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Thierry Beauchamp (Traducteur)Romain Rabier (Traducteur)Keith Abbott (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859205218
253 pages
Le Castor Astral (15/04/2003)
4.05/5   53 notes
Résumé :

Richard Brautigan, alors âgé de 21 ans, s'apprête à quitter Eugene, dans l'Oregon, pour San Francisco. Peu avant son départ, il rend visite à Edna Webster, la mère de son seul lecteur et aussi de sa première petite amie. Il tend une liasse de feuilles et lui dit : " Quand je serai riche et célèbre, Edna, ce sera ta sécurité sociale. " Du haut de ses 21 ans, Brautigan sait déjà ce qu'il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Les poètes me troublent rarement.
Il existe à mon sens, une différence entre un écrivain et un poète : si tous deux sont des auteurs, l'un est un artisan, l'autre un artiste. l'un applique une technique personnelle d'écriture pour nous conter une histoire, l'autre utilise ses mots et leur assemblage pour suggérer, pour transmettre des sentiments, comme un peintre le fait avec ses couleurs.
Si l'on peut souvent se satisfaire de n'importe quel écrivain, il n'en est pas de même d'un poète.
Il nous bouleverse, ou pas.
Là, je l'ai été et le suis encore. Certes tous les textes de ce recueil ne m'ont pas chamboulé, mais certains m'ont, c'est ça, bouleversé.
Et ce sont plus souvent des larmes, que des sourires qui me sont venus, car Richard Brautigan est un poète triste.
Mais qu'importe cet état pourvu que nous soyons bouleversés.

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Depuis que j'en ai fait la découverte, j'ai pour la poésie de Richard Brautigan un attachement tout particulier.
Également nouvelliste et romancier, Brautigan est considéré comme un des derniers représentants de la Beat Generation, dont il se tint pourtant toujours à distance. Dans les dernières années de sa vie, marginalisé, il vécu retiré avant de se donner la mort en octobre 1984. Richard Brautigan avait 49 ans.

Il a écrit ses premiers poèmes pour séduire les filles (un moyen comme un autre d'attirer l'attention sur lui. L'histoire nous dit cependant que les échecs furent nombreux...). Épris de lecture, de poésie surtout, il fut un enfant et un adolescent solitaire, discret, marqué par l'influence d'une mère peu aimante et l'absence d'un père qu'il ne vit que deux fois durant sa vie. Il portera longtemps l'image du simplet isolé, rêveur et sans amis.

Richard Brautigan a toujours eu une conscience aiguë de sa personne, de ses manques, de ce qu'il incarnait aux yeux des autres. Ce sentiment influença beaucoup son style.
Pour rentrer dans la poésie de Brautigan, il convient de renoncer à toutes les règles de forme (de métrique, de rimes,…) et de style. Son écriture va à rebours de tout conformisme littéraire. Ce qui marque d'emblée chez elle, c'est la simplicité du style, presque monocorde, sans rythme. Mais c'est surtout l'insolite, l'incongruité des sujets abordés qui étonne. Ils sont tous emplis d'ironie, d'humour décalé mais également de désenchantement.

" J'ai
rêvé
que j'étais un oiseau
perché sur un pommier.

Le soleil
était de sortie
et mes plumes
étaient chaudes.

Je me
reposais
entre deux parades
amoureuses
quand des gosses
m'ont descendu
avec une carabine à plomb." *

Dans les poèmes de Brautigan se livre la conscience de soi, la primauté de l'individu, dans un monde qui offre tour à tour matière à s'émerveiller mais aussi à désespérer, où coexistent la délicatesse et la cruauté. Dans des textes en vers très courts, des histoires brèves, le poète écrit inlassablement sur la capacité de l'imagination à transformer la vie, à défaire les apparences, à ébranler la vision trop suffisante que nous avons du monde.

" La simplicité
de la vie
et la complexité
de la mort
jouent à un jeu
appelé éternité
contre
la complexité
de la vie
et la simplicité
de la mort. " **

Les allusions à des événements douloureux mais aussi heureux sont nombreuses dans l'écriture de Brautigan. Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il ne se paye pas de mots, c'est sa générosité débordante (dans le milieu des années 60, Brautigan distribuait aux passants dans la rue des poèmes qu'il venait d'écrire). Dans chaque poème, Brautigan veut y faire entrer le monde entier, donner à saisir, à comprendre une part du monde (pas la moindre) qui nous entoure. Poésie minimaliste pour dire le tout, l'unique.

" Je veux sentir
la poésie apaisante
de Tes mains
flâner sur mon visage." ***

Attachante, déconcertante, familière et étrange, tendre et parfois cruelle, souvent émouvante, la poésie de Richard Brautigan est tout cela. Elle est aussi, marque des grands poètes, inoubliable.


(*) poème " J'ai rêvé que j'étais un oiseau "
(**) poème " Un jeu appelé éternité "
(***) poème " La poésie de Tes mains "
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C'est émouvant et triste de découvrir des écrivains talentueux qui sombrent dans l'alcool et mettent fin à leurs jours.
Marguerite Duras a écrit : « Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit ». Même si la poésie est plus belle lorsqu'elle est lue à haute voix, j'adhère à cette description du processus d'écriture. Et je remercie tout particulièrement les éditeurs et nos chers libraires.
Richard Brautigan est surnommé le « dernier des Beats ». Je découvre avec plaisir cette génération américaine de poètes et d'écrivains mythiques. La poésie de Brautigan est à la fois ordinaire et lumineuse. Elle est sensuelle et tactile. « La chaleur paisible de son corps tout contre le mien. / Il y avait un vague souvenir de rouge à lèvres sur sa bouche. » En une seule phrase, un tableau se dessine. « Je me souviens des roses qui poussaient près de l'étang. » Lire Brautigan inocule un sentiment agréable, parfois terrifiant. « Il était à peu près trois heures du matin quand le fantôme de mon frère Jake est venu me rendre visite. » Je préfère ses évocations de l'amour qui est comme, peut-être une part de tarte aux pommes. C'est un recueil poétique qui accompagnera mes nuits d'insomnies.
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Univers désenchanté
Sobriété
Effacement de soi
Poésie de laboratoire d'essais
Singularisation simultanée du banal et de l'exceptionnel.

En témoigne ce poème contenue dans la 2e PARTIE
et intitulé : faim d'une étoile
où cohabitent l'étoile Mary , l'éternité et les bras
" quelquescentrimétriques " de l'auteur.


" J'aime,
profonde et pure
comme la rivière,
une étoile
nommée Mary.

Elle est collée
à cette fenêtre
d'éternité
appelée ciel.

Mes bras
ne font
que quelques centimètres. "

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J'adore la tournure d'esprit de Richard Brautigan !
J'adore, j'adore, j'adooooore !
Je ne suis pas du tout fan de poésie, loin de là. D'une manière générale, il faut que ce soit d'une simplicité extrême. J'associe sans doute trop la poésie à un côté ampoulé et pédant, mais c'est comme la musique classique, ça a tendance à me taper sur le système et me laisse absolument de marbre, émotionnellement parlant.
Mais là !
J'ai adoré cette poésie qui raconte, cette poésie très terre à terre, cette poésie qui n'élève pas notre âme et dont les chutes nous font brusquement revenir au sol. J'aime cette poésie qui pète et qui rote. J'aime cette poésie qui se moque d'elle-même.
Richard Brautigan fait preuve d'une telle auto-dérision... et d'une infinie mélancolie aussi... Curieux et formidable mélange.
Génial !
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Allons en ville tous les deux

Je prendrai ta main,
qui me rappelle
un chat que j'ai bien connu,
et nous irons marcher.

Je te parlerai de choses et d'autres,
et je te ferai sourire
et pouffer et rire
comme un petit enfant.

Je te montrerai des choses
à regarder.

Peut-être que je m'arrêterai pour t'embrasser
devant tout le monde.

Je m'en fous d'ailleurs
parce que je t'aime
plus qu'une montagne
que j'ai bien connue.
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J'aime les chats
Pourquoi j'aime les chats?
Je ne sais pas vraiment
Mais je pense que c'est pour la même raison
Que j'aime l'aube
Et le lever du soleil
Et la tombée de la pluie.
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Contre le conformisme et la normalité

Je hais,

parce
qu’ils sont mauvais
comme la faim habituelle
dans un estomac d’enfant,

les gens
qui essaient
de changer l’homme
le chercheur de vérité
en
un taureau castré
paissant
dans la paix
de la mort mentale
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Dépêchez-vous, jeunes amants


Dépêchez-vous, jeunes amants
et aimez tant que vous le pouvez.

Embrassez-vous et caressez-vous
et aimez tant que vous le pouvez.

Goûtez et dévorez
et aimez tant que vous le pouvez.

Parce que, bientôt, la mort
soufflera votre feu.

Et seules les cendres resteront.
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Toujours les oies

Aujourd’hui
les oies hantaient le gris
du ciel d’octobre
avec leur V
et leur voix éternelle

Que puis-je dire
que les oies m’ont dit
en volant vers des cieux lointains
des lieux où elles sont nées
et ont grandi ?
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Le choix de Mathias Malzieu : « C'est tout ce que j'ai à déclarer » de Richard Brautigan
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