Citations de Robert R. McCammon (262)
Les chiens errants suivaient les armées de campagne, et l'on prétendait qu'ils étaient si affamés et si assoiffés qu'ils lapaient l'urine dans une écuelle si on la leur présentait. Mais l'homme n'aimait pas la façon dont celui-là le regardait, avec une insistance froide qui lui semblait pleine d'un étrange défi. L'Allemand sentait monter en lui un malaise indéfinissable, et il allait envoyer la maudite bête au paradis des chiens d'une balle de Lüger quand le rabat de la tente fut écarté.
Quand une chanson vous ramène à un souvenir, quand les paillettes de poussière qui dansent dans le un rayon de soleil entrainent votre esprit dans leur sillage, quand vous vous laissez emporter par un train qui siffle au loin, quand vous vous échappez au moment présent pour faire un pas hors de vous, c'est qu'un bref instant, votre pied s'est posé au royaume de la magie.
En lui l'homme aspirait au repos, mais le loup réclamait l'action.
Lequel des deux l'emporterait?
Cela pouvait arriver à n'importe qui, tout autant que nous sommes, nous pouvions voir nos jours finir dans la solitude et l'indifférence, sombrer à tout jamais dans un gouffre d'oubli.
Il allait sans doute subsister quelques poches d’humanité de-ci de-là, des petites villes qui lutteraient pour survivre dans les ténèbres, comme des rats. Il savait très bien que les tempêtes de feu, les tourbillons radioactifs et la pluie noire allaient exterminer la plupart des hommes, et que les survivants regretteraient mille fois de ne pas avoir péri.
Il y a encore beaucoup de combats à livrer. N'allez pas croire le contraire. Mais le chemin qu'il nous reste à parcourir ne doit pas nous empêcher de mesurer celui qui a été parcouru.
Josh sentit l'odeur des poils grillés et de la chair brûlée, et il lui vint cette pensée folle : Quel con, j'viens de m'faire passer au barbecue !
"Oncle Tommy?" l'appela-t-elle.
Il s'arrêta, un sourire narquois aux lèvres, l'insulte prête à jaillir.
"Je te pardonne" continua Swan d'une voix douce.
L'homme la dévisagea comme si il venait de se prendre une gifle.
Devant nous, la lune piquait du nez. Une dernière étoile restait suspendue aux lèvres de la nuit.
Je me fichais de son blabla. Dans la chanson (I get around Beach Boys), il était question de joie et de liberté, pas de voitures écrabouillées. Je n’entendais pas la même chose que lui. Pour moi, c’était la voix de l’été. Là où il dénonçait l’haleine sulfureuse de Satan, moi, je ne voyais qu’une tranche de paradis.
Son bras droit trancha l’air d’un mouvement vertigineux. Son dos se détendit tel un fouet qui claque, et il envoya la balle de toutes ses forces vers le ciel, presque à la verticale.
Je la vis partir et monter haut, très haut, toujours plus haut… Puis ce ne fut qu’un point noir et je crus que le soleil l’avait confisquée.
Nemo s’écroula à genoux. Le cri et le tir l’avaient vidé. Ses lunettes étaient de travers. Il clignait des yeux.
« Attention ! s’écria Davy, le nez en l’air. Elle va retomber !
– Où ça ? demanda Johnny, le gant levé.
– Où elle est passée ? » criai-je en reculant de quelques pas pour mieux scruter l’éblouissante lumière.
Ben aussi fixait le ciel, les bras ballants. « La vache, dit-il tout bas. Elle est partie… »
Nous attendions, le nez en l’air.
Nous attendions, prêts à bondir avec nos gants.
Nous attendions.
Ne laisse pas passer un seul jour sans en garder un souvenir, que tu conserveras comme un trésor. Car c’est ce que c’est. Les souvenirs sont de fabuleuses portes, Cory. Des professeurs, des amis, des maîtres. Quand t’es yeux se posent sur quelque chose, ne te contente pas de regarder. Il faut voir. Vraiment voir. Voir suffisamment pour que, lorsque tu le raconteras aux autres, ils puissent voir à leur tour. On peut traverser la vue en étant aveugle, sourd et muet. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des gens que tu rencontreras. Ils arpentent une forêt de miracles sans en soupçonner un seul. Mais il suffit de le vouloir pour vivre des milliers de vies.
- Vous voulez rappeler aux gens de Bruton que leurs ancêtres étaient des esclaves? demanda maman.
-Oui, je veux qu'ils s'en souviennent. Pas pour s'apitoyer sur eux-mêmes, ni pour se voir comme des parias dépossédés de tout ce qu'ils mériteraient d'avoir mais pour qu'ils puissent se dire : "Regarde d'où tu viens, et regarde ce que tu es devenu.'...
Il n'y a pas d'autre chemin que s'élever. Lire. Ecrire. Réfléchir. Ce sont autant de barreaux sur l'échelle qui mène à l'air libre.
- "Nous courions, déchaînés, comme de petites furies,
Là où nul ange n'ose s'aventurer.
Nous plongions dans les bois ténébreux,
Chassant devant nous les démons.
Au fond des bouteilles de Coca -
Oh ! là ! là !- nos yeux voyaient à perte de vue !
Aucune bagnole n'aurait risqué le pneu
Dans la cour de récré de nos miracles.
Nos vélos, nos vaisseaux intergalactiques,
Nous faisaient accoster aux étoiles !
Zorro n'eut jamais de lame plus fulgurante,
Ni James Bond de plus belle Aston.
Sur les traces de Tarzan,
Nous volions d'arbre en arbre.
Tel Hercule, nous avions triomphé de nos liens !
De l'avenir nous sautions les moulins,
Et nous apercevions ce pays très lointain,
Où nos parents ne vieillissent pas,
Où le temps n'est que dunes...
Nous remplissions la vie de vie
De rires et de bruits, de genoux écorchés.
Mon miroir me renvoie le visage d'un homme,
Mais c'est aux enfants que parlent mes mots."
Mais moi je savais. Quand j’avais douze ans, le monde était ma lanterne magique. Dans sa lueur verte se levaient le passé, le présent et l’avenir. Pour vous aussi, sans doute, mais vous avez oublié. Nous naissons tous magiciens et voyants. Nous venons au monde pleins de cyclones, de comètes, de feux de forêt. Nous savons lire dans les nuages, chanter avec les oiseaux et voir notre destin dans les grains de sable, mais en grandissant, nous perdons notre magie à coups d’éducation, d’instruction religieuse, de peignes et de gants de toilette. On nous force à marcher droit. On exige de nous que nous nous conduisions comme des grands, des adultes, des gens responsables… Et vous savez pourquoi ? Parce que ceux qui nous le demandent ont peur de notre naturel, de notre liberté. Parce qu’ils sentent en nous cette magie qu’ils ont laissée dépérir en eux, qu’ils sont amers et honteux d’avoir perdue.
Souviens-toi [...] de tout et de n'importe quoi. Ne laisse pas se passer un seul jour sans en garder quelque chose, et va cacher ce souvenir comme un trésor. Parce que c'en est un. Les souvenirs sont des précieuses portes, Cory. Des professeurs, des amis. Des maîtres. Quand tes yeux se posent sur quelque chose, ne te contente pas de regarder. Il faut voir. Vraiment. Voir. Le voir assez pour que, lorsque tu le racontes aux autres, ils puissent le voir à leur tour. On peut traverser la vie en aveugle, sourd et muet, Cory. C'est d'ailleurs ce que font la plupart des gens que tu connais et que tu connaîtras. Ils passent dans une forêt de miracles sans en soupçonner un seul. Mais il suffit de le vouloir pour vivre un millier de vies. Tu peux parler à des gens que tu n'as jamais vus, dans des pays où tu n'as jamais mis les pieds. [...] Et si tu as du talent, de la chance et des choses à dire, tu continueras peut-être à vivre, bien après.
Vous voyez, je crois aux miracles. Je suis né et j'ai grandi à une époque magique, dans une ville magique, entouré de magiciens, même si mes concitoyens n'en avaient pas clairement conscience. Ils ne voyaient pas la jungles de miracles qui nous entourait, cet enchevêtrement de filaments argentés que tissaient autour de nous la chance et les événements.
Mais moi, je savais. Quand j'avais douze ans, le monde était ma lanterne magique. Dans sa lueur verte se levaient, le passé, le présent et l'avenir. Pour vous aussi sans doute, mais vous avez oublié. Nous naissons tous magiciens et voyants. Nous venons au monde plein de cyclones, de comètes et de feux de forêts. Nous savons lire dans les nuages, chanter avec les oiseaux, et voir notre destin dans les grains de sable, mais ne grandissant nous perdons notre magie à coups d'éducation, d'instruction religieuse, de peignes et de gants de toilette. On nous force à marcher droit. On exige que nous nous conduisons comme des grands, des adultes, des gens responsables... Et vous savez pourquoi ? Parce que ceux qui nous le demandent ont peur de notre naturel, de notre liberté. Parce qu'ils sentent en nous cette magie qu'ils ont laissée dépérir en eux, qu'ils sont amers et honteux d'avoir perdue.
Malheureusement, quand on s'en éloigne trop, on ne peut plus la faire revenir, si ce n'est pour de brefs instants qui sont des éclairs de limpidité et de souvenir. Quand les larmes vous viennent aux yeux devant un écran, c'est que, dans l'obscurité de la salle, quelque chose a effleuré en vous la flaque d'or de votre magie. Vous revenez ensuite dans la lumière crûe de la raison rationnelles, et le lac magique s'assèche. Vous vous sentez un vague à l'âme, que vous ne vous expliquez pas. Quand une chanson vous ramène un souvenir, quand des paillettes de poussière dansent dans un rayon de soleil entraînent votre esprit dans leur sillage, quand vous vous laissez emporter par un train qui siffle au loin, quand vous échappez au moment présent pour faire un pas hors de vous, c'est qu'un bref instant, votre pied s'est posé au royaume de la magie.
Je vois ça comme ça.
Au fil du temps, nous nous éloignons de l'énergie essentielle qui est apparue avec nous. C'est la réalité de notre condition. Des fardeaux, certains utiles et d'autres moins, s’accumulent sur nos épaules. Les choses nous arrivent. Nous perdons ceux que nous aimons. Des accidents nous laissent éclopés. Nous perdons notre chemin, pour une raison ou pour une autre -et dans le grand labyrinthe de ce monde une second d’inattention suffit. La vie elle-même s'ingénie à nous arracher nos images magiques. On ne s'en rend pas compte, jusqu'au jour où on se sent dépossédé, sans savoir au juste de quoi.
Lorsque la peur s'installe, il n'y a plus d'espoir. Insidieuse, elle envahit le cerveau, conduit le regard à travers des corridors suintant la terreur, taraude les sens avec cette impression qu'une présence inconnue, menaçante se cache.
- "C'est peut-être la leçon la plus importante, et pourtant elle se résume en deux mots : "Vivre libre". Même si ton corps est enchaîné, il faut vivre libre. Ici. - Il toucha son crâne chauve de l'index. - C'est le seul endroit où personne ne pourra jamais t'enchaîner, celui où les murs n'existent pas, si tu les refuses."
Stevie sursauta. Les deux adultes s'étaient rapprochés mais aucun des deux ne semblait avoir remarqué ce qu'elle faisait.
- Je peux jeter un coup d'oeil, mademoiselle ? demanda l'assureur avec un sourire tendant une main potelée.
Stevie hésita, puis lui donna la sphère. Dès que Mr. Creech l'eut en main, l'enfant entendit le soupir du carillon éolien chanter à l'intérieur de sa tête.
Dodge Creech ne cacha pas son incrédulité.
- Je ne vois vraiment pas comment une balle aussi légère a pu transpercer un moteur. On dirait du verre, ou du plastique brillant.
Il passa un doigt sur la surface lisse, et Stevie nota qu'il ne laissait pas de trace bleue. Le carillon éolien se faisant insistant, presque implorant, lui semblait-t-il.
- Alors, c'est ce qui est tombé du truc en flammes, hein ? Jamais rien vu de pareil. Vous avez une idée de ce que ce que c'est ?
- Aucune idée, avoua Jessie. Mais j'espère que l'occupant de l'hélicoptère qui vient de se poser dans Preston Park pourra m'en apprendre un peu plus. Il y avait trois hélicoptères derrière cette masse en flammes.