Citations de Régis Descott (112)
Le hasard, le plus grand des policiers, c’est ici le cas de le répéter, vient de faire mettre la main sur l’auteur d’une série d’horribles crimes, vainement recherché jusqu’à présent. Il est difficile, en effet, à part les légendaires Dumollard et Troppmann, de trouver un professionnel de l’assassinat plus épouvantable que celui-là. Et, ce qui est le plus étrange – le plus déplorable aussi – c’est que ce misérable ait pu, pendant des années, échapper à toutes les recherches, à tous les soupçons même. Il est vrai que dans les circonstances où il commettait ses crimes, il était difficile de le découvrir. Il choisissait ses victimes à la campagne, dans les champs, dans les bois, dans des endroits éloignés les uns des autres, de sorte que les divers Parquets, opérant sans entente entre eux, ne pouvaient établir entre ces attentats la connexité, la concordance qui eût peut-être aidé à en connaître l’auteur. C’était des bergers, des bergères qu’il surprenait, tuait et souillait.
Ne nous entousiasmons de rien. Pensons que si Dieu a voulu tant éprouver notre jeunesse c’est pour notre bonheur. À nous de prendre courage. À nous de savoir causer à noire tour et de montrer que le temps, la Providence, l’expérience nous a appris plus de belles choses que tous les satyrs de notre pauvre jeunesse. A nous de manger les poires mûres, À nous surtout de rester toujours entre les mains de notre Chère Providence dont nous sommes deux de ses plus chers instruments assurément pour le seul motif que nous sommes les plus proches de ses amis les pauvres et les faibles.
...cette Providence qui veille et prends soin des plus petits oiseaux du ciel ne pouvait oublier de faire sentir sa main protectrice à deux pauvres têtes sans expériences et dont ni les Parents ni la Société n’avaient su leur donner tous les secours morales ou matérielles dont le cours de la vie nous demande. Après avoir été enfermé de longs mois dans ce triste et abominable établissement de Dole dont il me serait trop long de t’énumérer toutes les orgies infâmes que j’ai vu si passer j’ai été remis à mon pays. Le Directeur m’avait fait promettre d’être tranquille en route, mais il savait le pourquoi… Je lui ai bien fait la promesse mais dès la première gare de Dole a mon tour j’ai pris la parole est à Dijon Macon Lons le Saulnier j’y ai fait verser plus d’une larme en dévoilant les cachettes que nul ne peu apprendre d’une autre manière que tout agent de ses maisons y ai compromis ou on le fait compromettre au plus tôt par quelques fautes pour leur sécurité même.
On a fait des perquisitions chez moi, j’ai été interrogé, au parquet, un certain nombre de fois, et je vous assure que si on ne m’a pas arrêté, j’ai tout autant souffert, et maintenant que je vois comment les choses ont tourné, j’aurais mieux aimé faire de la prévention que d’être continuellement en butte à toutes les accusations dont je suis l’objet et à toutes les tortures que l’on me fait subir. » On a rendu en ma faveur une ordonnance de non-lieu ; mais, pour tout le monde, je reste l’assassin. J’ai quatre petites filles ; vous pouvez vous rendre compte de l’avenir épouvantable qui leur est réservé si on ne parvient pas à découvrir le véritable coupable.
les joies inépuisables de la cuisine[...]cette activité simple, au résultat immédiat, et tournée vers les autres, était ce qu'il fallait pour oublier.
Je n'avais jamais été le roi de la cours de récré, mais ma tête était peuplé de plus d'amis qu'aucun de mes camarades n'aurait pu en rêver.
L’organisation est un maître dont je ne voulais surtout pas, mais j’ai plié. Le plaisir de l’action a toujours été fort. Et là, il faut mettre en place, construire, structurer, motiver, orienter… et imaginer !
Travailler avec des sujets clivés amène à réfléchir sur la complexité de la construction de la personnalité. Beaucoup étaient des enfants du placard : certains avaient vécu des histoires tellement difficiles qu’on se demandait si elles pouvaient être vraies. Certains faits étaient tristement et affreusement banals, d’autres à l’inverse, absurdement raffinés dans leur perversion. Peu importaient les histoires car il s’agissait de faire apparaître la vraie histoire, celle que le patient ne connaissait pas et qui sous-tendait ses actes à son insu. Nous réussîmes parfois.
Les techniques de prévention de la récidive consistaient en un travail avec le patient sur la mise au jour de sa chaîne délictuelle. Comme ce violeur qui, après une dispute le soir avec sa compagne, consomme de l’alcool, prend sa voiture à la nuit tombée et roule machinalement vers un parking désert. La première passante sera sa victime. L’identification de la chaîne délictuelle permet au patient de repérer ses comportements à risque. Le schéma érotique englobe l’ensemble de la situation : en commençant à rouler seul, de nuit, après une dispute alcoolisée, le sujet s’engage dans une voie excitante, d’emblée sexualisée, dont le viol sera le point culminant, qu’il lui sera difficile (jamais impossible) de ne pas réaliser. En revanche, redescendre tout de suite de la voiture peut être facilement décidé, et en pleine conscience.
La contention est un soin intensif, attentif : il faut parler au patient pendant qu’on lui met son maillot, lui expliquer même s’il vocifère, ce qui n’est pas si fréquent car souvent la mise en camisole se passe bien. Je pense que le patient est rassuré par la solidité de l’institution qui ne se brise pas comme éclate sa propre enveloppe psychique sous le joug de sa mégalomanie. Il ne faut pas croire que le malade délirant est heureux de sa puissance supposée : il souffre d’une atroce absence de limites qui le rend éternel mais dissous.
Toutes ces vieilles personnes étaient vivantes mais désignaient l’absurdité des destins. Finalement, ces patients étaient des sages et comprenaient ce que nous refusions d’accepter. Dans l’unité, leurs vies étaient suspendues, légères, quelquefois amusantes.
Les vieux déprimés donnent l’impression d’être déments. Il faut faire l’épreuve thérapeutique des traitements antidépresseurs à dose normale et souvent le miracle se réalise : l’âme revient. Les troubles cognitifs sont majorés ou déclenchés par la vague dépressive. Les sentiments négatifs et l’effondrement de l’humeur détruisent l’intelligence. On sauvait des mamies désespérées. Certains et certaines mouraient aussi, d’autre chose, et je compris que la vie institutionnelle était empreinte de l’imaginaire dans lequel elle se déployait : la folie en psychiatrie, la psychopathie en prison, et la mort en gériatrie. Il fallait accompagner les soignants dans cet univers et avec cet horizon. J’aimais cette idée : l’institution porte le rêve ou le cauchemar de ce qu’elle contient. Personne n’y peut rien mais il faut le connaître au mieux pour pouvoir l’apprivoiser.
Certes, j’aimais la beauté de la science et m’émerveillais de l’équilibre ingénieux des organisations vivantes, mais je voulais avant tout faire de la musique. Le projet professionnel que je chérissais n’existait pas dans le cerveau intelligent et conventionnel de ma mère, énergique et entêtée, qui me mit à la guitare dans un but de sociabilité.
Le danger, c’est ce qui me motive. Je n’ai pas quitté le confort que me proposaient mes parents pour m’installer dans un autre.
Difficile d’évoluer dans la nuit autour du lit, d’ouvrir les tiroirs ou de soulever les tableaux sans tirer les dormeurs de leur sommeil. Pendant que l’un fouillait, l’autre veillait sur la couche.
Charmant de se dire que l’on peut parfois accueillir chez soi des convives en repérage.
Les femmes, quand ça se met à faire de la politique, c’est plus enragé que les hommes.
Paris commençait à lui plaire. S’ouvrant à lui comme une fille facile. Puisqu’il fallait vivre, autant vivre à plein régime.
À force de fréquenter la même auberge, il avait terminé dans les bras de l’aubergiste. Cela lui faisait moins de chemin pour regagner son lit tous les soirs.
Exercer tous les métiers, jouer tous les rôles, avoir l’air solide, protecteur, ou au contraire affaibli. Pour séduire ceux qui ont du cœur.