AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de René Guy Cadou (222)


VISAGES DE LA TERRE
  
  
  
  
Visages de la terre dont je sais le poids
De suie de cire et de feuilles séchées
L'envie me prend de vous saisir moi taciturne
De vous aimer profondément comme on se lie
À la bête perdue au fond d'une rue triste
Qui vous suit sans jamais oser vous dépasser
La pomme et le couteau qui dorment sur la table
Sans qu'il y ait la moindre équivoque entre eux deux
Se prolongent plus loin que les couchants d'usine
Dans le regard d'un homme habitué à sa faim
Ma mémoire est pavée de ces belles faïences
Qu'on trouve dans les fermes noires où se lit
Le temps de s'épouser dans des violettes doubles
Et des coqs maladroits dessinés à la main
Seuls vous m'épouvantez visages de la terre
Comme un ciel de juillet et comme une eau trop claire
Vous me sortez de mes épaules vous avez
De ces rudes façons d'auberge qui me plaisent
Et c'est toute ma vie que vous me rappelez.
Commenter  J’apprécie          41
DE QUEL BOIS JE ME CHAUFFE
  
  
  
  
Quand il n'y aura plus que toi et moi
Tu m'entends
Quand il n'y aura plus que toi et moi
Dans cette chambre
Et que même les murs auront déménagé
Moi seul dans la colère de mes membres
Et toi debout comme une épée
Quand le ciel posera son museau de soie fraîche
Sur la vitre lointaine et sur mes horizons
Quand rien ne restera dans l'air que quelques bulles
Tièdes et blanches comme une gorge de pigeon
Quand je pourrai enfin m'asseoir à cette table
Et croire que je suis installé sous les pins
Dans la scierie du vent près de la mer étale
Serrant mon cœur comme un coquillage marin
Quand basculé dans les cordages de la lyre
J'entonnerai ce chant d'orgueil dont chaque cri
Éveillera sur l'eau les meneurs de navire
Quand l'âme s'un seul coup fera sauter l'esprit
Tu sortiras de cette chambre.
Commenter  J’apprécie          10
Le poète vit dans une prison de rues, de gens, d'immeubles, de klaxons, de bris de vaisselle, de ventres ouverts, de larmes, de pluies, de rire, de trains saouls. Il nous délivre.
Je vous délivre un permis sur le réseau dangereux de la beauté. Je n'ai que les droits du plus faible. Je suis passé avant vous au guichet.
Commenter  J’apprécie          00
LE DIALOGUE

[...]
- Mon amour comme vous avez de longs cheveux !
- C'est pour mieux effacer vos baisers sur mes yeux

[...]
- Mon amour comme vous avez de longues hanches !
- C'est la seule beauté des femmes pour être franche

- Mon amour comme vous avez le souffle court !
- Aveugle ne vois-tu pas que je meurs d'amour.
Commenter  J’apprécie          00
LES VINGT-DEUX ANS D'HÉLÈNE

[...]
C'est le sillage de ses bras qui m'entraîne
Avec douceur vers des hameaux perdus
Sa main sur mon visage
Et le ciel m'est rendu
Commenter  J’apprécie          10
LA VISITE BLANCHE

Tu traverses ma vie
Quand j'y pense le moins
Quand le jour est en moi
Une chaude imposture
Commenter  J’apprécie          00
C'était le temps pluvieux des peines capitales
On couchait dans la paille humide sur les dalles
De ces chambres d'hôtel où très tard dans la nuit
Résonnait l'obsédant hoquet sentimental
Commenter  J’apprécie          20
JOB
  
  
  
  
Laissez-moi la lumière
Ce visage étonné où je baigne mes mains
Et ma couche de pierres dans le frais du chemin
Pour aujourd'hui pas davantage
Je porte sur le dos la laine des orages
Ce visage étonné où je baigne mes mains

Ce matin le soleil s'est levé entre nous
Et de la terre où monte une obscure tendresse
Un arbre cherche au fond des nuages
Sa caresse.

Tous les ruisseaux vont paître en chantant les gazons
La femme se dévêt au pied de la maison
Des coqs étincelants pavoiser les casernes
Et toi
Dont le cœur est une sourde lanterne
Tu marches sans souci des fleurs de l'horizon

Ah je puis bien parler de mes mains
De mes larmes
De cet immense amour
Car c'est tout ce que j'ai
Ma tête est couronnée de roses et de de ronces

À chaque pas mon Dieu c'est vrai que je m'enfonce
Un peu plus dans le ciel
Pour moi se lève encore la poitrine des herbes
Une place est gardée au milieu des brebis
Et les étoiles font comme un vol de perdrix.
Commenter  J’apprécie          80
LE FORÇAT MUTILÉ
  
  
  
  
Feutre des souvenirs
Paupières ô tourterelles
Chaume du cœur ouvert
De limons et d'années
Me rendrez-vous mes mains

Clémences saisonnières
Toujours entre les yeux
Le toit bleu qui voltige
L'épaule et la mansarde
Havres de mon amour
Et la mer ses goélands
Ses plus hautes tours

Ô femme que j'avais
Cernée de tiges molles
Enfant qui bondissait
Dans son ventre léger
Me reconnaîtrez-vous
Si je force la porte

C'est un homme qui parle
Entre les autres hommes
Et cache dans sa voix
Une âme mutilée
Ah rendez lui ses mains
Il a beaucoup pleuré.
Commenter  J’apprécie          50
Devant cet arbre immense et calme
Tellement sûr de son amour
Devant cet homme qui regarde
Ses mains voltiger tout autour
De sa maison et de sa femme

Devant la mer et ses calèches
Devant le ciel épaule nue
Devant le mur devant l'affiche
Devant cette tombe encor fraîche

Devant tous ceux qui se réveillent
Devant tous ceux qui vont mourir
Devant la porte grande ouverte
A la lumière et à la peur

Devant Dieu et devant les hommes
A chaque vie d'être vécue.
Commenter  J’apprécie          00
Ah pauvre père, auras-tu jamais deviné quel amour tu as mis en moi
Et combien à travers toi j'aime toutes les choses de la terre ?
Commenter  J’apprécie          20
L’AMITIÉ
  
  
  
  
― Qu’est-ce qui se passe ici si tard ?
Un chemin creux n’est pas un boulevard !

― C’est un ami des temps anciens
Voyageur seul et sans bagage

― Femme prépare les vins fins
Les liqueurs des chaussons de feutre

― Ne viens pour boire ni manger
Mais pour parler des années douces

Max Jacob retour de Quimper
Le chat roux le quai de la Fosse

Fosse au passé fosse au remords
Ne te dérange pas si tu dors !

― Et pour qui me dérangerais-je
Sinon pour vous Amis les Anges ?

Les salles tristes du collège
Mais les dimanches sous les pins !

Je te retrouve après quinze ans
Mon lointain mon parent trop rare

Faut-il que tu passes si tard
Dans le corridor du destin !
Commenter  J’apprécie          00
René Guy Cadou
Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des coeurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
" Et maintenant cherche ta vie".

(" Bruits de coeur")
Commenter  J’apprécie          202
René Guy Cadou
  
   
Prunelles graminées
Robes de blanche écorce
Eaux calmes
Pilotis d’un ciel imaginé

J’octobre dans la ville ouverte
Où je suis né

Croix peinte de rosée
Fenêtre qui supporte
Et mon corps
Et l’élan de ces mains retardées
Efface les silos de lune sous la porte

Ô soleil épagneul allongé sur la terre
Que tu sois
Pour la langue épaisse des meulières
Et jusque dans le cœur ahurissant des blés.

Ce matin ma maison s’est levée la première.
Commenter  J’apprécie          110
René Guy Cadou
  
   
Je serai là
J’attendrai
La poitrine écartée de tes mains et de tes ronces
Le front toujours tranché par un rayon nouveau
Maintenant la maison s’en va à la dérive
La table a des remous et des reflets d’eau vive
La lampe descendue aiguise le matin
Tout est clair
On entend ton nom sur le chemin
Les yeux changent de face
Plus près de moi se lève
Une ombre douce et nue
Le soleil fait la roue
La houle diminue
Six heures
Au pied du lit
Une tête inconnue.
Commenter  J’apprécie          30
NOUVELLES FRAÎCHES



Souvenirs de la mer
Le grand panneau du fond découpé par l’éclair
La vague abandonnée aux démons du parterre
La fumée des étoiles
Aux ras des flots le lustre éteint
Les voyageuses du matin
Plus haut que nous la robe ouverte

Le regard bleu
Les mouches vertes
Une heure après
L’espace blanc
Le beau gaillard est à l’avant
Ses mains mesurent l’entourage
Le vent se lève
Une autre page

Il est trop tôt pour s’attarder
Le monde va par coups de dés
L’étrave blesse les paupières
Creuse la route la lumière
Aucun regret des passeports
C’est l’aventure naturelle
Et plus nouvelle que la mort.
Commenter  J’apprécie          140
RAISON PERDUE



Parler des mers sans bord
Ecume au nom d’abeille
Neige désemparée
Qui tournes dans l’oreille
M’apportez-vous le frai
Que je désire encore

Le vent me brûle tout
Les poumons le visage
Et les couleurs jetées
Largement sur la page
Larmes que je n’ai pas
La douceur de sécher

Pas même sous la main
Les perles qui dérivent
Pas même d’horizon
Le sang change de rive
Il n’est plus de ruisseau
Le long de ma maison

Mes lèvres trop longtemps
Ont couvé sous la cendre
Jusqu’à mon cœur les mots
Ne peuvent plus descendre
Et n’ayant plus d’amour
Je n’ai plus de raison.
Commenter  J’apprécie          80
Tu es là...



Tu es là,
je tiens ton visage
De corail et de vent
Contre ma chair,
Je confonds soleil, prison.
Des peuples inconnus
Fuient ma convalescence.
Oh ! verse entre mes bras
L’odeur forte des mers.
Commenter  J’apprécie          00
Il gelait à cœur fendre



Il gelait à cœur fendre
Aux terrasses délaissées de l’amour
Des caillots de neige
Fermaient les fleurs comme des voix
Et les Sœur-Anne dans les branches
Attendaient en vain un retour.
Commenter  J’apprécie          20
HORS DE MOI



Les cœurs sont à laver
Les plaies sont enlevées
L’étoile d’araignée brille dans la serrure
Il ne reste déjà qu’une ombre
Sur le mur
Et le peu de chaleur que tu m’avais laissée

Qu’importe
On vit sans peine
Une main qui rôdait va souffler sur la plaine
Un pli noir se détend
Et la roue du soleil fait chavirer le temps
Le ciel prend l’air

Me reconnaîtras-tu
Ma peau est à l’envers
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de René Guy Cadou (201)Voir plus

Quiz Voir plus

Quizz d'une bouteille dans la mer de gaza

Qui est Gazaman ?

Naïm
Tal
Ouri
Eytan

10 questions
522 lecteurs ont répondu
Thème : Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie ZenattiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}