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Critiques de Richard Bohringer (115)
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Traîne pas trop sous la pluie

Eh Tonton, est-ce que t'as regardé dehors ?

Sur l'avenir de nos enfants il pleut de

plus en plus fort

Quand je pense à eux pourtant,

j'aimerais chanter un autre thème

Mais je suis plus trop serein, je fais

pas confiance au système

...

Ma petite gueule d'amour, mon Polo,

mon ami Châtaigne

On va rien lâcher, on va aimer regarder

derrière pour rien oublier,

Ni les yeux bleus ni les regards noirs

On perdra rien, peut-être bien un peu,

Mais ce qu'il y a devant c'est si grand

...

Un extrait que j'ai dû à mon grand regret entrecouper car il est très long : "Course contre la honte", chanson cosignée en 2019 par Richard-Bohringer et Grand Corps Malade.

"On va aimer regarder derrière pour rien oublier... Mais ce qu'il y a devant c'est si grand". Voilà qui résume parfaitement ce sublime roman.



Richard Bohringer est né en 1942 à Moulins dans l'Allier, un père allemand (un soldat), une mère française, pas facile tout ça surtout dans les années 40. Élevé par sa grand-mère il voue très tôt une passion pour le jazz, l'écriture et la comédie. Passionné il le restera et notamment par l'Afrique (il est nationalisé sénégalais). L'Afrique qui déploie ses ailes tel un oiseau majestueux tout au long de ce récit que le poète Bohringer nous livre de sa chambre d'hôpital où il a été admis pour une vilaine maladie.



"Le capitaine de tous les bateaux de la mer" prend la barre de son rafiot imaginaire pour affronter la tempête, la fièvre qui le terrasse. Et Vogue le poète, des flots de mots, à fleur de peau, qui vous donnent le vertige, qui vous bousculent, qui vous bouleversent. Mon Dieu que c'est beau !



De délires en rêves éveillés : l'Afrique, le Mali, la Bolivie, Bogota, paysages merveilleux, s'entremêlent avec la réalité cruelle de l'univers aseptisé de l'hôpital. Visions éphémères, doux mirages d'un passé pas si lointain resurgissent alors qu'il s'accroche à la vie, qu'il s'accroche au bateau pour l'empêcher de sombrer. Un récit qui résonne tel un exutoire, Richard Bohringer fait son mea-culpa, il invoque ses démons, l'alcool, la drogue, souvent avec dérision. Il convoque ses proches et ses amis disparus, tous là-haut dans l'aéronef, son père, sa mère, sa grand-mère, son frère, Philippe Léotard, Charles Matton, Mano Solo, Bernard Giraudeau (en postface) et j'en passe, sous la houlette de l'énigmatique "Grand Singe", son ange gardien, qui ne le quittera qu'une fois le rafiot remis à flots.



Il y a de l'amour, beaucoup d'amour dans l'écriture de Richard Bohringer. Il y a de la colère aussi, une putain de colère mais comme il dit si bien : "La colère ça fait vivre, quand t'es plus en colère, t'es foutu !"

"Traîne pas trop sous la pluie" c'est le cri de révolte qui vient du coeur, les regrets avec lesquels il faut vivre, mais c'est aussi l'apaisement et le pardon d'un homme sensible, écorché vif, à qui la vie n'a pas toujours fait de cadeaux. Ouvrir ce roman c'est pénétrer dans la dimension "Bohringer", c'est pénétrer dans les tréfonds de l'âme d'un homme dont la prose magnifique, lunaire, crue, apporte une dimension onirique et mémorielle très intense à l'ensemble de ce récit qui m'a bien souvent laissée dans un état de pure béatitude, émue, admirative de l'écrivain mais aussi de l'homme qu'il est, bien au-delà de l'acteur.



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Traîne pas trop sous la pluie

Putain Richard, là je dois l’avouer tu m’as scotché (je te tutoie, j ‘ai vaguement l’impression qu’on pourrait être frangin de cœur). Ton bouquin m’a fait passer par tout les degrés de l’émotion. Ca prend aux tripes, c’est d’une beauté à tomber, c’est une invitation aux voyages, aux rêves, une déclaration à cette satanée vie qui n’est pas toujours simple. Ton cri enfiévré m’a secoué, mis la larme à l’œil, bouleversé. J’aurais aimé continué un bout de chemin avec toi. Bien heureux que l’Aéronef est raté l’arrêt. Emu que tu parles de Roland Blanche (nous avions discuté un soir après « L’Ouest, le vrai » que vous jouiez en tournée il y a une vingtaine d‘années). Un magnifique souvenir pour un de tes fans anonymes. Merci pour tout ça. Richard « Traine pas trop sous la pluie », continue à écrire s’il te plait.
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C'est beau une ville la nuit

J'avais eu la chance de voir Richard Bohringer sur scène il y a quelques années de cela et j'ai vraiment eu l'impression de le revoir, de me replonger dans le temps en lisant cet ouvrage tant il écrit comme il est : c'est-à-dire vrai et sans fioritures.



Plus qu'un ouvrage autobiographique, ce sont des souvenirs que l'auteur, acteur, poète et tant d'autres qualificatifs que l'on pourrait lui attribuer nous offre à lire ici. Comme un cadeau, il se met à nu et nous, lecteurs, on prend cela en pleine face (oui oui, car c'est aussi cela Richard Bohringer) : de la poésie certes, souvent mais aussi des vérités crues, des réflexions sur la vie, sur l'amitié (beaucoup et sur les femmes (surtout).



Bien que ce livre ne soit pas très récent, il se lit de façon intemporelle et certaines réflexions sont d'ailleurs toujours d'actualité et le seront encore longtemps, que ce soit en France ou dans dans les pays dont l'auteur parle ici. Un ouvrage extrêmement bien écrit, avec des chapitres courts, entremêlés de poèmes/textes et qui se lit très rapidement. Une lecture très touchante et qui amène son lecteur à se poser sans cesse la question : suis-je assez attentif au monde qui m'entoure et aux autres ? D'ailleurs ai-je réellement pris le temps "de regarder une ville la nuit ?" A découvrir vraiment, absolument et à redécouvrir oserais-je même ajouter. Bref, j'adore !
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Quinze rounds

Richard Bohringer se met à nu au cours de ces quinze rounds et se raconte toujours avec cette fièvre et cette passion qui l'animent. De la cité HLM aux cotés de sa mamie, la seule personne à s'être occupée de lui, aux mauvaises rencontres. De ses premiers rôles au cinéma à l'Oscar reçu pour "Le grand chemin". De ses aventures amoureuses au grand amour de sa vie. De la drogue et de l'alcool dans lesquelles il s'est réfugié aux séjours à l'hôpital. De ses enfants dont il est si fier et qui font aujourd'hui son bonheur. De ses nombreux voyages qui lui ont fait découvrir l'Afrique, un continent qu'il chérit tant et porte en lui. De la musique, de l'écriture, de la vie, de l'espoir en la vie, de son propre succès dont il s'étonne toujours. De ce foutu cancer. Et de toutes ses rencontres qui l'ont marqué, notamment au cours de ses tournages.



Homme de coeur et de passion, de fièvre et de frisson, ces quinze rounds nous mettent KO tant l'on ne peut qu'admirer l'homme qu'il est devenu.

Combatif, révolté, écorché vif, ravagé, sensible, à la fois fort et fragile, attentif, Richard Bohringer a vécu plusieurs vies. Toutes à fond. Fougueusement. Passionnément.

Des regrets et des blessures mais aussi des instants de bonheur. Et la vie, plus que jamais présente.



Un carnet de bord profondément humain et intime porté par une écriture à la fois rythmée, brute et poétique.



À fleur de maux. À fleur de peau.
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C'est beau une ville la nuit



C’est beau une ville la nuit, quand l’idée du bonheur se retranche derrière les portes closes, les volets tirés, les murs dressés.

Le crépuscule, lentement, se peuple des ombres expulsées des forteresses de l’amour.

Et tombent les masques de la bienséance, les âmes peuvent se mettre à nu.

C’est beau une ville la nuit, quand l’instant paisible allume ses étoiles, quand vu du ciel Paris se fait grande ourse.

C’est le moment où les spectres d’hier renaissent de leurs cendres. La douleur se répand à travers les bars encore ouverts comme pour prendre un énième dernier vers dans un instant de poésie inattendu.

C’est beau une ville la nuit, quand la vie sommeille, quand l’agitation se met en pause, que les minutes peuvent enfin prendre leur rythme sans être pressées par des quotidiens d’horaires de gare.

Les passagers clandestins de l’amour, de l’en vie, se transforment en junkies. Des frères de sans, des petites sœurs des pauvres. Sister mort fine pour seule héroïne. Comme une fleur de pavot à l’eau de rose, un bouquet d’amour en intra veineuse.

C’est beau une ville la nuit, quand la jungle de la civilisation n’est plus qu’un mauvais rêve, que l’égocentrisme n’est plus qu’une photo jaunie, le futile, un souvenir enfoui.

L’obscurité fait les blessures anonymes, elles parlent un même langage, elles se pansent les unes les autres en attendant l’aube à coups d’alcool, à couts de cœur. Amis d’ivresses. Frères d’armes, celles qu’ils ont déposé aux pieds de l’abandon. Des cris d’alarme à larme à l’œil, l’an nuit se charge d’émotions.

C’est beau une ville la nuit, quand les appâts rances n’ont plus d’importance, que les jugements croupissent aux oubliettes, que l’homme peut être.

L’heure est aux gens de rien, aux déchus de l’amour, de la reconnaissance, de la considération. Des trois à la foi.

Reste des espoirs s’évanouissant dans des volutes de fumée allumant l’aube.

C’est beau une ville la nuit, quand Richard Bohringer du plus profond de sa poésie nous conte ses dérives, ses plaies, ses balafres, ses lâchetés, son courage, son amour.

C’est beau quand les jours et les nuits de Bohringer se confondent dans un clair obscur qui fait perdre pied.

C’est beau quand il rend hommage à son pote, son ami, Roland Blanche, cet acteur qui n’a jamais été reconnu comme il aurait dû l’être. Une véritable déclaration.

C’est beau Bohringer qui parle, qui écrit, à poil, sans filtre.

En fait, c’est beau la vie.

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Les nouveaux contes de la cité perdue

300ème rue. Au bout du monde. Chez Paulo. Se retrouvent dans ce bar des utopistes, des hommes et des femmes qui croient en un bonheur possible dans les nouveaux territoires. Car ici, il n'y a pas d'injustice, pas de différence. Contrairement aux anciens territoires corrompus où l'argent, la réussite et l'ambition étaient rois. Dans ce bar, Thierry, devenu John, dans l'espoir d'amours et de bonheur possibles, retrouve son ami, Paulo. Des années qu'ils se connaissent. Depuis ces temps troubles. Dans un coin, Solange/Betty, la sœur de Paulo, vend des cigarettes. John aime en secret la belle Solange.

Au bout du monde, personne ne rêve à une vie meilleure, les jours s'écoulent paisiblement entre la bière, l'herbe et la chaleur...



Richard Bohringer nous offre un roman engagé dans lequel il regrette la société telle qu'elle est devenue. Une société dévastée. Il évoque les hommes, leurs rêves et leurs espoirs, l'amitié, l'amour. Et se livre avec émotion et pudeur sur son parcours, notamment en la personne de John, sa carrière d'acteur et d'écrivain, son alcoolémie. Une galerie de personnages hauts en couleurs et attachants se croisent, s'évitent, s'aiment ou se désirent Au bout du monde. L'insaisissable Solange/Betty, le fidèle et l'extravagant Paulo, Papy tout fou et son vélo, Emir, le peintre à l'oeil crevé qui repeignait la vie à la demande, Pierrot, Marceau ou encore les hommes au torse nu. Ça boit, ça chante, ça rêve, ça refait le monde, ça tente d'oublier sa vie et de la rejouer sur fond de jazz. Révoltés contre la société. Désireux d'un bonheur possible dans les nouveaux territoires. Un roman intime et puissant. Une plume envoûtante et brute. De courtes phrases qui s'entrechoquent et qui frappent. Des mots à fleur de peau, à la fois mélancoliques, poétiques et percutants.
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C'est beau une ville la nuit

Intemporel, éclectique, poétique, émouvant, transcendant, parfois au delà de l'imaginaire, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier ce roman de Bohringer et la liste est non exhaustive.

A travers ses notes et ses voyages, ses souvenirs qui refont sans cesse surface, son présent si délicat, ses fantasmes, il se laisse aller, avec ses mots, pour nous les exploser en plein visage... et quel bien fou lui a pris de nous les faire partager !

Dans ses valises, du Sénégal au Québec, il nous emmène avec lui et nous le suivons les yeux fermés. L'Afrique, ce continent sinueux, sauvage fera naître l'africain qui sommeille en lui. Richard porte en lui les stigmates et les couleurs de cette terre rude, indomptée et ancestrale. Homme de contrastes, il est pareil à ses habitants: baigné de couleurs, de sensations et d'odeurs. Il est le feu dans la savane, la terre rouge animale, la communion d'un peuple, le rite de passage. Richard est tout cela: force et fragilité, sensibilité et dureté, solitude et amitiés profondes.

Dans son monde peuplé de blues, d'amour, de rencontres, d'alcool, de drogue, de malheurs, de pleurs et de bonheur, là encore, nous partageons tout, sans retenue et sans tabou. Et c'est sans retenue qu'il nous livre les êtres qui ont marqués sa vie: Régis qui n'est plus et pourtant si présent, Mamie et sa douceur et puis sa fille, détentrice de tant d'espoirs et de renouveau.

Du pur Bohringer, du dur, du vrai, du sauvage, comme on l'aime...



Comme C'est beau une ville la nuit, comme c'est beau un homme qui aime la vie...

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C'est beau une ville la nuit

Bribes de vie, de pensées en prose, mots que l'on pose facilement sur la voix de Richard Bohringer. Des mots cailloux, écorchés ou des mots qui s'envolent et fleurissent ; de la désespérance en bleue.

Une grande solitude noyée dans l'excès, une grande soif d'amour, un chant d'espoir "gai du triste".

Une impression de mots tissés avec de la poussière, du silence, du noir, pour en faire des trésors, de la vie. Écrit sans vouloir faire beau, sans mensonges, sans artifices, et pourtant ça l'est. C'est brut presque trop parfois. C'est la vie d'un homme qui se débat pour trouver le bleu et le vert cachés dans le gris.





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Quinze rounds

Quand on lit Bohringer , on sait que le voyage sera intense, décousu, éclairé de fulgurances poétiques, de cette envie de croquer la vie à pleines dents, de crier à pleins poumons cette soif de vivre malgré les excès qui en ont fait un homme difficile à suivre pour ses proches. Ces quinze rounds sont aussi un merveilleux hommage aux potes qui ont rejoint les étoiles, Richard Bohringer fait son mea culpa, désolé d'avoir pu blesser ceux qu'il a aimé dans cette vie souvent borderline, mais aussi nourrit de rencontres inoubliables. Ce récit est le récit d'un homme qui sait que la facture de ces années d'errance, se paye un jour ou l'autre. Une belle déclaration d'amour aussi à la vie. Très émouvant.
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L'ultime conviction du désir

Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux...

Richard Bohringer, poète, amoureux fou de l'Afrique écrit un long poème testament dédié aux siens, aux femmes qu'il a aimées.

Un bel hymne à la vie sous toutes ses formes.

Les mots de Bohringer courent sur la page, pressés, urgence du temps qui n'en finit pas de s'écouler comme le sable au creux de la main, on le regarde et c'est déjà fini...

J'ai aimé sa sincérité, sa tendresse et sa foi boulimique en la vie. Un beau cadeau d'un homme fragile, ours au coeur tendre (ce n'est pas moi mais lui même qui se qualifie de plantigrade)!

"C'est le blues de l'ours

Qui a du chagrin

Jamais été petit

Jamais pu vivre sa vie

Jamais chez lui..."

L'ultime conviction du désir nous livre le vibrant message d'un homme généreux.
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L'ultime conviction du désir

Je retrouve Bohringer, tendre et pressé.

Bohringer rugit, âpre, profond, roi en son pays de chagrin et d'amour immense.

Les mots se pressent, justes et ciselés, précis et tellement évocateurs dans leur simple nudité.

Bohringer est un écrivain, un auteur du brut, c'est entendu et je l'entends de plus en plus, de mieux en mieux avec cette troisième lecture qui me saisit, me plonge, m'agrippe.. Cette écriture du vivre, du présent, de l'aventure illuminée.

L'acteur n'est pas loin, Richard, et il vous tient toujours. Vous êtes l'acteur-écrivain, le héros de votre beau livre.

J'aime toujours autant vous lire, Richard... Comme j'aime toujours le moment précieux ou je revois un de vos films.

Vous m'emmenez.
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C'est beau une ville la nuit

« Faudra pas laisser la vie se taire »



Ode aux amoureux de la vie. Prenez ces éclats de mots pour lumière, qu'ils vous apportent rêves de papier ou bruine de coton. Que vous marchiez seul ou planiez sous des horizons caligineux, perdu parmi les hirondelles de ce faux printemps qui s'ouvre, la prose de Monsieur Bohringer couvrira de poésie ces instants aigres et isolés.



Je l'aime « bien cette vie à la gueule de chien »



Elle soulignera que l'isolement n'est que moments, qui peuvent être beaux aussi. Que la solitude à plusieurs existe sans doute pour que des textes nous portent vers les lointains, pour que de notre dunette, nous entrevoyions un meilleur qui s'espère dans cette ville endormie nuit et jour, à défaut de se désespérer. Je vous souhaite d'amour et de santé parce que c'est beau une ville qui respire.



« Vie je te veux. »
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Traîne pas trop sous la pluie

Traîne pas trop sous la pluie, un conseil comme une sorte de bulletin météo de l’en vie. L’envie de vivre, encore un peu. Juste pour embrasser ce bien précieux qu’est la vie, négligé trop longtemps et transmettre à qui veut cette conscience d’avoir la chance d’être au monde.

Bon, dit comme ça c’est pas forcément très sexy au premier abord. On pourrait se dire que c’est encore un bouquin genre recette miracle à deux balles capable de te faire culpabiliser d’entretenir ton cholestérol, de prendre ta voiture pour aller chercher des clopes ou d’avoir explosé trois putains de moustiques la nuit dernière.

Vous n’y êtes pas du tout. Traîne pas trop sous la pluie, c’est Bohringer et quand c’est Bohringer la seule leçon qu’on puisse recevoir elle serait plutôt ascendant humanité.

Ce n’est pas de la littérature, c’est de l’authentique, du brut de cœur, une essence d’âme, et merde aux mots qui font joli. Une mise à nu, c’est toujours poétique même quand ça bouscule ou que ça n’est pas toujours tiré à quatre épingles. C’est, à mon avis, toujours la plus belle des histoires.

Du Bohringer dans le texte, touchant, bouleversant.



Traîne pas trop sous la pluie, tu risques de t’enrhumer. Tu risques de ne plus sentir la magie d’une respiration, tu risques de ne plus t’émerveiller d’une pulsation. En fait t’es au bord de l’abîme où te font plonger tes tracas quotidiens, souvent futiles, tes envies qui sont si souvent éloignés de tes besoins. Tu perds un temps fou, ce temps qui t’es compté.

Traîne pas trop sous la pluie, c’est un bulletin de santé de la planète Bohringer, un état des lieux qui vacille. L’ami Richard est malade, salement malade… Le genre de truc qui t’achève ou qui te fait combattant.

Richard écrit les maux de Bohringer. Un Bohringer cloué par la douleur dans une chambre d’hôpital.

La fièvre nourrit les délires et instaure un dialogue complice entre le « capitaine de tous les bateaux » et l’infirmière, entre le malade et le médecin. Un dialogue parfois surréaliste accompagné par la morphine.

Le voyage est mouvementé entre l’enfance, ses parents la Française et l’Allemand dans une période qu’on dira trouble, sa grand-mère, l’Afrique, le temps où il fait l’acteur et les amis disparus.

Dans le gris du ciel, ce ciel ou les dépressions se succèdent, Bohringer trouve toujours un petit nuage bleu histoire que Richard se réconcilie avec Bohringer.

Le « capitaine de tous les bateaux » a en point de mire « l’aéronef ». Un vol long courrier, un aller simple sur lequel ses potes ont pris un billet, ceux qui sont de son sang. Philippe Léotard, Roland Blanche et quelques autres. Et c’est à ce moment que la boule dans la gorge s’est rappelée à mon souvenir. Quelques mots rajoutés en fin d’ouvrage, quelques lignes qui disent l’amitié, l’amour, la tendresse pour ceux qu’on sent de sa famille, celle qu’on s’est choisi. L’ami Bernard Giraudeau vient d’être accueilli par le capitaine de l’aéronef, Philippe Léotard.

Rideau…



« Ce matin Philippe Léotard, capitaine de l’aéronef, et Roland Blanche ont accueilli Bernard Giraudeau. Calme toi, calme toi, mon cœur. Souris lorsque tu penses à lui. Tendre ami ».



Prends soin de toi Richard, reste encore un peu parmi nous. Traîne pas trop sous l’haut des cieux.

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Le bord intime des rivières

Le bord intime des rivières… Je n’ai pas encore accosté à la première page que je suis déjà sous le charme de ce titre

Le bord intime des rivières, c’est avant tout une voix. C’est une signature vocale qui ne quitte pas le lecteur du premier au dernier mot. Un timbre imprimé sur chaque page comme sur celles d’un livre de Bohringer.

Le bord intime des rivières, un livre de Bohringer. Autant dire que mon objectivité (quasi légendaire… ou presque) m’a définitivement quitté le temps trop court de cette lecture.

Ami babelioteur, si ton truc c’est une histoire bien ficelée, avec suspens, histoire d’amour, de gore, si t’es un peu intégriste dans tes goûts (je le suis dans les miens) qu’il te faut un truc bien structuré genre sujet verbe complément où la route est bien tracée, tu peux oublier ces instantanés de vie car sur le bord intime des rivières, la vie n’est pas un long fleuve tranquille.



Vous dire que j’ai aimé naviguer entre la source et l’océan, que j’ai savouré les méandres de la scène qu’est une vie, que j’ai adoré me perdre sur les rivages inaccessibles de l’ami Richard, vous dire tout ça serait tellement loin de la vérité que si je vous le dit quand même, c’est juste que s’il existe des mots plus puissants pour un ressenti, ils ne me viennent pas.

Oui je dis l’ami Richard. Ce n’est pas que je le connaisse, malheureusement, mais que ce soit dans ses livres, ses interviews, ses coups de gueule et ses indignations, ses mots sont toujours gorgés de bienveillance comme seuls peuvent l’être ceux de quelqu’un qui vous veut du bien.

« J'ai eu du mal à approcher le bonheur, le mien, avec cette putain d'envie que les autres aient le même au moins. Ce songe lointain. Bonheur humain où l'amour sera roi».



Ah ça castagne aussi avec la vie. Les portes de l’intime entre-ouvertes claquent entre une paresse et une conscience en alerte. Le ring est dressé et les coups d’enfance répondent aux coups de sans, les coups de cœur aux coups de blues, les coups de point aux coups de soleil. Reprise après reprise, à grands coups de main, à grands coups d’amour, l’ami richard s’éloigne du chaos.

Il écrit comme il parle avec cette spontanéité qui cueille au menton le masque du premier fourbe qui passe, le dissimulateur, le fuyant, le calculateur. Chaque respiration est sincère, chaque mot transpire l’authenticité, chaque silence donne le temps d’apprécier l’instant. Sur le bord intime des rivières, d’un regard triste et blessé, Richard a su redonner vie à la petite étincelle au fond des yeux qui lui donne ce regard pétillant, généreux, fraternel, humain.



D’une salle de boxe miteuse qui mènera à la ceinture mondiale en passant par une enfance à cicatrices, des frissons donnés par un saxo au fond d’un bar, d’un concert blues, de l’amitié, les femmes, ses enfants et puis l’Afrique, de tous les alluvions qui font des rives de Bohringer un quai très attachant, il ressort un sentiment de bien être.

« Je veux écrire de la musique avec les mots. Je veux être guitare héros ».

J’aime vraiment beaucoup cette mélodie du bonheur. De la poésie à l’état brut.

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C'est beau une ville la nuit

Des instants de vie volés. De la solitude. Du mal-être. A travers ses diverses notes et ses souvenirs, l'acteur et comédien mais également poète Richard Bohringer se livre à nous par ses mots forts et parfois crus, intenses, dérangeants mais encore sincères. On reconnaît là bien l'écorché vif qu'il a toujours incarné sans forcer le trait tant sa vie a été marquée par la souffrance, les errances et l'alcool.

Malgré un titre aux accents on ne peut plus poétiques et la balade qui en résulte, axée sur une ode à la vie et à la simplicité, ce recueil est un peu brouillon dans sa composition mais reste dans l'ensemble une belle découverte de cet illustre acteur aux multiples talents.
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Traîne pas trop sous la pluie

Hospitalisé suite à une hépatite C, l'auteur nous livre ses souvenirs liés à sa période d'hospitalisation. Il se voit tour à tour accompagné de celui qu'il appelle Grand Singe, capitaine de navires et bien d'autres choses encore. Bref, Richard délire et pourtant il nous dit des choses tellement vraies. Peut-être n'est-on vraiment lucide que lorsque la fièvre nous ronge de l'intérieur. D'ailleurs, cette fièvre, il voudrait ne jamais s'en débarrasser et surtout continuer à écrire...

Il nous livre aussi des souvenirs liés à son enfance, à sa mère et à ce père qui a servi dans l'armée allemande. Il met son coeur à nu et avoue à sa mère, même si elle n'est plus là aujourd'hui pour le lire qu'il ne lui en veut pas d'avoir eu des amants pendant que son père était au front car il faut bien vivre et même au prix de vendre son corps.



Ce livre, dédié à sa femme, est une éloge de la vie, de l'écriture mais aussi de l'amour. J'ai eu un peu de mal à suivre l'auteur dans ses délire mais j'avoue que cela m'a impressionné qu'un si petit livre puisse dire autant de choses à la fois et surtout des vérités que l'on ne devrait jamais oublier ! A découvrir !
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Quinze rounds

L'homme se sent proche de la fin. Il va y passer, c'est sûr. La grande faucheuse est juste derrière lui, prêt à lui couper la tête, la patte folle ou lui enfoncer sa faucille en plein cœur. Ô Richard, cœur de lion. Le cœur battant, comme un guerrier de la vie, un résistant des abus, il survivra à son putain de cancer, putain de vie. Mais au cas où, il a rédigé ses mémoires, son épitaphe en quinze rounds.



Du coup, le vieil homme raconte ses souvenirs et surtout l'amour qu'il a pour tout ses amis. Pas un ne manquera à l'appel, il les remerciera tous, acteurs, réalisateurs, chanteurs, boxeurs. Il est entouré d'amis et cela fait du bien de sentir cette amitié qui le protège encore un peu.



La fin est proche, c'est - ou ce sera - peut-être son dernier bouquin, alors l'homme Richard aime tout le monde. Et ce livre sonne comme la déclaration d'amour d'un homme qui peut basculer de l'autre côté de la barrière à tout instant. Je ne dirais pas qu'il y a trop de bons sentiments, mais l'écriture en est bourré et si la liste des remerciements est aussi longue et éloquente que la profondeur de mes silences, il m'a manqué la poésie et la folie à laquelle Richard l'auteur m'avait habitué. Richard un cœur de lion, Richard, un cœur de poète.



Voilà si je devais résumer sa vie en quinze rounds ou moins, je citerai le Diva de Beineix que j'ai revu il n'y a pas si longtemps. Ce film m'émeut, me bouleverse, m'hypnotise même, le regard humide d'une petite larme venue s'échouer sur ma joue.

Je te parlerai également d'une émission de radio qui a longtemps éclairé mon spleen du dimanche soir, le regard porté sur le plafond de ma chambre adolescente. Oui, Richard, c'est beau une ville la nuit. C'est beau un silence la nuit, c'est beau tes mots la nuit.

Traîne pas trop sous la pluie, tu va attraper la mort, ô toi lecteur de Bohringer. Un petit roman, forcément autobiographique, Richard écrit sur lui, sur l'amour, sur la mort, sur la vie. Et c'est un putain de bouquin !

Je me souviendrai de la dernière pièce de théâtre que j'ai vu avec sa fille, père et fille sur la même scène, un moment inoubliable. J'avais un beau ballon rouge. D'ailleurs, je regarde ma montre, oui il est l'heure de mon ballon de rouge. Richard je t'accompagne dans tes excès.

Mais aussi Richard, c'est un disque qui m'a fait voyager, qui m'a accompagné pendant des années entre le Sénégal et New-York, la grande Aventures. 42ème Rue.



Richard, je t'aime, même si tu as survécu à ce putain de cancer, je te le dis déjà...
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Traîne pas trop sous la pluie

A Marina,

Vive vos rêves, vos espoirs

Dédicace d'une écriture élancée, rapide, écorchée... à l'image de ce qu'il est et représente. Et cette écriture m'a réellement convaincue. Il a une façon de raconter les choses, de se raconter, tellement hors norme, incomparable et bouleversante.

Je suis tombée sous le charme de sa plume car en plus d'être un bon acteur, un merveilleux conteur, il est aussi un grand écrivain.

Des mots à fleur de peau, mélancoliques, percutants, chantants et tellement vivants...

Des phrases saccadées, poétiques, brèves, tumultueuses, qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes...

Un homme combatif, entrainant, ravagé par la vie, charismatique, humaniste et d'une force incroyable...

Un roman atypique, qu'on peut lire et relire...

Une invitation à un voyage que je suis prête à refaire avec ce "capitaine de tous les bateaux des mers du monde"...
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Traîne pas trop sous la pluie

Richard Bohringer, Richard cœur de lion en plein délire. Il pleut, il fait nuit, il arrive à l’hosto. La fièvre, l’Hépatite C. La lutte. Rester à bord, continuer à gouverner au-delà des flots, être le capitaine de tous les bateaux. Ou alors, rejoindre là-haut l’aéronef avec à son bord ses amis, Mano Solo, Philippe Léotard et Bernard Giraudeau – entre autres.



Richard délire de plus en plus. Son souvenir navigue de Paris à Bogota, du Benin à Cayenne. Son esprit est voyageur, un grand voyageur écumeur des flots. Il devient poète. Mais la fièvre n’y est pour rien. Poète, je l’ai déjà connu dans « C’est beau une ville la nuit ». Poète dans l’âme. Ce type-là, il m’émeut. Ses écrits, ils m’émeuvent. Même empreints de fièvre et de passion déraisonnée. De toute façon, par définition, la passion va à l’encontre de la raison. C’est pour cela qu’elle est intense, et qu’elle vous brule l’âme et le cœur.



« Traîne pas trop sous la pluie » est le genre de p’tit bouquin que j’ai envie de garder dans ma poche pour pouvoir le ressortir à n’importe quel instant de ma vie. Juste quand je ressens un besoin irrésistible de poésie, comme quand je me sers un grand verre de bourbons sans glace. Ce bouquin, je vais le trimballer, partout où mon âme me guidera, qu’elle soit dans la puanteur des chiottes, dans la puanteur d’un métro ou sous la puanteur d’un pont.



La fièvre de Richard, elle est bénéfique, elle le maintient en vie. Je la bénis cette fièvre, juste pour qu’il me ressorte un tel bouquin, juste parce que j’aime sa vie, j’aime son Afrique, j’aime son courage et sa façon de vivre. Je t’aime, Richard, capitaine de tous les bateaux. Et franchement, à chaque fois que je te lis, même une page, je reste sur le cul, perclus par tant d’émotion. J’ai envie de citer toutes tes phrases, tellement qu’elles sont belles, tellement qu’elles me touchent. Mais faut que je laisse d’autres lecteurs s’approprier par eux-mêmes tes écrits, qu’ils se plongent dans ton univers pour naviguer sur ton vieux rafiot à chevaucher toutes les mers chaudes, des Caraïbes aux côtes africaines.



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L'ultime conviction du désir

Après avoir vu la pièce de théâtre de Richard Bohringer au centre culturel de ma ville il y a deux jours à peine, je suis littéralement tombée sous le charme de ce grand comédien et qui plus est auteur.



Dans cet ouvrage, il nous raconte sa passion pour l'Afrique, ses voyages, notamment au Sénégal -pays qu'il affectionne tout particulièrement-, nous parle de ses enfants mais aussi de la vie tout simplement. Il invite le lecteur à croquer la vie à pleines dents, à respirer tous les parfums qui s'offrent à lui, à ne pas avoir honte de dire "je t'aime" car la vie est quelque chose de tellement fragile. Il faut savoir profiter de chaque instant car les regrets sont pires que les erreurs que l'on pourrait commettre au cous de sa vie. Il nous invite au voyage, à la découverte de tout et de rien, en un mot A VIVRE !



Roman très court et pourtant qui nous narre l'essentiel. A lire !
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