Pièces pies et impies

Si j'ai bonne mémoire, c'est du temps où j'étais professeur à la faculté des lettres de Rennes que je connus Ladislas, lequel fit une apparition très remarquée à mon cours d'agrégation.
Sa haute taille, ses yeux verts, sa chevelure absalonienne tirant sur le roux, ne lui eussent pas permis, s'il l'eût voulu, de passer inaperçu.
Mais, de toute évidence, il ne le voulait pas.
Provocateur, mystificateur et iconoclaste, et selon l'expression d'un de mes collègues "plus couvert de filles qu'un chien de puces", il ne faisait aucun devoir, n'acceptait aucun exposé, suivait mes cours avec une attention critique et sans prendre aucune note.
Je le classai donc parmi les amateurs, mais je changeai d'opinion le jour où il consentit à faire une dissertation sur un sujet que j'avais donné et qu'il ne trouvait "pas trop con", comme il voulut bien me le confier quelques années plus tard. Je fis de son essai de grands éloges qu'il accepta comme son dû d'un air royal.....
(extrait de "La révélation de Ladislas")

Je voudrais dire un mot sur ma position à l'égard de ces pièces. Le Seigneur m'a donné à ma naissance, avec quelques défauts, quelques bonnes qualités, dont je n'ai jamais pu le remercier, puisqu'il ne m'avait pas en même temps accordé le don de la foi. Est-ce pour cela que j'éprouve un grand intérêt et parfois même de la sympathie pour les religions ? Elles simplifient tant de choses, clarifient l'obscur par tant de lumières et sont si réconfortantes... C'est pourquoi sans doute, que je le veuille ou non, dans les pièces qu'on va lire le pie l'emporte de beaucoup sur l'impie. Mais je n'empêche pas le lecteur zélé de penser le contraire.
(facéties de Robert Merle en quatrième de couverture de "pièces pies et impies" - éditions de Fallois)

La scène représente un jardin tropical riche en végétation luxuriante. Dans la partie lumineuse se trouve un personnage vêtu d'une tunique pourpre.
Comme le rideau se lève, il est interpellé par une voix douce et bien articulée qui s'élève d'un bosquet ombreux.
On ne distingue qu'à peine la silhouette de la personne qui parle.
La voix
- Qui es-tu, toi qui, en violation des décrets du Tout-Puissant, as l'audace de pénétrer dans cet inviolable jardin ?.....
(lever de rideau de "Lilith")

La scène se passe sur le forum de Nicodémie 250 ans après Jésus-Christ.
Sous une grande statue de Jupiter un siège vide attend le gouverneur.
De chaque côté du siège deux soldats romains se tiennent debout, immobiles.
A l'avant-scène deux citoyens romains appartenant à la classe commerçante aisée marchent de long en large.
Caïus
- Qui juge-t-on aujourd'hui
Marcus
- Un gibier de potence....
(lever de rideau de "Daemonius" - drame en VI tableau)