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Critiques de René Daumal (52)
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La grande beuverie

Il faut vivre pour boire, et z’il faut boire pour vivre…

Daumal aurait pu jeter ça dans la sciure, parmi les résidus de mots et de phrases non-perçus, s’accumulant aux pieds des gens, parmi les mégots, pour ne plus servir à rien. Il parle de cela, mais personne ne l’écoutera, alors il fabule, c’est tellement mieux.

Un rêve de morphinique, là… bien linéaire… avec cet infirmier comme Monsieur Loyal, dans ce pays sans haut ni bas qu’est le coma face-paillase, tâtant du tonnelet-tatin pour nous narrer un monde dont l’absurdité n’a rien à envier au notre.

On connait tous ces quelques vérités, miroitées à l’aide de ce surréalisme de livre-dont-vous-êtes-le-héros, d’une trace à suivre dans l’autre sens.

Affreusement soif il fait… des shadoks ayant démonté la pompe, pensant alors que l’eau bénite suffirait…

Rien de bien compliqué au fond… même des éléments de prescience dans ce soi-disant rêve éthylique… comme un parfum de la culture numérique actuelle…

Personne ne se fout de vous lorsqu’elle raconte : « D’autres jouaient à se laisser tomber la tête la première d’en haut d’une échelle, et celui qui, tombant de la plus grande hauteur, arrivait à se relever dans les dix secondes, recevait le titre de champion et beaucoup d’applaudissements. »

Chacun pourra y voir finalement ce qu’il veut, tant qu’on lui laisse encore le choix.

De la littérature à consommer avant midi, toujours plus grave qu’on ne l’aimerait.
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Le Mont Analogue

« Le Mont Analogue » est un court roman mythique et inachevé publié en 1952, après la mort précoce de son auteur fauché par la tuberculose en 1944.



« Les Monts Analogues de René Daumal » est ce qu’on appelle communément un « beau livre » qui propose une superbe ré-édition du roman de Daumal, enrichie de photos, de croquis, de textes inédits, d’entretiens, de commentaires ainsi que d’une préface et d’un épilogue rédigés par Patti Smith.



Cet ouvrage très riche permet d’appréhender le parcours pour le moins original d’un auteur méconnu, mystique et lumineux. Si le halo mystérieux qui entoure depuis sa parution « Le Mont Analogue » reste intact, tout l’intérêt du livre est de revenir sur les nombreuses influences qui ont marqué l’œuvre trop brève de Daumal ainsi que sur son étonnant succès de l’autre côté de l’Atlantique.



On comprend en lisant la préface de Patti Smith, la fascination exercée par Daumal sur la contre-culture américaine des « radical sixties ». On saisit également ce que la postérité du « Mont Analogue » doit au succès de sa traduction en américain, prenant la forme d’ouvrages aux couvertures déjantées d’inspiration hindoues qui évoquent davantage un album de George Harrison que l’œuvre d’un poète-montagnard français né en 1908.



Lorsque Patti Smith mentionne dans sa préface tout l’intérêt que Daumal portait à l’œuvre d’Arthur Rimbaud, j’ai aussitôt songé aux quelques lignes que l’on trouve au dos de l’album « Desire » de Bob Dylan, l’icône absolue de la contre-culture, dont Patti Smith est l’une des plus ferventes admiratrices.



« Where do I begin … On the heels of Rimbaud moving like a dancing bullet thru the secret streets of a hot New Jersey night filled with venom and wonder. »

« Là où tout a commencé … Sur les talons de Rimbaud déambulant tel une balle dansant à travers les rues secrètes d’une nuit moite du New Jersey emplie de venin et de merveilles ».



De Rimbaud à Dylan en passant par Patti Smith et René Daumal, j’ai compris que l’ouvrage dirigé par Boris Bergmann tissait une toile étrange, s’étalant sur plus d’un siècle, qui débute dans les Ardennes (région de naissance de Rimbaud et de Daumal) à la fin du XIXème siècle pour s’achever sur la côte Est des Etats-Unis à la fin des années 70, lorsque l’adaptation cinématographique obscure du « Mont Analogue » devient un film culte à New York, portée par l’adoration que lui vouent John Lennon et Yoko Ono.



Le parcours de Daumal s’inscrit dans cette toile poétique, qui embrasse les poètes maudits (le bel Arthur), les princes de l’absurde (Alfred Jarry) ainsi que ses acolytes lycéens de Reims, Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vaillant et Robert Meyrat avec qui Daumal formera le « Grand Jeu » afin de retrouver « la simplicité de l’enfance et ses possibilités de connaissance intuitive et spontanée » par des pratiques de recherches extrasensorielles, mêlant exploration de textes mystiques et usage de drogues aussi variées que dangereuses qui lui endommageront à tout jamais les poumons.



La vie et l’œuvre de Daumal tirent ainsi un fil étonnant qui, de la thèse de l’unité transcendantale de toutes les religions de René Guénon aux délires syncrétiques de Gurdjieff trouve sa cohérence dans la quête sincère qui habitait l’auteur du « Mont Analogue ». Il semble que l’hindouisme ait néanmoins tenu une place centrale dans la mystique « daumalienne » notamment inspirée par la lecture assidue des Upanishads ainsi que de la Bhagavad Gîta. Daumal avait appris le sanskrit très jeune, traduit une partie des œuvres citées et même élaboré une grammaire sanskrite qui fait encore référence et qu’il prêtera à Simone Weil, sa camarade de khâgne à Henri IV.



C’est finalement tout le mérite des « Monts Analogue de René Daumal » : partir d’un court roman inachevé, « un roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques », pour approfondir la quête mystique de son auteur et parcourir plus d’un siècle d’une recherche de liberté poétique, qui traversera l’Atlantique en quittant les Ardennes d’Arthur Rimbaud pour atteindre la côte Est de Bob Dylan.

Cette poursuite impossible d’un idéal mystique et poétique est sans doute l’une des clés d’interprétation du « Mont Analogue », cette montagne cachée qui unit la Terre au Ciel, dont le roman à la pureté de cristal de René Daumal nous conte l’improbable quête…
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Le Mont Analogue

Par les effets conjugués de la courbure de l'espace-temps et de la belle critique récente de mon ami babeliote Isidoreinthedark, le Mont Analogue m'est réapparu.

En effet, au début des années 60, alors que nous étions encore des lycéens boutonneux, mes camarades et moi partagions le goût pour des écrivains et poètes libertaires ou loufoques, tels Vian, Queneau, Ionesco, mais aussi Prévert, Desnos, etc…Il y avait aussi Daumal et le mythique Mont Analogue, mais je n'avais pas lu le livre en ce temps là.



Maintenant, c'est chose faite et ce fut un régal.

Le Mont Analogue, ce « roman d'aventures alpines, non-euclidiennes et symboliquement authentique » est un récit alerte, plein de fantaisie, d'humour, malicieusement pseudo-scientifique, mais aussi une sorte de quête initiatique, de dépouillement du superflu.



Tout part d'un article écrit par le narrateur, Théodore, qui, passant en revue les différentes mythologies, évoquait le passage à la « normalité » de ces montagnes mythiques, Mont Olympe, Mont Sinaï, etc…et avançait son hypothèse de l'existence, unique géographiquement, d'une montagne symbolique, le Mont Analogue, « dont le sommet est inaccessible et la base accessible ». Cette élucubration va l'amener à être contacté par un savant extravagant, le Père Sogol, un ancien moine devenu inventeur, et ce dernier va lui affirmer sa conviction que le Mont Analogue existe.

Une expédition va alors se monter. Le Père Sogol va expliquer aux candidats au départ ses arguments en faveur l'existence du Mont Analogue fondés sur la courbure de l'espace-temps (la théorie de la Relativité Générale d'Einstein date de quelques dizaines d'années!), sa localisation probable et le moyen d'arriver à sa base.

Dès lors, c'est le roman d'aventures qui commence, agrémenté d'histoires pittoresques et loufoques, mais derrière lesquelles se dessinent à la fois une quête du dépouillement de soi et aussi une authentique fable écologique, mettant en avant la nature comme un tout, et la nécessité absolue du respect du vivant.



Mais malheureusement pour nous, le récit, qui devait comporter 7 chapitres, s'arrête au milieu d'une phrase du cinquième, car René Daumal ne le terminera jamais, emporté par la tuberculose à 36 ans.

A nous lecteurs frustrés d'imaginer la fin, ou peut-être l'absence de fin, de cette quête de l'inaccessible, ou de l'invisible, de l'au-delà, de l'infini.



Et tout cela écrit dans un style impeccable, d'une incroyable fraîcheur.
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Le Mont Analogue

Voilà un de ces sommets qu'on ne peut jamais parcourir jusqu'au bout. René Daumal, commençant la rédaction de le Mont analogue en 1939, apprit la même année qu'il était condamné par la tuberculose. Il mourut en effet peu de temps après, en 1944, et laissa un roman inachevé, dans l'élan d'une phrase suspendue par une virgule. Il ne manquait, vraisemblablement, plus que deux chapitres.





Comme l'indique le sous-titre de l'ouvrage, l'expédition vers le Mont analogue est un « roman d'aventures alpines non-euclidiennes ». La troupe qui s'embarque pour l'ascension de cet étrange massif illustre en effet les étrangetés permises par la théorie récente de la relativité restreinte :





«Vous savez […] qu'un corps quelconque exerce une action répulsive […] sur les rayons lumineux qui passent près de lui. le fait, prévu théoriquement par Einstein, a été vérifié par les astronomes Eddington et Crommelin, le 30 mai 1919, à l'occasion d'une éclipse de soleil; ils ont constaté qu'une étoile pourrait encore être visible alors qu'elle se trouve déjà, par rapport à nous, derrière le disque solaire. Cette déviation, sans doute, est minime, mais n'existerait-il pas des substances encore inconnues —inconnues, d'ailleurs, pour cette raison même, capables de créer autour d'elles une courbure de l'espace beaucoup plus forte? Cela doit être car c'est la seule explication possible de l'ignorance où l'humanité est restée jusqu'à présent de l'existence du Mont Analogue.»





On ne reviendra pas sur la facilité avec laquelle la troupe embarquée pour l'exploration du Mont Analogue parvient à braver cette difficulté : après tout, nous sommes aux premiers temps de la physique quantique et ses promesses permettent un enthousiasme qui pourrait expliquer comment notre groupe d'aventuriers réussit à découvrir le territoire sur lequel se situe le Mont Analogue. C'est comme lorsque du verre entre en résonance sous l'effet d'une certaine fréquence d'onde : ainsi, si chaque membre du groupe s'aligne sur une même fréquence, fonde sa cohésion dans la réalisation d'un objectif précis, le groupe réalisera le bond quantique que de moins tenaces ne réussirent pas à accomplir.





La découverte de l'île mystérieuse et de ses habitants constitue la première étape d'une expérience d'abolition de soi et de mise au rebut des attributs rassurants de ce qu'on croit être une identité. René Daumal cherche à confronter ses personnages au dépouillement de soi afin qu'ils escaladent, proche du néant et de l'absolu, le mont le plus élevé qu'il existe sur Terre. Nous n'en saurons pas davantage, mais j'imagine que le récit aurait pu se poursuivre avec le dénuement progressif, voire la disparition successive, de tous les compagnons d'aventure encore trop immatures pour réaliser l'oeuvre d'ascension spirituelle demandée par le Mont analogue. Rien de bien original ici, et René Daumal se montre très suggestif, déambulant avec ses gros souliers dans le magasin de porcelaine du roman. Il est bien meilleur dans ses essais et à ce titre-là, l'annexe du Traité d'alpinisme analogique résume de façon plus poétique et plus condensée ce Mont analogue. Il se suffit d'ailleurs à lui seul pour nous réconforter de l'inachèvement du roman.
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Le Mont Analogue

Ce livre est inachevé.

Ce livre est ineffable.

Ce livre est inébranlable.



L'auteur est un surréaliste qui a renié le Surréalisme.



L'inexpugnable Mont Analogue est une anamorphose, un logogriphe. Et pourtant clair comme une eau de source inespérée.



Une aventure de lecture inédite.
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La grande beuverie

Il est bien difficile de présenter l’originalité de René Daumal. On est toujours entre le conte philosophique, le roman d’aventures à la Jules Vernes, avec un zeste de surréalisme pataphysique à la Jarry…



L’incipit :

« Il était tard lorsque nous bûmes. Nous pensions tous qu’il était grand temps de commencer. Ce qu’il y avait eu avant, on ne s’en souvenait plus. On se disait seulement qu’il était déjà tard. Savoir d’où chacun venait, en quel point du globe (et en tout cas ce n’était pas un point), et le jour du mois de quelle année, tout cela nous dépassait. On ne soulève pas de telles questions quand on a soif. »



Le ton et donné…



« La grande beuverie » (1938), un des deux seuls textes publiés du vivant de l’auteur – l’autre, un recueil de poèmes publié en 1936, « Le contre-ciel » – est un texte pataphysique dans le sens où la pataphysique chère à Jarry n’est autre que la « science des solutions imaginaires » …

René Daumal, créateur de l’éphémère (trois numéros) revue « Le grand jeu », de 1928 à 1930 avec Roger-Gilbert Lecomte, Roger Vailland et le peintre Josef Sima, en quête de « l’au delà du réel » essayera de nombreux « véhicules » de « sublimation de la pensée » : éther, opium, et même du tétrachlorure de carbone, le produit chimique utilisé par les entomologistes pour conserver les papillons morts.

Dans la misère, il décédera de la tuberculose à trente-six ans, nous laissant ce texte parfois abscons, mais tellement beau par ailleurs… Un roman éthylique ? Pas seulement. Il y a du Blondin, là dedans, et du Blondin poète…

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Le Catéchisme

'PATAPHYSIQUE EN GUERRE !



On ne lit plus guère René Daumal.

On ne s'en souvient d'ailleurs guère plus.

On devrait !



Il est vrai que le grand admirateur de l'oeuvre d'Alfred Jarry, et l'un des premiers membres du fameux (fumeux) collège de 'Pataphysique, par ailleurs lecteur et traducteur du sanskrit et fin connaisseur de philosophies orientales, ayant à ce sujet des échanges épistolaires avec la philosophe Simone Weil, ami de Roger Vailland et de Roger-Gilbert Lecomte avec lesquels ils créera la revue "Le Grand Jeu", René Damual n'a malheureusement pas eu beaucoup de temps pour laisser son empreinte sur terre, celui-ci décédant, à Paris, de la tuberculose en pleine 2nde Guerre Mondiale. Il n'était alors âgé que de 36 ans, et n'avait pas eu le temps d'achever son oeuvre la plus magistrale, le Mont Analogue.



C'est donc une excellente surprise que font au lecteur les éditions de la Part Commune en proposant, dans sa collection "La petite part", cette sélection de quatre petits textes rares et méconnus de l'auteur de la grande beuverie.

Chacun, à sa manière, donne une petite idée du talent et de l'originalité de l'auteur.



Le premier, une brève nouvelle intitulée "Le catéchisme" est dans sa plus pure veine anticléricale. On y décéléra un cynisme décalé et subtil, mais drôle, bien éloigné du comique troupier et souvent ordurier de l'époque.



Avec "La guerre sainte", Daumal fait le procès, sans ambages mais avec un sens inné du renversement des propositions, de la guerre - le texte est de 1940 - et, surtout de tous ceux ayant appelé de leur voeux celle-ci, sans bien se rendre compte que le mot n'est pas la chose, que le mot n'est rien sans la chose, sauf, sans doute, pour le poète dont l'arme est, justement, le mot.



Le troisième texte, souvenir déterminant, résume les expériences que Daumal, ainsi que plusieurs de ses coreligionnaires ont effectué dès l'adolescence, se servant de tétrachlorométhane (un produit proche du chloroforme qu'il utilise pour "endormir", à jamais, les coléoptères qu'il collectionne), leur permettant de flirter, non sans prise de risque véritable, avec des états proches de ce que l'on appelle aujourd'hui des "expériences de mort imminente". Des expérimentations qui ne sont pas sans rappeler, pour d'autres effets, d'autres conclusions, celles poursuivit plus tard par le belge Henri Michaux.



Le quatrième, enfin, le plus étonnant peut-être, le plus poétique et beau, sans nul doute a pour titre : "Les dernièresparolesdupoète" (en un seul mot), contant, sous forme d'une sorte de cauchemar éveillé, les derniers moments d'un poète condamné à mort et les ultimes mots qu'il cherche à exprimer, en une sorte de cri primal poétique salutaire. Un texte troublant, malgré sa brièveté, puissant, violent, émouvant, si l'on songe à l'année durant laquelle il fut écrit -1944-, lui, poète sans réel domicile, marié à une femme juive et dont le premier époux est mort en déportation... Mais il en va de la vérité comme de la poésie et de la poésie comme des mots ; à moins qu'il n'y ait, au final, qu'un seul mot, et qui contiendrait tous les autres. Car, nous dit le poète condamné / Daumal, "voici donc mon premier et mon dernier poème. Un mot à dire, simple comme d'ouvrir les yeux. Mais ce mot me mange du ventre à la tête, je voudrais m'ouvrir du ventre à la tête et leur montrer le mot que je renferme. Mais s'il faut le faire passer par ma bouche, comment franchira-t-il l'orifice étroit, ce mot qui me remplit ?"



Question éternelle et infinie, insoluble et intrinsèque que le poète ne cesse de se poser à l'instant même où le mot, le mot de tous les mots, les mots du poème et de tous les poèmes, n'en peuvent plus de surgir, inépuisables mais rares, constitutifs de tout germe poétique , de la bouche d'ombre, ce passage étrange, tellement étroit, entre réel et irréel, éveil et rêve, vie et trépas.



Alors...



On ne lit plus guère René Daumal.

On ne s'en souvient d'ailleurs guère plus.

Mais vraiment : On devrait !
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Essais et notes I : L'Evidence absurde 1926..

René Daumal connaît la nature du rire absurde en sa qualité de pataphysicien et il sait que ce n’est pas drôle. C’est pourquoi on peut en rire tout le temps, avec force et méchanceté, jusqu’à sentir passer sur sa peau « le granuleux hérissement du sublime ».





L’essai consacré à Spinoza (« Le non-dualisme de Spinoza ou la dynamite philosophique ») nous aidera à mieux comprendre cette position limite, menaçante comme une crise épileptique. Il suffit de se souvenir que Spinoza a écrit : « L’âme en effet éprouve la Joie lorsqu’elle agit, c’est-à-dire lorsqu’elle connaît, et la Tristesse lorsqu’elle pâtit ». La joie ne doit pas être confondue avec le plaisir. La joie naît dans les souffrances de la connaissance. Elle est absurdement voulue malgré les souffrances mais se révèle savoureuse à un degré extatique que jamais les plaisirs subis ne sauraient égaler. Voilà ce qu’est la joie : la souffrance dans le but de connaître. Ce n’est pas une joie drôle, c’est le rire terrible qui veut faire éclater le scandale : l’humanité a appris le langage pour dissimuler ses angoisses. Oui, le langage ne serait qu’un lénifiant sans valeur, dévitalisé, abandonné aux bavards ensommeillés :





« Et si à nous autres pataphysiciens le rire souvent secoue les membres, c’est le rire terrible devant cette évidence que chaque chose est précisément (et selon quel arbitraire !) telle qu’elle est et non autrement, que je suis sans être tout, que c’est grotesque et que toute existence définie est un scandale. »





Lui, René Daumal, joue au « Grand jeu » sans règles et danse avec toute l’énergie flamboyante non de son corps -perdu à ses origines animales- mais de sa poésie, qui devrait être à l’image de ce déchaînement primaire. Forces tribales qui ne représentent pas la sympathique et naïve enfance des civilisations, ainsi qu’ont voulu nous le faire croire certains critiques d’art lorsqu’ils ont découvert les objets nègres, mais la violence sans mots de la vie.





« […] fourrez donc seulement la tête dans cette tête en viande d’arbre et en ficelle, pour voir du point de vue des millénaires ici présents, pour voir du point de vue du bout de bois, du dedans du dedans, du dehors du dehors […]. »





René Daumal donne le tournis et à la fin de la voltige, lumière : quelques réseaux de compréhension se seront retrouvés. La sauvagerie devient véritablement sublime, peuplée de ses arbres tortueux, de ses animaux charognards et de ses peuplades primitives, et nous fait regretter de n’être qu’un animal domestiqué.
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Le Mont Analogue

« Le Mont Analogue », si l’on en croit son sous-titre est un « roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques ». Il s’agit surtout un roman inachevé que René Daumal composa entre 1936 et sa mort de la tuberculose en 1944 ; et qui se termine en cours de chapitre V par : « Or ces guêpes, en butinant les fleurs, assuraient leur fécondation. Sans elles, une quantité de plantes qui jouent un grand rôle dans la fixation des terrains mouvants, »…

Les cinq chapitres qui composent l’ouvrage, leurs titres et le mini résumés qu’ils comportent font immanquablement penser à Jules Verne :

I. Qui est le chapitre de la rencontre

II. Qui est celui des suppositions

III. Qui est celui de la traversée

IV. Où l'on arrive, et où le problème de la monnaie se pose en termes précis

V. Qui est celui de l'installation du premier camp



Un récit de voyage, récit initiatique, conte philosophique…comme on voudra, mais surtout un récit issu de l’imagination débordante de son auteur, un temps proche des surréalistes : la base du Mont Analogue, une montagne qui gagne le ciel et relie la terre à l’au-delà, n’est elle pas découverte bien dissimulée et inaccessible à la vue du fait d’une courbure de l’espace ?



L’expédition montée pour vaincre le Mont Analogue arrivera-t-elle à destination. Nous ne le saurons jamais… Peut-être est-elle encore en route ? A-t-elle atteint l’au delà ? … Nous entrons en pataphysique…



Un ouvrage bien singulier qui n’a pas manqué de me rappeler « La découverte australe » de Restif de la Bretonne.

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La grande beuverie

Je partage totalement l'avis de Nomic. Autant j'avais aimé le récit posthume et inachevé "Le Mont Analogue" et à combien de personnes ne l'ai-je pas offert, pour sa dimension métaphysique et symbolique…



Mais ici, je n'ai trouvé qu'un propos décousu, non pas seulement absurde, mais abscons. Il y a certaines phrases qui ont évidemment emporté mon assentiment, mais au sortir de ce livre, je me suis dit : "tout cela pour ça ? et pour quoi donc…"



Il est question de beuverie, mais si, d'enivrement par des mots creux ou pédants, d'un grenier infini qui voudrait ressembler à une certaine image de la caverne platonicienne ? En tout cas, l'auteur tente de nous renvoyer l'image de nos travers ou de nos

vains engouements. Mais cela n'a pas atteint son but. Cela reste de l'ordre des platitudes. Cela ne décolle pas.



Bref. Comme toujours, je suis contente de l'avoir lu pour me faire ma propre idée, mais elle est acquise : je n'offrirait cet opus à personne.
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Le contre-ciel

Daumal poète ardennais, dont certains pensaient que sa gloire viendrait au-delà de sa mort comme son homologue Arthur, je doute fort que Daumal parvienne à dépasser le maître.

Je n'ai pas adhéré à sa poésie, que c'est sombre, lugubre, il parle de poésie noire et poésie blanche, et bien je pense qu'il a fait que de la noire.

Je ne retiens rien de ce recueil, hormis les dernières paroles du poète que j'avais déjà croisé dans des temps anciens.

Autant des poètes classiques j'aime à les relire, lui, c'est certain il retournera à la bibliothèque et je ne lui accorderai pas une deuxième chance.

Malgré tout j'ai apprécié la forme non conventionnelle de ses textes.

Passons à autre chose...
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La grande beuverie

La beuverie ne tient qu’une faible place dans cet ouvrage. Il en va de même dans nos existences, affairés que nous sommes à parler de la prochaine beuverie alors le temps qui sépare l’une de l’autre est interminable.





La grande beuverie daumalienne a malheureusement un but. Par la contre-exemplarité absurde, elle cherche à dénoncer les formes de mécompréhension qui dérivent de la chute du langage dans le bavardage, « fausse monnaie que ne gage plus l’or d’une expérience réelle ». La beuverie se fait donc thérapie du langage et si « la philosophie enseigne comment l'homme prétend penser, la beuverie montre comment il pense ». Triste beuverie devenue chemin de rédemption d’un langage qui a tout perdu, jusqu’à ses dernières parures tératogènes de l’ère rabelaisienne.





Les contrefacteurs du langage, Scients et Sophes cumulés, Esthetchiens en bout de course comme la cinquième roue du carrosse, capitalistocs et autres ascètes de l’hygiénisme productif, se laissent rencontrer dans le mundus imaginal de l’ivresse, quand les voix se superposent et ne révèlent jamais qu’à demi-mot leur véritable identité. Figures pâlottes d’un subconscient qui apparaît sous réserve d’éthylisme prononcé ? Buveurs incapables de se défaire des chaînes de la confusion langagière ? La beuverie serait une initiation mettant à nu les ruses d’un langage utilitariste.





Sans suite logique, se prenant à la rationalisation qui s’ignore par le rationalisme bien décidé à aller au bout de son totalitarisme, Daumal est parfois lyrique, parfois chiant, aussi exaspéré qu’un moine bouddhiste ayant tout sacrifié pour un Eveil qui ne se produit jamais.

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Le Mont Analogue

On devrait arracher le corps des pages de "Premier de cordée" de Frison Roche et mettre ces pages claires, intelligentes et mystérieuses du "Mont Analogue" (écrit à la même époque, autour de 1941 je crois).

Daumal, que je ne connaissais que par ses poèmes et le "Grand Jeu", donne dans ce livre inachevé hélas par sa mort (on a le plan des derniers chapitres et d'ailleurs je m'étonne qu'il n'ait prévu que 7 chapitres, quand on aurait pu imaginer 1000 péripéties à l'aventure de la grimpée du Mont Analogue) un livre qui a la candeur des mythes, la noirceur cachée des vrais pessimistes, la beauté de l'imagination, et la passion essentielle pour le sujet même - l'alpinisme de l'impossible.

Que la "La montaña sagrada" de Jodorowsky soit "inspirée" de ce livre est incroyablement étonnant : on y retrouve un peu de folie, une capacité à lire le récit au-delà du sens premier, mais rien de l'exhubérance du film de Jodorowsky. Non, une belle langue épurée, capable d'atteindre l'air raréfié des sommets.
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Essais et notes II : Les Pouvoirs de la par..

Comme le chemin d’enseignement hindouiste, les pouvoirs de la parole s’acquièrent graduellement ; comme le chemin d’enseignement philosophique, les pouvoirs de la parole doivent servir à atteindre l’extrême décontraction de celui qui a parcouru l’aller-retour et qui sourit en constatant que le point d’arrivée et le point de départ ne sont pas les mêmes.





Dans le système hindouiste, les enseignements du Veda s’adaptent aux quatre périodes de la vie d’un homme. L’enfant répète par cœur les hymnes du Veda. Entre 20 et 30 ans, il consulte les Brâhmanas, premiers commentaires des Veda qui orientent leur compréhension vers le monde extérieur. Parvenu à la maturité, l’homme consulte alors le « Livre des forêts », commentaires des Veda qui privilégient cette fois l’édification et la contemplation du monde intérieur. Enfin, parvenu au grand âge, l’homme lira les « Upanishads », ultimes commentaires de ces Veda qui apprendront à l’homme aguerri que tout n’est qu’illusion et qui l’inviteront à relire les Veda dans l’innocence, comme lorsqu’il était enfant. Simple régression ? Certainement pas. On comprend l’attachement de René Daumal à la philosophie de Spinoza : la démarche qu’il préconise est similaire à celle qui fait passer de la servitude à la compréhension active de ses actes.





Dans la lignée du volume précédent de ses Essais, René Daumal écrit sur l’hindouisme, la poésie et la pataphysique comme moyens de découvrir la vérité spirituelle. Ou plutôt de la retrouver. Peut-être était-elle directement accessible à l’époque où la parole n’était pas venue s’interposer pour brouiller les pistes. Et si la parole gardait une trace de ces temps immémoriaux ? Il s’agit alors de décortiquer la parole de manière ludique et de révéler sa véritable sauvagerie en retranchant du langage les pâles concessions faites à la diplomatie civile ou à l’anesthésie intellectuelle.





Ces quelques observations ne pourront pas faire comprendre la force cruelle, frénétique et percutante des analyses de René Daumal. Contre les esprits têtards, il propose –non pas une pensée, ce qui serait trop simplement éthéré- mais une dynamique cachant derrière les mots l’impulsion primitive de la danse grimée en poésie et en paroles.


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Le Mont Analogue

René Daumal (1908-1944) est un poète, critique, essayiste, indianiste, écrivain et dramaturge français. Très tôt engagé dans des expériences littéraires novatrices, René Daumal crée avec trois amis, à Reims, un groupe inspiré d’Alfred Jarry, Arthur Rimbaud et des surréalistes. Bons élèves au lycée, ils cherchent comme Rimbaud « le dérèglement de tous les sens » (drogue, roulette russe…), dans un esprit de découverte. A 17 ans, Daumal connaît une expérience qu'il qualifiera de « déterminante » et lui donne la « certitude de l’existence d’autre chose, d’un au-delà, d’un autre monde ou d’une autre sorte de connaissance » en s'intoxiquant au tétrachlorométhane dont il se sert pour tuer les coléoptères qu'il collectionne et il a l’intuition qu’il pourra rencontrer un autre monde en se plongeant volontairement dans des intoxications proches d'états comateux ressemblant à ce que certains appelleront plus tard expériences de mort imminente.

Son œuvre assez importante est surtout constituée d’essais et de correspondances, en grande partie posthume comme ce roman, Le Mont Analogue publié en 1952, au sous-titre improbable Roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques mais qui en donne le ton.

J’avoue être tombé des nues en apprenant l’histoire de ce livre qui m’était complètement inconnu car à mon plus grand étonnement il circulait beaucoup dans une sphère qui m’était très familière dans ma jeunesse : les hippies se le refilaient, de nombreux réalisateurs se sont cassés les dents à vouloir l’adapter au cinéma (comme Alejandro Jodorowski par exemple…), un roman livre de chevet pour de nombreux intellectuels (François Mitterrand…) Tout cet historique était à lire dans la série de six articles (!) publiés par Le Monde cet été.

Avant de vous engager dans cette lecture, sachez qu’il s’agit d’un roman inachevé qui s’arrête brusquement en cours de chapitre cinq, sur les sept initialement prévus. La part manquante est suggérée par l’éditeur à partir de notes et d’écrits de l’écrivain.



Théodore, le narrateur, a écrit un article où il imagine une montagne, le Mont Analogue. A sa grande surprise il est contacté par Pierre Sogol, un moine défroqué qui « ne sait rien faire d’autre, dans la vie, que d’inventer des absurdités » lui proposant de monter une expédition pour explorer cette montagne dont il se fait fort de découvrir sa localisation géographique. Déployant une théorie croquignolette faite de calculs savants, Sogol finit par convaincre Théodore de l’existence de ce mont et le situe au cœur du Pacifique sud. Chacun des deux sélectionne quelques amis savants pour les accompagner, et tout ce petit monde embarque sur L’Impossible (sic !) et vogue vers cette improbable aventure…

Là encore je dois prévenir le lecteur, s’il lit ce roman superficiellement, comme un banal roman d’aventures, il va être déçu. Pour l’apprécier il faut accepter la règle du jeu : lire entre les lignes, voir au-delà des mots. Ici tout est symbolique ou métaphorique, il faut chercher le sens profond pas toujours évident qu’une lecture distraite et non prévenue pourrait ne pas voir.

Le mont Analogue c’est la synthèse entre toutes les montagnes qu’on rencontre dans tous les récits mythologiques, religieux ou légendaires, le Sinaï, l’Olympe etc. La « chose » qui fait le lien entre les Hommes qui vivent à sa base et les Dieux qui résident à son sommet, la possibilité de communiquer entre le réel et l’au-delà. Chercher et trouver le mont Analogue est une quête spirituelle.

Les principaux thèmes abordés dans l’ouvrage sont l’obstination à vouloir comprendre et savoir, rendre possible ce qui paraît impossible ; l’ascension du mont, plus complexe que prévue oblige le groupe à abandonner tout le matériel prévu et s’équiper plus léger (les hippies devaient adorer cet angle) ; texte à portée écologique aussi puisqu’il y est question de responsabilité de l’Homme dans la destruction du cycle de la Nature et de son équilibre biologique. On y trouve un aspect visionnaire quand l’un des personnages imaginait qu’au lieu « d’élever des bœufs, on pourrait, se disait-il, cultiver directement des biftecks ».

Un roman très étonnant, très riche bien qu’amputé, qu’on devra lire avec attention pour en retirer toute la substantifique moelle.

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Le Mont Analogue

Dans un de ses articles, un jeune journaliste émet, sous forme de canular, l'hypothèse de l'existence du Mont Analogue, montagne inconnue, inexplorée, plus élevée que l'Everest et qui serait une sorte de centre originel du monde et un moyen particulier de communication avec l'au-delà. Un savant ésotériste plutôt original le prend au mot et lui propose de mener une expédition vers le sommet mythique. Très vite une petite dizaine de personnalités de divers domaines scientifiques adhèrent au projet. Un Anglais fortuné met à leur disposition un yacht pour aller explorer le Pacifique et accoster à la base du Mont qui existait réellement : c'est la courbure de l'espace qui empêchait de le voir. L'expédition peut se mettre en route...

Que découvrira-t-elle ? Aucun lecteur jamais ne le saura car l'oeuvre poétique de Daumal restera pour toujours inachevée, l'auteur étant mort de tuberculose avant d'en avoir achevé l'écriture. En apparence, récit d'exploration dans un style classique type Jules Verne, le Mont Analogue est beaucoup plus que cela. Il peut se lire à différent niveaux : symbolique, philosophique et même mystique. « Dans la circonstance, elle (la littérature) éveille doublement, car toutes les phrases portent. Cela tient à l'intelligence très personnelle de René Daumal et à ce qu'on pourrait appeler son lyrisme de l'ironie », déclara en son temps Roger Nimier. Pour mon humble part, j'ajouterai que cet ouvrage est à classer aux côtés des classiques du conte philosophique tels « Siddartha » (H.Hesse), « Le petit Prince » (Saint-Exupéry) ou « Le baron perché » (Italo Calvino), autant dire les plus grands dans ce genre très particulier... Ecrit en 1939, un peu délaissé aujourd'hui, cette fable qui fut culte chez les hippies des années soixante (éloge du développement personnel, mentalité new-age, rejet de la consommation, du machinisme, retour à la nature et à la vie communautaire) est toujours d'actualité tant cet auteur trop tôt disparu fut un visionnaire.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le Mont Analogue

Roman inachevé (la tuberculose emporta René Daumal trop tôt), fortement imprégné d'un fantastique scientfique à la Wells selon les propres notes d'intention de l'auteur, Le Mont Analogue est un conte philosophique qui mérite qu'on s'y attarde. Le mont qui donne son nom au roman est une montagne encore inexplorée, plus élevée que l'Everest, qu'aucun avion ne pourra jamais survoler mais dont la base est accessible à qui sait déjouer son invisibilité. Ce mont, René Daumal le situe sur une île, lieu privilégié des mystères, de l'imagination et de l'utopie



Le récit offre plusieurs niveaux de lecture : il peut être lu à la manière d'un roman d'aventures alpines narrant l'expédition vers le Mont Analogue puis son ascension. Mais ce roman est aussi (et surtout) un récit symbolique : la quête spirituelle des personnages renvoie à celle de l'auteur lui-même. Dans ses correspondances à propos de ce livre, Daumal écrivait "je me sens engagé à parler maintenant de l’existence d’un autre monde, plus réel, plus cohérent, où existent du bien, du beau, du vrai".



NB : lorsque je cherchais des informations sur ce livre, qu'un ami m'avait conseillé, j'étais tombé sur cette étude (qui m'a fortement donné envie de lire ce livre) et qui a sans aucun doute fonctionné pour moi comme une grille de lecture : http://audreycamus.info/en/fulltext/le-mont-analogue-la-tradition-de-l-ile-imaginaire
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La grande beuverie

Tout ce qui est sans chair et sans émotion vraie en prend pour son grade dans cette oeuvre truculente.



Plus que jamais, dans notre société qui court-circuite l'être, le monde réel, (et nous avec) est mis au placard.



René Daumal décrit l'intérieur de ce placard avec sa population de

- découpeur de poil de lapin en quatre : les Scients

- aplatisseurs de mots en galette fine ... mais étendue : les Sophes

- extracteurs de bout de pensée à projeter sur une toile, du bronze ou même du néant : les fabricateurs d'objets inutiles.



Mais il ne se contente pas de cela (ce n'est pas un re-bêle)

il nous donne aussi des pistes pour en sortir...de ce placard et retrouver l'espace libre où étendre nos bras, nos émotions, nos pensées.
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Essais et notes II : Les Pouvoirs de la par..

Je le lis tous les deux ans avec bonheur.

Un esprit pénétrant doué d'une culture intelligente se fait guide.
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La grande beuverie

Un auteur trop méconnu et pourtant majeur.
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