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EAN : 9782757824719
352 pages
Points (22/09/2011)
4.15/5   24 notes
Résumé :
Tu venais de si loin derrière ton visage, Que je ne savais plus à chaque battement, Si mon coeur durerait jusqu'au temps de toi-même, Où tu serais en moi plus forte que mon sang.
La poésie de Cadou est de plus en plus présente. Chaque jour qui passe en porte témoignage, du commentaire donné aux bacheliers, au chanteur qui met ses poèmes en musique, à l'enfant qui récite : "Odeur des pluies de mon enfance..." [...] Jamais sans doute poésie d'exigence intérieur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La première de couverture de cette anthologie est à l'image du poète : un homme fusionnant avec un arbre. En effet, le profondément humain et la nature intimement mêlés sont le coeur même de toute sa poésie.

Je connaissais un certain nombre de ses poèmes mais j'ai apprécié d'en découvrir tant d'autres dans ce recueil. Grâce à la préface éclairante et poétique aussi de Philippe Delerm, j'ai mieux appréhendé son destin jalonné de chagrins, de pertes, rongé par la maladie mais aussi magnifié par la rencontre d'Hélène, sa femme, sa muse.Il est mort jeune, à 31 ans, et il avait déjà la prescience de sa disparition précoce , il écrivait :
" Ce sera comme un arrêt brutal du train
Au beau milieu de la campagne un jour d'été "...

J'aimerais que l'on ne voit pas en lui qu'un instituteur de village ( beau métier par ailleurs😊), et donc qu'on le réduise à un chantre de l'école et de la campagne, dont on ne retient souvent que quelques vers- même s'ils sont beaux!- appris en récitation, comme le connu:

" Odeurs des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison"...

René -Guy Cadou, c'est l'intensité dans la lumineuse simplicité des termes choisis, la beauté ardente et originale des images. C'est la nostalgie de l'enfance, certes, mais aussi la ferveur amoureuse. Comme dans un de mes poèmes préférés, un élan magnifique vers l'avenir du couple:

" Je t'atteindrai Hélène
A travers les prairies
A travers les matins de gel et de lumière"...

L'amitié est fort importante aussi: depuis sa chambre où il est souvent alité, il reçoit ses amis fidèles, il leur écrit . Retranché par la maladie dans sa maison, il n'en est pas moins ouvert au monde, à la guerre qu'il a connue. L'émouvant poème" Les fusillés de Chateaubriand" en témoigne.

N'oublions pas ce poète touchant , exigeant dans son travail d'écriture et sensible!

René-Guy Cadou au doux nom prédestiné
L'écho fou de tes mots hante encore mes pensées
L'arbre, l'oiseau, le vent, Hélène, la tant aimée
Et tout ce qui fut toi en ta fragile vie
Berce les frissons verts de ma mélancolie ...



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Toute poésie qui coule de source, se jette dans la mer et s'en va rejoindre l'universel… Cette image simple révèle assez bien l'oeuvre poétique si attachante de René-Guy Gadou.
Fils d'instituteur né en 1920, l'auteur tout jeune se passionne pour l'écriture. C'est son père, Georges Cadou, qui va le premier lui ouvrir la porte de l'imaginaire, de tous les songes, en lui confiant qu'il écrit lui-même de la poésie. Tendre et singulier présent d'un père à son fils.

La poésie de René-Guy Cadou est celle de rencontres imprévues, de vraies amitiés. Celle de Michel Manoll (libraire à Nantes et poète), celle de Pierre Reverdy, de Max Jacob, d'autres poètes et amis avec qui il fondera l'École de Rochefort (un groupe de vrais amis) et celle encore, plus essentielle, d'Hélène Laurent (institutrice et poétesse) qui allait devenir l'amour de sa vie.

"Comme un oiseau dans la tête" est une très belle anthologie de l'oeuvre de René-Guy Cadou. Poésie saisissante, d'un homme pétri de simplicité, d'émerveillement, de nostalgie, d'inquiétude aussi.
Au fil des pages, la beauté afflue comme un paysage qui accroche le regard du promeneur, comme un instant qui touche la sensibilité du lecteur. Cette écriture est comme une douce psalmodie, un chuchotement des plus discrets mais des plus touchants, une source vivifiante, une lumière jaillit au travers des ombrages. Il y a de magnifiques poèmes dédiés à son père disparu et à Hélène.
La nature, le temps, l'amour mais aussi l'espoir en l'homme sont des thèmes très présents dans les écrits de René-Guy Gadou. Poésie enchantée, généreuse, belle et sensuelle, l'écriture comme un don de soi.
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Ce poète est né dans une époque agitée, traversée par la deuxième guerre mondiale. Sa vie a été brève puisqu'il est mort d'un cancer à 31 ans le 20 mars 1951. Pourtant il a beaucoup écrit de poésie, de cette poésie à la fois quotidienne et tournée vers le mystère de la vie, vers Dieu comme recours ultime, vers le mystère de l'amitié avec la fréquentation de poètes devenus importants comme André Breton, Max Jacob, jean Reverdy, Jean Rousselot, Luc Bérimont, Michel Manoll. Il y a comme un écart dans ses poèmes entre les notations concrètes et les élans vers la ciel, le sentiment de la mort, la forte présence de la nature. "Il fait un peu plus noir et tu montes sans bruit, comme un boiteux du Ciel les marches de la nuit". Pas de métaphysique mais le sentiment d'une impermanence, d'une fragilité. "Rien ne subsistera de moi dans votre Histoire" sinon la rencontre avec Hélène, sa femme, et ses amis.
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J'ai acheté ce livre sur un souvenir, le souvenir d'avoir entendu une lecture d'un des textes de René Guy Cadou, lecture qui m'avait bouleversé : Les fusillés de Chateaubriant "Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent".
Dans ce recueil de poèmes choisis, les textes sont classés par ordre chronologique et commence en 1937 (Cadou est né en 1920). Ce choix éditorial permet de suivre l'évolution du poète qui écrit "pour cet homme qui dépassé par l'orage / N'entend pas la rumeur terrestre de son sang"
A découvrir d'urgence pour ceux qui ne connaissent pas, à lire, à relire pour les autres.
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Ce choix de poèmes permet une découverte de l'oeuvre de ce poète modeste ( pas son oeuvre , lui, le petit instit provincial) qui a su chanter son village et à travers lui le monde , comme son amour pour Hélène sa femme rejoint l'éternelle poésie amoureuse . J'aime beaucoup cet auteur et vous invite à sa table.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Lettre à des amis perdus

Vous étiez là je vous tenais
Comme un miroir entre mes mains
La vague et le soleil de juin
Ont englouti votre visage

Chaque jour je vous ai écrit
Je vous ai fait porter mes pages
Par des ramiers par des enfants
Mais aucun d'eux n'est revenu
Je continue à vous écrire

Tout le mois d'août s'est bien passé
Malgré les obus et les roses
Et j'ai traduit diverses choses
En langue bleue que vous savez

Maintenant j'ai peur de l'automne
Et des soirées d'hiver sans vous
Viendrez- vous pas au rendez-vous
Que cet ami perdu vous donne
En son pays du temps des loups

Venez donc car je vous appelle
Avec tous les mots d'autrefois
Sous mon épaule il fait bien froid
Et j'ai des trous noirs dans les ailes
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J'AI TOUJOURS HABITE


J'ai toujours habité de grandes maisons tristes
Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s'y reposaient au hasard des voyages
Et moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalier
Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages
Peut-être le secret de mon identité
Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide
Le doute d'être un homme Je m'aimais
Dans la splendeur imaginée d'un végétal
D'essence blonde avec des boucles de soleil
Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
Ebruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
Et c'était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
Mais je m'aimais ah! je m'aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouver
Ensoleillé dans les cordages d'un poème.
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RAVENSBRÜCK

A Ravensbrück en Allemagne
On torture on brûle les femmes

On leur a coupé les cheveux
Qui donnaient la lumière au monde

On les a couvertes de honte
Mais leur amour vaut ce qu'il veut

La nuit le gel tombe sur elles
La main qui porte son couteau

Elles voient des amis fidèles
Cachés dans les plis du drapeau

Elles voient Le bourreau qui veille
A peur soudain de ces regards

Elles sont loin dans le soleil
Et ont espoir en notre espoir

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Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt
Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir comme un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
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L'AMOUR

La double pêche de tes seins
Dans la coupe de la journée
Voici que ton ventre se lève
Entre les branches du figuier
Que la chambre se met à battre
Comme une tempe délicate
Et qu'un versant du ciel inonde
Étendue la plus belle au monde
Sous ta douce main déroulée
Pareille aux crosses de fougère
Pénétrerai-je le mystère
D'une chair à l'âme gagnée
Comme une eau très fraîche qu'on tire
Avec lenteur du fond du puits
Tu te recouvres d'une buée
Qui dissimule ton sourire
Mes doigts possèdent le secret
De t'éveiller de t'épanouir
De te perdre avant de dormir
Comme une enfant dans la forêt.

(extrait de "Les sept péchés capitaux") p. 248
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Vidéo de René Guy Cadou
René Guy CADOU — Un siècle d'écrivains : 1873–1914 (DOCUMENTAIRE, 1999) L'émission "Un siècle d'écrivains", numéro 196, par Jean Rouaud et Jean-Pierre Prévost, diffusée le 19 mai 1999 sur FR3.
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