AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Robert Bober (74)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Quoi de neuf sur la guerre ?

En 1945-46, petit à petit, les survivants du génocide reviennent des camps. A Paris, dans l'atelier de M. Albert, tailleurs, finisseuses et repasseurs sont tous des rescapés d'une façon ou d'une autre. Déjà rentrés ou seuls de leur famille à ne pas avoir été déportés, ils tentent de reconstruire leur vie.



Raphaël et Betty, les enfants de M. Albert, passent l'été au manoir de D., une colonie qui accueille des enfants juifs. Raphaël s'y lie d'amitié avec Georges qui attend encore ses parents. A la fin de l'été Georges reste au manoir, devenu un pensionnat pour orphelins.



Robert Bober fait revivre une communauté qui a été soudée par les persécutions communes et qui s'épaule. La narration est multiple. Dans chaque chapitre c'est un nouveau personnage qui s'exprime sans que ce soit toujours évident de savoir lequel mais ça n'empêche pas d'avancer. Malgré le titre la guerre, la shoah sont à peine évoquées, c'est plutôt une toile de fond sur laquelle les informations arrivent comme inopinément, comme des allusions. Un des ouvriers a pu, après un long procès, récupérer le logement où il habitait avant guerre mais le propriétaire a reçu en compensation 8 800 francs de loyer pour la période où son locataire "habitait" ailleurs.



J'ai beaucoup aimé ce très bon roman en partie autobiographique qui aborde la question de ce qui se passe après la shoah pour les victimes. C'est un sujet qui n'est pas si courant, il me semble. J'ai découvert aussi tout le petit monde des ateliers de confection et une culture en voie de disparition : on parle encore yiddish et il y a un théâtre yiddish à Paris.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          30
Par instants, la vie n'est pas sûre

Né en Allemagne le 17 novembre 1931, Robert Bober fut d’abord tailleur — il eut mention très bien en coupe — et il travailla dans un atelier de couture jusqu’à l’âge de 22 ans. Et c’est chez son employeur qu’il fit la rencontre de futurs écrivains comme André Schwarz-Bart et Jean-Claude Grumberg. Mais la rencontre qui décida de son avenir d’écrivain et d’homme de cinéma fut celle avec Pierre Dumayet (1923-2011), journaliste et écrivain, qui introduisit la littérature à la télévision avec Lectures pour tous puis Lire c’est vivre. Devenu réalisateur à la télévision, Robert Bober collabora avec lui et devint son ami.

Et c’est à Pierre Dumayet que s’adresse ce livre, Par instants, la vie n’est pas sûre, sorte de lettre-hommage-récit émaillée de souvenirs dont ceux des rencontres avec de nombreux écrivains dont l’œuvre a marqué celle de Robert Bober.



Voici ce qu’on peut lire en quatrième de couverture :

« J’appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux que j’appelle qui se présentent. Et comme s’ils n’attendaient que ça, ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les accueille sans savoir où ils vont me conduire ni ce qu’ils vont produire. Répartis dans des dossiers étiquetés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau, attendant avec impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m’y arrêter.

Il y a des choses dont on se souvient « comme si c’était hier » et d’autres — quel plaisir ! – qui surgissent, là, soudain, que j’avais oubliées au point qu’elles m’apparaissent nouvelles. D’autres encore, dont je ne mesurais pas l’importance, mais dans quoi, comme à mon insu, le temps a déposé ce que je vais m’acharner à comprendre et essayer de traduire. Oui, les souvenirs, il faudrait pouvoir leur parler. Ils doivent tout savoir de nos regrets, de nos remords.  »



La dédicace viendra à la page 337 :

«  Si j’ai choisi de t’écrire, Pierre, c’est que j’ai préféré te parler plutôt que parler de toi. Il m’a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort.

Longtemps, il m’a suffi que je te sente présent, lisant ou écoutant, pour qu’aussitôt affluent les souvenirs. Oui, c’est vrai, il me reste encore un peu de temps. Mais est-ce que j’aurai encore celui de tout dire ? Je ne crois pas. »



Et l’auteur offre à l’ami disparu avant lui un écrit qui transcende l’amitié, avec pudeur, avec sensibilité. Au fil des souvenirs, il raconte sa famille, ses origines, la guerre, la Shoah, la religion, mais surtout toutes ces belles rencontres dont il s’est nourri et qui l’ont enrichi et transformé aussi bien humainement qu’intellectuellement.



Car ce sont bien toutes ces rencontres qui l’ont transformé, lui qui ne se comptait pas parmi les intellectuels ! « Ayant quitté l’école dès le certificat d’études primaires obtenu, j’ai passé des années à ne pas lire. Pas par refus. Par ignorance. Je croyais que les livres étaient destinés à ceux qui poursuivaient leurs études. Et lorsque des amis qui étaient dans le secondaire parlaient entre eux de Racine, de Marivaux, de Balzac, de Stendhal ou de Flaubert, il me semblait que c’était uniquement à des fins scolaires. » écrit-il page 24.

Et son travail auprès de Pierre va l’amener à lire, à se cultiver, à faire de nouvelles découvertes. Il écrit page 110 « Pour quelqu’un qui allait travailler avec toi, j’avais peu lu. Toi, par générosité, tu as fait comme si j’avais lu les auteurs dont il allait être question. Les morts comme les vivants. Aussi je n’en menais pas large. Mais comme je n’imaginais pas qu’on puisse filmer un auteur sans l’avoir lu, je le lisais. »



Dans ce livre, les souvenirs apparaissent au fil des mots, des émotions et non pas dans l’ordre chronologique. On peut lire page 275 : « Aussi, ce désordre je ne vais pas y toucher. Il est là, lié à l’ordre des souvenirs qui, contrairement aux livres, ne sont pas rangés dans les rayonnages d’une bibliothèque. Ils ont leur propre classement et choisissent seuls leur ordre d’arrivée. Ce sont parfois les mêmes qui reviennent, avec insistance. C’est qu’ils ne racontent pas chaque fois la même chose. »



Je vous invite vraiment à lire ce très beau livre, sensible et bienveillant.
Commenter  J’apprécie          30
Quoi de neuf sur la guerre ?

La pudeur est ce qui caractérise ce roman.

Un monde disparu, celui du souvenir des shtetlech (pluriel de shtetl) d'Europe de l'est, des survivants tachant de survivre à la disparition des leurs, certains les attendant toujours...

Quelques passages du livre :

Dans un documentaire sur la shoah, un des spectateurs s'est écrié "C'est mon père, arrêtez le film", mais le film a continué...

Cette scène m'a rappelé celle du procès de Nuremberg, où un témoin, un vieux monsieur, à la vue de ses tortionnaires s'est écrié "ils sont là", s'est trouvé mal et n'a pu continuer son témoignage.

Cimetière de Bagneux où chaque année se réunissent des juifs pour citer les noms, les noms inscrits sur les tombes, mais les tombes sont vides, ceux qui portent les noms ne sont jamais revenus.

Ce livre m'a aussi rappelé la pièce de Jean-Claude Grumberg "l'Atelier" qui se passe entre 1945 à 1952, qui m'avait beaucoup marquée.

Tristesse et colère que certains continuent de taguer des inscriptions antisémites et d'accuser les juifs de tous les maux, comme on peut encore le voir en ces temps de Covid...

À la parution de ce roman j'ai eu l'honneur de rencontrer Robert Bober et il me l'avait dédicacé "À (+ nos prénoms), ces histoires familiales et familières et pour ces chemins communs qui ont débouché sur les livres. Très cordialement"
Commenter  J’apprécie          20
Quoi de neuf sur la guerre ?

Une écriture si touchante sur ces enfants et ces rescapés des camps au travers de la description de la vie quotidienne dÈun atelier de confection

On sent la douleur de ces enfants et le traumatisme de cet effarant génocide. Une pudeur touchante ou tout est dit dans les silences. un livre trés attachant
Commenter  J’apprécie          30
Par instants, la vie n'est pas sûre

Robert Bober , autodidacte aux mille talents, a vraiment un parcours de vie étonnant : né à Berlin en 1931, sa famille, juive d’origine polonaise, se réfugie en France en 1933. À 15 ans, il commence son apprentissage en tant que tailleur, métier qu'il exercera jusqu'à l'âge de 22 ans, il sera encore potier puis éducateur. A la fin des années 50, il devient l’assistant de François Truffaut et commence à réaliser des documentaires pour la télévision. À partir des années 1980, il travaille avec Pierre Dumayet, animateur de « Lectures pour tous » notamment, et collabore à ses portraits d’auteurs, tels que Paul Valery, Marguerite Duras ou Georges Perec. Mais aussi Hans Hartung, Pierre Alechinsky ou Matisse…

Ce livre magnifique, qui prend la forme d’une longue lettre adressée à Pierre Dumayet, est nourri de toutes ses rencontres et de leurs échanges professionnels et littéraires. Ce récit est bouleversant de justesse, d’émotion, de sincérité.

Ce recueil de souvenirs, accompagné de documents iconographiques qui illustrent fort justement le texte, est une ode à la lecture, à l’amitié. C’est aussi un chant funèbre en l’honneur d’une culture yiddish disparue, assassinée durant la seconde guerre mondiale. Malgré cela sa lecture vous fait du bien, vous rend heureux, optimiste même ! Bref c’est un hymne à la vie, à l’intelligence et à l’amitié

Commenter  J’apprécie          00
Berg et Beck

Berg et Beck sont amis d'enfance. Ils portent l'étoile jaune. Beck disparaît, victime des nazis.

Berg survivra. Il n'oubliera jamais son ami et, après la guerre, deviendra éducateur dans des maisons d'enfants orphelins, fils et filles de déportés.

Le roman ne vaut que par le regard porté sur ces enfants traumatisés et privés d’affection familiale.
Commenter  J’apprécie          140
Par instants, la vie n'est pas sûre

Dans la vie de Robert Bober, de nombreuses rencontres ont marqué de grands tournants : celles avec Georges Perec, avec André Schwartz-Bart, auteur du Dernier des justes, ou avec Paul Otchakovsky-Laurens, qui fut son éditeur, en font partie. Mais aucune ne compta autant que sa rencontre avec Pierre Dumayet, pilier de la télévision française dans les années 50 à 70. La dette de Robert Bober, apprenti tailleur devenu grâce à ses encouragements réalisateur puis écrivain, est énorme à son égard. C’est à la fois pour lui rendre hommage et pour retrouver la complicité d’autrefois qu’il lui écrit la longue lettre qu’est Par instants, la vie n’est pas sûre.



Compilant des fragments de souvenirs épars, piochés dans les coulisses des émissions tournées avec Duras ou Dubillard aussi bien que dans les souvenirs d’enfance, Robert Bober esquisse une autobiographie émaillée de citations de tous les livres qui l’ont construit. On suit ses pas avec délectation, gambadant des traductions du yiddish d’Erri de Luca vers les poèmes de Pierre Reverdy en passant par ses souvenirs de Perec, dont la bienveillance curieuse illumine tout le livre. Ce faisant, Robert Bober rend le plus bel hommage à Pierre Dumayet, lui-même auteur d’une « Autobiographie d’un lecteur » et de la série d’émissions Lectures pour tous, qui se donnait pour but de porter l’écriture littéraire auprès de chacun, quelle que soit sa condition. Il signe ainsi, avec cette adresse à l’ami disparu qui sonne comme un dialogue ininterrompu, un livre gai et émouvant qui, comme le Talmud, est « le départ d’une bibliothèque » et, comme le Henri Matisse d’Aragon, « ne ressemble à rien qu’à son propre désordre ».
Commenter  J’apprécie          40
Par instants, la vie n'est pas sûre

Je me suis un peu ennuyée avec cet ouvrage. L'auteur évoque intelligemment son amitié avec Pierre Dumayet et leur collaboration professionnelle. Leur lien indéfectible, se poursuit au-delà de la mort avec cette lettre émouvante.

La question de la judaïté est également très présente dans cet échange à sens unique. Il y a quelques très beaux passages sur le sort des enfants juifs survivants après la guerre et la difficulté de de venir des adultes solides quant les familles ont été exterminées.

Ce récit est sans doute trop personnel pour que je puisse m'y retrouver.

Commenter  J’apprécie          20
Berg et Beck

Un récit très émouvant sur l'amitié de deux jeunes garçons juifs pendant la seconde guerre mondiale. Une très belle lecture, pour les adultes et adolescents, qui peut être suivie par l'ouvrage Quoi de neuf la guerre, écrit par le même auteur. Sur le même sujet, de très beaux livres sont à lire : un Sac de billes de Joseph Joffo, Silbermann de Jacques de Lacretelle, l'Ami retrouvé de Fred Ulhman,...
Commenter  J’apprécie          40
Ellis Island

🇺🇸 « Au début, on ne peut qu’essayer

De nommer les choses, une

A une, platement,

Les énumérer, les dénombrer,

De la manière la plus

Banale possible,

De la manière la plus précise

Possible,

En essayant de ne rien

Oublier » (p.45)



🇺🇸 Ellis Island. Last stop pour des millions de personnes qui ont fui leur pays pour rejoindre la terre aux innombrables possibilités, dès le milieu du XIXème siècle. Ellis Island fait partie de ces lieux qui existent mais qui, en même temps, ne « sont » pas ; symbole de l’exil, ultime étape d’un exode souvent douloureux, Ellis Island, surnommée « l’île des larmes » est comme une porte sur un monde nouveau ; avant d’y entrer, on est italien, français, polonais, irlandais ... Et si l’on a la chance de répondre correctement aux 29 questions qui nous sont posées, si l’on n’est ni souffrant ni malade, si le juge donne son accord, alors on en sort américain. Welcome to the United States of America.



🇺🇸 L’île des larmes... A ceux qui se sont vus refuser l’entrée sur le territoire, deux options s’imposent : l’attente ou le retour. L’échec.



🇺🇸 Extrêmement court mais d’une puissance incroyable, ce récit est un véritable trésor. George Perec questionne ici « l’errance, la dispersion, la diaspora ». Ce qui l’intéresse dans cet endroit où quelques fonctionnaires tenaient entre leurs mains le destin de millions de personnes, c’est l’absence de substance, la vacuité de l’endroit, il n’y a rien de tangible, de palpable, il n’y a que l’histoire de ces hommes et de ces femmes, leurs récits, leur mémoire. On ne visite pas cet endroit, on le ressent profondément, il fait écho à d’autres sentiments, d’autres troubles, d’autres fuites, les nôtres, plus intimes, plus enfouies.



🇺🇸 Ce récit fut publié en 1980. Mais il n’a pourtant jamais été plus actuel.



🇺🇸 Comprenez : sometimes we just need to look back.
Commenter  J’apprécie          100
Par instants, la vie n'est pas sûre

Il était bien bon de finir 2020 et de commencer 2021 avec Robert Bober. Son dernier livre qui se présente sous la forme d’une longue lettre hommage à son ami disparu Pierre Dumayet est saisissant. Je connaissais à peine Bober et pas du tout Dumayet et j’ai été bouleversé par la simplicité, la profondeur et la sincérité du récit. Les souvenirs de Robert Bober s’y tiennent par la main, les anecdotes s’enchainent avec délicatesse et justesse, les citations accompagnent le récit sans jamais le noyer, les rencontres baignent dans un esprit amical et fraternel. Robert Bober écrit qu’un livre accomplit un miracle lorsqu’il permet « de penser à son auteur comme on pense à un ami. » C’est exactement ce que j’ai ressenti à propos de l’auteur de "Par instants, la vie n’est pas sûre". Sa façon si intime de s’adresser à son ami Pierre Dumayet ou de raconter ses souvenirs me l’a rendu immédiatement sympathique et proche au point de vouloir boire un verre avec lui comme on en boit un avec un copain. C’est un livre d’une infinie douceur, un récit d’amitié et de fraternité qui nous prouve si besoin est que le livre est un bien essentiel. Le récit est accompagné de nombreuses photos qui éclairent intelligemment le texte. Même si ce recueil de souvenirs peut paraître parfois joliment désordonné avec de nombreuses parenthèses, digressions ou allers-retours, Robert Bober réussit à tisser un assemblage cohérent et passionnant. Les chapitres se succèdent qui avec une rencontre, qui avec un livre, qui avec une anecdote, mais toujours avec un respect des gens quels qu’ils soient célèbres ou parfaitement inconnus. C’est un livre à la gloire du livre dont la justesse et la simplicité en font toute la beauté, où l’on comprend l’importance d’être à l’écoute des autres, disponible aux rencontres et aux surprises, où l’on se rend compte que chaque mot même chuchoté par Bober sonne plus fort que n’importe quel hurlement stérile.
Commenter  J’apprécie          40
Par instants, la vie n'est pas sûre

Un trésor de livre, qui rend heureux…illumine de tous les feux de l'amitié…une rencontre unique qui a transformé l'existence de Robert Bober…qui rend cette « grâce » par une Lettre inoubliale à l'Ami…disparu…



Juif ashkénaze d'origine polonaise , Robert Bober, autodidacte, nous raconte ses racines, sa famille , son peuple, l'Histoire, la guerre, la persécution des juifs, mais avant tout ses rencontres, les êtres qui l'ont fait progresser, l'ont nourri intellectuellement, humainement . Et tous ces souvenirs, toutes ces évocations il les offre, les adresse à l'Ami, parti avant lui : L'homme du Livre…aux débuts de la télévision : Pierre Dumayet !



Pierre Dumayet, rencontre déterminante…. Robert Bober n'a pu faire d'études, et comme tant d'enfants en méfiance vis-à-vis de l'Ecole , pensait à tort que la lecture n'est faite que pour ceux ayant fait des études,alors ses rapports à la la lecture était « bien mal partie »…Pierre Dumayet bouleversera tout cela et sera comme une sorte de « mentor »…



Mais à partir de cette très belle rencontre et bouleversante complicité, quel parcours et quels talents développés par Robert Bober…au fil des années. Il nous décrit très simplement tous ses projets dont ses idées de cinéaste, de documentariste : projets concrétisés comme ceux auxquels il tenait, qui ont été refusés !



Quel beau texte, et à plus d'un titre : d'abord une lettre bienveillante, pleine de chaleur de Robert Bober, reconnaissante , admirative de l'Ami, le complice de tant d'années : Pierre Dumayet…Une ode flamboyante à ce trésor qu'est l'Amitié, mais aussi le parcours d'un homme peu banal, autodidacte , aux mille talents, et l'évocation pour nous de toute une époque incroyable, et parmi tout cela, les premiers pas de la télévision, et les initiatives originales, ingénieuses pour offrir les premières émissions culturelles, sur les Livres, entre autres, au plus grand nombre…dont celles , des plus marquantes de Pierre Dumayet…bien des années avant « la Messe du Vendredi soir » , comme on surnommait ensuite, nous autres,libraires, l'émission de B. Pivot, « Apostrophes »



« Et puis un jour- nous sommes alors en 1959-vous êtes là tous les deux, sur le petit écran comme on disait alors. Vous êtes là, assis l'un en face de l'autre parce que toi, Pierre, tu animais avec Pierre Desgraupes "Lectures pour tous", cette émission, la toute première dans laquelle on pouvait voir en gros plan les visages de ceux qui écrivaient des livres, et parce qu'André en avait écrit un : - le dernier des Justes-

Je ne vais pas raconter ici l'importance de ce livre, dire en quoi il était fondateur, inaugural. D'autres l'ont fait et, j'en suis persuadé, on continuera longtemps encore à le faire. Mais je voudrais essayer de te dire ce que j'ai appris ce soir-là en vous regardant, en vous écoutant.

C'est ce soir-là, j'en suis sûr maintenant, que j'ai appris à écouter les silences. Ceux d'André" étaient impressionnants. Comme s'ils permettaient aux mots de ne pas s'égarer. » (p. 37)



Il y aurait mille choses à dire, souligner dans ce livre fabuleux… Toutefois, comme tous les « accrocs » du Livre, de la Littérature et de la lecture, et comme Libraire de carrière , de coeur, je souligne plus exclusivement ce qui touche à la personnalité de Dumayet, ayant tant fait pour rendre La lecture pour le plus grand nombre, aussi simple et vital que …de « respirer » ou « manger »…

Personnellement , je me souviens, entre autres d'une émission qui m'a frappée, axée sur la lecture de « Poil de Carotte » de Jules Renard, où Dumayet avait invité un jeune lecteur, rouquin, pour avoir au plus près, les émotions du jeune garçon , ayant déjà quelque communauté de situation avec le « personnage » de Jules Renard…

Pierre Dumayet parlait avec ferveur, et de façon insatiable des écrivains, des textes, de la Relecture…

" Relire est aussi naturel qu'aimer, dis-tu, Pierre. Les personnes qui n'aiment pas relire les livres qu'elles ont aimés me font penser à un fat qui dirait d'une femme : je l'ai déjà lue". (p. 238)



Une très vive reconnaissance à la sensibilité et au talent magnifique de Robert Bober [qui, je dois avouer , avec quelque gêne, je découvre bien tardivement avec ce texte !! ]

Un immense MERCI à Olivia de Lambertie qui a parlé avec tant de « feu et talent » de cette pépite de livre , et m'a offert, ainsi qu'à d'autres auditeurs (j'imagine !) ce moment de grâce et d'humanité rare !



Un moment unique de bonheur de lire ; une (des) rencontre (s) ne pas manquer , car ce trésor de livre appartient à ceux que je préfère : ceux qui amènent à d'autres livres, d'autres rencontres, d'autres « nouveaux amis »…que l'on est heureux de croiser sur son chemin…J'achève ce trop superficiel billet par un extrait éblouissant…qui est à l'image de cette lettre-hommage: Lumière et ouverture maximale des horizons et des curiosités !



« Ecoute ce texte, Pierre :

"Que tirerons-nous de ces questions ? Que tirerons de toutes les réponses qui nous entraîneront à poser d'autres questions, puisque toute question ne peut naître que d'une réponse insatisfaisante ?

- La promesse d'une nouvelle question. "



C'est dans- le Livre des Questions- d'Edmond Jabès.” (p. 177)



***J'ai omis un élément non négligeable de ce livre captivant... il est abondamment illustré de photos anciennes, de lettres, de tableaux, d'archives diverses, qui augmentent l'émotion de l'ensemble de ces souvenirs, réminiscences de rencontres marquantes, etc.





Commenter  J’apprécie          504
Par instants, la vie n'est pas sûre

« Par instant la vie n’est pas sure » est une magnifique lettre-récit posthume de Robert BOBER adressée à son ami disparu Pierre Dumayet, scénariste et écrivain qui l’initia à la littérature, à la lecture qui bouleversa sa vie, lui qui dû cesser d’étudier au certificat d’études et devint tailleur comme tant d’autres juifs débutèrent dans la vie. Dans ce livre de souvenirs, il

revisite son existence depuis son enfance de juif ashkénaze d’origine polonaise à Paris où ses parents réfugiés se pensaient en lieu sûr, durent le cacher en pension sous un faux nom. Il se souvient des rencontres qui ont influencé sa vie et ont fait de lui ce qu’il est devenu : un réalisateur qui commença sa carrière aux côtés de François Truffaut, écrivain révélé par Paul Otchakovsky-laurens, complice des émissions télévisées de Pierre Dumayet sur la lecture.

« On devient mieux ce qu’on est dans la relation à l’autre » écrit-il.

Il revient aussi sur le Yiddish, cette langue vernaculaire que le nazisme a assassiné et sur ce qu’elle a pu lui apporter en lui permettant de s’insérer dans la tradition juive de ses ancêtres de ses parents et de la transmettre à son tour, analysant le rapport de l’Homme à ses racines en lien avec sa rencontre avec Georges PEREC dont les parents furent exterminés dans les camps et avec lequel réalisa un film « Récits sur Ellis Island histoires d’errances et d’espoir ».

Il aborde dans ce texte magnifique autant de sujets autant de rencontres incroyables qui ont façonné l’homme qu’il est devenu : Bon, Sensible, Riche d’expériences de vie extraordinaires qu’il partage avec nous dans ce récit que je n’avais pas hâte de terminer tant je l’ai aimé et pour sûr je le relirai avec bonheur. Si besoin était de convaincre encore sur l’intérêt de la lecture alors c’est un livre à ne manquer sous aucun prétexte, c’est sublime 😍!!!

Commenter  J’apprécie          30
Par instants, la vie n'est pas sûre

Robert Bober cinéaste, documentariste et écrivain a partagé la vie professionnelle du célèbre journaliste Pierre Dumayet jusqu’ à son décès, en 2011.

ce récit est une longue lettre à son ami disparu.

Au fil des pages, l’ écrivain, sans ordre chronologique, égrène ses souvenirs éparpillés.

L’ amour de la littérature, la culture juive, l’ attention portée aux lecteurs, la curiosité artistique réunissaient ces deux hommes exceptionnels qui conjuguaient, dans leur travail, rigueur et réflexion.

Ce livre est une ode au silence, à la lenteur. Le style est soigné, chaque mot pesé, chaque phrase réfléchie.

Minutieusement, doucement, l’ auteur recherche, sans cesse, la vérité.

Un magnifique hommage à l’ amitié, un ouvrage superbe.

Un grand merci à l’ émission «  Le masque et la plume « qui a recommandé cette œuvre aux auditeurs.
Commenter  J’apprécie          50
Par instants, la vie n'est pas sûre

Ce livre est difficile a classer. Il s'agit d'une longue lettre que Robert Bober adresse à Pierre Dumayet, son ami et complice de longue date, décédé.

Cette suite de souvenirs est une succession de moments d'émotion. J'y ai découvert, car je dois admettre que je ne connaissais pas Robert Bober et très peu Pierre Dumayet, des hommes justes et bons, avec un passé lourd à porter mais qui les a aussi construit. Georges Perec est aussi très présent dans ce livre ainsi que de nombreux autres personnages, tous plus attachants les uns que les autres.

On y découvre aussi un Paris qui n'existe plus.

Un livre empli d'une nostalgie, qui fait du bien.
Commenter  J’apprécie          60
Par instants, la vie n'est pas sûre

Ce livre-ci n’est pas un roman, mais ce n’est pas non plus une autobiographie. Bober ouvre son album, ses tiroirs, sa mémoire. Le livre est illustré. On y entre comme on se plante devant sa propre bibliothèque. Il y a des cartes postales et des photos devant les livres.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
Commenter  J’apprécie          00
Ellis Island

Comment ne pas faire le parallèle entre ces deux lieux ? Plus d’un siècle les sépare, mais les destins sont similaires.

Pourquoi tant d’italiens et autres européens ont quitté leur pays au début de ce XXème siècle ? Probablement pour des raisons semblables à celles qui poussent aujourd’hui tant d’autres à venir tenter leur chance dans ce qu’ils considèrent comme leur eldorado.

Livre minuscule de Georges Perec qui se lit d’une traite et qui semble tellement d’actualité. Il s’interroge sur le destin des ces européens qui débarquaient en masse aux États Unis, s’imaginant faire fortune et qui se retrouvaient, selon leur statut, état de santé ou moyens, à croupir dans les locaux d’Ellis Island.

Magnifique et bouleversant !
Commenter  J’apprécie          40
Berg et Beck

Berg et Beck sont deux garçons du même âge, qui fréquentent la même école, la même classe et sont tous les deux juifs. Le livre débute au moment où le régime de Vichy oblige le port de l'étoile jaune pour toutes les personnes de confession juive de plus de six ans.



C'est le mois de Juin 1942.



Un mois plus tard, c'est la Grande Rafle de Vel d'Hiv. Berg et sa famille, prévenus, parviennent à prévenir Les Beck, et se cachant, échappent aux arrestations. Les Beck "ne sachant où aller ou ne sachant où se cacher, ou ne croyant pas à ces menaces" ainsi que l'imagine Berg,par la suite, sont arrêtés et ne reviendront pas.



Dès la libération, Berg, au fil des années, "écrit" à son camarade qui ne grandira pas tout en s'occupant des enfants juifs dans les foyers dans lesquels ceux-ci sont accueillis ayant perdu leurs parents. Il le fait pour ne pas rompre le lien avec celui dont personne ne parle plus, dont personne ne se souvient. Il veut continuer à le faire "avoir été" en le faisant habiter ses pensées.



Le récit est prétexte à évoquer plusieurs histoires d'enfants, d'adultes, d'adolescents meurtris à jamais par ces années sombres.

La narration fait davantage penser à un essai évoquant des personnes réelles qu'à un roman. On pense à Georges Perec et son "W ou le souvenir d'enfance", à Antoine Doisnel, pour les "400 coups" de ces enfants qui doivent apprendre à grandir sans l'amour des parents. (En lisant la biographie de Robert Bober, par la suite, j'ai mieux compris pourquoi ces images s'imposaient au fil des pages...)

Berg et les autres moniteurs tentent d'apprendre à ces "oubliés" ce qu'est la vie, comment s'y faufiler, à grands renforts de présence, d'amour, de compassion, d'écoute, de Jazz et de patins à roulettes et de l'attention du chien Mazeltov.



Ce qui touche et émeut dans ce récit, c'est la pudeur. Des allusions, deux , trois phrases pour expliquer la souffrance des personnages et ensuite comment ceux-ci essayent de se trouver une place dans cette vie qui a, à peine, voulu d'eux.







Tous les enfants de ces foyers et leurs moniteurs ne quitteront pas mes pensées de sitôt, et je veux me rappeler des mots de Willi en les évoquant : "Mais j'ai appris au moins une chose, et de cela j'en suis absolument persuadé, c'est que lorsqu'on aime quelqu'un, et quelles que soient les circonstances, il faut lui dire qu'on l'aime."
Commenter  J’apprécie          270
Ellis Island

L’Amérique, terre promise pour tous les opprimés. Espoir d’une vie meilleure.



Ellis Island surnommée « L’île des larmes« . Dans la première moitié du XIXème siècle, l’île est le passage obligé des émigrants pauvres. L’immigration américaine y a installé un centre d’accueil pour mettre fin à l’immigration quasi sauvage et où les mesures vont devenir de plus en plus restrictives. Il faut savoir qu’entre 1892 et 1924, pas moins de 16 millions de personnes passeront par Ellis Island.



Outre le fait que ce livre soit une véritable mine d’informations, c’est surtout un témoignage poignant. Un documentaire court mais oh combien riche en émotions. On se met dans la peau de ces immigrés, venant du monde entier : d’Europe souvent (Irlande, Allemagne, France, Italie…), du Maghreb et d’Asie. La plupart fuyaient la guerre, la famine, ou souhaitaient simplement trouver un emploi pour subvenir aux besoins de leur famille, dans l’espoir d’une vie meilleure. Sur les candidats à l’immigration, 8 millions ont été autorisés à entrer dans le pays. Les autres furent renvoyés, en raison de leur santé ou de leur passé. Ils étaient soumis à un interrogatoire poussé et l’agent de l’immigration avait leur destin entre ses mains.



Perec est un conteur, il a un don de retranscrire à la perfection les émotions, le vécu, d’une manière à la fois sobre et passionnante.



Le tri des migrants, le déracinement, la perte d’identité, le courage de changer de vie, se reconstruire ailleurs, sont des sujets toujours d’actualité. Et c’est en cela également que ce livre prend aux tripes.



Un livre concis, qui se lit d’une traite, qui appelle à filer sur internet pour en savoir plus. Et ce qui est certain, c’est que si je retourne à New York un jour, cette fois, je ferai halte à Ellis Island !



#EllisIsland #GeorgesPerec
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
Commenter  J’apprécie          51
Ellis Island

En 1980, Robert Bober sollicite l'assistance de Georges Perec pour rédiger le commentaire d'un documentaire "Récits d'Ellis Island" -une enquête sur cette entrée mythique des immigrants aux États-Unis, de 1892 à 1954- puis pour le lire de sa voix caressante de matou fourré. Sans les images, sans les témoignages qu'il accompagne, qu'il souligne ou contredit, le texte tout nu vibre encore intensément.



Dans ce tête-à-tête avec l'écrivain, on devine sous l'apparence ordinaire d'un compte-rendu factuel et sans affects de l'histoire du célèbre lieu mémoriel, les fêlures d'un petit garçon arraché à la sienne. Sous sa plume, les épaves du monde entier parties à la quête d'un Eldorado se confondent -sous-texte émouvant- avec celles qui finissaient, après un aussi long voyage, aux portes de la mort. Revendiquant sa judéité, Georges Perec coalise deux dépossessions : celle d'une terre et celle d'une généalogie.



Un magnifique hommage aux déracinés du monde entier et une porte entr'ouverte sur l'intime perecquien.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Robert Bober (608)Voir plus

Quiz Voir plus

La famille

Dans « Orgueil et préjugés » de Jane Austen, les époux Bennett n’ont eu que des filles. Mais combien sont-elles ?

Quatre
Cinq
Six

10 questions
158 lecteurs ont répondu
Thèmes : familleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}