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Citations de René Bazin (116)


PRÉFACE de René Bazin
Désormais le nom de Paul Henry est acquis à l’histoire militaire de notre pays. L’enseigne de vaisseau qui a commandé, au nom de la France, un détachement de marins français, défendu un poste où flottait le drapeau français, soutenu un siège de deux mois, sauvé trois mille personnes, et qui est mort au moment où les alliés allaient entrer dans Pékin, aura sa page glorieuse dans les annales de notre marine. Il aura aussi le souvenir attendri des âmes qui sauront ou qui devineront à quelles sources cet enfant avait puisé la force calme, le mépris du danger et, mieux que cela, la joie devant le danger. On revendiquera l’honneur de l’avoir connu, d’avoir été son ami, son maître, son camarade. On dira quelle enfance et quelle jeunesse avaient préparé cette fin de vie héroïque, et la pensée de la perfection de la vie, non moins que celle du martyre final, haussera dans les esprits cette jeune gloire jusqu’à la vénération. J’ose dire qu’il en est ainsi déjà. De toutes parts l’hommage est venu à la mémoire de Paul Henry ; d’innombrables lettres ont été adressées à sa famille, par des officiers généraux de la marine, des camarades d’école, des compagnons de la campagne de Chine, de simples matelots qui aimaient leur chef, des prêtres qui l’ont connu, des religieuses qu’il a défendues et sauvées ; son nom a été cité, avec de rares éloges, dans les rapports officiels de notre ministre en Chine et du commandant Darcy ; on l’a donné à un bateau employé au service du corps expéditionnaire entre Takou et le Peï-Ho ; la promotion du Borda, dont faisait partie le jeune officier, les chefs et les camarades qu’il eut à bord du D’Entrecasteaux, ont fait élever par souscription, sur la terre de Bretagne, un monument à l’enseigne Henry ; un évêque missionnaire, à peine sorti d’une ville où il a failli périr, pressé d’y retourner par l’appel de tous les malheureux laissés derrière lui, est venu apporter son témoignage aux parents de son défenseur et leur remettre le drapeau de la cathédrale assiégée. C’est de toutes façons et de tous côtés que la louange s’est élevée, pour affirmer que les âmes ont été émues, en face de tant de jeunesse, de bravoure, de malheur et d’honneur.

Pour moi, j’ai tout de suite pensé, dès que j’ai connu la mort de Paul Henry, qu’il fallait qu’un jour le récit fût publié de cette trop courte vie. J’ai senti que, si peu que mon effort dût ajouter à une gloire déjà acquise, il y avait, à le tenter, une sorte de devoir.

Il importait, en effet, que ces exemples et ces hommages ne fussent pas perdus. Et ce fut la première raison qui me détermina, non pas à écrire la vie de l’enseigne Henry, — mon rôle a été beaucoup plus simple, — mais à mettre en ordre le plus souvent et à résumer quelquefois les documents qui la racontent.

J’étais heureux, également, de rendre cette justice et ce dernier devoir à quelqu’un que j’ai connu et aimé, qui appartenait à une famille depuis longtemps liée avec la mienne, qui fut mon compatriote, l’ami de mon fils et le fils d’un de mes amis.

S’il m’avait fallu, enfin, une dernière raison pour m’engager à entreprendre ce travail, je l’aurais trouvée dans l’opportunité de la leçon qui s’en dégage. Il est bon et réconfortant, à une époque où les sujets de tristesse ne manquent pas sans doute, mais où ils sont trop souvent exploités comme une excuse à ne rien faire, de regarder l’exemple de ce jeune homme, qui n’a douté ni de Dieu, ni de la France, ni de ses chefs, ni de ses soldats, ni des moyens, bien faibles humainement, qu’il avait de triompher, et qui est mort sans doute, mais qui est mort victorieux, en sauvant la mission confiée à sa garde.
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deux demandes de secours…

— Mais, ce n'est pas ça !

Le poing d'Hellmuth s'abattit sur la table.

— Vous vous moquez de moi, Baltus ! Belles nouvelles, en effet ! Parlez donc de l'autre, de celle qui tourne les têtes…

— Les cœurs aussi…

— Ah ! enfin, vous y venez ! Je n'aime pas beaucoup ces manières-là. Vous avez assisté à une réunion d'instituteurs, à Saint-Nabor, où les plus graves indications vous ont été données…

— Professionnelles, monsieur le maire.

— Et politiques ! Tout un régime changé ! Osez-vous dire que cela ne concerne que la profession ? Les journaux nous ont appris les intentions du ministère, mais j'ai besoin que vous me fournissiez des renseignements plus particuliers.

— Je n'en ai pas, monsieur le maire, et, si j'en avais, je ne vous les communiquerais pas, parce que les avis donnés aux instituteurs regardent les instituteurs…
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René Bazin
"On a trois ou quatre fois dans sa vie l'occasion d'être brave, et tous les jours celle de ne pas être lâche."
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Il y a beaucoup de vertus supérieures ou de qualités éminentes, la générosité, le désintéressement, l’amour de la justice, le goût, la délicatesse et une certaine fleur d’héroïsme, qui se rencontrent, plus abondamment qu’ailleurs, dans le passé et aussi dans le présent de cette nation-là.
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Mon Dieu, nous avons souffert dans nos corps, dans nos biens ; nous souffrons encore dans nos souvenirs. Faites durer nos souvenirs cependant, et que la France non plus n’oublie pas ! Faites qu’elle soit la plus digne de conduire les nations. Rendez-lui la sœur perdue, qui peut revenir aussi…
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Le vrai nom de sa paresse était fantaisie, imprudence et curiosité sensuelle. Mais cet ardent esprit, capable de réflexion, ne regarderait pas la vie sans en comprendre les leçons, ne lirait pas ce qui lui plaisait sans prêter attention à ce qui le condamnait, sauf à rejeter la conclusion. Foucauld était un intellectuel livré aux sens, mais capable de les dominer, si quelque grand événement – au fond, la grâce de Dieu, – lui montrait son erreur.
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– Franzosenkopf ! Tête de Français ! Quel étrange caractère que celui de ce peuple, qui ne peut pas prendre son parti d’avoir été conquis, et qui se croit déshonoré quand les Allemands lui font une avance ! 
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Il avait hâte de la voir, cette France mystérieuse, qui tenait dans ses rêves, dans sa vie, une si large place, celle qui rompait l’union de sa famille, parce que les anciens, quelques-uns du moins, demeuraient fidèles à son charme, la France pour qui tant d’Alsaciens étaient morts, et que tant d’autres attendaient et aimaient de l’amour silencieux qui fait les cœurs tristes.
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Les semaines les plus sombres de l’année étaient venues. Tout le jour et toute la nuit, les nuages de grande pluie passaient, se succédant presque sans intervalle. La mer avait mis en eux la vie et la nourriture pour des milliards d’épis, et de fleurs, et d’arbres, et d’hommes, pour plus de plantes et d’êtres vivants qu’il n’y en avait sur la terre. Elle avait commandé au vent : « Distribue les forces, et ce qu’il y a de trop reviendra dans l’abîme pour en sortir de nouveau ». Et le vent mouillait les pays du Nord.
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Bientôt les pluies commencèrent à tomber. Les grands labours, pendant des semaines, occupèrent et lassèrent les hommes, les chevaux, les boeufs. Le jour se leva plus tard et s’abîma plus vite dans des brouillards qui se tenaient, tout l’après-midi, roulés à petite distance des champs où l’on travaillait, et qui déferlaient, dès que le soleil faiblissait. Puis l’époque vint de récolter les betteraves. Dans les terres détrempées, Gilbert et ses camarades conduisaient maintenant les chariots à quatre roues, remplis de betteraves, jusqu’à la sucrerie d’Onnaing. Les six boeufs nivernais n’étaient pas de trop pour arracher la voiture aux ornières que l’énorme poids creusait sous le cercle de fer des roues. Il fallait s’arrêter pour faire souffler les bêtes.
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René Bazin
« Le monde change d'aspect quand on arrive à ne plus considérer les hommes que comme des âmes en route vers leur destinée éternelle »
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N'est pas beau ce qui est beau , mais est beau ce qu'on aime .
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La ligne collatérale [des Baltus] était demeurée dans l’ombre, en tout cas ; elle avait mérité d’une autre manière : au service du blé, du seigle, de l’herbe et de la forêt.
(p. 14, Chapitre 2, “Les trois Baltus”).
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C’étaient quelques grandes dames qui avaient leur habitation aux environs, des baigneuses installées pour l’été dans les villas de la côte, de vieilles filles pauvres, errantes et dignes, comme il en abonde en Angleterre, et qui venaient de Westgate, de Birchington, de Minster, de Deal, d’autres coins encore de ce Kent réputé pour son climat tiède et pour son air excitant et léger. Toutes ces personnes avaient été présentées les unes aux autres, soit qu’elles fussent des invitées, soient qu’elles fissent partie du club de tennis de Westgate. Elles formaient un groupe fermé, lié par un rite, une sorte d’aristocratie passagère où beaucoup d’entre elles étaient fières de se montrer. Le ton de la conversation était enjoué. Les jeunes filles et les joueurs qui avaient été éliminés du tournoi s’arrêtaient un moment, et se mêlaient à cette petite cour mondaine, où une femme surtout était entourée, adulée et comme royale. Puis, ils se dirigeaient vers une cabane, située au milieu du rectangle que divisait une haie de fusains, et autour de laquelle étaient disposées des tables pour le thé.
– À tout à l’heure, lady Breynolds ?... Je suis sûre, chère lady Breynolds, que Réginald va gagner !...
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Madame L’Héréec, ne voulant pas travailler ce soir-là, avait pris une plume, et s’était mise à repasser à l’encre de Chine des parties à demi effacées du dessin, pour occuper l’activité de ses mains adroites et fines.
Elle faisait deux ou trois traits, à petits coups, et se renversait en arrière, pour juger de l’effet. Simone lisait, les paupières baissées, sans hâte, marquant d’un sourire aussitôt effacé des passages qui lui plaisaient.
Pauvre madame Corentine L’Héréec ! ceux qui l’avaient vue autrefois l’auraient facilement reconnue. Elle avait à peine vieilli : toujours le même teint de blonde, la même mine chiffonnée, dont l’expression naturelle était le rire, les lèvres minces, mobiles sur de petites dents blanches, le nez court, et ces jolis yeux bleus, peu profonds, mais si vivants ! C’étaient les mêmes cheveux ondés, de couleur cendrée, presque trop abondants, qu’elle tordait et attachait très bas sur la nuque. La finesse du cou ne s’en voyait que mieux, un cou d’enfant, d’une pâleur bleuissante par endroits, et qui sortait élégamment de la robe noire échancrée, comme jadis du col blanc de la Perrosienne.
Oui, ceux de Perros-Guirec et de Lannion, les gens de son enfance et de sa première jeunesse l’auraient retrouvée : mais ils auraient perdu sans doute quelques-unes de leurs préventions, en voyant cette chambre de King Street. La propriétaire de la Lande fleurie, arrivée dans l’île avec le mince capital de sa dot restituée, avait su, grâce à une entente parfaite du goût moyen, du caprice banal et limité du touriste, monter une sorte de bazar qui avait réussi, chose étonnante, près du double public anglais et français.
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– Ils me demandent pour être nourrice !
Louarn devint sombre. Ses joues plates, couleur de la mauvaise terre blanche qu’il remuait, se creusèrent :
– Qui donc ? fit-il.
– Des gens ; je ne sais pas : leur nom est là. Mais le médecin, c’est celui de Saint-Brieuc.
– Et quand donc tu partirais ?
Elle baissa le front vers la table, voyant combien Louarn était troublé.
– Demain matin. Ils me disent de prendre le premier train... Vrai, je ne m’y attendais plus, mon homme !...
L’idée leur était venue, en effet, avant la naissance de Joël, que Donatienne pourrait trouver une place de nourrice, comme tant d’autres parentes ou voisines du pays, et la jeune femme était allée voir le médecin de Saint-Brieuc, qui avait pris le nom et l’adresse. Mais, depuis huit mois, n’ayant pas eu de réponse, ils croyaient la demande oubliée. Le mari seul en avait reparlé, une ou deux fois, pour dire, au temps de la moisson : « C’est bien heureux qu’ils n’aient pas voulu de toi, Donatienne ! Comment aurais-je fait, tout seul ! »
– Je ne m’y attendais plus ! répétait la petite Bretonne, le visage éclairé en dessous par la chandelle. Non, vraiment, cela me fait une surprise !...
Et voilà que, malgré elle, son cœur s’était mis à battre. Le sang lui montait aux joues. Une joie confuse, dont elle avait honte, lui venait de ce papier blanc qu’elle regardait maintenant sans rien lire : c’était comme une trêve à sa misère, qui lui était offerte, une délivrance des soucis de sa vie de paysanne obligée de nourrir l’homme, de s’occuper sans repos des enfants et des bêtes.
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Que deviendraient nos poumons sans la mer, et nos pauvres cervelles, et nos nerfs, transformés en fils électriques à courant continu ? La campagne n'a plus assez de maisons pour les surmenés qui ont besoin de repos, et c'est tout le monde. Elle ne remet pas à neuf en trois semaines. Il lui faut une saison, un printemps, un été. Elle travaille lentement, comme les boeufs, et nous n'avons pas le loisir d'attendre. La mer, qui est le grand réservoir de vie, s'est chargée de nous. Elle nous sale et nous conserve...
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J'ai presque honte de dire que la belle musique produit chez moi des effets littéraires, et que j'imagine, en l'écoutant, des histoires auxquelles, sûrement, ni Beethoven ni les autres n'avaient jamais songé. Je suppose même qu'il en est ainsi pour tout le monde, et que les notes ne sont que des ailes pour aller plus vite vers les régions de la pensée où l'habitude nous porte, que les amoureux pensent de suite à leurs amours, les gens heureux à leur nid, les âmes saintes au paradis, les poètes au monde des légendes, et que toutes les âmes s'envolent ensemble, mais vers des rêves qui diffèrent.
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La reconnaissance est toujours en retard sur la joie : c'est un fruit d'automne chez les heureux, et qui ne mûrit pas toujours.
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Elle exprimait une joie si vraie d'achever sa vie, et une commisération si charitable pour nous qui la commencions, que, sans comprendre tout, nous avions l'impression d'une amitié supérieure à celles de beaucoup d'autres personnes, et qui nous enveloppait tout entiers, présent, avenir et éternité ! Il nous semblait vaguement qu'elle avait autant de pitié pour nous que de tendresse, et qu'elle songeait : « Pauvres petits, vous allez donc vivre, et voir ce que j'ai vu, et souffrir, et courir tant de risques de corps et d'âme, et vous riez !... »
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