Citations de René Fallet (628)
Quand on est jaloux, on épouse un laideron, pour être tranquille !
Cela existe, en amour, le désir.
Même horripilante, la vie ne manque pas d’intérêt dramatique.
Qui donc, après quelque dispute mémorable avec l'un ou l'autre auteur de ses jours, n'a juré au moins une fois de fuir vers de nouveaux rivages mais est resté au port faute de moyen de locomotion ? Par une heureuse conjoncture, Antoine Peyralout trouve l'engin idéal pour garçon de dix-neuf ans riche de muscle et pauvre d'argent à l'heure même où il décide de planter là son quincaillier de père et ses clous pour aller encourager au nom de son club le grand Dabek Sariéloubal, idole des jeunes footballeurs et gardien de but du du RC Pommard qui doit disputer la finale de la coupe de France avec le CM Haut-Médoc, au stade de Colombes.
Il y a loin de Vauxbrelles-en-Bourgogne à Paris et Antoine possède pour tout viatique un sac de flageolets, mais il a cet engin rafistolé par les copains : Augustine, le Triporteur.
Pas d'argent ? Il se fera berger pour gagner son pain et le prix du billet d'entrée au stade - vaillante résolution que met en déroute le troupeau Barquignat. Renfloué grâce au défunt vélocipédiste Polbaron, dépouillé par un cheminot cynique, il parvient à Saint-Flebène pauvre comme Job.
Comment Antoine obtient le précieux billet et ce qu'il advient de lui avant et après la fameuse finale, c'est ce que conte avec verve cette joyeuse odyssée bourguignonne pétillante de gaieté, éclatante de jeunesse.
(quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1970)
L'amour, de même, peut changer cette peau quotidienne et la distendre à bloc pour que s'y glissent un Hernani, un Sorel, un Fortunio très ahuris de se retrouver là. En un vendeur du rayon Pêche par exemple. Il suffit d'un éclair de chaleur sur Paris au mois d'août pour qu'éclate une grenade à l'endroit où sommeille n'importe qui. Nul ne croit à l'éventualité de cette grenade. Telle qu'au combat, elle paraît principalement destinée aux autres.
Ce n'est pas une preuve d'affection que d'aller à l'enterrement des gens. Il vaut mieux les aimer et les fréquenter pendant qu'ils sont vivants.
S'il faut toujours mentir pour plaire aux hommes, je ne connaîtrai pas le salut éternel.
Il faut avoir le courage dans la vie de quitter sa péniche, sinon on vogue au fil de l'eau en se faisant du cinoche et on crève sans être allé ailleurs qu'au cinoche.
Y a une façon d'être jeune, puis une manière d'utiliser les restes. L'âge faut "faire avec". C'est tout.
Je pense à tous les Rastignac en sabots montés par milliers à Paris non pour y faire fortune, plus modestement pour survivre. Ils sont tous passés par les Halles, soit pour pousser le diable, soit pour manger un quelque chose qui s’appelait souvent n’importe quoi . En ces temps-là, la ville n’était certes pas généreuse, elle n’était du moins pas l’impitoyable machine qu’elle est devenue. Tout un monde de faméliques a trouvé là un morceau de pain. Où le trouverait-il aujourd’hui ?
Et voilà la fin de la fête !
Dans les lointains de la désolation,
Saint Eustache
a "plus l'air d'un con que d'un moulin à vent"
Pour employer la langue verte de son quartier disparu.
Les grues - qui ne sont pas sur talons hauts -
dressent leurs gibets dans le ciel gris.
Ces insectes ont chassé les moineaux.
Quand le béton coule, la Seine se fige.
Aucune greffe du coeur ne remplacera celui de Paris.
Il a cessé de battre.
Ce que vous entendez là, bonnes gens,
n'est plus que le ronron, quelque part, d'un ordinateur.
Adieu, les Halles. Adieu, Paris. Adieu, la vie.
Je ne suis pas le seul à avoir pensé que Paris sans ses Halles ne serait plus jamais Paris, mais une toute autre ville.
Les choux dialoguaient avec les perdrix, les canards avec les navets, l'avarice avec la misère, le coup de blanc avec le coup de cafard, les hommes avec les odeurs, la ville avec les couleurs.
Apprends, épluchure, qu'à part des millésimes exceptionnels le Beaujolais n'engendre que très peu de bouteilles de garde et que, pour l'apprécier encore friand et séveux, il faut le boire dans les deux années de sa sortie du pressoir ! Pas un mot, soudard, pas un blasphème de plus, ou je t'excommunie !
Je vous salue Maryse, entre toutes les femmes
C'est vous que j'ai choisi d'aimer tout un été
J’ai dit un certain mal de toi avec une délectation d’ami fidèle.
Si tous les français étaient assurés de rencontrer un soir une robe rouge née dans les îles britanniques, c'est avec volupté qu'ils apprendraient la langue que la jeune femme, présentement, passait sur ses lèvres pour en aviver l'éclat.
La vie était bien assez âpre sans la durcir de jalousie. C'est un truc de riches.
La mer, c'est des poissons et du soleil, avec de l'eau autour.
La morale de la non-convention peut être aussi rigide que les principes bourgeois.