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Citations de René Guy Cadou (223)


Chambre de la douleur


Extrait 2

Puis ce fut le printemps la pâque
Je te trouvai au fond de chaque
Sillon dans chaque grain de blé
Et dans la fleur ouverte aux flaques
Impitoyables de l'été

Jamais plus les oiseaux n'entreront dans la chambre
Ni le feu
Ni l'épaule admirable du soir
Et l'amour sera fait d'autres mains
D'autres lampes
Ô mon père
Afin que nous puissions nous voir.
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Chambre de la douleur
Extrait 1
La porte est bien fermée
Une goutte de sang reste encor sur la clé

Tu n'es plus là mon père
Tu n'es pas revenu de ce côté-ci de la terre
Depuis quatre ans
Et dans la chambre je t'attends
Pour remailler les filets bleus de la lumière

La première année j'eus bien froid
Bien du mal à porter la croix
Et j'usai mes belles mains blanches
À raboter mes propres planches
Déjà prêt à partir sans toi
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Retour de flamme


Les oiseaux ont emporté les arbres
Le vent debout arrête ce qui part
Il y a quelque part
La mèche vendue du soleil
Mais l'oreille est pleine d'abeilles
Et la tête tourne


Je n'ai plus rien à moi
Que ma vie sur les bras
Un cœur qui n'a pas son pareil
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Retour de flamme


Je crois en toi
Visage parmi les pierres veinées de soie
Le plus seul avec son courage
Le plus seul près de la terre
Sous sa taie de soleil
Tu glisses avec les algues de douceur
Entre les rameaux blancs les mains
L'humus découvert des saisons
Tu portes sur le front le tatouage des tempêtes
Les stigmates du fleuve
Derrière toi il y a tout un passé qui s'ouvre
Une enfance incertaine
Des pas inachevés
Le meilleur de toi-même que tu croyais perdu
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Forges du vent


Extrait 2

Ainsi la part est faite
Je te laisse les hommes
Des visages défaits
Aux croisées de l'amour
Moi je garde la mer
Et mes châteaux de sable
Et mes larmes du premier jour
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Forges du vent


Extrait 1

Je m’évade
Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
‒ Que je comptai à ma jeunesse ‒
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles
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Le diable et son train, 1947-1948


La nuit ! La nuit surtout…
Extrait 2

Les lunes et les siècles passeront
Un million d'années ce n'est rien
Mais ne plus avoir ce tremblement de la main
Qui se dispose à cueillir des œufs dans la haie
Plus d'envie plus d'orgueil tout l'être satisfait
Et toujours la même heure imbécile à la montre
Plus de départs à jeun pour d'obscures rencontres
Je me dresse comme un ressort tout neuf dans mon lit
Je suis debout dans la nuit noire et je m'agrippe
À des lampions à des fantômes pas solides
Où la lucarne ? Je veux fuir ! Où l'écoutille ?
Et je m'attache à cette étoile qui scintille
Comme un silex en pointe dans le flanc
Ivrogne de la vie qui conjugue au présent
Le liseron du jour et le fer de la grille.
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Le diable et son train, 1947-1948
La nuit ! La nuit surtout…


Extrait 1

La nuit ! La nuit surtout je ne rêve pas je vois
J'entends je marche au bord du trou
J'entends gronder
Ce sont les pierres qui se détachent des années
La nuit nul ne prend garde
C'est tout un pan de l'avenir qui se lézarde
Et rien ne vivra plus en moi
Comme un moulin qui tourne à vide
L'éternité
De grandes belles filles qui ne sont pas nées
Se donneront pour rien dans les bois
Des hommes que je ne connaîtrai jamais
Battront les cartes sous la lampe un soir de gel
Qu'est-ce que j'aurai gagné à être éternel ?
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Pleine poitrine
LES FUSILLÉS DE CHATEAUBRIANT


Extrait 2

Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit
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Pleine poitrine
LES FUSILLÉS DE CHATEAUBRIANT


Extrait 1

Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains

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TOI


Extrait 2

Tu es celle que j’aime
Davantage que le pain
Et davantage que mes mains étendues
Sur chaque versant des collines
Tu es la petite voisine
Du trèfle et la compagne du lézard
Tu t’ensoleilles sur les pierres
Et tu es toujours sur ma joue
Si je pense a ta voix je pense au monastère
À neuf heures du soir quand les voix se répondent
Si je pense a ta bouche il me vient a la bouche
Ce gout de lait de fruits de feuilles traversées
Par les tendres ruisseaux de sève végétale
Et si je pense a toi c’est qu’il faut bien choisir
Entre avenir et souvenir.
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TOI


Extrait 1

Tu es une grande plaine parcourue de chevaux
Un port de mer tout entoure de myosotis
Et la rivière ou le nageur descend
À la poursuite de son image
Tu es l’algue marine et la plante sauvage
Comme l’arnica
Tu es pleine de poissons dans ta chevelure
Tu es une belle figure
Plus belle que toi-même
...
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René Guy Cadou
 
 
Un soir de pauvreté comme il en est encore
Dans les rapports de mer et les hôtels meublés
Il arrive qu’on pense à des femmes capables
De vous grandir en un instant de vous lancer
Par-dessus le feston doré des balustrades
Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés
Les filles de la pluie sont douces si je hèle
À travers un brouillard infiniment glacé
Leur corps qui se refuse et la noire dentelle
Qui pend de leurs cheveux comme un oiseau blessé
Nous ne dormirons pas dans des chambres offertes
À la complicité nocturne des amants
Nous avons en commun dans les cryptes d’eau verte
Le hamac déchiré du même bâtiment
Et nous veillons sur nous comme on voit les pleureuses
Dans le temps d’un amour vêtu de cécité
À genoux dans la gloire obscure des veilleuses
Réchauffé de leurs mains le front prédestiné.

//René Guy Cadou, Le diable et son train
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Extrait 2
 
 
L’air a gardé l’éclat du dernier coup de bêche
Les clés de son royaume sont tachées de sang
Homme tu n’iras plus dans les maisons tranquilles
Où le bras d’une lampe écartait les soupçons
Tu ne chanteras plus en revenant des îles
Derrière ta poitrine et ses jour des moussons
Sur tes yeux le soleil a brisé son feuillage
Entre dans les maïs et cherche ton passage
Ô cœur sois partagé par le fer des charrues

Nous parlons
Et c’est lui qui redescend la mer
Poitrine large ouverte
Épaule couronnée de lourdes plantes vertes
Belle tête accrochée au feu de ta toison
Car son corps désormais fait partie des saisons.
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Extrait 1
 
 
J’ai longtemps attendu dans le bleu de la plaine
Apprivoisant les mains qui glissaient dans le vent
Il y a eu des cris vers l’Est
La femme et le chemin sortis d’un même geste
Un visage incliné sur la joue du couchant
Puis l’ombre a refermé la place restée vide

Il est là maintenant
Sous la terre encore fraîche…
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VOYAGE


J'attends
La pendule et la roue tournent en même temps
Le train s'allume
Et le long des sapins
La grande peau qui fume
C'est la mer

Ne laisse pas ton cœur traîner par la portière
Prends ta place
Il fait bleu
Le ciel couvre la glace
Une étoile s'ébat
Quelqu'un qui s'est manqué se suicide tout bas

Mais je rêve
On a baissé le vent
Et le rideau se lève
Au milieu de la nuit
C'était toi
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Si mes yeux si mes mains
Si ma bouche encor tiède
Si la terre et le ciel
Venaient à me manquer

Si le vent n'allait plus
Porter dans sa nacelle
Mes oiseaux et la part
Infime du secret

Si les tiges de blé
Qui ferment ton visage
N'éclairaient plus la route
Où j'avance à pas lents

Si ce poème enfin
N'était rien qu'un poème
Et non le cri d'un homme
En face de sa nuit

Mon Dieu serait-ce alors
Besoin de tant de larmes
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René Guy Cadou
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps

Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais

Tu ne remuais encore que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou

Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient

Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues.

Quatre poèmes d'amour à Hélène
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René Guy Cadou
Toute ma vie pour te comprendre et pour t'aimer
Comme on se couche à la renverse dans les prés
En essayant de retrouver dans le silence
L'alphabet maladroit d'un vieux livre d'enfance (...)
Je te regarde et tu souris sans mouvement
D'un sourire venu de plus loin que toi-même
Qui fait que tu es belle et qui fait que je t'aime.

(" Le coeur définitif")
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René Guy Cadou

Tout le jour je vis bleu et ne pensais qu'à toi
Tu ruisselais déjà le long de ma poitrine

Sans rien dire je pris rendez-vous dans le ciel
Avec toi pour des promenades éternelles.
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