Citations de Régine Deforges (255)
La chaleur avait craquelé la terre de ta tombe et desséché toutes les fleurs... Tu devais étouffer, là-dessous !...
J'ai couru chercher de l'eau à la fontaine. L'arrosoir était si pesant que j'ai du le porter à deux mains. J'ai fait plusieurs voyages, tant la terre était assoiffée. J'avais mal aux reins et aux mains.
Je me suis assise sur la pierre tombale voisine [...]. Ma robe noire était si mouillée qu'elle me collait au corps. J'étais plus que nue, d'autant qu'avec cette chaleur je n'avais rien dessous. Je me suis tournée vers toi, j'ai remonté ma robe et [...]
- Avant toute chose, Léa, vous me tutoyez ou tu me vouvoies ?
- Avec toi, j'aime bien le vous !
Le premier levé, Pierre Delmas prenait un mauvais café, tenu au chaud par la servante sur un coin de l'antique cuisinière. Puis, sifflant son chien, il sortait, l'hiver dans la nuit, et l'été, dans le petit matin triste qui précède l'aube.
- Ils mourront pour la liberté.
- La liberté... Où est la liberté quand on est mort ?
Tu n'es qu'une bonne femme comme les autres, pire que les autres puisque tu as de l'instruction. A quoi ça sert, alors, les livres, si ça ne donne pas un esprit plus grand ?
J'ai des bonheurs mais jamais un bonheur complet. Je suis habitée par une souffrance confuse et profonde, qui ne me quitte jamais.
"Les livres sont comme des rivières qui arrosent la terre entière , ce sont les sources de la sagesse."
Il y avait longtemps que Léa n'avait fait un rêve aussi agréable : valser lentement dans les bras d'un homme qu'elle désirait et qui manifestement la désirait aussi. Quelle délicieuse sensation de se laisser emporter ! Surtout, ne pas la réveiller, ne pas ouvrir les yeux. Elle se serra davantage contre le corps de François. Elle oubliait l'endroit ou elle était, ces gens qui l'entouraient, Allemands ou Français, la mission dont l'avait chargée Adrien, la guerre, Laurent même. Elle ne voulait plus être qu'une femme dans les bras d'un homme.
Léa, ne bougeait plus, attentive soudain à l'écho que réveillaient dans sa chair les caresses de Mathias. Elle se disait qu'elle ne devait pas, que c'était Laurent qu'elle aimait, qu'elle était folle et imprudente mais toute résistance était d'avance vaincue chez elle tant son désir d'un corps entre le sien, d'un sexe dans son ventre était fort. Elle s'entendait gémir, balbutier des mots sans suite. Vite, vite... qu'il la prenne... mais qu'attendait-il ? (...) Elle s'offrit impudique et splendide.
-Pauvre Mireille... Est-ce que la mort de Fayard et de sa femme le venge? .... Prendre une vie n'a jamais rendu la vie... et pourtant, comme on a envie de les tuer ceux qui ont fait mourir ceux qu'on aimait...
J'aimerais mourir à l'automne et que mon corps enfoui à même la terre humide et encore chaude du soleil de l'été se décompose rapidement, participant ainsi à l'énorme travail de pourrissement qui accompagne tout renouveau.
Le désir près de toi me brûle de sa fièvre ;
Du feu de tes regards mon coeur est consumé ;
Baise moi , mon amour, le baiser de ta lèvre
Est, plus qu' un vin de Grèce, et doux et parfumé.
Maintenant, immobile, à mes côtés demeure,
Afin que sur ton sein je dorme jusqu'à l heure
Où de la sombre nuit triomphera le jour;
...
Oh! Que je t aime!...
Et toi, m aimes tu , mon amour?
Pouchkine 1925
- L'ensemble du peuple vietnamien ne réclame pas cette indépendance, une partie souhaite encore la présence de la France...
-Quel age ont-ils, ceux qui souhaitent encore la présence française?...
De Mauriac je ne connaissais que les romans ; que j'aimais d'ailleurs beaucoup. Je le lisais surtout parce qu'il est notre voisin dans le Bordelais. Mais j'ai appris beaucoup de choses en lisant son "Bloc-notes". Ce qui me frappe le plus, c'est son attachement à sa terre, à Malagar ; sans doute parce que j'éprouve le même pour celle de mon enfance, Montillac. Sur ce thème, il use de mots que j'aurais aimé employer si j'avais son talent... Tenez, lisez...
N'avons-nous pas souffert, nous autres juifs, pendant des milliers d'années, parce que l'on nous accusait d'être "collectivement coupable", tous, même les enfants à naitre, de la mort du Christ, des épidémies des moyen-age, du communisme, du capitalisme, des guerres désastreuses et des traités de paix également désastreux? Tous les maux de l'humanité, de la peste à la bombe atomique, sont 'la faute des Juifs. Nous sommes des éternels boucs émissaires .
Allongée sur l'encolure de son cheval luisant de sueur, comme enivrée par l'odeur qui montait de l'animal, la jeune fille n'entendait rien. Le vent de la course avait déroulé ses nattes, rougi ses joues et asséché ses lèvres.
Le ciel se teintait des premières lueurs du couchant. Vite, elle voulait voir l'astre illuminer le fleuve et la ville qui l'avait vue naître. Le long du lac Ilmen, des troupes d'oies et de canards sauvages s'envolaient au bruit des gerbes d'eau que faisaient jaillir les sabots de sa monture.
Si les hommes et les femmes d'aujourd'hui s'intéressent tant à l'érotisme, c'est qu'ils sentent plus ou moins confusément qu'il est un des moyens de conquérir sa liberté. Et c'est vrai. La connaissance précise de ce qu'il est possible de faire avec son corps, avec son âme ou les deux ensemble poussent l'être humain hors de ce qu'il croit être lui-même, et des sentiers étroits que la société lui trace depuis toujours.
1968
Parfois mon corps tout entier est gonflé de larmes que mes yeux ne suffisent pas à égoutter et dont je ne sais comment me vider.
Ce fut un combat de géants, sans merci. Nous prîmes cinq de leurs vaisseaux, dont le navire-amiral commandé par le patrice Constantin Kaballourios, qui fut tué, tandis que les autres étaient envoyés par le fond. Rendus enragés par la mort de tant des nôtres, nous massacrâmes les survivants. Bien peu nous échappèrent. Après cette victoire, nous reprîmes le chemin de notre pays. Nous n'avions pas assez de bâtiments pour embarquer six mille guerriers. Il fut décidé qu'une partie suivrait la voie de terre. Avec ma droujina, je montai à bord de mon bateau, le cœur serré de devoir abandonner tant de vaillants compagnons dans une situation aussi périlleuse. Les yeux remplis de larmes, j'allais donner l'ordre du départ quand le voïvode Vychata me dit: « Je pars avec eux. Si je survis, ce sera avec eux; si je meurs, ce sera avec la droujina. »
Qu'une femme est belle dans le désordre de l'amour !