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Critiques de Rainer Maria Rilke (342)
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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

Une invitation à l’imagination mais il en faut beaucoup pour trouver un fil conducteur à ce texte. Des beaux passages très évocateurs, des images fortes mais à chaque fois que l’intérêt s’accroche, on part ailleurs sans comprendre le lien, si tant soit qu’il y en ait un. Seul fil apparent, un personnage solitaire, perturbé au milieu d’une vie qui s’écoule indépendamment de lui et dont il essaie de comprendre le sens. Son attention se pose ça et là, un peu au hasard sur: la maladie, la mort qui échappe même à celui qu’elle concerne, le visage de circonstance qui habille l’intérieur, les souvenirs fantômes de femme qui passent et disparaissent, … et tant d’autre choses. Tout cela semble lui être pesant et menaçant. Parfois il entrevoit une lueur de bien être, des havres de paix dans un monde majoritairement hostile: une bibliothèque, une gargote, une scène de rue, un souvenir de femme ou d’enfance. Ils lui permettent de s’échapper, mais ce sont des abris fragiles et temporaires. Il cultive sa solitude car c’est par elle qu’il existe, par elle qu’il ressent ce qui l’entoure. A chaque fois on sent que ses sensations sont liés à des souvenirs, qui alimentent des problèmes psychiques, mais ces souvenirs sont difficilement identifiables, même s’ils reviennent sporadiquement comme par bouffées. Donner une vue d’ensemble est pratiquement impossible car chaque page vous attire dans un univers différent avec d’autres fils à tirer. J’ai bien conscience que cette première lecture est insuffisante et qu’il me faudra y revenir, une page par ci, une page par là, sans nécessairement m’attacher à l’ensemble, car je soupçonne que la continuité et la cohérence du narrateur ne soit finalement que secondaire. J’espère ne pas vous avoir découragés ni dénaturé le livre. C’est un livre difficile ( du moins pour moi) mais que j’entrevois très riche.
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Lettres à un jeune poète

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Lettres à un jeune poète

Leçon de vie et de fraternité



Cette correspondance épistolaire entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus est émouvante en bien des points (je parle ici de la nouvelle édition intégrale, parue aux éditions du Seuil en octobre 2020). le jeune officier Kappus, en proie à des tourments intérieurs et aspirant à devenir poète, écrit à Rilke pour lui demander des conseils en la matière. Mais il n'existe pas de recette ni de manuel dans cette affaire. On ne devient pas poète, on naît avec cette faculté de voir au-delà du visible, d'entrouvrir quelquefois le voile des apparences pour regarder ce qui se trame derrière la nuit ; et cette capacité d'opérer des relations avec l'invisible n'est pas donnée à tout le monde, loin s'en faut. Pour un poète, la poésie doit circuler de manière aussi vitale que le sang dans les veines. C'est une façon d'être au monde, et qui ne s'explique pas. Bien entendu, il est possible de taquiner la muse en s'adonnant à divers exercices formels tels que l'écriture de sonnets, de ballades, de rondeaux, etc., mais si cela ne vient pas directement du coeur, c'est peine perdue.



Rilke va rapidement faire comprendre à Kappus qu'il ne peut lui être d'aucun secours sur ce point. Cependant, une relation presque fraternelle va se nouer entre les deux hommes ; Rilke jouant ici le rôle de grand frère attentionné. Kappus lui fera part de troubles intimes, ainsi que de la détresse qui semble accompagner chacun de ses pas tel un chien fidèle. L'intérêt de cette correspondance réside avant toute chose dans l'humanité profonde qui s'en dégage.



À défaut d'être poète, Kappus excelle dans l'art du récit : son article de journal intitulé "Nuit du nouvel an à la frontière", en date du 7 janvier 1909, et qui peut se lire à la fin de l'ouvrage, en est un exemple admirable. Les lettres de Kappus, publiées pour la première fois dans cette nouvelle édition intégrale, révèlent un besoin viscéral et désespéré pour le jeune homme d'établir un lien avec un être qu'il admire – car la déréliction est son pain quotidien. Rilke répondra à son appel et tentera, du mieux qu'il peut, de redonner de l'espoir et du courage à son interlocuteur. Cet échange sera aussi pour le poète un moyen de mieux définir son rapport au monde et de comprendre davantage la trajectoire scripturale qui est la sienne. Une fort belle leçon de vie et de fraternité.



© Thibault Marconnet

Le 26 novembre 2020
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Lettres à un jeune poète - Réflexions sur la vie ..

Elles sont belles ces lettres que Rainer-Maria Rilke adresse à son jeune correspondant, de 1903 à 1908. Plus personne ne fait de correspondances comme ça, c'est dommage.

Dix lettres, suivies d'une réflexion de Bernard Grasset sur le travail de l'écrivain. Parce que "travail", il y est fort question dans l'oeuvre de Rilke. Pas au sens où on l'entend. Mais il semble que la vie, les réflexions et l'oeuvre de Rilke ont tourné autour de ce mot. Travail de création, questionnements, travail sur soi-même, travail de l'amour !

Et puis, il y a une longue lettre où il parle de la tristesse et... ça m'a rendue triste.



Il faut vraiment que je lise autre chose !

Je vous invite à voir les citations qui en diront plus sur la qualité de ces écrits.

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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

L'auteur nous plonge dans l'âme tourmenté de Malte Lurids Brigge, aristocrate désargenté exilé à Paris. C'est une suite de digressions sur les thèmes de la famille, de l'hérédité, de la mort, de la vie et de son sens, etc. La mort prend vie sous forme de fantômes, de la maladie... Mais je me suis vite perdue dans ce texte pour finir par abandonné avant la moitié ; mon esprit s'évadant vers d'autres contrées bien réelles.
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Lettres à un jeune poète

Quand le souvenir d'un acte manqué se greffe à l'oeuvre qu'on est en train de lire, on se sent triste, un peu, mais Rilke nous dit que la tristesse c'est bien, alors c'est bien. "Aussi [...] ne devriez-vous pas vous effrayer quand se lève devant vous une grande tristesse comme vous n'en avez vu de telle [...] Pensez qu'il se produit quelque chose en vous, que la vie ne vous a pas oublié, qu'elle vous tient dans sa main [...] Pourquoi voulez-vous exclure de votre vie toute inquiétude, toute souffrance, toute mélancolie alors que vous ignorez leur travail en vous ? Pourquoi vouloir vous torturer en vous demandant d'où tout cela peut bien venir et à quoi tout cela aboutira ? Vous savez bien que vous êtes dans des états transitoires et que vous ne désirez rien tant que de vous transformer".



Il se trouve que je suis un dragon, un vrai, qui rêve de libérer la princesse qui sommeille en moi. Quelques lignes plus haut, Rilke nous propose d'affronter nos peurs, notre dragon, afin de libérer la princesse. Plus loin, il nous encourage à accepter la maladie qui fait de nous un dragon, le dragonisme si j'ose dire, et à considérer "que la maladie est le moyen qu'a l'organisme pour se libérer de ce qui lui est étranger". Autrement dit, le dragonisme n'est qu'un symptôme de la princesse qui attend d'être libérée, de la vie qui attend d'être vécue. C'est le genre de métaphore que je comprend ça, le coup du dragon et de la princesse mais il en a une autre sur une maison de poupée qui me parle aussi, il nous dit qu'il y a une pièce dans une maison qui demande à être habitée dans toute son étendue, et non dans une seule partie d'une seule et même pièce qu'on parcourerait de long et en large. Il y a quelque chose de similaire chez G. Gurdjieff tiens.



C'est vrai qu'il y a quelque chose dans ces lettres qui fait très développement personnel. Il écrit au poète non pas pour lui dire comment écrire, mais ce qu'il doit écrire : la vie et pour ce faire, il lui dit comment vivre. Mouais. C'est intéressant, certes, mais ce n'est pas ce que j'attendais chez Rilke que je découvre pour la première fois dans ces lettres. J'imaginais de la poésie dans ces lettres, et je ne trouve que des lettres ou presque, mais c'est peut-être dû à la traduction, enfin, je ne sais pas, je ne parle pas Allemand. Je retiendrai des lettres qui ne vont que dans un seul sens puisqu'on n'a pas accès aux lettres du destinataire des lettres, un vague sentiment de solitude, du fait que Rilke malgré le ton familier qu'il emploie, me restera peut-être à jamais étranger.
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Lettres à un jeune poète

Alors oui, il y a quelques très belles formules sur l'art et la création. Il y a quelques conseils intéressants, sur l'importance de la solitude pour pénétrer en soi-même et trouver des sentiments vrais, sur l'importance du travail continue ; est évoqué aussi le rôle de l'amour y compris physique - Rilke ne parle pas que de l'union des âmes, mais aussi des corps, avec l'exposé de théories féministes, ce qui est important selon moi, notamment lorsqu'il expose les idées selon lesquelles pour qu'il y ait amour, il faut une parfaite égalité entre l'homme et la femme dans le couple, qui, d'ailleurs, permettra seule un acte sexuel garantissant le plaisir à tous les deux.

Mais à part ça... j'ai trouvé que ces grands conseils étaient très généraux et assez creux. Rilke écrit à un poète, mais on n'a pas l'impression qu'il l'est lui-même dans ses lettres. Il insiste sur la solitude et la souffrance, il commence chacune de ses lettres par dire qu'il est malade, mais il ne donne pas de détails. Il voyage à travers l'Europe, mais sans décrire ce qu'il voit ou contemple, et pourrait aussi bien écrire de sa chambre que de Venise ou Paris - les lieux ne semblent pas influer sur son inspiration. Il répète dans chaque lettre à son interlocuteur qu'il faut se méfier de la critique, tout en critiquant lui-même les oeuvres que son correspondant lui envoie. Il lui dit d'écrire sur l'amour, la mort et l'enfance, tout en reconnaissant que ce n'est guère original.

N'y a-t-il pas un certain paternalisme, de la part d'un homme qui n'est guère plus âgé que celui qu'il conseille ?

J'ai l'air peut-être assez sévère, mais c'est que j'avais beaucoup entendu parler de cet ouvrage comme un hommage merveilleux à la littérature et à l'écriture poétique, et je n'ai pas trouvé cet aspect, ou pas de façon assez approfondi. Cependant, je ne connais pas l'oeuvre poétique de Rilke - je sais juste que S. Zweig l'admire énormément, ce qui biaise peut-être ma perception : je n'ai pas eu l'impression de lire un génie.
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Lettres à un jeune poète

Ces lettres sont à lire encore de nos jours, en priorité par ceux qui ne s'autorisent pas à écrire ou par ceux qui n'osent pas envoyer leur manuscrit à des éditeurs. Rilke se dresse face aux détracteurs des productions artistiques que sont les autres… et soi-même. Il faut y croire et persévérer. Au fond, le seul juge de la production naissante incombe à son maître. La critique n'est que littérature au sens bas du terme.

Véritable plaidoyer qui définit ce qu'est l'acte d'écrire, Les Lettres à un Jeune Poète n'omettent pas de souligner que la passion ne doit pas céder face aux loups, et aux spectres minant le for intérieur des auteurs.

Pris de stupeur en refermant l'ouvrage, je me suis posé les questions suivantes (brûlantes et grimaçantes) : combien d'oeuvres n'auront jamais été publiées en restant dans les tiroirs de leurs auteurs découragés, accablés ou abattus ? Combien de chefs-d'oeuvre déchirés, jetés dans l'oubli ?
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Les élégies de Duino

Comme un fil tendu entre la vie et la mort,

Comme un au-delà de l'amour,

Comme une vibration de la fragilité humaine,

Rilke élève ses Élégies

comme un cri aux anges et aux trépassés.
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Rilke n'a que 18 ans lorsqu'il écrit le premier récit de ce petit recueil de onze nouvelles édité en 1897. Il a alors 22 ans. Mais, déjà, avec intelligence et finesse, son oeil saisit la noirceur des âmes, la médiocrité des esprits, l'absurdité de la vie et traque la présence sournoise de la mort qui rôde. Des histoires simples, sans prétention, d'un autre temps, présentées avec mélancolie et romantisme, teintées d'une pointe d'humour, où les faiblesses humaines, lâcheté, égoïsme, mesquinerie, ne sont jamais oubliées. Mais, le lecteur est séduit par la poésie des mots, la richesse des métaphores. C'est avec délicatesse et réalisme que l'auteur, de façon très personnelle, dépeint, la complexité des êtres, l'infini de leurs contradictions et capture avec acuité le frémissement d'un instant, d'un reflet, d'une ambiance, d'un objet, en les traitant comme des personnages.

«Le soleil du matin lorgna comme un petit enfant joueur à travers les reflets blancs des rideaux de tulle, saisit son rayon le plus long et le passa, comme une plume d'or, en premier lieu sur le bonnet de nuit blanc, puis sur le front humide de la vieille femme, où il trembla, tressaillit sans repos autour des yeux, de la bouche et du nez, jusqu'au moment où elle prit la susdite respiration et dirigea vers la fenêtre des yeux étonnés, rouges et craintifs.». je ne sais pas vous, mais moi, je suis charmé.

Ce petit recueil mérite d'être savouré avec lenteur, non pas pour l'intrigue des histoires qui sont, finalement, assez banales, mais pour la petite musique de la prose, un peu comme ces bonbons aux fruits qu'on laisse fondre doucement dans la bouche pour en apprécier toute la saveur.

PS : Ça marche aussi avec un chocolat Mon Chéri, des M&M's ou des berlingots de Carpentras. Cependant, attention, le nougat de Montélimar fond difficilement.
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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

Malte Laurids Brigge, jeune intellectuel aristocrate danois, presque anonyme, sans fortune, aspire à écrire et arrive à Paris, y cherchant salut et inspiration. Notant au fil des jours ses remarques dans un carnet, Malte met à l’épreuve son devenir d’écrivain, sa recherche poétique et sa quête d’identité, tout en tentant de ne pas se diluer complétement dans le chaos urbain de la modernité, attentif à ses failles comme à ses révélations.

Unique entreprise romanesque de Rainer Maria Rilke, cette œuvre à part, novatrice, follement séduisante, à la frontière du roman et de la méditation poétique, est un ensemble de cahiers où, dans une mutation infinie du sujet et du monde, se mêlent dissections des sens, transfiguration lyrique, géographie urbaine et immersion dans l’histoire de la poésie.



Rilke n'a de cesse de marquer la conscience du lecteur en semant la confusion : le récit discontinu, suite de fragments, côtoie une dissolution du personnage de Malte, tout en superposant à cette diffraction un monde poétique aux formes éblouissantes, ou rien n’est défini ni définitif.

Cette ambivalence génère une tension donnant au texte toute son énergie, opposant un personnage central impuissant, malgré une introspection soutenue, à accomplir sa mutation littéraire, à un roman dont la forme innovante, elle, a réussi toutes les transformations. Rilke saborde ainsi le procédé traditionnel littéraire pour mieux nous parler de modernité.



Véritable hymne composé à la marge des êtres et à la frontière des choses, ce roman moderniste à la forme intimiste se retire au seuil de la modernité pour mieux en expérimenter le sens et les contours perméables. Rilke y diagnostique les mœurs propres au monde moderne urbain (Paris), où les images et les sens se multiplient frénétiquement en signes traitres et artificiels, et interroge la place de l’homme dans ces nouveaux modes d’existence. L’auteur, par le biais de la sensibilité et du regard de Malte, dessine une expérience négative de l’ère moderne et du progrès, où la quête de savoir et d’identité affronte la ville, l’écriture et la mort. Menaçant l’identité, la cité se révèle périlleuse autant pour la sphère intime que pour la singularité et l’unicité de Malte : elle multiplie tout, diffracte tout, quand Malte a tant besoin de se concentrer en un point singulier et transformer cette introspection en expérience d’écriture, écrire étant le seul moyen de combattre spirituellement et physiquement les signes trompeurs de la modernité. Il s’agit donc de conjurer la confrontation avec le réel, source de remise en cause et de tourment, pour se reconstruire par l’écriture : surmonter le fiasco pour le muer en accomplissement.



C’est aussi une quête esthétique transmutée en quête d’un absolu exempt de concept et de définition, niant toute limite, jouant avec l'espace-temps dans un monde subjectivement ré-agencé. Bouleversement de l’ordre du monde, bouleversement du langage, du corps, des espaces, des temporalités : rien n’est permanent, toute frontière est celle de la peur, tout refuge réside dans l’indiscernable.



C’est enfin une quête morale de l’homme moderne (morale dont la consistance est incarnée par l’écriture, vectrice de vérité) oeuvrant à sauver l’âme des démons urbains, puisque pour Malte, et donc pour Rilke, écrire et vivre ne sont qu’un : l’écriture n’est pas artifice moderne mais possibilité d’existence et de continuité dans un modernisme discontinu.

L’auteur nous enjoint donc par le biais de l’écriture à expérimenter par nous-même l’espace moderne et mouvant du monde grâce à l’espace moderne et mouvant de ce roman.



"J'apprends à voir. Je ne sais pas pourquoi, tout pénètre en moi plus profondément, et ne demeure pas où, jusqu'ici, cela prenait toujours fin. J'ai un intérieur que j'ignorais. Tout y va désormais. Je ne sais pas ce qui s'y passe."
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Histoires du Bon Dieu

Dans mon esprit, Rainer Maria Rilke était associé à la poésie. Sans doute à cause de son livre "Lettres à un jeune poète"... et au fait que finalement je ne me trompais pas trop et qu'il était en effet poète !



C'est pourtant un recueil de contes-nouvelles que j'aborde ici, recueil d'histoires comme le titre permet de le deviner, et le mot est finalement sans doute le mieux choisi. Rilke semble en effet vouloir d'abord rendre hommage à ces "histoires" qu'on raconte aux enfants pour les édifier, pour qu'ils en tirent un enseignement, des réponses à leurs questions incessantes. C'est le sens du conte cadre qui ouvre le recueil où l'auteur-narrateur promet à une de ses voisines de lui offrir par ses histoires les réponses aux questions sur Dieu que lui posent ses enfants.



Même si on peut parler de conte cadre pour ce premier texte qui entame le recueil, l'auteur ne renonce jamais à continuer le cadre tout au long des récits. L'originalité de ses histoires est qu'il introduit toujours dans un premier temps (qui peut s'avérer long) le contexte qui lui fait raconter chaque histoire: le lieu, le temps, la personne à qui il raconte l'histoire et qui sera chargé ensuite de la répéter aux enfants, car Rilke a peur de leur parler directement, peur d'être considéré comme un menteur, mal compris, peur peut-être aussi des questions des enfants finalement.



Cette mise en abyme de l'histoire est toujours très riche, le contexte apporte toujours une richesse à l'histoire, les interlocuteurs changent le récit par leurs questions, un peu comme une méthode socratique inversée, où ce serait Rilke qui se ferait accoucher de son conte par ceux auxquels il est destiné.Rilke n'oublie pas la poésie, même dans ce choix des "écoutants" puisqu'il va jusqu'à parler aux nuages et à l'obscurité dans deux des contes du recueil.



Les histoires en elles-mêmes sont diverses et, comme dans tout recueil, inégales. Mais, même quand on est un peu perdu sur le sens qu'il souhaite donner, on trouve toujours une formulation, une évocation qui nous touche plus particulièrement. La foi est plus le centre des récits que la religion en elle-même. J'ai parfois craint au début une volonté prosélyte de l'auteur mais il met régulièrement en avant une relation individuelle à Dieu qui le fait s'éloigner des institutions.



Une première rencontre avec Rilke qui donne envie d'en connaître plus, les flamboyances de style apparues au milieu des histoires ne peuvent que mener à sa poésie. Ou aux conseils de poésie données à un jeune confrère, qui restent son ouvrage le plus connu.



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Lettres à un jeune poète

Ces courriers du poète Rilke sont une véritable Bible pour un poète débutant, un tutoriel tout à fait d'actualité. A lire sans modération !
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Lettres à un jeune poète

Ces lettres sont, à mes yeux, ce que j’ai lu de plus censé et de plus profond à ce jour. Je dirais que tous mes questionnements, toutes les pensées qui me sont essentielles, sont présents dans ces écrits de Rilke. L’existence, le doute, la mélancolie, l’angoisse, et bien sûr l’amour sont les principaux thèmes abordés.



Quelle leçon de la part de Rilke, que je ne connaissais pas jusque-là ! Son style est d’une efficacité précieuse, et son argumentation est tout ce qu’il y a de plus percutant. On obtient au bout du compte un délice littéraire en même temps qu’un baume pour les âmes tristes et égarées.



Comment ne pas ressortir de cette lecture guéri ? « Guéri », un grand mot, peut-être, mais c’est un peu le sentiment que j’ai eu en lisant ces lettres.
Lien : https://sanscontrefaconjesui..
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Lettres à un jeune poète

Un plaisir raffiné
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Histoires pragoises - Le Testament

Quel beau style ! Mais malheureusement le thème du livre a mal vieilli et l’exaltation de ses personnages nous semble bien artificielle.... c’est bien dommage car la traduction est très réussie.
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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

Un quart de siècle sépare ces deux lectures de l'oeuvre de Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge. À l'époque, au programme de je ne sais plus quelle année de fac, j'avais entamé les premières pages de ce livre avec enthousiasme et puis après une trentaine de pages, survint un blocage. Je crois ne pas avoir achevé sa lecture, ou alors en travers... Sans doute étais-je trop jeune pour un tel ouvrage.

Cette fois, j'ai adhéré à cette oeuvre et l'ai enfin achevée avec 25 ans de retard.

Il est difficile d'en qualifier le genre. Roman, certainement pas. Journal intime plus sûrement. Comme le dit Rilke lui-même dans une lettre, cela ressemble à des feuillets que l'on trouverait dans un tiroir et qui par fragments, évoqueraient les angoisses d'un personnage fictif nommé Malte Laurids Brigge, dont les ressemblances avec Rilke sont évidentes bien qu'il s'en soit défendu. Ce n'est pas tant le personnage qui intéresse le lecteur que la perception de ses angoisses resurgies d'une enfance passée dans un château au bord de la Baltique, résurgences provoquées par la plongée dans le grouillement des rues parisiennes.

La prose poétique de Rilke s'attaque à la mort, à son acceptation, dans un deuxième temps, à l'amour qui traverse la seconde moitié du bouquin pour s'achever sur une parabole de l'enfant prodigue.
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Paysages

Trois articles : worpswede, sur le paysage et choses sont rassemblés dans cet étonnant recueil en compagnie d'un folio reproduisant des peintures de paysages de Théodore Rousseau, Puvis de Chavanne, Giorgione et d'autres maîtres qui ont excellé dans ce domaine.

Le poète revient dans ses articles sur les liens poétiques et philosophiques de l'homme à la nature, à l'art et à la notion de représentation.

Je ne connaissais pas cette maison d'édition et c'est une heureuse surprise pour le façonnage étonnant.
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Deux histoires pragoises

Oeuvre de jeunesse en prose, ces deux récits sont reliés par la présence d'un même personnage énigmatique et inquiétant, agitateur politique et manipulateur. Ces écrits sont à la fois des nouvelles et des contes, mélangeant romantisme et fantastique. L'auteur évoque aussi le problème politique du peuple tchèque soumis et cohabitant difficilement avec les allemands. Je n'ai pas été particulièrement emballée par ces deux histoires, mais malgré tout sensible à l'écriture.

Je reste sur ma faim, il me semble avoir déjà lu ce genre de textes, plus construits, plus fouillés, chez d'autres auteurs classiques.
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Lettres à un jeune poète

Réflexions profondes, intériorité, recul « monstre », extrême conscience, humilité, art personnel de la vie, existentialisme, bribes ou pensées féministes concrètes entres autres. Un classique intemporel !
Lien : https://www.instagram.com/so..
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