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Critiques de Robert Merle (1109)
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Week-end à Zuydcoote

« Week-end à Zuydcoote ». Avec un tel titre, on pourrait penser que le roman porte sur un séjour dans une station de la mer du Nord... Alors oui, « Il y a le ciel, le soleil et la mer», mais ce week-end se déroule aux heures les plus tragiques de notre Histoire. C'est la « débâcle », les troupes britanniques et françaises, coupées de leurs arrières par l'Armée allemande, sont prises en étau dans la poche de Dunkerque. L'objectif est de rapatrier les soldats en urgence, sous le feu allemand.



Des soldats désarmés et isolés de leur unité s'acheminent en longues files vers la plage dans l'espoir d'être embarqué vers l'Angleterre. La hiérarchie n'est plus écoutée. Les règles ont disparu. Maillart, le personnage principal, déambule au milieu de ce chaos. La guerre se montre nue , dans sa laideur et sa cruauté.



Tout n'est qu'angoisse... Les troupes allemandes sont à dix kilomètres, les obus sifflent et frappent aveuglément, les chasseurs de la Luftwaffe bombardent en piqué en faisant hurler leurs sirènes. Quand ce ne sont pas les Allemands, ce sont les soldats français qui se livrent à des exactions. La mort est partout et peut frapper chacun, à tout moment.



Mais surtout, la guerre est absurde. Maillart fait des rencontres improbables. Une jeune femme reste dans sa maison contre toute logique, malgré les dangers. Des hommes se terrent dans un abri de fortune. Des soldats se résignent à l'incendie de leur navire et ne cherchent pas à s'enfuir.



Face à de tels événements, chacun réagit à sa manière et selon son tempérament. Maillart occupe une roulotte avec plusieurs copains de fortune. le cupide trafique et combine pour obtenir des profits immédiats. le prêtre se recueille et se pose des questions morales. Un soldat héroïque tire sur les Stukas au fusil mitrailleur sans craindre leurs représailles. Un Sétois fait la popote en évoquant les doux souvenirs et les projets familiaux. Et Maillart lui promène son désespoir et subit le spectacle de l'absurdité du monde.



L'évacuation de Dunkerque va revenir à l'ordre du jour cette année avec la sortie prochaine d'une superproduction signée Christopher Nolan : "Dunkerque". On peut déjà imaginer les scènes réalistes et spectaculaires bourrées d'effets spéciaux. Mais « Week-end à Zuydcoote » apporte à ces événement tragiques un regard plein de questionnement philosophique. A mes yeux, ce roman ce situe entre « Kaputt » de Malaparte et « l'Etranger » de Camus. Il y a d'une part des scènes cruelles et morbides, de l'autre ce désarroi de l'homme qui se sent étranger dans un monde et une existence dont il ne saisit plus le sens.
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Week-end à Zuydcoote

1940. Avec l'avancée des Allemands, des troupe françaises et anglaises sur les plages à l'est de Dunkerque, tentent de fuir par la mer.

Quatre soldats vivent dans une roulotte et se serrent les coudes pour se trouver à manger et un moyen de sauver leur peau. Dans cette période difficile, l'union fait la force et Dhéry l'obèse, Pierson le curé, Alexandre le cuisinier et enfin Maillat l'aventurier illustrent ce qu'est la fraternité et la camaraderie.

Pourtant, ce contexte de guerre met les consciences à rude épreuve. Maillat, toujours en sortie, est le plus exposé. Et c'est avec ses yeux et sa gouaille que l'on découvre en deux jours, comme si on y était, ses moments de bravoure et de faiblesse.



Le premier roman du jeune Robert Merle est un coup de maître. Prix Goncourt en 1949. Au cinéma, Belmondo est inoubliable dans le rôle de Maillat. Si on a vu au moins un extrait, on lit forcément les dialogues avec la voix de Bébel.

Ce livre est inoubliable pour cela et pour la tragédie finale qui est de toute beauté.



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Week-end à Zuydcoote

"Hello, le soleil brille, brille, brille,

Hello, tu reviendras bientôt là bas..."

Robert Merle fait vivre au lecteur cette évacuation des soldats britanniques, dans une débâcle sans nom. Les côtes anglaises sont si proches, et si éloignées en même temps!

Les chasseurs allemands piquent, mitraillent bombardent, et les cadavres se multiplient dans une atmosphère de vacances gâchées; le long de ces plages de sable fin et d'un bord de mers aux villas blanches.

Les soldats français, en rupture de régiment, sont plutôt dans l'impossibilité d'embarquer pour Albion. Ils se regroupent au hasard des popotes . Certains se résignent à attendre d'être fait prisonniers, d'autres tenteront d'embarquer... Certains même de prendre une tenue civile en se faisant passer pour des habitants du coin.

Un week-end qui dure, où l'auteur suit plus particulièrement le sergent Maillat et son retour périodique à la popote où il retrouve Pierson, Dhéry et Alexandre rejoints , un temps, par Pinot et son fusil-mitrailleur.

Week-end à Zuydcoote, un morne épisode de guerre et une lente apocalypse racontée du côté perdant.

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Week-end à Zuydcoote

A Dunkerque, c'est la débâcle en ce mois de juin 1940... au moment où les files de militaires anglais s'accumulent sur la plage pour être rapatriés par leur armée, un groupe de soldats français tente de survivre et d'échapper aux tirs de l'armée allemande. Quatre soldats au profil différent, qui ne se seraient peut-être pas fréquentés dans la vie civile, entre le prêtre et le combinard, le désabusé un peu amer et le brave type qui pense à sa femme mais qui fantasme sur le moindre jupon.

Au fur et à mesure des situations et des rencontres, c'est la réalité au jour le jour que Robert Merle décrit, le temps d'un weekend, une réalité où chacun essaye de trouver des solutions pour survivre - s'abriter, se nourrir, croire encore à la liberté, garder confiance en l'homme, une réalité qui montre le spectacle de cette humanité confrontée aux situations les plus extrêmes, certains comme les médecins du sanatorium préservant les vies, d'autres se livrant à des exactions, viol, vol, pillages ou se livrant au marché noir.

En alternant moments de calme et de peur, Robert Merle pousse ses personnages et notamment Maillat, un peu dilettante, dans des sentiments extrêmes.Les nombreux dialogues permettent de cerner les personnages et de rendre vivantes les rencontres et ressentir la violence - les personnages sont livrés à eux-mêmes et agissent selon leur personnalité révélant le meilleur comme le pire, évoluant tantôt sous les tirs de l'aviation allemande, tantôt déambulant dans les petites rues où s'alignent les villas cossues...Une alternance de situations qui perturbent Maillat, qui devient le témoin philosophe, entre humour pour mieux se jouer de la réalité et désespoir pour mieux rebondir, qui tente de comprendre et d'affronter l'absurdité de la guerre mais se comportera lui aussi violemment.

Ce premier roman de Robert Merle a été porté à l'écran très fidèlement par Henri Verneuil, impossible d'oublier Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle ou Pierre Mondy qui y tiennent les rôles principaux.
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Week-end à Zuydcoote

C'est la débâcle dans le camp des Alliés. Churchill met en place l'opération Dynamo, et toute la Royal Navy est mobilisée pour ramener les soldats britanniques en vue de la bataille d'Angleterre.

Les troupes françaises assistent, impuissantes, au départ des Tommys et aux bombardements Allemands.



Robert Merle raconte, demi-journée par demi-journées, un week-end dans la célèbre poche de Dunkerque, du point de vue d'un sergent Français. le sergent Maillat, tente de s'embarquer à bord de la Navy pour fuir les combats. Parallèlement, ses errements dans le village de Zuydcoote sont ponctués de rencontres, aussitôt oubliées, de soldats défaitistes…



J'ai eu du mal à m'enthousiasmer sur ce livre, pourtant écrit de façon dynamique.

L'auteur a certainement, délibérément, voulu éviter de refaire l'histoire, une nouvelle fois, de la Bataille de Dunkerque ; alors il a choisi de parler d'anecdotes en marge de la guerre et d'histoires individuelles.

Ce livre manque de sel, d'autant plus que les récits auraient pû être plus tragiques ; on dirait assister à un simple journal. Les émotions du personnage principal sont imperceptibles, car il raconte avec un détachement ennuyeux la mort qui siffle autour de lui et la disparition de ses compagnons.

Néanmoins, Robert Merle maîtrise très bien le délicieux argot de la bidasse ; les dialogues sont suffisamment mordants pour nous garder le livre ouvert ; mais de là à donner le Goncourt…





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Week-end à Zuydcoote

Ce livre me fait penser à « en attendant GODOT » de Samuel BECKETT. L’absurdité de la situation, l’absurdité des personnages, un côté burlesque, mais dramatique et quand on connait la fin du roman, la réalité historique…

Absurdité : ne serait-ce que le titre :"Week-end à Zuydcoote" au regard de la réalité historique traitée, tout est annoncé.

"Week-end à Zuydcoote" retrace la tentative de survie de ces quatre hommes, Maillat, Pierson, Alexandre et Dhéry, soldats français acculés à la mer attendant un hypothétique embarquement.

Le personnage central, déambule au milieu de ce chaos et fait des rencontres improbables :

deux filles qui restent dans leur maison contre toute logique ‘ du moins surtout une)et la situation va complètement lui échapper, jusqu’au jugement « de dieu » et de sa moralité

Des hommes se terrent dans un abri de fortune.

Des soldats se résignent à l'incendie de leur navire et ne cherchent pas à s'enfuir.

Quelque part, ce personnage me fait aussi penser à « l’étranger » d’Albert CAMUS.

Premier roman de Robert Merle : Prix Goncourt en 1949.

Porté à l'écran par Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle ou Pierre Mondy qui y tiennent les rôles principaux. J’ y aurai bien vu aussi les acteurs « d’un taxi pour TOBROUK »

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Week-end à Zuydcoote

« Week-end à Zuydcoote ». Pour son premier roman, Robert Merle ne raconte pas la seconde guerre mondiale, il n’en dévoile qu’un bref moment, le tout début : 1940, la poche de Dunkerque où se trouvent acculés les soldats français et britanniques qui ne savent trop comment résister au tir des stukas allemands. Leur seul espoir, l’embarquement sur les bateaux qui pourraient les désenclaver par la mer. Les embarcations britanniques semblent venir, les françaises se font attendre.

Dhéry, Alexandre, Piersons et Julien Maillat, quatre compagnons d’armes français popotent sur un bout de plage en attendant la délivrance. Un week-end à tenir. Un week-end à Zuydcoot, entre Dunkerque et Bray-dunes, ce n’est pas une destination de rêve pour un city-trip mais ces derniers n’existaient pas encore. A l’époque, nos quatre lascars n’étaient pas en vacances mais en guerre !

Et Robert Merle de l’aborder par le petit bout de la lorgnette, celui qui est le plus proche des gens. En observateur, il essaye de comprendre le pourquoi de cette guerre, de ce carnage inutile. En entrant dans l’Histoire par le côté désuet des faits et gestes quotidiens que les soldats devaient accomplir pour manger un bout, se réchauffer, trouver où dormir et créer du lien social pour tenir le coup, l’auteur souligne aussi l’absurdité de la guerre, la petitesse des actes de bravoure et les lâchetés qui émaillaient ces jours de repli, de fuite, de manque de moyens et de perte d’illusions.

J’ai aimé cette approche de l’auteur soulignant les nombreux temps morts qui ponctuaient la vie des combattants de Dunkerque. Leur immobilité frisant l’insouciance qui n’était due, en fait, qu’à un manque d’anticipation de l’ingénierie de guerre, un manque de moyens, une logistique qui, déjà, ne suit plus, une force militaire dépassée par les évènements. C’est donc davantage le vide que la bravoure que raconte Robert Merle. Ecrire de cette façon, en 1949, alors que la France était victorieuse et distribuait ses médailles a dû s’appuyer sur une certaine force morale chez l’auteur. Il récidivera, par ailleurs quelques années plus tard, en écrivant un roman coup de poing, « La mort est mon métier » où il prend pour personnage central un officier allemand nazi qui aura la conviction de bien faire en s’engageant entièrement au service de la destruction totale des juifs. Sans jamais se faire le chantre de la guerre, des violences et des revendications suprématistes des uns ou des autres, à travers la gouaillerie de Julien Maillat dans ce roman comme à travers la rigidité de Rudolf Lang dans « La mort est mon métier », Robert Merle soulignera la petitesse, l’étroitesse de vue dans laquelle la guerre enferme ses combattants. Un Goncourt qui peut encore se lire aujourd’hui, sans aucun doute !

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Week-end à Zuydcoote

Je connaissais très peu Robert Merle à part Malevil, et quelle merveilleuse surprise que ce livre célèbre par son titre et ses adaptations au cinéma, qui nous fait traverser ces deux jours de défaite avec un homme perdu, qui essaye de survivre, la mort et la destruction tout autour, avec comme seul espoir d'être fait prisonnier.

Chaque rencontre, chaque événement positif sont un petit plaisir d'être en vie (la bienveillance d'un soldat anglais, le sourire d'une jeune fille, une bombe qui vous épargne, le goût du pain frais, la bouteille de whisky partagée...), puis quand l'horreur le rattrape, l'état second et l'émotion du héros sont décrits avec la justesse de celui qui a vécu ces drames...

Quelques faits, un lieu réduit (quelques centaines de mètres), un temps court sur 2 jours (Le temps de lecture) et un style tout en dialogues, émaillé de quelques ressentis personnels, un livre attachant et qui laisse un poids sur la poitrine : la guerre est vraiment inhumaine !
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Week-end à Zuydcoote

(excusez-moi je vais être un peu long). 1er bouquin de Robert Merle et 1er de lui que je lis (mieux vaut tard..). J'ai vu le film il y a longtemps (qui ne m'avait pas tellement plu mais il faut que je le revoie) et c'est un peu dommage car difficile de ne pas avoir en tête Belmondo, Mondy, Marielle .. alors qu'ils ne correspondent pas vraiment, physiquement, à la description des personnages. Vaudrait mieux regarder une photo du Robert Merle de cette époque puisque ce récit est du vécu, vu qu'il s'est retrouvé coincé, comme les centaines de milliers de soldats français, belges et britanniques, sur les plages autour de Dunkerque, du 26 mai au 4 juin 1940, avec l'obligation d'attendre que les soldats britanniques soient évacués avant d'espérer monter sur un bateau (je suis étonné qu'aucun lecteur ne le dise sur Babélio)

Le titre est génialement ironique et peut correspondre à ce qu'a vécu R. Merle le week-end du 1er et 2 juin, avant d'être fait prisonnier.

Au petit jeu des correspondances avec d'autres livres, Week-end à Zuydcoote commence avec la gouaille d'un soldat "titi parisien" (transportant une femme morte dont les cuisses nues s'agitent..) qui semble déjà assez surprenante (ah la gouaille joyeuse et simple des Français !..), un peu comme le début du Voyage au Bout de la Nuit et continue par toute une série de scènes, comme dans une "vie quotidienne" normale, au cours desquelles les 4 soldats français se préoccupent de ce qu'ils mangent (la popotte..), de comment ils dorment (dans une grosse estafette ambulance qu'ils nomment la roulotte) etc.. se chamaillent.., bref, des préoccupations dérisoires au regard de ce qu'ils "vivent" ( et surtout de ce qu'ils risquent - la mort, tout simplement, si on peut dire..) et on se retrouve un peu, comme le dit chez Babelio theobservor, chez le Godot de Beckett.Le personnage principal (Merle/Bebel au ciné) déambule beaucoup, à pieds et dans sa tête, et l'on n'est pas loin de l'Absurde, du détachement désorienté de l'Etranger de Camus ou de pensées métaphysiques basiques. J'avoue - sous la torture - qu'au début (à part 2 bonnes pages - 26/27 dans l'édition de poche de 1962 - sur l'absurdité de la Guerre) avoir été un peu déçu et m'être un peu ennuyé face à ces personnages qui radotent, qui répètent souvent les mêmes phrases, avant de me rendre compte que ce n'était pas eux qui étaient ridicules mais la situation dans laquelle ils sont ensablés et que la répétition rendait bien cette absurdité. (page 244 : "c'était comme un cauchemar où il n'arrêtait pas de redire et de refaire les mêmes choses pour l'éternité")

Vers les pages 200 est écrite magnifiquement une scène très forte (n'abandonnez pas le livre en cours de (route) qui hisse le livre vers La Littérature, quand elle est puissante et exprime avec justesse ce qui est difficile à mettre en mots et qui m'a fait penser à la scène du crime dans la Bête Humaine de Zola et le film de Renoir sorti 2 ans avant juin 40 (Robert Merle l'avait-il vu ?).

La toute fin - c'est le cas de le dire - n'a pas été sans me rappeler les dernières lignes de Martin Eden de Jack London.

Donc, finalement, un bon bouquin sur l'étrangeté et l'incroyable - si on ne l'a pas vécue - absurdité cruelle de la Guerre. Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître.
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Week-end à Zuydcoote

Une relecture me permet de dire que c'est toujours d'actualité et que l'histoire est encore fraiche.

Un lecteur situe ce livre entre "Kaputt" et " l'étranger " pour le livre de Malaparte je comprend; encore que le réalisme de celui-ci est beaucoup plus féroce et morbide que celui de Merle par contre pour l'étranger je ne vois pas Pour la plage peut-être?

Je le situerai plutôt entre "les noces barbares " pour le viol, lieu et la période et "le caporal épinglé" de Perret pour la petite vie pépère de bidasses dont l'unique soucis c'est de casse-croûter avant le déluge

c'est intéressant de voir comment les personnages se positionnent par rapport à la guerre Un pacifiste qui se pose beaucoup de questions L'une d'elles et non pas des moindres est de savoir si il est lâche et qui se révolte contre l'absurdité de la guerre ( là surement c'est du Camus) un français lambda qui prend les choses avec pragmatisme, assure le dîner et imagine son futur ...après la guerre, un opportuniste qui envisage ses affaires et sa reconversion...après la défaite et mais pendant l'occupation et un curé, militariste , qui attend patiemment sa captivité sans trop d'états d'âmes car il croit

De beaux portraits d'hommes, une description très crue des blessures , mutilations terribles des soldats ainsi que leurs douleurs mentales

Une histoire d'hommes donc mais un livre extraordinairement féministe pour l'époque (...!) mais le titre est certainement un faux ami et j'ai du mal à me l'expliquer



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Week-end à Zuydcoote

Nous sommes en mai-juin 1940. Les troupes franco-britanniques sont coincées dans la poche de Dunkerque entre la Manche et l'armée allemande. Chaque jour, la poche se rétrécit. L'armée française a disparu depuis longtemps. Plus d'ordres, plus de QG, plus d'officiers. Quatre d'entre eux ont élu domicile dans une roulotte aux abords du Sanatorium de Zuydcoote. N'étaient les sirènes des Stukas qui, de temps à autre, arrosent de bombes les maisons et les plages, on pourrait se croire en ce week-end ensoleillé au milieu des dunes aux prémices de la saison touristique.

La vie s'organise dans les popotes. Chacun s'accommode de la situation comme il peut. Tandis que certains se sont résignés à la défaite, d'autres à l'instar de Julien Maillat cherchent à s'embarquer pour l'Angleterre. Mais les Anglais n'embarquant que les Anglais, il faut ruser.

Robert Merle raconte dans ce roman le point de bascule où les soldats, débris d'une armée en pleine débâcle, livrés à eux-mêmes, désorientés, doivent désormais imaginer seuls leur avenir. Les quatre compagnons d'infortune savent que leur camaraderie n'est qu'un havre précaire. Sobre, économe dans les descriptions, nourri de dialogues au ton très juste, ce livre, le premier de l'auteur, traduit très bien, dans un genre plus romanesque, "L'Etrange défaite" si bien expliquée par Marc Bloch.
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Week-end à Zuydcoote

Un livre que j’ai eu envie de découvrir après la rediffusion, il y a quelques années de l’adaptation d’Henri Verneuil.



Le roman nous invite à suivre le sergent Maillat, un soldat encerclé dans la poche de Dunkerque en 1940, et ayant trouvé refuge avec quatre autres de ses camarades près du sanatorium de Zuydcoote. Séparés, comme beaucoup d’autres, de leur unité, ils ne sont plus en état de combattre et, de fait, sans plus d’espoir de se voir embarquer vers l’Angleterre. Pris au piège, les voilà contraints à attendre la suite d’une guerre qui se déroule désormais sans eux. Un choix auquel Maillat ne semble pouvoir se résoudre. Perpétuellement en mouvement, tentant de s’échapper de cette nasse sinon à la routine menaçante du quotidien, celui-ci malgré tous ses efforts, parait pourtant condamné, tel un Sisyphe revenant à son rocher, à revenir auprès de ses camarades à la « roulotte », leur camp de base improvisé.

~

Plus désabusé que véritablement sombre, ce livre nous plonge dans une situation absurde, celle d’une guerre contre un ennemi quasiment absent, hors d’atteinte et ne se manifestant que par ses bombes et ses obus semant leurs morts ça et là. Une période étrange où la moindre action anodine et parfaitement logique en temps normal semble totalement ubuesque sous le prisme de la situation.



Un livre passionnant de bout en bout, à lire absolument !
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Week-end à Zuydcoote

Avant la lecture de ce roman, je n'avais absolument aucune idée de ce dont il s'agissait, et ayant lu deux autres oeuvres du même auteur très différentes l'une de l'autre (L'Ile et La mort est mon métier), je m'attendais à tout; je pensais d'ailleurs, vu le titre, qu'il s'agissait d'un couple aisé se baladant au bord de la plage pendant l'Occupation...

Pas du tout. Dès la première ligne, nous entrons de plain pied en pleine guerre, et quand je dis ça, difficile de faire mieux. Maillat, comme tous les hommes de son âge, se retrouve engagé dans cette guerre sans l'avoir désiré, mais c'était ça ou la fusillade, alors... le voici au point le plus septentrional de France, Nord toute, sur la côte française, à Bray-Dune (et non Zuydcoote qui n'est ceci dit qu'à quelques kilomètres).

Nous le suivons sur un week-end, du samedi matin au dimanche après-midi, un week-end où Maillat subira la violence quotidienne de la mort en temps de guerre.

Entre chaque bombardement, d'une violence à couper le souffle, Maillat s'interroge sur l'absurdité de ces tueries et sur les notions de courage et de lâcheté. Qui, pour juger? Dans cette atmosphère de fin du monde (quand cela finira -t-il, cela finira-t-il même un jour? En ressortira-t-il vivant?), comment rester juste, intègre à ses propres valeurs?

Malgré son détachement de ce que subit son pays, Maillat sent son corps vaciller, traumatisé, à chaque attaque qu'il subit, jusqu'au paroxysme.

La narration présente quelques temps forts comme l'embrasement du cargo sur lequel il s'est embarqué suite aux bombardements ennemis, un passage très puissant dans le roman qui va commencer à ébranler le personnage, jusqu'aux bombardements de la maison où il s'est réfugié avec une jeune fille qu'il a sauvé peu auparavant.

Robert Merle joue sur les contradictions de l'âme, les fluctuations de la pensée, la dichotomie qu'il peut y avoir entre l'esprit, fort, détaché, et le corps, vulnérable aux agressions, tout ça d'une écriture qui a la modernité d'après-guerre. Je n'ai pas vu l'adaptation qu'en a fait Henri Verneuil, mais je l'imagine très bien car l'écriture est très cinématographique. J'avais beaucoup aimé les deux autres romans lus auparavant, celui-ci finit de me convaincre que Robert Merle est un très grand auteur.

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Week-end à Zuydcoote

Alors que j'ai vu le film Week-End à Zuydcoote des dizaines de fois, je n'ai jamais pris le temps de lire le roman dont il est l'adaptation. Un oubli réparé aujourd'hui.

Au cours de la lecture j'ai pu mesurer combien le film devait au livre, mais aussi combien les acteurs collent à leur personnage.

Le groupe qui se constitue à Zuydcoote, sous la houlette de Alexandre, est composé de Maillat, Pierson, Dhéry, des personnages qui ne se seraient jamais rencontrés. Autour d'une roulotte qui sert de camp de base, approvisionnées en victuailles et boissons "cantinées", ils reconstituent un groupe hétéroclite dans lequel au sens propre et au figuré chacun a une place bien précise. De nouvelles habitudes s'installent, donnant le change pour quelques jours et permettant d'oublier la guerre et la situation catastrophique de l'armée française. Ils y confrontent leurs points de vue sur leur vie d'avant, leur vie future et la guerre.

On voit se dessiner alors ce que sera la société française sous l'occupation.

Maillat est décidé à embarquer pour l'Angleterre. Dhéry veut tenter la collusion et les affaires avec l'occupant. Pierson, le prêtre ne veut rien révéler de ce que serait son sacerdoce dans une France occupée. Alexandre rêve de s'échapper vers son midi natal.

Ces rêves dérisoires face aux obus de 77 qui tombent au hasard leur permettent de vivre ce qui sera peut être leurs dernières journées, et c'est derrière les gestes du quotidien, corvées d'eau, popote, vaisselle, ouverture des boites de singe qu'ils cherchent à oublier.

Le seul à échapper à la pression du groupe est Maillat, anglophone, il cherche désespérément à embarquer sollicitant les soldats anglais pour lui permettre de se fondre parmi eux. Dans ses pérégrinations il va se trouver confronté à l'absurdité de la guerre et à la lâcheté des hommes profitant de la confusion pour s'affranchir des règles morales. C'est ainsi qu'il rencontre le chauffeur de taxi parisien Virrel, et Jeanne décidée à rester dans sa maison malgré la disparition de ses grands-parents et les pillards qui s'en prennent à elle.

Un roman de référence sur la guerre, la période trouble de la défaite française, le drame de la poche de Dunkerque, et les prémices de l'occupation et de l collaboration.

A lire


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Week-end à Zuydcoote

La première chose que je me suis dit, en (re)lisant ce roman, c'est qu'on n'a plus les prix Goncourt qu'on avait.

Tout y est: le style, la construction, l'unité de lieu et de temps, La concision même m'a parue une très grande qualité du roman. L'action se situe en deux jours quelque part entre Zuydcootte et Bray-Dunes lors de l'évacuation des troupes britanniques en 1940 (la bataille de Dunkerque). En quelques pages Merle campe avec réalisme les caractères de quelques soldats français qui n'ont d'autre choix que d'attendre d'être tués ou faits prisonniers tant était mince la chance de se faire embarquer vers l'Angleterre. On s'attache à Maillat — un double de Merle, un peu en dehors — à ses camarades de popote, à leur passé tranquille avant la guerre, on redoute avec eux le destin absurde que leur réserve la guerre. Tout est tellement juste qu'on s'y croirait…

Bon Dieu, quel talent il avait, ce Robert Merle! Ça me donne envie de reprendre la saga Fortune de France dès le premier roman et de, cette fois-ci, allier jusqu'au bout…
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Week-end à Zuydcoote

Robert Merle a reçu le prix Goncourt en 1949 pour son premier roman Week end à Zuydcoote.



Le récit se déroule sur le temps restreint d’un week-end, quatre chapitres correspondant à quatre demi-journées, à Zuydcoote, commune française du département du Nord, bordée par la mer du Nord, au cours de l’Opération Dynamo, sans qu’elle soit jamais nommée et décrivant notamment, sur le samedi après-midi, le bombardement d’un navire qui s’inspire également de faits réels.



Historiquement, du 26 mai au 4 juin 1940, en raison de l’avancée rapide des forces militaires allemandes, les troupes anglaises, ainsi que des divisions françaises et belges se trouvent encerclées. La retraite est organisée en urgence vers le Royaume-Uni avec des rembarquements dans une zone de conflits aériens et terrestres. Si 338 000 hommes seront rembarqués, 35 000 soldats, majoritairement français, seront capturés et d’autres trouveront la mort. Durant cette opération, un bateau « Le Crested Eagle » sera bombardé, avec un bilan de 300 morts. L’épave est toujours visible sur la plage de Zuydcoote.



Durant deux jours, on suit Julien Maillat, soldat français, parlant bien anglais, dans ses rencontres et dans son lien à trois autres soldats très différents, mais que la guerre a rapprochés. C’est oppressant, car l’échappatoire recherchée n’existe pas. C’est violent, comme toute guerre, avec ses morts, ses viols, ses pillages. C’est intense, car ce qu’on a, à un moment donné, peut ne plus exister quelques heures plus tard.



Robert Merle a vécu cette période et ces événements. Cette première découverte de cet auteur me donne envie de poursuivre, même si ce n’est pas immédiatement par « La mort est mon métier », sur un autre pan de la deuxième guerre mondiale.

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Week-end à Zuydcoote

Challenge Solidaire2021 Gwen21# lecture 20



Le roman raconte la survie de 4 soldats français en plein débâcle franco-anglaise durant la 2eme guerre mondiale. L’histoire se déroule durant un weekend dans le Sana de ZUYDCOOTE, dans le nord de la France : un camp siège d’un immense rassemblement de soldats sans armes, sans chefs, toutes unités confondues. Les Stukas allemands font rage dans le ciel; ils bombardent la population civile et les bateaux anglais pris d’assaut par les soldats pour fuir en Angleterre.



Le sergent Julien MAILLAT est le personnage principal du roman. Il partage une roulotte avec ses 3 amis soldats : PIERSON, le curé, Alexandre, le cuisinier du groupe, et DHERY, le débrouillard, obnubilé par le gain d’argent. Ils vont vivre ensemble durant 8 mois.

Julien MAILLAT est athée, désabusé par une guerre qu’il trouve absurde : ’Il n’y a pas de guerre juste, ou de guerre sacrée, ou de guerre pour la bonne cause. Une guerre, par définition, c’est absurde’.



Durant ce weekend, Julien MAILLAT fera plusieurs rencontres. Un charretier transporteur de cadavres, un capitaine anglais qui l’aidera à s’embarquer sur un navire anglais et une jeune fille de 15 ans qu’il arrachera des griffes de deux violeurs.

Dans le roman, Robert Merle ne dépeint jamais les personnages en héros ou méchants, mais décrit plutôt comment les horreurs de la guerre peuvent transformer le comportement de gens.

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Week-end à Zuydcoote

Comme son nom l'indique, ce roman de Robert Merle nous emmène pour un week-end à Zuydcoote... Mais pas n'importe quand, ni avec n'importe qui !



Robert Merle nous plonge en pleine débâcle militaire. Seconde guerre mondiale, les Allemands arrivent, les troupes sont évacuées par bateau. Les anglaises, du moins, car ni à Dunkerque, ni à Bray-Dunes on n'embarque les français, qui n'ont plus qu'à attendre patiemment de se retrouver prisonniers de guerre.



Au cours de ce long et pénible week-end, (enfin, long pour les protagonistes, pas pour les lecteurs, vu que le roman fait moins de 250 pages !), Robert Merle nous fait partager le quotidien de Julien Maillat, soldat français, dans ses pérégrinations, ses rencontres, et ses échanges avec ses frères d'armes, ses amis, à la popote : Alexandre, Dhéry, Pierson, le curé, et puis aussi Pinot, qui se joindra à eux quelques heures après avoir croisé Julien dans un garage... Deux jours intenses pour Julien Maillat et ses comparses.



Honnêtement, j'ai bien accroché avec ce roman, MAIS... Mais la fin m'a gâché toute l'histoire à vrai dire. A partir du moment où Julien rejoint Jeanne chez elle à Bray-Dunes pour la troisième fois, Robert Merle m'a perdue. Dommage, tout le reste était très bien raconté et très crédible aussi, mais là, à partir de ce moment jusqu'à la chute, j'ai trouvé ça, comment dire ? Tiré par les cheveux en fait, non pas tant en termes d'événements, plutôt en ce qui concerne l'évolution de la relation entre les personnages. Bizarre et incompréhensible pour moi. Bref, vraiment dommage.
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Week-end à Zuydcoote

Le réalisme des préoccupations de la petite bande de potes dont le séjour forcé sur la plage est décrit remet une couche sur la débilité de la guerre.

Robert MERLE insiste assez peu dessus même si parfois les personnages l'évoquent dans leurs discussions. Les héros sont jeunes, ont eu la malchance de vivre à la mauvaise époque.

Ils nous sont sympathiques. On aurait presque envie de partager leur petite tambouille du midi et du soir, leur moment de retrouvailles, de participer à leur discussions futiles, de trouver nous aussi une tête de turc à chambrer gentiment, de boire nous aussi quelques whiskys de trop...s'il ne s'était pas agi de boire pour oublier que de toute façon la messe est dite.

Robert MERLE insiste peu sur le fait que nos soldats sont pris en tenaille entre les boches et la mer. Mais la mort rôde, et chacun des héros occupe son temps à sa manière.

J'ai ressenti de l'affection pour ces personnages à la place desquels j'aurais pu me retrouver.

J'ai ressenti de la tristesse pour eux aussi.

On tente de partir avec les anglais ? Pas possible. Les français restent à quai.

On trouve une place par miracle sur un bateau ? On est à la merci de l'aviation allemande et on se retrouve dans un barbecue humain.

On traîne dans les maisons restées debout et on y fait la rencontre d'une très belle fille ? Bof, quel intérêt. De toute façon...

On retourne sur la plage retrouver nos potes pour partager la viande de singe ? Encore faut il pouvoir aller chercher de l'eau au puits sans se faire décapiter par un obus.

Et si on allait attendre la mort en bonne compagnie ?
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Week-end à Zuydcoote

Prix Goncourt 1949, « Week-end à Zuydcoote » de Robert Merle est un roman d’inspiration autobiographique. L’auteur, prisonnier de guerre à l’occasion de l’évènement qu’il décrit (la débâcle de Dunkerque), en offre un témoignage de première main malgré sa part de fiction embarquée.



La « Drôle de Guerre » a pris fin à la mi-mai 1940. Une semaine et demi plus tard, sous la poussée irrésistible du Blitzkrieg, les troupes anglaises et françaises en déroute sont acculées à la Manche dans « la Poche de Dunkerque ».



« C’est un petit bout de France qui trempe dans la flotte et qui rétrécit au lavage »



Les troupes alliées, tant bien que mal, rembarquent pour l’Angleterre sur des rafiots de fortune réquisitionnés. « Anglais à droite, Français à gauche ». Pris au piège, des milliers de Tommies et plus encore de soldats français vont trouver la mort dans les dunes, en mer (à moins de 18 kms à vol d’oiseau des côtes anglaises), dans les jolies villas de la station balnéaire de Bray-Dunes ... Priorité à la survie sous les obus crachés par l’artillerie ennemie de plus en plus proche. La mort surgit sous les torpilles et la mitraille lâchées par les Stukas qui, en vrilles savantes contre l’azur du ciel, ciblent les flancs des cargos et leurs ponts surpeuplés, le sanatorium et ses brancards de fortune, l’enfilade des plages où les soldats se jettent face contre terre n’espérant que la chance d’y réchapper une fois de plus.



Des milliers d’hommes, la vie, la mort, à pile ou face … Les seules alternatives étant l’embarquement pour Albion ou se constituer prisonniers quand les allemands seront là.

Robert Merle suit les destins parallèles et croisés de quelques soldats français perdus dans la tourmente, le temps d’un court week-end de printemps ensoleillé et chaud. Welcome in Zuydcoote, le soleil est de la party, isn’t, ironisent les Tommies tout humour british dehors, froid et détaché. La Manche est calme et belle, propice aux bains de mer (carte postale idyllique) … si ce n’est qu’elle recrache les morts de la crête écumeuse des vagues vers les plages. Noyés, blessés, brûlés, étripés, décapités, agonisants, chairs déchirées, regards hébétés… Les dunes de sable blond se teintent d’écarlate. Les soldats meurent sans combattre, les yeux ouverts, rivés sur un ciel sans nuages. Le titre du roman, « Week-end à Zuydcoote », est trompeur (voire ironique) ; derrière des promesses édéniques d’affiche touristique, se dessine un enfer truffé de plomb, de poudre et de feu, de sang et de vies gâchées.



Le paysage proposé est digne de J.G. Ballard. C’est un gigantesque cimetière d’engins militaires immobilisés, inutiles, abandonnés, ensablés, incendiés, figés dans une attente vaine. « Il … [leur] … manquait une roue, quelquefois deux. Les petites Austin n’en avaient plus du tout. Elles gisaient sur le dos comme des scarabées kaki qu’un enfant se serait amusé à retourner du plat de la main ». Les événements décrits cousinent avec les apocalypses lentes que l’auteur anglais affectionnera.

Des villas en ruines, pillées, laissées en l’état par des vies effacées ou en fuite côtoient un sanatorium inutilement bombardé et des dunes trompeusement protectrices. Dans ce décor, il y a peu touristique et enchanteur, apocalyptique désormais, errent des hommes en promesse de trépas éclair ou en survie chanceuse. Ils sont tous en perte de repères, si ce n’est ceux nouveaux, éphémères et instables qu’impose une situation qu’ils ne maitrisent plus. Les règles changent, les hommes s’adaptent, espèrent ou se résignent :



Dhery, combinard, débrouillard et opportuniste, entrevoit un « après Dunkerque » lucratif pour peu d’y survivre, un marché noir peu ragoûtant mais florissant ; il pressent la collusion dans l’air du temps à venir, se place par anticipation sous le vent mauvais d’une Occupation en approche rapide ; son cas préfigure la Collaboration et ses heures sombres. Robert Merle tisse du soldat un portrait qui se veut débonnaire, presque amical ; mais sous le vernis d’écriture, l’auteur se fait critique acerbe d’un homme qui ne voit en l’amitié qu’un levier à ses ambitions. C’est l’antipathique de sortie…



Pierson, prêtre aux armées, questionne sa foi à l’épreuve de la guerre et de ses ambigüités, la confronte à l’anticléricalisme d’Alexandre et à l’agnosticisme de Julien Maillat, s’y accroche tant bien que mal, prie pour le salut des hommes mais enterre son arme dans le sable. Les dialogues, si présents et si habiles au cœur de l’ouvrage, se prêtent au jeu des conceptions différentes de la vie, dévoilent des antagonismes qui sauront, plus tard, se muer en fraternité pour qu’enfin se dénoue le conflit.



Pinot (« … un des gars de Bezons ..! ») soupçonne l’infidélité de son épouse (là-bas, dans un autre monde, celui civil et maintenant si lointain) ; en contrepartie à sa frustration, il mitraille de son FM les Stukas en piqués (« Aussi sec .. ! »). Silhouette haute en couleurs, forte personnalité, propos taillés dans un parler populaire brut, il est une des figures inoubliables du récit.



Jeanne, qui ne se résigne pas à abandonner sa maison sous les bombes, qui a l’impression que sa demeure résistera tant qu’elle sera là pour la protéger, qui joue un drôle de jeu avec Julien Maillat, entre amour et intérêt. C’est la part féminine du récit, mais aussi celle par qui les évènements se précipitent.



Alexandre attend l’arrivée des allemands pour, fataliste, se rendre. Il tient la popotte dans les dunes, un fourgon-ambulance, où en mère-poule pour ses amis il organise un semblant de quotidien retrouvé, trompeur, fragile mais rassurant, presque intemporel. Pour lui, l’amitié n’est pas un vain mot ; il prend le rôle du sacrifié.



Et puis il y a Julien Maillat. Sans doute un autoportrait de l’écrivain. C’est un électron libre, de pensées et d’actes. Un être énigmatique, détaché de lui-même et des autres, empathique ou pas rien n’est sûr, capable néanmoins de s’insérer dans le huis-clos de l’ambulance. Il est parti en guerre plutôt qu’en désertion, porte sur l’absurdité de la guerre et de ses acteurs un regard désabusé et fataliste. Forcé et contraint, c’est l’élément survivaliste du groupe, non pas tant pour continuer à se battre ailleurs que pour simplement ne pas mourir. Il jette aux autres des réparties sèches mais bienveillantes, teintées d’humour distant et froid. C’est le personnage le plus fouillé, disséqué, raclé jusqu’à l’os dans ses hésitations, ses faiblesses et ses forces.



J’avais jadis été séduit par le regard porté par Henri Verneuil, en 1964, sur la Poche de Dunkerque, via l’adaptation ciné qu’il fit du roman. Le cinémascope alors à la mode (lire le 16/9ème) se prêtait au grand spectacle de la guerre, offrait des scènes dantesques pour le moins réalistes. Le long métrage est très fidèle au texte (Merle eut son mot à dire), des scènes surajoutées émergent néanmoins de ci-delà mais restent dans la logique de l’histoire écrite. A noter que les épilogues divergent du lu au vu sans, qu’à mon sens, il me soit possible d’en privilégier l’une ou l’autre.



« Week End à Zuidcoote » est, après « La mort est mon métier » mon second Robert Merle lu. De nouveau le fond et la forme s’unissent pour rendre la lecture faussement aisée au service d’une réflexion acérée sur certains questionnements qu’apporte la guerre.



A lire et à voir. Absolument.


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Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

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