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Critiques de Robert Musil (134)
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L'Homme sans qualités, tome 1

~ Au commencement était Ulrich ~



C'est lui l'Homme sans qualité.

32 ans. Militaire, ingénieur & mathématicien, cependant, ne fout rien !



Déjà, qualité est à prendre au sens de particularité et non pas dans le sens vertu !



Musil lui-même notera : "Sa particularité essentielle, c’est qu’il n’a rien de particulier. C’est l’homme quelconque, et plus profondément l’homme sans essence - l’homme qui n’accepte pas de se cristalliser en un caractère ni de se figer dans une personnalité stable."

C'est l'homme du possible, surtout pas l'homme du réel. Incapable de décider, de trancher. Une seule certitude, le doute. Toujours !



Parachuté chez sa cousine, le voici en compagnie de la crème de la bourgeoisie viennoise pour préparer le jubilé de François-Joseph prévu pour 1918. Les femmes y sont aussi, Diotime, Bonadea, Clarisse, Rachel, Gerda tantôt pour l’amour & le sexe, tantôt pour l'essence & l'esprit.



L'Action parallèle est un événement que Musil trouve pour entrecroiser tout ce beau monde, les confronter, pour capturer les intérêts, les aspirations, les travers & les rêves de chacun, pour traduire l’état de cette société policée & brillante, qui a vu s'épanouir Freud, Wagner, Schiele, Klimt, Schönberg et tant d'autres, mais où tout s'est mit incidieusement en place pour favoriser la guerre.

Le roman est composé d'une centaine de parties, qui sont autant d'échanges entre les protagonistes. On peut parfaitement l’aborder par fragments, comme une succession de portraits & de débats d'idées.



C'est un ouvrage a la fois philosophique, politique, sociale & historique, d'une richesse inépuisable & d'une beauté inégalable. C'est un livre qui se suffit à lui-même. Duras dira que c’est un livre éminemment obscur, illisible & irrésistible, dont la lecture est une mystérieuse corvée, et un enchantement une fois arrivé au bout ! Et de Musil que “C'est la tentative du tout. Du tout du monde”

Inqualifiable, il est bien plus que cela !



Alors si vous avez du temps & une tendance à l'auto-flagellation, c'est pour vous !
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Les désarrois de l'élève Torless

Ce qui frappe immédiatement dans ce roman c'est la rigueur de la construction et la précision au scalpel des descriptions qui évitent la poétisation et créent un univers mental obsessionnel où la rigueur implaccable du récit (simple et très prenant malgré sa violence morale) sert de prétexte à l'exploration des "désarrois" d'un adolescent qui cherche inlassablement de façon circulaire à donner du sens aux perceptions et émotions qui l'envahissent. Le vrai sujet du livre étant à mon sens l'impossibilité de rationaliser et de réduire par le langage ce qui relève de l'expérience sensible et aussi de la sensualité.



On retrouve, sans la dimension poétique, l'observation méticuleuse du flux de conscience d'une Virginia Woolf par la volonté de rendre compte de la façon la plus méticuleuse possible de ce qui constitue la richesse et la complexité de l'interaction entre nos pensées et nos émotions. C'est cette dimension de quête fondamentale de sens, illusoire et sans fin, qui donne cet aspect lancinant et aliénant, parfois étouffant ou lassant (?) qui peut faire décrocher du récit mais qui lui donne aussi toute son incroyable puissance (Musil avait 25 ans en écrivant son roman!!!). Les échanges avec le professeur de mathématiques donnent quelques clés pour comprendre le développement philosophique de cet adolescent peu ordinaire qui anticipe probablement le futur "Homme sans qualités". J'ai lu tous ces passages lentement et à voix haute et c'est une expérience grisante et troublante. En gros il finit par montrer que rien ne peut avoir de sens à partir du moment où les prémices de départ sont remis en cause, quelque soit le domaine qu'on explore. Ici comment rendre compte de ce que provoque un tel trouble à la fois sensuellement "excitant" et moralement intolérable face à la soumission effrayante de Basini par Reiting et Beineberg? La plupart des auteurs décrivant un tel "fait divers", réel ou fictif, auraient adopté un point de vu moral, narratif... Musil déplace le problème sur le plan dialectique et abstrait en provoquant une sorte de dissolution du réel et donc de la "responsabilité". Törless concluant que cette histoire aura finalement été une étape constructive et presque libératoire...



Et pour ceux qui auraient peur de toutes ces considérations abstraites, il faut rappeler que cette histoire est d'abord intense et prenante du début à la fin. On peut s'accorder quelques glissements dans la lecture quand les préoccupations obsessionnelles de Törless refont surface. Mais l'interaction des deux en fait un livre unique et fascinant.
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Les désarrois de l'élève Torless

Ce fut une lecture laborieuse, pour ma part. Parce que les codes de l’histoire sont bouleversés, au profit de la réflexion, et je considère Robert Musil comme un intellectuel plus qu’un romancier.



Car, incontestablement, Musil a des choses à raconter. Et le livre ne se lit pas comme les romans traditionnels, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un bouquin de philosophie. D’habitude, les descriptions psychologiques des personnages sont sommaires, alors qu’ici, elles font toute l’oeuvre.



Comme il s’agit du premier livre de Musil, je me tente même à suggérer que cette oeuvre était, en quelques sortes, un ballon d’essai pour sa grande fresque de “L’homme sans qualités” ; que l’élève Torless est un livre bâtard mêlant l’essai et roman.

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L'Homme sans qualités, tome 1

Cette critique est honteuse : je ne suis pas parvenu à lire L'homme sans qualités. Ne la lisez pas si vous avez l’audace de vous plonger dans l’œuvre, ou lisez-la si vous pouvez me porter secours en dévoilant un guide. Je me croyais un lecteur pugnace, « No coward soul is mine » comme disait l’autre, et la traduction est de Jaccottet que je vénère. Mais j’ai calé à la page 227 et il y en a un millier. J’ai trouvé de grandes pensées, dont la suivante s’adresse au problème personnel d’Ulrich et peut être à mon cas, mais elle est longue, diffluente, non conclusive (la citation est plusieurs fois coupée) : On peut ressentir un coup non seulement comme une souffrance, mais encore comme un affront, ce qui l’aggrave jusqu'à le rendre insupportable ; on peut aussi l'encaisser sportivement, comme un obstacle qu’on ne doit pas laisser vous intimider ou vous entraîner à une colère aveugle […]. Et ce phénomène là, à savoir qu'un événement ne tire sa signification et même son contenu que de la place qu'ils occupent dans un enchaînement d'actions conséquentes, ce phénomène se produit justement chez celui qui ne considère pas l'événement comme un événement purement personnel, mais comme un défi à sa puissance intellectuelle […]. Toutes sortes de distinctions sont d'ailleurs en usage pour adopter ou recommander une conduite, selon les cas, personnelle ou générale. Un assassin objectif est tenu pour particulièrement dangereux ; un professeur qui poursuit ses travaux jusque dans les bras de son épouse est un cœur de pierre ; un politicien qui s’élève sur le cadavre des autres est jugé grand ou vil selon qu'il a réussi non ; d'un soldat, d'un bourreau, d'un chirurgien, on exige au contraire cette attitude inébranlable qu'on a condamnée chez les autres (p 179).

L'homme sans qualités dort avec les "M" dans ma bibliothèque où il reste inviolé, comme on dit des sommets et des déserts inaccessibles.

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L'Homme sans qualités, tome 1

Plus que 300 pages!!!!!....blague à part, ce livre est une aventure ....ce qui implique des moments creux et d'autres intenses, des joies immenses, des découvertes et parfois de l'ennui...J'ai failli plusieurs fois abandonner, mais à chaque fois, quelque chose m'en a empêchée....et je ne saurais dire quoi. Je suis certaine d'être passée à côté d'une bonne partie du message ...si message il y a .... Ce livre est vraiment difficile à....absorber....il nécessite un état continu de "réflexion" tendue. Les questions posées par les protagonistes, ainsi que leurs diverses réponses, semblent parfois vraiment tirées par les cheveux. On se dit: "mais bon sang, on sent vraiment qu'ils n'ont rien d'autre à foutre à part tergiverser sur tout et n'importe quoi, juste pour s donner un air..." Certes, il y a de ça parfois, et je pense que l'un des propos de Musil est de dénoncer cette futilité de l'esprit déguisée en intellectualisme.....mais il y a des moments où l'on s'écrie: Ouiiii, c'est ça....moi aussi j'ai ressenti ça, moi aussi j'ai pensé ça.....et ça fait du bien. " toujours la vieille blague de la littérature qui nous fait sentir moins seule au monde . Mais ce qui m'a frappée à l'instant , alors que je ne suis pas entrain de lire le livre, mais un traité scientifique des plus chiants pour le boulot, en écoutant une superbe musique, entourée de gens qui discutent depuis des heures pour la énième fois du temps qu'il fait, du foot, de leurs problèmes, de leur fatigue (les gens sont tout le temps fatigués, à tout heure , tous les jours, toutes les saisons..tout le temps)...discussion que j'ai entendu ce matin, hier, au boulot, dans la rue, chez le coiffeur, et qui me bouffe la tête jusqu'à la migraine, je me sens lasse, triste à pleurer, j'ai envie de hurler: vos gueules!!! par pitié, essayez de pousser un tout petit peu votre réflexion quotidienne, ne serait ce qu'une fois par mois. C'est en ce sens, en tout cas pour moi, que ce livre n'est pas à mettre entre les mains de tout le monde: il rappelle, pour des gens vivant dans une société comme la notre, (sans aucune prétention de ma part) que l'on est fichtrement seul, qu'à part quelques moments de "contact" avec nos semblables, nous sommes noyés dans la médiocrité. Et ça , les amis, il faut une sacrée dose de nerfs solides pour ne pas péter un câble. Comment a fait Musil pour fournir un tel effort de concentration , d'observation et de précision, pour décrire des états d'âme et d'esprit d'une telle intensité.!
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L'Homme sans qualités, tome 1

Peut étre la plus grande oeuvre du 20 éme siécle avec Ulysse de Joyce . Rarement une étude de caractére aura était poussée aussi loin . On est ici aux frontiéres de l'essai et du roman . La profondeur des personnages est extraordinaire , le regard que Musil pose sur l'humain est d'une telle précision que l'on est pantois devant ce travail immense qui conduit le lecteur vers le summum de l'art de la littérature . Dire que ce livre est grand c'est peu dire . Cette oeuvre est une pierre essentielle de l'art littéraire . Immense , majestueux .
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La Maison enchantée

On ouvre ce petit recueil de nouvelles inédites en se disant qu'il ne peut s'agir que d’œuvres secondaires et puis non, rien n'est secondaire chez Musil : au bout de trois pages on tombe sur une remarque dont l'intelligence vous réveille subitement, rejoignant le cours des réflexions essentielles, de ce qui donne sens à la vie.Vous rappelle aussi tout ce que vous n'avez fait que survoler chez cet auteur et qui mériterait relecture pour tenter d'accéder véritablement à sa prodigieuse intelligence des choses de la vie, pour devenir enfin un homme "sans qualités".
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L'Homme sans qualités, tome 1

L'homme sans qualité. Il y a bien longtemps, j'ai lu le tome 1 en entier et une grande partie du tome 2. A l'époque j'avais apprécié les méandres de la vie d'Ulrich et la description de son rapport catastrophique à la vie et aux autres. Mais aujourd'hui, c'est un ouvrage que je ne relirais pas, trop prise de tête, sombre, avec un personnage principal qui se regarde le nombril. C'est une performance de réussir à lire ces deux Tomes.
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L'Homme sans qualités, tome 1

"L'homme sans qualités", dont ce premier tome est paru en 1930, se déroule dans l'année 1914 en Cacanie, surnom donné par Musil à une Autriche-Hongrie déclinante. C'est une oeuvre ouverte, difficile à définir brièvement, inachevée. qui n'a rien du roman traditionnel.



Le personnage central, Ulrich, l'homme sans qualités, prend «congé de lui-même» de sorte que cette distanciation par rapport à la réalité peut être qualifiée d'ironie philosophique. Jean-Pierre Cometti en préface : Ulrich "ose le pari de l'intelligence et d'une réconciliation avec le monde auxquelles seuls nos préjugés font obstacle, ceci sous les pires formes qu'a connues le vingtième siècle".



Ce livre pose des développements sur la science et la technique, sur les exigences de l'intellect et de l'âme, l'intuition, la responsabilité morale et juridique, la culture et l'histoire, qui, du point de vue philosophique, sont comparables à ce que la philosophie contemporaine produit de mieux. Robert Musil est "le genre de penseur et d'écrivain exceptionnellement redoutable par son intelligence et sa subtilité", écrit Jacques Bouveresse. Ce dernier avance encore que le roman de Musil a donné une idée beaucoup plus juste et convaincante de ce que pourrait être une forme de sagesse moderne que la plupart des philosophies d'aujourd'hui. Il est manifeste aussi que l'utopie musilienne possède un potentiel subversif.



Si le premier tome au bout duquel j'arrive est long – 877 pages – et exige de l'attention afin d'en tirer quelque bénéfice, il est d'une rare qualité intellectuelle et littéraire. Certains sujets moins évidents me semblent valoir de prolonger cette lecture avec l'un ou l'autre texte/ouvrage consacré à l'oeuvre de Musil.



L'écrivain Musil dit les choses infiniment bien, rendu par une traduction magnifique de Jacottet.
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Les désarrois de l'élève Torless

30 ans plus tard, j'ai eu envie de relire ce roman pour comparer avec mon impression de jeunesse.

On y trouve, en formation mais déjà lui même, le Musil de l'Homme sans qualité. Scientifique de formation, Musil est un rationnel. Il explore les émotions, les réactions et les actes des êtres humains par la rationalité, l'analyse pointue, le raisonnement. Il déploie sa recherche dans toutes les directions de la pensée, à l'infinie, et se perd dans le labyrinthe de l'âme humaine, cherchant l'issue, le logique, dans une tentative d'explication qui s'échappe sans cesse telle une anguille.

Ici, ce sont les affres de l'adolescence que Musil tente de comprendre. Il met en évidence les pulsions, parfois sordides, qui animent l'Homme, surtout en ce moment de remue-ménage corporel et sensuel de son développement. Rien n'échappe à son observation, ni la noirceur de certains comportements, ni le sadisme, ni l'homosexualité, ni la dépression, la peur, les angoisses. Son héros échoue à comprendre les raisons profondes de tout cela. En revanche, pour échapper au pire et ne pas sombrer dans la folie, il se construit un système de vie, il fait finalement des choix, refuse l'avilissement et prépare les bases de sa structure d'adulte.

Un chef d'oeuvre qui, au niveau des affects évoqués, malgré l'époque qui paraît si lointaine, reste et restera toujours d'actualité.
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Les désarrois de l'élève Torless

Törless est comme un oiseau en cage qui finirait par trouver les clés de la liberté en lui. Roman publié en 1906; l'on sent bien la brutalité, la bestialité, le goût pour la torture et l'insensibilité qui seront tous des bases nécessaires pour l'avènement de l'on sait quoi une génération plus tard et au paroxysme de l'inhumanité. Musil n'est pas un voyant, mais simplement très intelligent. Plume subtilement perturbatrice. Méditation assurée.
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Les désarrois de l'élève Torless

Il parait que cette histoire d'adolescents qui s'autorisent à persécuter un des leurs parce qu'ils le considèrent comme inférieur à été vue par d'autres comme une prémonition du nazisme. Mais ce livre nous parle aussi du comportement de la victime, du type d'idées et de calculs qui mènent les tortionnaires et la victime à respectivement humilier et se laisser faire. La vie intérieure et la manière dont elle est secouée ou stimulée par la période de l'adolescence est très bien décrite indépendamment de l'histoire de persécution ou peut-être en rapport avec elle. Les Désarrois (pluriel) de l'élève Törless ne nous parle pas que de persécutions, de harcèlement scolaire, sont présent aussi au fil du roman l'inquiétude liée à notre place dans le monde à l'aube du 20eme siècle, le thème de l'adolescence, la pédérastie et la recherche de sa sexualité, la croyance et le doute en l'institution scolaire, la quête de sens, etc... Un roman très riche, bien écrit, plein d'images et dont le thème principale marque et éduque. A lire dès l'adolescence.
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L'Homme sans qualités, tome 1

Edifiant ! Vraiment excellent ! Un des auteurs les plus représentatifs, à mon estime, de la littérature allemande.
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L'Homme sans qualités, tome 1

Ce premier tome ne peut se lire comme ça à la va-vite car il demande beaucoup de concentration et de réflexion notamment sur ce que pense l'auteur à travers le personnage d'Ulrich. J'ai entendu parler de ce livre lors de mes cours de culture générale. Je vous préviens tout de suite c'est un PAVE et le deuxième tome l'est encore plus. J'ai beaucoup aimé le mélange de roman et d'essai, j'ai même adoré
Lien : http://leschroniquesdemilie...
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Les désarrois de l'élève Torless

Les désarrois de l'élève Törless raconte les mésaventures de Törless, jeune autrichien, dans un internat huppé du pays. Mis là par ses parents fonctionnaires qui ont beaucoup d'espoir pour lui, il fait les découvertes de tout adolescent, mais dans un cadre austère et souvent hostile : l'adversité, l'admiration pour un professeur, la plongée maniaque dans une matière qu'on estime essentielle. Mais il fait la connaissance de matières très peu scolaires : les émois, hétéro comme homosexuels, mais aussi le sentiment de domination, et celui de honte. Comme entraîné par deux camarades, Reiting et Beineberg, la vie de Törless à l'internat prend des chemins très aventureux.



Musil signe avec son premier ouvrage un véritable roman d'apprentissage. On y retrouve non seulement la séparation d'avec les parents et la découverte d'un monde inconnu, mais aussi tous les doutes qui assaillent le jeune homme dans cette école a priori très austère. Si les premières aventures se font à l'extérieur, à l'étage d'une auberge avec une jeune fille, ce sont très vite le grenier et les moindres recoins de l'internat qui deviennent les lieux de jeu de Törless. En particulier cette petite pièce sous les combles, tendues de tapisseries, où les trois amis se livrent à tous les jeux, y compris les plus barbares.
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L'Homme sans qualités, tome 1

"Je n'ai rien contre les Juifs, ajouta le comte Leinsdorf de son propre mouvement comme si Ulrich avait dit quelque chose qui exigeât cette justification. Ils sont intelligents, laborieux et fidèles. Mais on a commis une grande faute en leur donnant des noms mal appropriés. Rosenberg et Rosenthal, par exemple, sont des patronymes aristocratiques ; Löw, Bär et autres Viecher sont à l'origine des animaux héraldiques ; Meier vient de la propriété foncière ; Gelb, Blau, Rot, Gold ont des couleurs de blason. Tous ces noms juifs, déclara curieusement Son Altesse, ne sont qu'une insolence de notre bureaucratie à l'égard de la noblesse. C'est elle qu'on voulait frapper et non les Juifs, et c'est pourquoi on leur a donné à côté de ceux-là d'autres noms, tels que youpins, fils d'Abraham, et coetera. Ce ressentiment de la bureaucratie à l'égard de l'ancienne noblesse, si vous étiez vraiment au fait, vous pourriez l'observer aujourd'hui encore..."



Dans L'Homme sans qualités de Musil, tombé sur ces propos qui m'ont rappelé de façon frappante ce que Hannah Arendt disait de la montée de l'antisémitisme au 19° siècle, qui a suivi la chûte de l'Ancien régime, de l'homme de cour donc, et donc, en même temps, du juif de cour, devenu par là-même économiquement inutile selon elle, et de ce fait provoquant l'aigreur ou la jalousie en étant à tort ou à raison, pourvu dans l'esprit populaire, d'une puissance ou de privilèges devenus injustifiés, tout comme les privilèges de la noblesse étaient devenus insupportables aux bourgeois.Exit la noblesse, exit le juif, donc.


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L'Homme sans qualités, tome 1

Ce livre est une référence, un pilier de la littérature contemporaine. Jamais je ne m'y étais collé. Le déclic ? Une nouvelle de Michaël Uras publiée aux éditions Lunatique. On y parle de cet ouvrage. Je me suis dit le moment est venu. Il faut s'accrocher, certes, mais c'est étonnant de modernisme et de lucidité. L'histoire je ne la refais pas inutile. Le style, la clairvoyance, l'ironie, la classe, la précision, l'art de la digression, de la structure qui nous tient en haleine malgré la lourdeur introspective du propos. Chapeau... Je mentirais en disant que tout m'a passionné, mais j'étais tellement hâtif de cueillir un pépite de réflexion - dont on e dit ça a été écrit hier ? - que je n'ai pas lâché. Maintenant, il faut que je lise le 2nd tome. Je vais attendre un peu je crois... Cet ouvrage permet de relativiser les "talents" actuels qui sont parfois périmés en 2 mois car trop à citer l'actualité. Roman à durée déterminée. Pas celui-ci. Est-ce à dire que notre monde, n'évolue pas d'un poil ou que cet auteur était extra-lucide ? Je me garderai bien de trancher. Bonne lecture.
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L'Homme sans qualités, tome 1

Dans son essai appelé Peuples Et Nations d'Europe Au XIXème Siècle, René Girault explique que "les nations et les États-nations sont de création récente en Europe, puisqu'il faut souvent attendre le milieu voire la fin du XIXème siècle pour assister à leur naissance".



Une des preuves de cet état de fait est que madame De Staël a employé le terme de nationalisme dans son livre dénommé de L'Allemagne, publié en 1810, pour la première fois dans la littérature. Par suite, pourquoi les peuples sont-ils devenus nationalistes ?



Suite de la critique en suivant ce lien :

http://emelinedardoff.blogspot.fr/2016/07/robert-musil-lhomme-sans-qualites.html
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Les désarrois de l'élève Torless

Ce roman est marqué par un heureux équilibre entre la réflexion et l’action.



Le cadre chronologique est très délimité : S’ouvrant sur le départ des parents de Toerless qui sont venus lui rendre visite à son collège, l’intrigue s’achève sur la fin des études et des retrouvailles avec sa mère.

Mais l’essentiel est constitué par les vicissitudes et désarrois de cet adolescent : brimades subies par un jeune garçon coupable de vol, perversions sexuelles, tortures, violences collectives, et méthodes disciplinaires rigoureuses, etc.



Tous ces épisodes (l’égocentrisme, la cruauté et la violence que peut connaître tout homme à l’âge de la puberté) permettent au héros, complice parce qu’observateur (en même temps), d’agir et de réfléchir sur lui-même, et plus largement, sur la condition humaine. Le protagoniste est en quête de lui-même et sur lui-même !



Par extension, la structure de « l’Homme sans qualités » élaborée par l’auteur rappelle celle adoptée ici : « Les Désarrois de l’élève Toerless » peut se lire ainsi comme une introduction à « l’Homme sans qualités ».

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Les désarrois de l'élève Torless

J'ai découvert Musil assez tôt, avec Les Désarrois de l'élève Törless. Quelques années plus tard L'Homme sans qualité. Il m'a d'abord intrigué, intéressé. De loin en loin le relisant, en gros tous les six, sept ans, je peux dire que c'est un auteur que j'aime de plus en plus. Séduction intellectuelle, gros plaisir à relire, à redévorer l'Elève Törless par exemple, que je connais par coeur, et pourtant non, à chaque relecture une lecture différente, et ça n'arrive pas avec tant d'auteurs que ça, quoi que l'on dise. Il y a des auteurs que j'ai arrêté de lire et de relire quand j'ai senti tomber mon intérêt parce que je sentais que j'en avais pompé tout le jus, comme un chewing gum trop mâché, c'est le cas de Tournier avec Le Roi des Aulnes et des Météores dont je raffolais à 17 ans. Plus rien à en apprendre. Musil non, c'est l'inverse. Il m'a bien moins captivé que Le Roi des Aulnes au même âge (fin de l'adolescence en gros) mais le relisant à des années-lumière de qui j'étais à 18, 28 ans, je me sens tout d'un coup en pleine correspondance harmonique, celle fugitive et intense du temps d'une lecture, pas plus, ce n'est pas un maître à penser, mais quelqu'un dont les livres font des clins d'oeil appréciables. Amusant et surprenant aussi de voir des phrases soulignées il y a dix ans qui aujourd'hui ne me parlent plus autant. Quelle naïveté avais-je d'être frappée ainsi, de m'en servir comme marchepied pour la vie... (ça me fait le même effet pour Nietzsche qui vieillit moins bien que Musil, qui finira peut-être comme Tournier, dépassé, usé, car j'ai trouvé plus captivant, intrigant ailleurs). Relire des phrases que j'avais soulignées alors, c'est être replongée d'un coup dans la niaiserie de ma jeunesse, la même qui soulignait fiévreusement des tas d'aphorismes nitzschéens parce que j'avais vingt-cinq ans et que je voulais exister... Or les passages que je bois le plus attentivement, le plus longuement chez Musil, ne sont du tout les mêmes. Là je n'ai plus rien souligné chez Törless. C'est l'oeuvre en général, la virtuosité légère de ce petit chef d'oeuvre que j'ai trouvé goûteuses. Léger, mi-cruel mi-indulgent comme un petit opéra baroque.
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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