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Citations de René Guy Cadou (223)


Mon amour tu es là comme une herbe qui penche
Sa longue écriture douce sur la page
Et je lis dans tes yeux et tu peux bien baisser
Ta paupière pareille à du genêt mouillé
J'épelle à haute voix comme un enfant qui dort
La chaude et mesurée syllabe de ton corps.
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René Guy Cadou (1920-1951).

"Oh père j'ai voulu que ce nom de Cadou
Demeure comme un bruissement d'eau claire
Sur les cailloux"

"Odeurs des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison"

"Ô classe de mon père, je n'ai pas oublié tes longues tables aux pieds bots, les trois marches qui montaient à la chaire, ni les panneaux publicitaires de l'Ouest-Etat, ni cette cascade des Pyrénées qui dégringolait entre les deux fenêtres, entre les deux rideaux fanés. Le globe est tout en haut de la bibliothèque et c'est trois heures et demie d'hiver ; on entend chanter .. Mais dans la petite classe de Maman, je suis assis tout près de son bureau .. je crayonne des soleils fous et des chemins de fer sur mon petit banc, le petit banc du cordonnier sur lequel mon père répare les galoches. De grands tableaux, aux lettres magiques, dressent leur épouvante. Le sourire de Maman se confond avec les sables mouvants du dernier soleil dans les vitres .."


Le 17 juin 1943, René Guy Cadou rencontre l'amour de sa vie: Hélène :
"Ce fut par un matin semblable à tous les autres
Le soleil agitait ses brins de mimosa
Tout le jour je vis bleu et ne pensai qu'à toi"

"Je t'attendrai Hélène
A travers les prairies
A travers les matins de gel et de lumière
Sous la peau des vergers
Dans la cage de pierre
Où ton épaule fait son nid
Tu es de tous les jours
L'inquiète la dormante
Sur mes yeux
Tes deux mains sont des barques errantes
A ce front transparent
On reconnaît l'été
Et lorsqu'il me suffit de savoir ton passé
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent
Sans t'avoir jamais vue
Je t'appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s'ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l'auberge
Aux portes des villages"


J'ai passé 15 jours de vacances à Piriac-sur-mer (Loire atlantique), il y a deux ans, là où se sont installés les parents de René Guy Cadou, tous deux instituteurs publics dans un village voisin, là où le poète a vécu étant enfant. J'ai conservé un excellent souvenir de Piriac-sur-mer. Mes hôtes qui n'auraient quitté ce pays pour rien au monde m'ont fait connaître toutes les bonnes adresses (culinaires surtout, ce sont des experts) , mais n'ont pas évoqué cela. J'ai trouvé qu'il faisait bon vivre par là, les produits de la mer d'une qualité exceptionnelle .. et je pensais que tous les villages alentour avaient aussi un charme indéfinissable, sans savoir qu'un artiste, un poète avait su avant guerre mettre des mots et sa magie sur la beauté des lieux avec une force indépassable.
Je sais maintenant que si j'avais à narrer le charme de cette région, la Brière, Mesquer, Kercabellec.. il me suffit de lire quelques extraits de la poésie de René Guy Cadou.
Mais je dois pour terminer mon mot dire que c'est Philippe Delerm qui a remonté les échantillons de cette poésie époustouflante, il a consacré toute une page dans le Figaro d'il y a une semaine à la faveur du centenaire de la naissance de l'artiste. C'est remarquable !
En ces temps où beaucoup de familles s'entre-déchirent, où le vrai amour ne semble plus être une vertu, je ne peux que recommander cette leçon de vie que nous offre l'artiste présentée ici par l'auteur de La Première gorgée de bière" qui sait aussi être un passeur de talents qu'on a un peu trop vite oubliés.
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René Guy Cadou
La nuit ! La nuit surtout…


La nuit ! La nuit surtout je ne rêve pas je vois
J'entends je marche au bord du trou
J'entends gronder
Ce sont les pierres qui se détachent des années
La nuit nul ne prend garde
C'est tout un pan de l'avenir qui se lézarde
Et rien ne vivra plus en moi
Comme un moulin qui tourne à vide
L'éternité
De grandes belles filles qui ne sont pas nées
Se donneront pour rien dans les bois
Des hommes que je ne connaîtrai jamais
Battront les cartes sous la lampe un soir de gel
Qu'est-ce que j'aurai gagné à être éternel ?
Les lunes et les siècles passeront
Un million d'années ce n'est rien
Mais ne plus avoir ce tremblement de la main
Qui se dispose à cueillir des œufs dans la haie
Plus d'envie plus d'orgueil tout l'être satisfait
Et toujours la même heure imbécile à la montre
Plus de départs à jeun pour d'obscures rencontres
Je me dresse comme un ressort tout neuf dans mon lit
Je suis debout dans la nuit noire et je m'agrippe
À des lampions à des fantômes pas solides
Où la lucarne ? Je veux fuir ! Où l'écoutille ?
Et je m'attache à cette étoile qui scintille
Comme un silex en pointe dans le flanc
Ivrogne de la vie qui conjugue au présent
Le liseron du jour et le fer de la grille
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Je t'attendais…


Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps
Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais
Tu ne remuais encor que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou
Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient
Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues
Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang.
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Hélène


Je t’atteindrai Hélène
À travers les prairies
À travers les matins de gel et de lumière
Sous la peau des vergers
Dans la cage de pierre
Où ton épaule fait son nid


Tu es de tous les jours
L’inquiète la dormante.
Sur mes yeux
Tes deux mains sont des barques errantes
À ce front transparent
On reconnaît l’été
Et lorsqu’il me suffit de savoir ton passé
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent


Sans t’avoir jamais vue
Je t’appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s’ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l’auberge
Aux portes des villages
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L’inutile aurore


Tout est vain
La fenêtre et l’aurore me restent dans la main
Les fleuves se disloquent
Sur le seuil
C’est la mer qui défroisse ses loques
Ici
La bouche fait lentement son sillon
Et l’heure est suspendue aux lèvres du grillon
Des larmes
Les dernières
Mais les brusques tournants de la lumière
Les algues déroulées sur le front du couchant
La poitrine de l’homme qui tremble au bord du champ
Le cœur pris dans la roue
Le hurlement des herses
Et la douleur qui suit le chemin de traverse
Ah tout est décidé
Le ciel rentre en sa lame
Ma chair sa mort dans l’âme
Mon sang son cou de dé.

(Le chant du coq)
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Cornet d’adieu


Jésus a dit
« Il n’y aura pas de printemps cette année
Parce que Max * s’en est allé
Emportant les chevaux les vergers et les ailes
Parce que sur la croix le bon Saint Matorel
A lâché les oiseaux vers un pays glacé »
Et c’est vrai. Les bourgeons se taisent. Les poitrines
Voient se faner leurs seins. Tout au fond des vitrines
Une enfance à genoux se suicide et le ciel
Epuise en un regard ses réserves de miel
Il fait froid maintenant que tu n’es plus
Beau masque de douleur
Maintenant que tes mains ont trouvé sous la terre
Enfin le battement initial de ton cœur
J’entends ta voix pareille aux chants du monastère
Et tandis qu’on te fait place dans la lumière
Les hommes prient pour toi à Saint-Benoît-sur-Loire
Tu étais sur tous les quais de toutes les foires
Au pain d’épice
On te trouvait dans les coulisses
Des bals champêtres
Tu discutais avec les prêtres
Souvent tu m’écrivais et c’était chaque fois
Des bavardages de bergères et de rois
Tu m’écriras encore
J’attends tes reportages sur la mort
le Nom vernal
O Max
Et l’élixir du laboratoire central
J’attends que soit connu la décision de l’ange
Que Dieu prenne parti pour toi et qu’il t’arrange
Une vie dans le cœur de tes amis natals.

* Le poète Max Jacob
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Comme un oiseau dans la tête
Le sang s'est mis à chanter
Des fleurs naissent, c'est peut-être
Que mon corps est enchanté

Que je suis lumière et feuilles
Le dormeur des porches bleus
L'églantine que l'on cueille
Les soirs de juin quand il pleut

Dans la chambre un ruisseau coule
Horloge au caillou d'argent
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant

L'air est plein de pailles fraîches
De houblons et de sommeils
Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil

C'est le toit qui se soulève
Semant d'astres la maison
Je me penche sur tes lèvres
Premiers fruits de la saison.
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René Guy Cadou
Glace rompue


Midi minuit
On ne sait pas
On ne regarde pas plus haut que soi
Les yeux dans les yeux
C’est un étonnant paysage

Dans la rue
Quelqu’un passe et dit des mots en douce
Si c’était vrai

Sur la glace
Le visage qu’on quitte sans regret
La bête noire dans l’ombre
Et la Belle
Les draps de lit défaits
Les échardes de soie qui saignent les poignets
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René Guy Cadou
Déclaration d’amour

Je t’aime
Je te tiens à mon poing comme un oiseau
Je te promène dans la rue avec les femmes
Je puis te rouer de coups et t’embrasser
Ô poésie
En même temps
T’épouser à chaque heure du jour
Tu es une belle figure épouvantable
Une grande flamme véhémente
Comme un pays d’automne démâté
Tu es ceinte de fouets sanglants et de fumées
Je ne sais pas si tu t’émeus
Je te possède
Je te salis de mon amour et de mes larmes
Je te grandis je te vénère je t’abîme
Comme un fruit patiemment recouvert par la neige.

(René-Guy CADOU, Le Cœur définitif, Paris, Seghers, 1961)
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René Guy Cadou
Ces pas toujours en arrière
Quelque part dans un champ clos
Mon corps pend au fil de fer
Avec tout le ciel sur le dos.
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René Guy Cadou
Toute poésie qui coule de source, se jette dans la mer, tend à rejoindre l’universel.

Usage interne
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Avec l'amour
Avec le ciel
Avec le jour
Et les souvenirs démêlés un à un
Avec le plus faible qui t'aime
Avec la plus belle d'entre toutes
Qui te regarde et s'humilie
Avec les prisons qui s'éclairent
Lorsque tu passes sous les murs
Avec l'oiseau
Avec les bêtes
Qui tremblent de te perdre un jour
Poésie la vie entière
Je te caresse
Aux yeux de tous.
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Automne

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
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- Pourquoi ne viens-tu pas à Paris?
- Mais, l'odeur des lys, mais l'odeur des lys!
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LE CHANT DE SOLITUDE



Laissez venir à moi tous les chevaux toutes les femmes et les bêtes

bannies

Et que les graminées se poussent jusqu'à la margelle de mon établi

Je veux chanter la joie étonnamment lucide

D'un pays plat barricadé d'étranges pommiers à cidre

Voici que je dispose ma lyre comme une échelle à poules contre le ciel

Et que tous les paysans viennent voir ce miracle d'un homme qui

grimpe après les voyelles

Étonnez-vous braves gens ! car celui qui compose ainsi avec la Fable

N'est pas loin de trouver place près du Divin dans une certaine

Étable !

Et dites-vous le soir quand vous rentrez de la foire aux conscrits ou

bien des noces

Que la lampe qui brûle à l'avant du pays très tard est comme la

lanterne d'un carrosse

Ou d'un navire bohémien qui déambule

Tout seul dans les eaux profondes du crépuscule

Que mon Chant vous atteigne ou non ce n'est pas tant ce qui

importe

Mais la grande ruée des terres qui sont vôtres entre le soleil et ma

porte

Les fumures du Temps sur le ciel répandues

Et le dernier dahlia dans un jardin perdu !

Dédaignez ce parent bénin et maudissez son Lied !

Peut-être qu'un cheval à l'humeur insolite

Un soir qu'il fera gris ou qu'il aura neigé

Posera son museau de soleil dans mes vitres.
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J'AI TOUJOURS HABITE


J'ai toujours habité de grandes maisons tristes
Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s'y reposaient au hasard des voyages
Et moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalier
Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages
Peut-être le secret de mon identité
Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide
Le doute d'être un homme Je m'aimais
Dans la splendeur imaginée d'un végétal
D'essence blonde avec des boucles de soleil
Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
Ebruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
Et c'était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
Mais je m'aimais ah! je m'aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouver
Ensoleillé dans les cordages d'un poème.
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Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient

Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues.
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Le coeur au bond

Rien n'a changé
Les fleurs du paravent montent jusqu'au plafond
La serrure secrète retrouve sa chanson
La fenêtre est ouverte
Je regarde courir la Loire jument verte
L'écume des corbeaux qui flotte au bord du toit

C'est toujours toi qui m'accueilles
Au bas de l'escalier
Des algues de lumière enchaînent tes épaules
Et le serpent de ciel aurait pu t'étouffer

Quand tes mains voleront sous les prèles
Quand la terre baignera tes paupières fossiles
Je reprendrai la vie où tu l'auras laissée.
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Nuit noire
On marche dans le vent de sel
Et le brouillard
Le coeur chavire
On ne sait plus si c'est la terre
Un beau navire
Ou la vie qui s'en va
Et le ciel claque sous nos doigts
Les pierres chantent sur nos têtes
Quand l'homme sera là
Nous reprendrons la fête

Les mains ont débordé
Le vent baisse la voix
Quelqu'un parle de moi
Sous le front de la lampe.
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