Citations de Roland Barthes (722)
Sur la rareté, l'insignifiance de notre verbalisation, de nos paroles : oui, mais sans jamais une platitude, une bêtise - une gaffe...
J'écris de moins en moins mon chagrin mais en un sens il est plus fort, passé au rang de l'éternel, depuis que je ne l'écris plus.
Au deuil intériorisé, il n'y a guère de signes.
C'est l'accomplissement de l'intériorité absolue.
Toutes les sociétés sages, cependant, ont prescrit et codifié l'extériorisation du deuil.
Malaise de la nôtre en ce qu'elle nie le deuil.
Depuis que mam. n'est plus, je n'ai plus cette impression de liberté que j'avais en voyage (quand je la quittais pour peu de temps).
Chaque mot poétique est ainsi un objet inattendu, une boîte de Pandore d'où s'envolent toutes les virtualités du langage ; il est donc produit et consommé avec une curiosité particulière, une sorte de gourmandise sacrée.
Je dédie ce poème à mon incapacité de saisir mon entourage le plus proche. A ces moments qui n'ont pas lieu qui me laisse hors de toute compréhension. Je le dédie aux mots justes que jamais je ne saurai dire pour dénoncer ce siècle barbare et sans honte.
Être avec qui on aime et penser à autre chose: c'est ainsi que j'ai les meilleurs pensées, que j'invente le mieux ce qui est nécessaire à mon travail. De même pour le texte: il produit en moi le meilleur plaisir s'il parvient à se faire écouter indirectement; si, je suis entrainé à souvent lever la tête, à entendre autre chose. Je ne suis pas nécessairement captivé par le texte de plaisir; ce peut être un acte léger, complexe, ténu, presque étourdi: mouvement brusque de la tête, tel celui d'un oiseau qui n'entend rien de ce que nous écoutons, qui écoute ce que nous n'entendons pas.
dans l'histoire « objective », le « réel » n'est jamais qu'un signifié à formuler, abrité derrière la toute-puissance apparente du référent. Cette situation définit ce que l'on pourrait appeler l'"effet de réel".
On dirait que l'idée de plaisir ne flatte plus personne. Notre société paraît à la fois rassise et violente; de toute manière: frigide.
[...] toutes les institutions officielles de langage sont des machines ressassantes: l'école, le sport, la publicité, l'œuvre de masse, la chanson, l'information, redisent toujours la même structure, le même sens, souvent les mêmes mots: le stéréotype est un fait politique, la figure majeure de l'idéologie.
[...] ne pas dévorer, ne pas avaler, mais brouter, tondre avec minutie, retrouver, pour lire ces auteurs d'aujourd'hui, le loisir des anciennes lectures: être des lecteurs aristocratiques.
[...] nous sautons impunément [...] les descriptions, les explications, les considérations, les conversations; nous sommes alors semblables à un spectateur de cabaret qui monterait sur la scène et hâterait le strip-tease de la danseuse, en lui ôtant prestement ses vêtements, mais dans l'ordre, c'est-à-dire: en respectant d'une part et en précipitant de l'autre les épisodes du rite [...].
On sait que le septenium médiéval, dans la classification grandiose de l'univers qu'il instituait imposait à l'homme-apprenti deux grands lieux d'exploration : d'une part, les secrets de la nature (quadrivium), d'autre part, les secrets de la parole (trivium: grammatica, rhétorica, dialectica); cette opposition s'est perdue à la fin du Moyen Age à nos jours, le langage n'étant plus considéré que comme instrument au service de la raison et du coeur. cependant, aujourd'hui, quelque chose revit de l'antique opposition: à l'exploitation du cosmos correspond de nouveau l'exploration du langage, menée par la linguistique, la psychanalyse et la littérature. Car la littérature elle-même, si l'on peut dire, est science non plus du "coeur humain" mais de la parole humaine; son investigation, ne s'adresse plus aux formes et figures secondes qui faisaient l'objet de la rhétorique, mais aux catégories fondamentales de la langue : de même que dans notre culture occidentale, la grammaire n'a commencé de naître que bien longtemps après la rhétorique, de même ce n'est qu'après avoir cheminé pendant des siècles à travers le beau littéraire que la littérature peut se poser les problèmes fondamentaux du langage sans lequel elle ne serait pas.
j'ai une maladie: je vois le langage.
Nous n'avons pas à prendre nos distances à l'égard du formalisme, mais seulement nos aises (l'aise, ordre du désir, est plus subversive que la distance ordre de la censure)
le baromètre de Flaubert, la petite porte de Michelet ne disent finalement rien d'autre que ceci : "nous sommes le réel" [...] il se produit un "effet de réel"
Le plaisir du texte : tel le simulateur de Bacon ,il peut dire :ne jamais s 'excuser ,ne
jamais s ' expliquer IL ne nie jamais rien :"Je détournerai mon regard ,ce sera
désormais ma seule négation ".
Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu ' il me désire .Cette preuve
existe : c 'est l 'écriture .L ' écriture est ceci :la science des jouissances du langage
son kamasutra ( de cette science ,il n' y a qu 'un traité :l 'écriture elle-même ) .
Tout écrivain dira donc : fou ne puis , sain ne daigne ,névrosé je suis.
Je crois que l'automobile est aujourd'hui l'équivalent assez exact des grande cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d'époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s'approprie en elle un objet parfaitement magique