en cargos, goûter le sel de la vie en même temps que celui de la mer. Son apprentissage commence dans la violence, quand l’équipage de son premier bateau se croit maudit par la présence à bord du Juif qu’il est. Ce ne sera donc pas seulement à la rudesse de la vie en mer, avec ses campagnes de six mois à rendre fou entre tempêtes infernales, brouillards et icebergs, prisonnier d’« un camp de travail d’où on ne s’échappe pas, à moins de mourir » - et en effet, omniprésente, la mort n’y pardonne pas la moindre erreur -, avec ses escales noyées dans l’alcool pour boucher « les trous béants, ouverts par la réalité » et se « garder de la folie », mais également au tout aussi cruel et dangereux commerce des hommes - et des femmes -, que, dans le huis clos de la vie à bord, et de port en port, Petia va devoir se frotter.





Toujours au fil de courts chapitres stroboscopiques qui, en moins de deux cents pages, réussissent à brosser un tableau d’ensemble d’une impressionnante densité, la langue magnifique de poésie de Piotr Bednarski nous entraîne dans quelques bas-fonds des comportements humains qui ne parviennent pas à obscurcir la part la plus lumineuse de l’humanité à laquelle il s’accroche. Il y a d’abord la formidable affection qui le lit à ses grands-parents, touchants dans la simplicité de leur sincérité et dans leur dignité de personnages meurtris ; puis quelques liens forts d’amour, de solidarité et d’amitié ; enfin, d’une façon qui pourra déconcerter, une très présente quête spirituelle qui vient peupler la vie de Petia, en particulier quand l’alcool ou la fièvre s’en mêlent, de rêves mystiques et de conversations avec anges et démons.





Si les immenses qualités de plume de l’auteur et l’intensité de ses pérégrinations maritimes rendent cette lecture aussi fascinante qu’agréable, ses divagations mystiques ont chez moi suffisamment rompu le charme pour qu’hélas, la magie des Neiges bleues fonde quelque peu sous l’effet du sel contenu dans ce second volet. Un goût de sel n’en reste pas moins un grand livre, empli d’un indéniable talent.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          708
Les neiges bleues

Il n’est pas facile de faire une critique sur ce genre de livre et encore moins dans ce cas présent puisque je n'ai pas su ressentir avec intensité ce qu’à pu vivre Piotr Bednarski , lorsque enfant lui et sa famille ont été déportés dans un village d’exclus en Sibérie.

Il s’agit effectivement d’un récit autobiographie. J’aurais de fait dû être d’autant plus sensibilisée mais la construction du livre sous forme de mini chapitres offrent des mini tranches de vie, et cela ne m’a pas permis de m’imprégner de ce vécu.

J’ai lu avec une certaine distance ces années de faim, de tensions de craintes permanentes. Il m’a manqué du lien, entre ces chapitres pour être vraiment immerger dans cette époque qui effraie le petit Petia.

« Les ténèbres furent le cauchemar de mon enfance. Les ténèbres et aussi Staline. Je supportais mieux les ténèbres : elles avaient un début au crépuscule, et une fin à l’aube, et elles n’avaient pas toujours l’opacité des ténèbres bibliques. Tandis que Staline, ce voyeur génial, était partout. A tous les coins de rue, sur toutes les affiches, jusque dans nos rêves. Le guide, le timonier, le père. Souvent, j’essayais de le fixer en pleine lumière pour vaincre ma phobie. En vain. La terreur ne me lâchait pas l’âme. »

Si je n’ai pas su apprécier comme il l’aurait fallu ce récit, il n’en reste pas moins important et terrible devant toutes ces arrestations et ces morts. La note que j’attribue à ce roman reflète donc bien uniquement mon ressenti.

Commenter  J’apprécie          493
Un goût de sel

C’est âgé de 24 ans que nous retrouvons Piotr Bednarski que nous avions rencontré dans son livre autobiographique « Les neiges bleues »

La mer est ici son leitmotiv, il s’engage alors en tant que marin pêcheur. On va le suivre de port en port et on fera escale avec lui en Irlande, en Islande ou autres terres. Il va faire des rencontres, vivre des drames, des moments durs, cruels, tristes, mais il restera toujours debout et aura toujours la force d’avancer et d’y croire.

Ce récit est écrit avec une plume d’une délicatesse proche de la sensualité.

Commenter  J’apprécie          472
Les neiges bleues

Vie quotidienne d’un enfant en Sibérie, au cœur du système répressif soviétique.

Alors que la Pologne en 1939 est partagée entre la l’URSS et l’Allemagne et que son père a été expédié au goulag, Petia, 8 ans, a été déporté avec sa mère en Sibérie, là où les mots « froid » et « faim » n’ont pas le même sens qu’ailleurs. Car la faim, Petia en souffre quotidiennement, idem pour le froid, glacial, qui transperce et tue. Les déportés assignés à résidence sont des éléments « hostiles au régime » et les envoyer dans la taïga en les laissant livrés à eux-mêmes pour se loger et survivre, est une façon commode de se débarrasser d’éléments gênants.

Le froid, la faim, donc, mais surtout l’angoisse et les humiliations arbitraires sont le quotidien de Petia et de sa mère, surnommée Beauté en raison de sa splendeur radieuse. Car Beauté rayonne d’une force magnétique qui aide le petit garçon à traverser cette période tragique avec une philosophie naïve et poétique qu’il puise en grande partie dans la lecture de la Bible, mais aussi avec la joie de vivre propre à l’enfance, aussi dramatique soit-elle.

Dans ce récit autobiographique, ni pathos ni misérabilisme : Petia raconte sobrement, et avec une écriture dépouillée, les moments déchirants de son enfance où la mort est une compagne quotidienne, mais aussi les minuscules plaisirs arrachés au dénuement. On assiste ainsi à la disparition successive, et pour ainsi dire normale, du grand-père, du père, de la grand-mère et enfin de la mère de Petia. Un récit poignant et salutaire.

Commenter  J’apprécie          470
Les neiges bleues

J'aimerais seulement réussir à bien parler de ce livre incroyable, de la passion qu'il a convoqué pour moi, et de sa blanche beauté, du luxe de sa langue, de la richesse de son propos et puis aussi de l'universalité de sa quête. Ce livre est une ode à la liberté, rien de moins. En fait, à peine refermé je pensais déjà que si la littérature était capable de fournir à ses lecteurs des bouquins de cette trempe, alors il me suffisait d'être là et de continuer à saisir cet art fluctuant capable des plus étranges fulgurances.

Piotr Bednarski raconte ici son enfance foutue en l'air par les soviètiques. Fils de Polonais coupable de noblesse, il fût déporté en compagnie de sa mère dans l'anti-chambre du goulag où son père purgeait une peine sans nom. Là-bas tout était bien entendu interdit, fermé, surveillé, la jeunesse sempiternellement broyée, continuellement étouffée ; l'amour de Staline exigeait une passion totale qui n'en tolérait aucune autre. Mais je ne voudrais pas parler de ce livre de cette façon, il n'est pas seulement ça. Non que cette histoire fût banale, l'horreur serait qu'elle le devienne d'ailleurs.

J'aimerais aborder ce livre par le figuré, l'instinctif. Il m'arrive souvent lorsqu'un roman me happe d'attrapper un stylo et de souligner, de recopier certains passages en toute fin de livre. Peut-être cela suffirait-il ici à laisser entrevoir ce qu'on peut y lire.

P38 : "Et puis, la beauté est nécessaire partout, même là où s'ébattent les ours blancs"..

P43 : "Je me ferai moine bouddhiste. Vous, vous volerez, et moi, je prierai"

P46 : "Les femmes russes pleuraient peu de temps, les larmes leur manquaient tant étaient nombreux les malheurs qui les frappaient. Les Russes avaient appris à pleurer sans larme".

Dix-huit chapîtres composent "Les neiges bleus". Chacun d'eux se termine pas la mort d'un des protagonistes, qu'il s'agisse d'un enfant ami du narrateur (Piotr Bednarski donc), ou bien d'un membre de sa famille, d'un agent du NKVD, d'un soldat ou bien d'un Bienheureux, tous meurent ou s'en vont, la vie sur la toundra semble n'être qu'un court passage ; fugitive et fuyante elle se laisse dévorer par le froid.

Piotr Bednarski écrit d'une langue riche et magistrale qui évoque beaucoup de choses. Erudite, précise, elle sait laisser libre court au talent d'évocation du poète. J'ai peu lu d'écrivains de cette trempe, capable de transformer l'anecdote en tragédie grecque, de faire du particulier une fable morale. On apprend ici plus sur l'homme que dans n'importe quel traîté d'anthropologie, Il y a cette science de la digression et l'immédiat recentrage car la mort rôde en permanence. Sublimement beau.
Commenter  J’apprécie          431
Les neiges bleues

Un roman autobiographique bouleversant, où la violence du quotidien d'un enfant de 8 ans, le double de l'auteur, est magnifiée par le regard poétique et généreux qu'il porte sur le monde.



Et pourtant, comme il en faut , des ressources de beauté intérieure, de rêve,d'espérance pour conjurer le destin ! Dans cette Sibérie glaçante et cruelle des années quarante, où se côtoient toutes sortes de nationalités, l'enfant et sa mère, " Beauté", sont assignés à résidence parce que le père est considéré comme un ennemi du régime de Staline.Ils survivent difficilement, luttant contre le froid et la faim. Seul l'amour qui les unit les réchauffe.



Mais les tranches de vie qui nous sont racontées le sont avec un éclat unique, fait de naïveté et de maturité précoce à la fois, de lumineuse poésie, de vivacité et d'élans , qui nous touchent.Le désespoir ambiant, la présence toute proche et obsédante de la mort sont transfigurés par la belle âme de ce petit garçon, que l'amour des mots sauvera...



" La neige se fit bleue et la limite entre ciel et terre s'estompa."Du fond obscur de chagrin et de perte jaillira pourtant un éclair bleu, un flocon d'espoir qui emportera le jeune poète ailleurs.
Commenter  J’apprécie          330
Les neiges bleues

Années 40, la Sibérie. Une ville anonyme et anodine, loin de tout et proche du rien. Une cité comme les autres ou presque... Dans ces immenses plaines sibériennes, cela ressemble plus à l’antichambre d’un goulag. Des fragments de vies, tous plus misérables et miséreux, se partagent en nouvelles plus ou moins indépendantes dans ce court roman de Piotr Bednarski. L’auteur est né en Pologne orientale en 1934 avant d’être déporté dès 1939 en Sibérie après que les Soviétiques eussent envahi son pays. Là-bas, il verra tour à tour ses deux parents assassinés. Revenu quelques années plus tard dans son pays natal mais orphelin, il témoigne aujourd’hui de son passé de déporté. La vie au cœur du système répressif soviétique de l’ère Staline, à travers les yeux d’un enfant de huit ans. Émouvant. A peine une dizaine d’années, et l’état demande à cet enfant de devenir un adulte, de ne plus rêver, de dénoncer quiconque en infraction avec la « philosophie » communiste, de brûler icône et bible au profit d’un portrait de Staline, le Père de la Nation.



Malgré tout, ce bouleversant témoignage permet d’approcher la vie quotidienne dans la taïga, de toucher aux petits plaisirs d’une enfance insouciante, ainsi qu’au grand malheur d’une vie si proche du goulag, de découvrir la volonté de survivre de certains, de s’effrayer du mal de vivre des autres et de la monstruosité du pouvoir de supériorité d’un gouvernement soviétique d’une totale intransigeance. Le pouvoir aveugle des sbires de Staline, massacrant les déportés pour un regard de trop, pour une présence encombrante tranche avec la « banalité » d’une vie de déporté perdu dans l’immensité de ce désert de neiges bleues où la mort reste omniprésente dans leurs esprits, y compris ceux de gamins de huit ans.
Commenter  J’apprécie          300
Un goût de sel

J'ai beaucoup aimé "Les neiges bleues" où Piotr Bednarski racontait sa vie au goulag où ses parents sont morts.

Dans "Un goût de sel", il raconte sa vie d'après.

De retour en Pologne, il décide de s'embarquer à bord de bateaux de pêche. Et, il ne lui sera pas fait de cadeau!



J'ai aimé cet homme franc, droit, intègre. "Traite chaque jour comme le premier, et essaie de ne jamais te sentir vieux". Et, c'est ce qu'il fait, malgré tout ce qui lui arrive, il garde son regard prêt à reconnaître le charme de ce que la vie lui offre.



Belle écriture, à lire!
Commenter  J’apprécie          252
Les neiges bleues

Piotr Bednarski dans une grande sobriété d’écriture, nous livre avec les mots et les regards d’un enfant (lui, semble-t-il) un récit poignant, bouleversant, cruel et pourtant très poétique et plein de leçons de vie.

En ces jours sombres du régime Stalinien, au coeur des « neiges bleues » glaciales de la Sibérie, Petia, 10 ans se retrouve donc avec sa mère, surnommée « Beauté », aux portes d’un goulag dans ce froid mordant, la faim et la peur au ventre. Tout est réuni pour vivre le pire et pourtant Pétia va trouver son espace de liberté, d’amour et finalement de survie dans les « Saintes Ecritures » qu’il déclame à ses camarades et dans la poésie :" la poésie était devenue ma seule chance de perdurer. " La force des mots, et l’amour de sa mère le propulse hors de l’enfer.

Commenter  J’apprécie          230
Les neiges bleues

Le roman autobiographique de Piotr Bednarski est le récit du quotidien d'une famille polonaise reléguée dans une bourgade sibérienne," à cause de Pilsuddski ". Enfin plutôt ce qui reste de la famille car le grand-père a été abattu pendant le transport en train et le père expédié au goulag. Ne subsistent que Petia un jeune garçon, sa mère une femme fort belle et la grand-mère, une comtesse un peu excentrique. Les deux femmes ne sont pas soumises au travail obligatoire mais ont du trouver un emploi pour survivre: infirmière pour l'une et femme de ménage pour l'autre. Petia est scolarisé et c'est lui qui va nous raconter comment se passe leur vie dans ce climat glacial et dangereux. Glacial car en hiver où la température peut baisser jusqu'à - 45°, la neige devient bleue à force d'être blanche. Dangereux car il est vite fait d'être considéré comme un ennemi du peuple, et ainsi se faire déporter au goulag ou encore plus simplement abattre. Les dénonciations auprès de la NKVD ( la police politique) vont bon train. Pour une broutille chacun risque de se retrouver accusé et ce ne sont pas les chefs d'inculpation qui manquent : propagande antisoviétique, suspicion d'espionnage, élément socialement dangereux etc....

Ce climat mortifère n'empêche pas les deux femmes de se monter égales à elles mêmes: la mère ose tenir tête aux avances de Dourov, l'inquisiteur du bourg, et la grand-mère traite ouvertement les bolchéviques de " péteux ". L'enfant lui est terrorisé par Staline qui les contraint à vivre sans hier, sans demain, dans des conditions misérables, comme de vrais pouilleux. Ce qui ne l'empêche pas de s'en moquer... Malgré la faim et la peur, la malice de son jeune âge le fait survivre avec le sourire . De ne retenir que ce qui est beau dans cet univers de laideur lui permet de rester ce qu'il est, un être humain.

Le style simple de l'auteur rend le récit très abordable et sans être férue d'Histoire j'ai apprécié de découvrir entre les lignes le destin de toutes les personnes déportées après la défaite de la Pologne en 1939 face à la Russie soviétique, alliée à l'Allemagne nazie.

L'auteur n'insiste pas sur le coté dramatique, il aurait même tendance à tourner certaines choses à la rigolade. Peut-être est-ce pour lui la meilleure façon d'exorciser les vieux démons, celui de Staline en premier lieu.
Commenter  J’apprécie          230
Les neiges bleues

Livre acheté complètement au hasard. L'histoire d'un petit garçon pendant la seconde guerre mondiale vivant avec sa mère dans un camp proche d'un goulag.

Au fil des chapitres il partage des bribes de son histoire, où l'on croise ses camarades d'école parfois des adultes qui disparaissent du jour au lendemain, il ne demande pas pourquoi, il sait déjà, c'est la triste réalité de la Russie.

Cependant il essaie d'avoir une vie "normale" malgré la faim et le manque d'hygiène et l'incertitude en l'avenir.



L'écriture est délicate pour finalement raconter la dureté et l'horreur qu'ont vécu toutes ses familles séparées du père qui est soit au combat soit au goulag ou bien mort.

Il y a toujours une note d'espoir disséminée par petites touches dans son récit.



Une découverte toute en délicatesse.



Commenter  J’apprécie          192
Les neiges bleues

Souvenirs d’enfance de l’auteur alors qu’il était exilé avec sa mère en Sibérie, son père déporté au goulag, Les neiges bleues retrace le quotidien de ces résistants polonais au régime soviétique pendant la seconde guerre mondiale, dans l’attente parfois du retour du père, avec la volonté aussi d’avancer. Piotr Bednarski nous propose une écriture saisissante de poésie, de Beauté (surnom de la mère) et de douceur, pour un sujet qui aurait pu être glacial.



J'ai noté cette petite phrase qui vous accrochera peut-être, je l’espère :



« Or n’est-ce pas justement quand la mort est sur le seuil, quand elle fait déjà son nid en nous, à l’intérieur, que le désir de vivre s’exalte et que l’on devient capable d’abattre des montagnes, et de ressusciter d’entre les morts ? »



Il me semble qu’elle reflète assez bien l’esprit du livre : au milieu du froid, de l’absence, de la misère, de la douleur voire de l’aigreur ou du danger, il émane des Neiges bleues un espoir, une douce luminosité – comme un soleil d’hiver – qui nous tire vers l’avant, ou vers la vie.
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          190
Les neiges bleues

Piotr Bednarski (écrivain polonais) nous livre dans cet émouvant témoignage autobiographique la vie de sa famille polonaise "envoyée et assignée à résidence" en Sibérie dans les années 40, alors que son père militaire de carrière est prisonnier en camp de travail. Ces "relégués", car "fils d'ennemis du peuple travailleur" privés de droits civiques vivent au jour le jour dans la terreur d'une dénonciation,la misère, la faim, le froid (les neiges sont bleues par moins 40° d'où le titre), mais Piéta, alors garçonnet de 8 ans courageux,pieux,insolent, sensible,révolté et rusé, tire sa force de survie dans l'amour et la sagesse de sa mère juive mystique dite "Beauté" car "belle comme Néfertiti" aux nombreux mais dangereux prétendants, l'amitié de sa bande de copains puis dans la poésie lorsque les pertes se feront trop cruelles.

Pan d'histoire relatant le quotidien d'une communauté soumise au bon vouloir d'un inquisiteur et vivant dans la terreur du "système répressif soviétique",chapitres sous forme de nouvelles dominées par un souvenir lié à une émotion intense, Les neiges bleues est également un bel hommage à la mère d'un enfant bâti selon les lois du coeur et le secret confié d'une philosophie de vie envers et contre tout (qui force l'admiration). A lire +++++
Commenter  J’apprécie          190
Les neiges bleues

J'ai dévoré ce livre (reçu grâce à l'opération Masse Critique) mais je n'ai pas pu le lire en une seule fois tellement était puissante la sensation de se prendre un coup de poing dans le ventre à la lecture de certains chapitres. J'ai été émue mais j'ai aussi eu la rage, celle qu'on ressent quand on est témoin de choses innommables mais qu'on n'est qu' un spectateur impuissant.

Petia nous raconte avec ses yeux d'enfants le quotidien en Sibérie dans les années 40, la faim continuelle, le froid encore et toujours, la menace permanente d'une arrestation avec envoi au goulag, voire même d'une "disparition mystérieuse"...

Mais, parce qu'il a encore sa mère, Petia s'accroche à la vie. Il nous raconte des faits atroces mais pour lui, ce n'est que ce qu'il vit, au jour le jour.

Il perdra en quelques années tous les membres de sa famille, il verra nombre de ses copains mourir, il sera témoin de dénonciations pratiquement chaque semaine.

Et malgré toute cette laideur, Petia réussit à aimer la vie et la poésie, il garde espoir même si lui-même ne sait pas trop en quoi.

Ces tous petits chapitres m'ont bouleversés, la mort y est partout, mais c'est surtout le fait de voir la dignité côtoyer de si près la barbarie qui rend ce récit si violent et si fort.

Commenter  J’apprécie          160
Les neiges bleues

J'ai un avis bien différent des autre critiques , je n'ai pas beaucoup apprécié ce livre , ni pour le fond , ni pour la forme , ceci bien sûr n'engage que moi .

L'histoire raconte l'exil d'une famille dans les années 40 en Sibérie , vue par les yeux de l'auteur alors petit garçon .

Pour moi , les anecdotes sont convenues et il n'y a pas beaucoup d'émotions , cela reste malgré tout un témoignage terrible de cette époque , et l'auteur nous montre la capacité incroyable que nous avons de résister à l'horreur car même au fin fond de la Sibérie , il y a eu des moments de bonheur .
Commenter  J’apprécie          150
Les neiges bleues

Un titre oh combien poétique pour évoquer à la fois un enfer - celui de la Sibérie des années 40 - et le charme de l'enfance. Car le narrateur de ce livre, composé de chapitres courts et très émouvants, est un petit garçon de huit ans qui regarde le monde qui l'entoure avec l'allégresse naturelle de l'enfance.
Commenter  J’apprécie          141
Les neiges bleues

Ce livre est une partition de souvenirs d’un enfant de 8 ans – Petia – vivant dans l’enfer blanc du Goulag, plus précisément dans la région de Kolyma célèbre pour ses camps de travails soviétique qui furent légion durant la période stalinienne.

On se prend d’affection pour cet enfant imaginatif et artiste dans l’âme. Sa mère, Beauté, fait penser à certain de ces saints catholiques, résigné face à la souffrance et à la douleur. L’enfant et sa mère forme un couple puissant et véritablement intéressant. Ils incarnent un espoir dans ce monde sans vie et fataliste. Beauté, comme le surnomme Petia, est divinement belle, ce faisant, elle est harcelé par des dizaines de prétendants, les premiers étant les agents du NKVD, véritables démons et bourreaux de ce livre. Ils ont le pouvoir de faire disparaitre n’importe qui du jour au lendemain. Grâce à son charme presque ensorceleur, la mère de Petia permet de sortir son fils ou elle-même de situations difficiles. Même le diable sait reconnaitre le caractère presque sacré de la beauté. Mais cet avantage deviendra rapidement un handicap pour Beauté.

C’est en tout cas un bon livre autobiographique. Il est bien écrit mais la fin me semble un peu trop rapidement amenée. J’aurai aimé avoir plus de détails sur la découverte de la poésie par Petia.
Commenter  J’apprécie          140
Les neiges bleues

Un garçon raconte son quotidien en Sibérie où lui et sa famille ont été déportés pendant la seconde guerre mondiale. Un quotidien difficile, entre la faim, le froid, la terreur stalinienne, les disparus et les morts de plus en plus nombreux.



Même si le livre évoque une période et des conditions de vie effroyables, il n’est pas que noirceur, loin de là. Le fait de faire s’exprimer un enfant, allège le sujet, introduit une capacité d’émerveillement, des échappées, une absence de jugement explicite.



Le livre se base sur le vécu de l’auteur, qu’il a sans doute, comme tout véritable auteur, transformé. Déjà par la langue, qui a rythme bien à elle. Simple comme l’est le langage d’un enfant, mais en même temps étrangement poétique.



Un livre dont il est difficile de parler, tant il touche, émeut, au-delà des mots. Une pure merveille.

Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Piotr Bednarski (268)Voir plus

Quiz Voir plus

Le vœu du paon, de Jean-Côme Noguès

Dans quel massif l'histoire se déroule-t-elle ?

Les Alpes
Le Jura
Les Vosges
Les Pyrénées

10 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Le Voeu du paon de Jean-Côme NoguèsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}