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Critiques de Robert Merle (1113)
Malevil

Robert Merle fait partie de ces écrivains que j'ai toujours eu envie de découvrir, sans franchir le pas. Alors quand s'est profilée cette lecture commune, je n'ai pas hésité. Et ce fut vraiment une belle découverte en compagnie de Nicola, Sandrine, Fanny et Patounet, qui nous a ouvert le chemin vers ce livre. Imaginez, c'est pour lui la troisième lecture.



Pâques 77 : « le jour de l'évènement » : La terre est ravagée par une guerre atomique, plus d'électricité, plus de radio, une température infernale pendant quelques heures et ensuite, le silence, la grisaille d'un ciel sans soleil, la noirceur d'une terre brulée où se dressent quelques troncs, amputés de leurs branches, la tristesse sans fin d'une terre où rien ou presque n'a survécu. Car quelques chanceux, si le terme est justifié ici tant les conditions semblent inhumaines, sont toujours vivants. Ils étaient dans la cave d'un château fort, un vrai de vrai, avec remparts, meurtrières, douves et pont-levis, et cela se révélera fort utile par la suite. Car les conditions de survie sont difficiles, la vie reste précaire, et le château avec ses réserves excitera bien des convoitises. La loi du plus fort règne sur ce coin de terre, et celui qui survit c'est celui qui se montre le plus intelligent, mais aussi celui qui n'hésitera pas à tuer.

Le roman est raconté à la première personne par Emmanuel Comte, le propriétaire de ce château. Il tirait le vin dans sa cave entouré de quelques amis, lancés dans une discussion pleine d'enjeux sur les futures élections municipales. Ces préoccupations sembleront alors bien futiles. Il est maintenant question de survivre.



J'ai beaucoup aimé la structure du récit. L'auteur prend le temps d'installer ses personnages à la faveur des bornes que raconte Emmanuel. Bornes temporelles, relations d'évènements importants dans sa vie antérieurs à « l'évènement ». Importants pour lui, car ils lui ont permis de se construire, importants pour le lecteur, car ils lui permettent de faire connaissance avec tous ceux qui se retrouveront en ce jour funeste dans cette cave et de mieux comprendre les relations qui les unissent. C'est Emmanuel qui raconte, et il prend naturellement la direction des opérations, même si les décisions sont prises en commun. Cela aurait pu devenir pesant, mais l'auteur a eu la bonne idée de venir tempérer ce discours çà et là de notes ou petits chapitres rédigés par un autre des survivants, le plus jeune, le plus étranger, il n'est pas du village et ses propos sont ainsi un bon contrepoids au discours du « maitre ». J'aurais même aimé le voir intervenir plus souvent.



C'est un roman post-apocalyptique. En un instant, le monde que nous connaissons, enfin le monde tel qu'il était dans les années 1970, est détruit, et tous les repères sont modifiés. Et je pense que le choc serait encore plus rude aujourd'hui, où Internet a envahi nos vies.

Le temps et la distance, entre autres, n'ont plus les mêmes valeurs. Tout est à reconstruire. C'est passionnant de cheminer aux cotés de ce petit groupe, uni dans l'adversité. et d'affronter avec eux les problèmes qui se posent. Et l'on ne peut s'empêcher de se demander, qu'aurions nous fait à leur place. Aurions-nous été capable de survivre ?

Car, et c'est sans doute le plus intéressant dans ce récit, à côté des problèmes matériels, se superposent la difficulté des relations humaines, les tensions , les rapports de force entre individus dans le groupe, et avec ceux de l'extérieur, car il y a d'autres survivants. Face à ses conditions terribles, chacun se révèle, pour le meilleur ou pour le pire. Et faites -moi confiance, le pire est bien là. Les repères de la société évoluée du vingtième siècle n'existent plus, et des décisions seront prises qui peuvent parfois paraitre choquantes, mais qui dans le contexte, sont les seules possibles.



Le récit est fortement marqué aussi par le lieu et l'époque dans lesquels se déroulent les évènements. C''st la France rurale et fortement catholique, où le communiste fait figure de diable, et cela aura son importance dans la dynamique qui se mettra en place au sein de cette communauté. Cela explique aussi l'ascendant que prendront certaines personnes dans le récit, et pas les plus « catholiques » de toutes …



Un roman passionnant donc, qui se lit très vite, grâce à une écriture très fluide, et en même temps très évocatrice, reflétant parfaitement à la fois l'environnement, les évènements et surtout les sentiments éprouvés. Un roman qui bien que fortement ancré dans son époque, n'a pas pris une ride.
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Malevil

Malevil ou l'art de se faire mâle (mal?)



Livre lu il y a déjà un certain temps, il m'est retombé dans les mains en rangeant la bibliothèque.

Les années 1970, décennie en question dans le livre, furent les années des dystopies et des catastrophes notamment dans le cinéma. Un véritable genre en soi.



Années 2010-2020, l'air est le même, l'ère s'amène l'air de rien. Dérèglement climatique, extinction des espèces, guerres presque mondiales, terrorisme, virus, IA,... n'en ajoutez plus, le cocktail est assez corsé.



Depuis lors, les dystopies ont été nombreuses dans tant de genres différents (série, bd, films, romans pour ado,...), que Malevil paraît bien vieillot.



Merle développe les codes du genre avec brio et sa plume est un délice de lecture. Selon moi, c'est un des auteurs dont l'écriture est la limpide, elle semble couler de source, se déployer avec un naturel qui paraît inné.



L'histoire est connue. catastrophe nucléaire, un groupe de villageois se reconstruit dans un chateau autour d'Emmanuel, sorte de Rick Grims (Walking Dead), refonde une société et commence à réseauter. Un véritable reboot civilisationnel. Se posent les questions de la démocratie, de la religion, du travail, de l'égalité, de la citoyenneté, de la guerre et du commerce. Bref, un panard immense pour un écrivain ou une écrivaine qui trifouille sa créativité pour imaginer une civilisation en reconstruction.



Parmi les approches (reproches) de Merle, on pourrait envisager deux perspectives. D'une part, une lecture très explicite du contenu où finalement après avoir rebattu les cartes à la suite de l'apocalypse, les jeux se reforment et les configurations humaines se reproduisent, déification, glorification, militarisation, conflictuation, virilisation, compétition et guère (guerre?) de pacification.



D'autre part, le livre de Merle peut se lire comme des Lettres persanes, un miroir reflétant certains aspects de nos sociétés, certaines récurrences mais également certaines évolutions, (notamment la question de l'émancipation féminine)..



Finalement, les deux lectures se chevauchent et laissent aux lecteurs et aux lectrices le choix d'en tirer ce qu'ils ou elles en chérissent.



A une époque où le rythme s'accélère chaque jour un peu plus, le roman a certaines longueurs. Mais les considérer comme des longueurs ne serait-ce pas également une forme de critique de notre temps, de notre "passe-temps"?



Lire Robert Merle n'est pas du temps perdu.









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Malevil

Il y a longtemps, je m'étais promis de lire Malevil un jour et sans doute l'aurais-je fait plus tôt si l'affreuse couverture de l'édition Folio dont je dispose n'avait agi comme un repoussoir. Lacune comblée, je viens de terminer ma lecture et je me surprends à parpaléger, en proie à d'ambivalentes réflexions...





Depuis que la planète était bourrée de tout ce qu'il fallait pour la détruire – et avec elle, au besoin, les planètes les plus proches -, on avait fini par dormir tranquilles, l'excès et le nombre des armes apparaissant comme un facteur rassurant résumé par l'inénarrable «équilibre de la terreur », jusqu'à ce jour de 1977 où tout a fait boum ! Exit le monde d'avant, bienvenue dans le monde d'après pour une poignée d'habitants miraculeusement protégés dans une cave du château de Malevil où depuis des siècles-zé-des-siècles on met du pinard en bouteilles. A partir de là, il faut organiser la survie et réenchanter le monde, c'est pas gagné...





D'autres lecteurs ont dit avant moi, et souvent mieux, combien ce roman est bien construit, bien écrit, comment il aborde des thèmes éternels, philosophiques, politiques et religieux, vus par le petit bout de la lorgnette d'un échantillonnage Ifop représentatif de survivants. Je partage ces avis et joins ma voix au concert de louanges. D'autres lecteurs, moins indulgents ont signalé parfois avec virulence la vision machiste du rôle des femmes réduites à l'état de bonniches ou de nymphos (l'un n'empêchant pas l'autre), l'omniscience d'Emmanuel, sa seigneurisation, son comportement équivoque avec une très jeune adolescente. Je partage également ces avis et joins ma voix au concert de critiques, car entre les deux points de vue opposés, je métronome.





Ma première surprise a été, alors que j'ai choisi ce titre pour soigner mon ignorance en matière de science-fiction, de me retrouver dans un roman de terroir, féodal, voire biblique. de surcroît, ayant été écrit en 1972, et l'effondrement du monde décrit en 1977, il s'agit en quelque sorte d'un roman de science-fiction à la date de péremption dépassée. Certes, c'est une obligation, lorsque toute trace de civilisation a disparu, savoir et technologie anéantis, de repartir de zéro, ici, avec une bible et un Larousse en 10 volumes, des outils ancestraux n'ayant pas fondu ainsi que quelques animaux résistants. Ma gêne est venue de la description de la province de 1972, vue par Robert Merle comme un monde arriéré où seul le patois serait ânonné. Pour venir de ce monde, je souhaite rappeler que 1972 n'est pas la préhistoire mais une période de grande effervescence culturelle et sociale ayant donné naissance à de mythiques groupes musicaux, de géniaux designers et autres trublions inégalés ; durant laquelle même dans les terroirs les plus reculés, les foyers étaient équipés de téléviseurs, téléphones, voitures, et les jeunes scolarisés. Or, dans Malevil, aucune évocation de manque, de regret, ces hommes et femmes semblent programmés pour vivre au moyen-âge avec un naturel déconcertant, seule Catie est décrite en 2 lignes comme une image de Mademoiselle Age Tendre et habillée comme un mannequin de la Redoute.





J'ajoute qu'au départ, les idées de l'auteur m'ont paru avant-gardistes. La société capitaliste ayant réussi son hara-kiri, les survivants mettent en place un communisme agraire primitif, collectivisent le château qui n'appartient plus à son propriétaire mais à ceux qui l'habitent. Les forces de travail sont mises en commun et chacun en fonction de ses aptitudes enrichit l'autarcie du groupe. Un modèle régressif émerge : « Ils étaient bien finis, maintenant, ces gaspillages. Plus rien n'était à jeter : pas un bout de papier, pas un emballage, pas une boîte de conserve vide, pas une bouteille en plastique, pas un morceau de corde ou de ficelle, pas un clou tordu ou rouillé». Ecrit en 1972, étrange résonance visionnaire dans notre monde actuel, il ne manque que les cotons-tiges à ramasser entre copines le dimanche sur les plages pour déculpabiliser. Pour ma part, j'ai vu dans ces longues descriptions d'actes essentiels de la vie courante, un copié-collé du mode de vie des communautés ayant enluminé les sixties et seventies, ça ne me rajeunit pas ma petite dame ! Mais ambivalence quand tu nous tiens, une nouvelle gêne a vu le jour dans ma lecture. Très rapidement, je me suis dit, tout ça pour ça ? Pour élire un abbé ou un évêque, pour revendiquer le droit de se marier, pour qu'une dictature théocratique voie le jour à quelques kilomètres de Malevil ? Décidément, l'homme n'apprend-il jamais rien de ses erreurs ? N'a-t-il rien de plus pressé à faire que de les reproduire en les aggravant ?





Enfin, avant d'interrompre ce long billet – veuillez m'excuser -, je souhaiterais aborder les critiques de machisme, de sexisme, de misogynie adressées à l'auteur. Ces modestes réflexions n'engagent bien évidemment que moi. En premier lieu, compte-tenu du pedigree politique de Robert Merle, j'ai beaucoup de mal à lui prêter des idées réactionnaires ou seulement douteuses à l'encontre des femmes alors qu'il a souvent encouragé leurs combats. Dans la première partie du roman, lorsqu'il présente la Menou par exemple, il précise qu'elle ne couche pas avec l'oncle d'Emmanuel, qu'elle possède des biens et qu'entre eux il y a un deal, il bosse pour cette femme au fort caractère contre le gîte et le couvert, un troc, elle n'est "ni sa maîtresse, ni sa servante", l'auteur dixit. D'autre part, je note que Robert Merle crée deux personnages de vieilles femmes, et deux personnages de jeunes handicapés. Les vieilles ne sont pas en Ehpad et les jeunes – muette ou déficient intellectuel – en institution spécialisée. Ils sont intégrés dans la communauté, ne sont pas considérés comme une charge, n'ont pas été rejetés en dépit d'une survie liée à une gestion des stocks où toute bouche à nourrir inutile est un risque de finitude. Chacun, à la mesure de ses capacités, fournit une aide pour la réalisation du projet commun. Le lien de tendresse bourrue qui unit la Menou et son fiston est très émouvant, sa promesse de coup de pied au cul un chant d'amour.





En ce qui concerne Miette, faut-il tenir compte que ce roman a été écrit en pleine période de libération sexuelle, de communautés auto-gérées, avec dérives et contresens ? Comme pour la Menou, Robert Merle présente longuement Miette qui a aucun moment n'est contrainte ; il précise qu'elle n'appartient à personne et à ce titre peut se donner à qui elle veut dans un contexte où l'extinction de l'espèce est fréquemment évoquée. L'ambiguïté d'Emmanuel envers Evelyne est en revanche injustifiable, l'âge d'un enfant étant tabou au-delà de toute période et de tout contexte cataclysmique, et puis « un homme, ça s'empêche » comme dit l'autre (Camus je crois). Pourquoi, durant des années, Gabriel Matzneff a-t-il paradé jusque chez Bernard Pivot et David Hamilton est-il apparu comme le libérateur branché des adolescentes, avec l'approbation d'une grande partie de la population ? Attention, je n'excuse rien, je tente de dire, maladroitement, qu'il est facile de donner les numéros gagnants du tiercé dominical le lundi suivant et d'enfoncer une porte déjà ouverte, que lire le passé avec les lunettes du présent est casse-gueule, voire malhonnête, mais ce qui est décrit sur les relations hommes-femmes, d'une manière quasi-documentaire dans Malevil était bien dans l'air du temps des années 70. En 2023, ces propos ne sont plus audibles, Hallelujah ! Faut-il pour autant jeter Robert Merle aux orties ? Avec Agatha et ses Dix petits nègres ? Allez Anastasie, range tes ciseaux !

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Malevil

« l’Événement » à lieu à Pâques 1977. Un cataclysme, probablement d’origine nucléaire, ravage la terre entière. Une gigantesque déflagration réduisant tout en cendres… et puis, plus rien, le silence, plus de radio, plus d’électricité. Pourtant, une poignée d’habitants de Malevil, qui se trouvaient plus ou moins à l’abri dans les caves d’un château moyenâgeux appartenant à Emmanuel Comte, parviennent à survivre au désastre. Reste maintenant à s’organiser…



En se limitant au sort de quelques survivants d’une bourgade de campagne française, ce roman post-apocalyptique ne s’intéresse pas au reste du monde, dont on ne saura d’ailleurs rien, et livre une vision très locale, voire même rurale de l’apocalypse. Servi sous forme de journal écrit par Emmanuel Comte, agrémenté de quelques annotations d’un autre survivant, visant à « éclairer » certains faits, voire à corriger certaines omissions, ce roman qui sent bon le terroir n’hésite d’ailleurs pas à nous baigner dans un patois qui a également eu la bonne idée de survivre à la destruction.



Le lecteur s’attache très vite aux quelques personnages qui ont miraculeusement survécu au drame et dont Robert Merle parvient à brosser le portrait avec grand brio. De l’indestructible Menou au bouleversant Momo, en passant par les incontournables Peyssou, Meysonnier et Colin, Robert Merle livre des personnages qui continuent à vivre dans notre esprit longtemps après avoir refermé le roman… peu importe le sort qu’il leur a réservé.



Cette régression de notre société vers le Moyen-Age s’avère être une invitation à tout reconstruire avec les moyens du bord en en évitant les erreurs du passé. Dès que la survie à court terme, allant de l’hébergement aux réserves de nourriture, est garantie, l’auteur s’intéresse avec brio à la reconstruction de cette mini-société, offrant quelques réflexions existentielles, théologiques et philosophiques particulièrement intéressantes.



L’espérance de vie au sein de cette nouvelle société, dépourvue des évolutions technologiques, s’avère certes plus limitée, mais le rythme de vie est également beaucoup moins élevé, les rapports humains beaucoup plus profonds et les petits plaisirs de la vie, tel qu’un bon verre de vin, beaucoup plus intenses. C’est à se demander ce que le progrès nous a finalement apporté au niveau de la qualité de vie ?



Les lecteurs qui ont un minimum d’affinité avec la cause féminine ne manqueront cependant pas de noter que Robert Merle effectue bel et bien une solide régression au niveau de la condition des femmes, dont les plus âgées sont dorénavant affectées aux tâches ménagères, tandis que les plus jeunes reçoivent pour mission de procréer, l’auteur réinstaurant même la polygamie pour l’occasion. C’est donc au moment où les femmes détiennent l’avenir de l’humanité entre leurs mains, qu’elles se retrouvent à nouveau dans un rôle bien inférieur à celui des hommes. Ce ne sont donc visiblement pas les féministes qui ont survécu à cette catastrophe ! Si certains ne manqueront pas de célébrer ce retour au « bon vieux temps », l’auteur risque tout de même de récolter quelques mauvais points pour le côté misogyne de cette dystopie.



Un incontournable, servi par la superbe plume d’un Robert Merle qui dissèque les rapports humains de cette nouvelle civilisation avec une maestria incroyable !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Malevil

Je retrouve ici l'auteur @Robert Merle, que je connaissais via son roman très percutant : La mort est mon métier, dans un tout autre registre. En effet, on passe ici du roman historique à la pure science-fiction. Cet auteur n'est pas prolifique mais il sait jouer sur plusieurs registres avec, je dois bien le reconnaitre, une certaine maestria.

Ce roman SF nous parle donc de la fin du monde, oui certes, mais pas seulement. On y découvre la campagne sans filtre et finalement le retour prématuré de l'homme à une ère sans technologie. Fini les voitures, les téléphones et autres commodités de nos sociétés modernes. Retour à l'âge de bronze...

Nous allons découvrir une société qui s'organise, au fil du temps et par la force des choses, à la modification drastique de leur quotidien. Ici, il leur faudra lutter pour survivre, et comprendre que les personnes formant le groupe doivent répondre à des exigences nouvelles, se structurer et se hiérarchiser toujours dans un but ultime : sa survie.

Dans chaque groupe il faut un leader, ici il s'agit du principal protagoniste et aussi narrateur de l'histoire : Emmanuel.

Il nous conte son histoire, celle de sa communauté de Malevil et sa volonté d'être un parfait meneur sans toutefois devenir aux yeux des siens : un dictateur.

Le livre est bien construit avec une montée en pression assez forte et brutale (la scène où le monde s'effondre), puis une stabilisation qui ne saurait trop durer compte tenu de la situation assez complexe dans laquelle les protagonistes sont plongés. Un roman très prenant, dans lequel le lecteur est sans cesse amené à des réflexions existentielles.

Pour avoir lu par mal de roman sur l'holocauste, celui-ci sort clairement des sentiers battus et mérite d'être lu.

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Malevil

C’est au cours d’une de ces fameuses lectures communes entre amies et amis babelpotes que j’ai ressorti du fond de ma bibliothèque le roman Malevil de Robert Merle. Il avait pris la poussière depuis une cinquantaine d’années. Je l’avais acheté neuf à sa sortie en 1972 et du haut de mes 16 ans je l’avais dévoré à pleines dents en une nuit. Je l’ai redécouvert en 1981, pour mes 25 ans, avec la sortie du film que je m’étais empressé de voir pour mes acteurs fétiches qu’étaient pour moi Michel Serrault (Emmanuel), Jacques Dutronc (Colin), Jean louis Trintignant (Fulbert) et jacques Villeret (Momo). Le roman de Robert Merle très différent du film, avait conservé à mes yeux la même richesse dans ces propos comme dans son histoire. Avec mon expérience de lecteur âgé de 67 ans, j’étais en droit de me demander si cette troisième lecture allait conserver le même intérêt.



C'est vrai que le roman de Robert Merle n'a pris aucunes rides. Nous sommes pourtant en 1970, en pleine guerre froide avec le risque d’un holocauste nucléaire qui plane dans toutes les discussions familiales et qui reste présent dans toutes les conversations de comptoir de l’époque. Cette explosion atomique est au cœur de Malevil et survient brutalement alors qu’Emmanuel Conte, héros de l’histoire, se trouve dans la cave à vin de son château en compagnie de ses amis d’enfance. Les épais murs de la bâtisse vont les sauver du souffle et du rayonnement thermique de l’explosion. C’est ensemble qu’ils vont devoir apprendre à vivre dans une société post moyenâgeuse où l’insécurité et la loi du plus fort est devenu la règle.



Le scénario du roman trouve sa force dans sa narration à la première personne. Le coté dramatique et angoissant de l’œuvre est aussi accentué par la forte personnalité des protagonistes. Ceux –ci sont autant complexes qu’attachants. Que ce soit Emmanuel propriétaire du château, la Menou sa gouvernante au caractère bien trempé, Momo fils de cette dernière et attardé mental ; tous les premiers habitants de Malevil sont hauts et riches en couleur. De même les Colins, les Thomas, les Peyssous, les Meysonnier en tant qu’amis d’enfance du narrateur amènent une réalité et une profondeur à l’histoire qui se transforme grâce à eux en une véritable robinsonnade à la sauce post-apocalyptique.



Les femmes ne sont pas non plus oubliées dans Malevil. De Miette, la jeune fille muette à Catie sa sœur ; de La Falvine en passant par la solide Judith qui est la seule citadine et soixante-huitarde égarée dans cette région rurale du Périgord où l’on parle encore le patois. Robert Merle nous décrit un monde qu’il connaît et qui est à des années lumières des dystopies actuelles où les femmes sont devenues de vraies héroïnes modernes. Le roman est écrit à une époque où le féminisme fait ses premiers pas avec la naissance du MLF et où seules les villes à l’inverse du monde rural ont su s’émanciper de l’apport d’un mai 68.



Enfin, les méchants ont aussi droit à toute leur place. De Fulbert le faux prêtre et ennemi juré d’Emmanuel à Armand son homme de main, du comptable Wilmain se faisant passer pour un ancien para aux yeux des hommes de sa bande équipée d’armes de guerre ; tous les ingrédients sont là pour corser l’histoire et lui donner une dimension dramatique. De l’importance d’un semblant de religion à l’inutilité d’une guerre entre survivants dans un monde déjà ravagé, de la traîtrise des derniers hommes à l’égoïsme des autres, le livre aborde ces sujets sans tabous tout au long de ses 600 pages.



Vous l’avez compris, Malevil nous parle d’une communauté sédentaire d’hommes et de femmes avec ses forces et ses faiblesses, derrière les remparts d’une forteresse dans un monde détruit. Un groupe où les différences idéologiques et morales rendent la survie périlleuse. Un groupe qui doit aussi lutter contre des bandes extérieures mais aussi contre sa propre indiscipline interne. Ou les rivalités de sexe sont aussi de la partie, un monde où la monogamie n’a plus sa place et où seule la survie de l’espèce demeure l’essentiel.



Malevil reste et restera toujours sur mon île déserte. Ce sera toujours le coup de cœur du lecteur passionné que je suis resté pour le livre de Robert Merle. Je vous invite à sa lecture et moi pour ma part, je me laisse le droit d’y retourner un jour surement pour une quatrième fois …



« De l'hébreu "imanu-el", qui signifie Dieu est avec nous, Emmanuel est un prénom biblique présent dans les récits de l'Ancien Testament. Le prophète Isaïe désignait le Messie à venir par ce prénom… ».

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Malevil

❤️ 📜𝕸𝖔𝖓 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖎📜 ❤️



Ce livre est un post-apocalyptique " réaliste "C'est un fait indéniable.Cela fait longtemps queje l'ai sur ma liste ; je l'ai relu ;et j'en suis tout content.

C'est difficile de parler de ce livre sans vous dévoiler un peu l'histoire. Mais bon ,tout en rechignant un peu , je vous dis un peu la toile.

Rien ne dit le nom de cette catastrophe (on l'imagine suite aux descriptions et notre imagination donne libre court à toutes interprétation)

Le plus qui m'a plus c'est ce début réjouissant! pour ( cela ne lisez pas le 4 ième decouverture !

qui dévoile pas mal de choses )



Merle porte vers nous lecteur une grande force d'interprétation dans ses déscriptions des détails qui donne au récit une sorte de réalisation journalistique,

une admiration ,c'est du Jule Verne dans l'imagination , mais qui reflète une réalité fort probable.

Une grande Humanité s'en dégage , et automatiquement ce roman nous interpelle sur des thèmes que nous connaissons bien : l'autorité d'un chef meneur , la différence des appartenances religieuse ,les relations sentimentales deshommeset des femmes ?etc....

Les personnages de ce roman sont attachants ,on les suit dans un mode de vie primitif,bandes errantes, regroupement en clan! avec un chef Impartial .

Je vous laisse le soin de découvrir tout cela .

Robert Merle est aussi un conteur il s'exprime au travers de ses héros avec des sentiments admirables.

--Malevil, rien que le titre ,résonne en moi en une épopée dramatique qui m'a transporté . Je pense encore ,après l'avoir relu ,à ces hommes ,femmes,enfants dans cet enfer qui pourrait hélas nous tomber sur la tête un jour.

--Malevil , une odyssée décadente relatant l'effondrement de la société à cause de sa folie qui est obligé de retourner à ses racines si elle veut s'en sortir.

Ce n'est pas un livre moralisateur ,il a au contraire dans ses nombreuses pages un réalisme qui nous atteint

comme un uppercut? Le Bien dans une France rurale à une époque idilyque combattant subitemment le Mal

venu par folie !!

Je ne vous en dis pas plus ,sauf que vous ressortirez après cette lecture, avec peut être d'autres idées que celles que vous aviez avant.

Dans tous ces livres apocalyptiques de fin du monde, il en ressort toujours beaucoup de choses positives ; (en rejettant évidemment toutes formes de vampires ,zombis et autres qui pour moi est une erreur quand des auteurs les introduisent dans ces styles de livres.

Moi , simplement j 'ai été ému,oui ému !! je vous le conseille grandement §











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Malevil

Roman écrit en 1972, mais l scénario pourrait être d'actualité.

Destruction de notre monde. Quelques survivants, reconstruction d'une communauté, des liens sociaux, etc...

Sauf qu'aujourd'hui, si une telle catastrophe se produisait, je suis persuadée que les survivants s'en sortiraient beaucoup moins bien que les protagonistes du livre de Robert Merle. L'homme actuel est tellement dépendant des technologies et si peu autonome que sa disparition serait certaineemnt accélérée.

Ici, Robert Merle expose l'homme comme un survivant qui tente de reconstituer à tout prix une communauté solide, avec pour objectif la reproduction de l'espère humaine. L'homme en lui-même, malgré la catastrophe, reste avec ses besoins de liens sociaux, amis aussi avec toutes ses caractéristiques de maîtriser les autres, de corrompre, de tirer la couverture à lui. Une belle critique de l'humanité d'hier et d'aujourd'hui.

Je pense que ce roman écrit aujourd'hui aurait été moins positif, plus dur envers l'espère humaine.
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Malevil

Suite à une bombe de destruction massive, ce qui a entrainé la destruction d'une société et du monde, on va suivre les pérégrinations d'un petit groupe de paysans.



Beaucoup de choses sont a recréer et à trouver.

Par exemple un système politique, la place de la religion, les interactions entre les hommes et les femmes et tout simplement les relations entre les différents groupes de survivant.

On ressent l'importance de retrouver une stabilité pour pouvoir survivre et résister à d'éventuels envahisseurs.

J'ai bien aimé cette lecture. Néanmoins, je reste sur ma faim.

Le personnage principal n'a pas d'évolution. Il reste sur ses avis, ses idées et ses conceptions de la nouvelle société. Il va manipuler les différents protagonistes pour avoir ce qu'il souhaite. Loin de là l'idée d'un despote, mais il en effleure le rôle.

Et la place des femmes est bien faible, presque réduit à une seule fonction ...



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Malevil

Ecrit au début des années 70, en pleine guerre froide et crainte des conséquences d'une guerre nucléaire, Robert Merle offre ici un roman post-apocalyptique réaliste.



Imaginez: vous vivez dans un village rural de France. Alors que vous êtes en réunion avec quelques-uns de vos semblables, une bombe (nucléaire ?) éradique une bonne part de la vie à des centaines de kilomètres à la ronde, faisant retomber instantanément l'humanité au moyen-âge sur le plan technologique. Vous faites parti des rares survivants. Que feriez-vous ? Que se passerait-il ? En quel type de communauté, l'humanité s'organiserait-elle ?



Robert Merle imagine la suite possible d'un tel événement. C'est l'occasion de nous poser des questions sur la nature humaine, sur le partage des richesses, sur la perpétuation (nécessaire ?) de l'espèce, sur les conflits possibles, sur la façon dont un meneur peut prendre la tête d'un groupe, sur le partage de territoire ou le mode de gouvernance.

L'auteur ne nous donne pas vraiment de réponses à cela, mais son histoire nous fait nous poser ce genre de questions.

On aurait tout à fait pu imaginer, sinon une suite à ce roman, d'autres parcours possibles.



Ici, le choix de Merle s'est fait sur un protagoniste, Emmanuel Comte, qui en luttant contre les mauvais penchants humains (ceux de ses adversaires et les siens), ne renonce pas à ses valeurs humanistes. Ce sont les circonstances qui font les héros. Emmanuel en est un.



La lecture de cet ouvrage m'a paru lente (surtout dans la première moitié)... on a le sentiment que tout est au ralenti (sans doute un choix délibéré de l'auteur), en comparaison à un roman de Barjavel, par exemple. Mais la qualité littéraire, aux odeurs du sud-ouest, est appréciable.

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Nouveau Sisyphe, d'après Aristophane

Ce deuxième tome du Théâtre de Robert Merle contient trois pièces : "nouveau Sisyphe", "justice à Miramar" et " l'assemblée des femmes" d'après Aristophane.

Dans le premier lever de rideau, Robert Merle nous décrit un Sisyphe nouveau car bien vivant et plein d'espoir. Ce dernier est bien décidé à se maintenir en vie et pour lui-même et pour les autres. C'est donc bien un autre personnage, non pas un désespéré parmi les morts mais bien un lutteur parmi les vivants.

L'action de "Justice à Miramar" se situe dans une contrée utopique et sous une royauté de fantaisie. Le rideau se lève sur une cour d'assises dans laquelle viennent prendre place le président, ses deux assesseurs et l'avocat général. Une cérémonie présente une tête de mort pour signifier que l'accusé est passible de la peine de mort...

"L'assemblée des femmes" très librement inspiré d'Aristophane reprend le thème du gouvernement des femmes, décliné ici sur une place à Athènes...

Robert Merle écrit dans un style intelligent, érudit et flamboyant, c'est un ouvrage de théâtre prestigieux qu'il nous offre.

Ce volume est très rare et assez cher, ne le laissez pas passer si vous le croisez, sa lecture vous réserve un grand moment de plaisir.
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Pièces pies et impies

Ce dernier des quatre tomes du théâtre de Robert Merle, intitulé "Pièces pies et impies" rassemble deux pièces et un texte de l'auteur publié antérieurement dans un magazine. Il est consacré dans son ensemble au thème religieux.

La première pièce "Lilith" met en scène ce personnage féminin négatif de la genèse, la deuxième "Daemonius" est inspiré du "magicien prodigieux" de Calderon et raconte la persécution des chrétiens de Nicodémie sous l'empereur Décius.

Le conte contemporain qui clôt l'ouvrage "la révélation de Ladislas" fait le récit du destin ambigu de son héros, jeune et brillant intellectuel mi-réel mi imaginé, que la foi religieuse amène à des péripéties étonnantes.

Paru en 1996, cet ouvrage nous offre du théâtre fin et intelligent. Robert Merle est au sommet de son art d'écrivain et de fin lettré.
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Théâtre III : Le Mort et le Vif - Nanterre la..

Ce troisième tome de théâtre de Robert Merle contient deux pièces, dont une est une adaptation théâtrale de son roman "derrière la vitre" écrite par Sylvie Gravagna.

Robert Merle se fait dramaturge pour nous conter dans "Le mort et le vif" la rivalité entre Henri III et le duc de Guise qui conduit inexorablement vers l'assassinat de ce dernier par le roi de France. Cette pièce est un clin d'oeil à la série "Fortune de France" née de sa plume talentueuse. Siorac , baron par grâce du roi, ainsi que Miroul figurent dans ce tableau historique peint avec tant de style. On se prend à regretter en lisant cette pièce que Robert Merle n'ait pas transposé dans son intégralité "Fortune de France" au théâtre.

"Nanterre la Folie"que l'on doit à la plume de Sylvie Gravagna est une courte mais brillante adaptation du roman de Robert Merle "derrière la vitre" dont l'action se déroulait à Nanterre durant les évènements de mai 1968.

Paru en 1992, cet ouvrage marquait un retour de Robert Merle vers le théâtre, un retour attendu depuis 1957 et qui ne déçoit pas tant son écriture et son style font merveille dans ce genre.
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Un animal doué de raison

Il est admis scientifiquement que le dauphin est un animal très intelligent. Robert Merle fait sauter le pas à son imagination pour écrire ce roman d'anticipation.

Il décrit les relations de deux dauphins, Bi et Fa, avec les hommes qui veulent les enrôler dans des tâches de guerre.

Très bien écrit, avec l'aide de deux spécialistes des dauphins, ce livre est passionnant et confirme en 1967 le talent révélé par les premiers livres de Robert Merle.
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Un animal doué de raison

J'ai adoré, ces dauphins qui parlent ! J'ai marché à fond !
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Un animal doué de raison

BI et Fa,ces deux dauphins ont marqué ma vie d'adolescente à jamais!



superbe roman qui dénonce hélas les travers et comportements humains à travers l'asservissement et l'utlisation des animaux a des fins stratéqiques





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Un animal doué de raison

Je suis déçu car c'est assez rare que je passe complètement à côté d'un livre. C'était déjà il y a un petit bout de temps mais je me souviens de mon impression en refermant le livre: Hein???!!!.

Il faudra peut-être que je m'y replonge ne fut-ce que parce que Robert Merle n'est pas n'importe qui… Ne prenez-donc pas en compte cet avis que j'ai publié uniquement pour atteindre 100 critiques (Je sais, je ne suis qu'un homme vilain pas doué de raison); mais que ça ne vous empêche pasde passer une bonne journée! Bisous.

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Un animal doué de raison

Ca me fait penser à du Barjavel.

Meme style, meme genre de discours politique, anticipation, etc...
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Un animal doué de raison

excellent
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Un animal doué de raison

Mammifère marin ou fluvial, odontocète, de l'ordre des cétacés, de moins de cinq mètres, généralement dotés d'un rostre long. Dans le livre, l'auteur en fait parler deux: Fa et Bi.



Nom (XIIIe siècle) du prénom Dauphin désuet qui nous reste sous la forme féminine Delphine devenu cognomen des seigneurs du Dauphiné. Le comté du Viennois (ou Dauphiné) étant devenu l'apanage du fils aîné du roi de France, il devient le titre homonyme de « héritier de la couronne ». Jusqu'au règne de Louis XIV, on parlait de « dauphin de Viennois », après lui, de « dauphin de France ».

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