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Citations de René Daumal (312)


Notre pauvre expérience, — celle de notre abrutissement progressif, — qu'est-elle auprès de la science millénaire d'un être qui en neuf mois s'est métamorphosé tour à tour en moulin à café, en bégonia, en éponge, en holoturie, en lombric terricole, en sardine, en couleuvre, en canard, en souris, en vache, en ouïstiti avant de sortir de la chair maternelle, petit vieillard gluant et rose, haut de trente-trois centimètres.

[Roger Gilbert-Lecomte]
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[Le poète] s’exprime par ce qu’il rejette et projette de soi, et si l’on dit admirables les images qu’il nous propose, c’est toujours au « NON » caché derrière elles que va notre admiration.
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Vous savez […] qu’un corps quelconque exerce une action répulsive de ce genre sur les rayons lumineux qui passent près de lui. Le fait, prévu théoriquement par Einstein, a été vérifié par les astronomes Eddington et Crommelin, le 30 mai 1919, à l’occasion d’une éclipse de soleil; ils ont constaté qu’une étoile pourrait encore être visible alors qu’elle se trouve déjà, par rapport à nous, derrière le disque solaire. Cette déviation, sans doute, est minime, mais n’existerait-il pas des substances encore inconnues —inconnues, d’ailleurs, pour cette raison même, capables de créer autour d’elles une courbure de l’espace beaucoup plus forte? Cela doit être car c’est la seule explication possible de l’ignorance où l’humanité est restée jusqu’à présent de l’existence du Mont Analogue.
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Il est clair que, lorsque nous parlons en géométrie d’un « triangle inscrit dans un cercle », il vaut mieux que nous ne pensions pas à l’image d’une « triple angoisse gravée au-dedans d’une chose qui tourne », ce qui serait étymologiquement exact.
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Il faut faire le désespoir des hommes, pour qu’ils jettent leur humanité dans le vaste tombeau de la nature, et qu’en laissant leur être humain à ses lois propres, ils en sortent.
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L’homme, à sa fenêtre, sent grandir en lui monstrueusement un sauvage désir animal d’aller lui aussi hurler et danser au clair de lune, de courir en grelottant sous la lumière glacée, et de s’aventurer jusqu’aux maisons pour épier le sommeil des hommes, et peut-être enlever un enfant endormi.
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Tout ce que je veux dire maintenant, c'est qu'on était saouls et qu'on avait soif.

Et nous étions beaucoup à être seuls.
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LA CONSOLATRICE


Le silence aggravait la perte d’un ami,
les flammes des bougies se figeaient en fleurs blanches,
alors je me montrais du doigt dans les miroirs.

Des tiroirs s’ouvraient seuls au souffle du matin,
un soleil aplati se glissait dans ma main,
je faisais des calculs stupides en bavant.

Une femme entra, aux yeux blancs d’ivoire,
me tendit les bras et sourit, elle avait
à la place des dents des morceaux de chair rouge.

p.121
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LA PEAU DU MONDE

Je vis et je vais m'interrogeant de la vie
et l'image méconnaissable de moi-même,
ce monde d'air, de roc, de maisons, de lumières,
de millions de visages sans lois, sans voix,
ce cuivre, ce bois verni, ces souffles, ces cris,
tournent, couleurs à fleur de peau,
formes touchées, mangées, où suis-je?

(Non, non, ce n'est pas une devinette,
hélas, ce n'est pas une devinette,
que ce soit ici ou ailleurs,
je ne me reconnais plus.)

Ordre si fragile de la géométrie,
ne me prodigue plus les consolations de ton cœur de fer.
Ces jours, je vais dans les couleurs et les sons mêlés,
et je vois la nuit dans les plus vives lumières,
monde, monstrueux fantôme,
ton jour est la plus vide des nuits.
Une vois dit : "Où suis-je? qui suis-je?"
Est-ce ma voix dans ce désert?
La surface de chaque chose
est tendue par la nuit qui la gonfle,
--Oh! cette nuit en voiles de soleil!
Oui, cette parole dans la bulle d'illusion,
cette parole perdue,
ce n'est jamais que la mienne.
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Les premiers jours, le bavardage éperdu des milieux intellectuels parisiens est intolérable ; on bavarde de tout par peur d’un silence où la pensée, toujours gênante, pourrait se glisser. Et puis on s’habitue. On apprend à faire tantôt l’idiot, tantôt l’intelligent, selon les besoins. Et quand quelqu’un vient vous dire que « ce sont seulement des questions de vocabulaire qui nous séparent », on finit par se résigner à ne pas dire que ce sont parfois aussi des questions de désinfection.
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Il s'était assis, et je vis que cet homme devait avoir une raison en acier pour résister à la pression de la folie qui bouillonnait en lui.
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Autrement, de langage on tombe en parlage, de parlage en bavardage, de bavardage en confusion. Dans cette confusion des langues, les hommes, même s’ils ont des expériences communes, n’ont pas de langue pour en échanger les fruits. Puis, quand cette confusion devient intolérable, on invente des langues universelles, claires et vides, où les mots ne sont qu’une fausse monnaie que ne gage plus l’or d’une expérience réelle ; langues grâce auxquelles, depuis l’enfance, nous nous gonflons de faux savoirs. Entre la confusion de Babel et ces stériles espérantos, il n’y a pas à choisir. Ce sont ces deux formes d’incompréhension, mais surtout la seconde, que je vais essayer de décrire.
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Fièvre blanche


Extrait 3

Le velours de nuit descend en soi-même,
le vide s’arrondit sous un travail obscur
et tombe en perle noire droit au fond de moi-même
et de là regarde.

Une fièvre argumente et ferme ma prison ;
ai-je lu que tout était perdu,
ai-je lu que j’étais sauvé ?
je suis seul enfermé avec ma sœur la maladie,
la blanche multiforme, la dépouilleuse ;
ce dernier hôpital est un cube sans portes
et qu’ai-je lu sur le mur blanc ?

une lueur bleue serpente sur ma peau
la mange et me dessèche
je ne sais pas ce que j’ai su.
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René Daumal
La poésie blanche va à contre-pente,
elle remonte le courant ,comme la truite,
pour aller engendrer à la source vive...
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D’un fruit qu’on laisse pourrir à terre, il peut encore sortir un nouvel arbre. De cet arbre, des fruits nouveaux par centaines.

Mais si le poème est un fruit, le poète n’est pas un arbre. Il vous demande de prendre ses paroles et de les manger sur-le-champ. Car il ne peut, à lui tout seul, produire son fruit. Il faut être deux pour faire un poème. Celui qui parle est le père, celui qui écoute est la mère, le poème est leur enfant. Le poème qui n’est pas écouté est une semence perdue. Ou encore : celui qui parle est la mère, le poème est l’œuf et celui qui écoute est fécondateur de l’œuf. Le poème qui n’est pas écouté devient un œuf pourri.
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Nous avions l’air de plus en plus pensifs, mais en fait nous l’étions de moins en moins.
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La croyance chrétienne en une vie unique sur cette terre, au bout de laquelle l’homme sera jugé définitivement et sans appel, est vraie si le fidèle, en conséquence, comprend qu’il n’a pas une seconde à perdre pour travailler à son perfectionnement, elle est fausse s’il en conclut que, Dieu sachant tout, son sort est prédestiné et qu’il n’a rien à faire qu’attendre, dans l’inertie et le laisser-aller […].
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Tout le drame de l’art se joue entre l’opération spontanée et l’application des canons et des règles. Et l’on pourrait dire de toute œuvre belle qu’elle est un traité de paix entre ces opposés.
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Le seul essai de comprendre cette « mentalité primitive » prouve qu’il existe une région commune de l’esprit humain […] ; c’est en ce lieu, antérieur au mot abstrait, qu’une synthèse consciente est possible, et l’on y parviendra autrement que par les moyens du discours.
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Dans son usage rituel, le Bardo Thödol a pour but de guider l’homme dans la décisive expérience de la mort, de lui rappeler les enseignements du lamaïsme, et de l’aider à profiter de cette occasion unique de se réveiller et d’échapper au cycle des renaissances. […]
Le Bardo Thödol donne donc, dans un laps de temps de 49 jours, toute la série des expériences qui peuvent, dans le cours d’une vie, donner à l’homme des occasions de s’éveiller.
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