AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Roland Barthes (720)


[...] lorsque le Récit est rejeté au profit d'autres genres littéraires, ou bien, lorsqu'à l'intérieur de la narration, le passé simple est remplacé par des formes moins ornementales, plus fraîche, plus dense et plus proche de la parole (le présent ou le passé composé), la Littérature devient dépositaire de l'épaisseur de l'existence, et non de sa signification. Séparés de l'Histoire, les actes ne le sont plus des personnes.
Commenter  J’apprécie          01
SOBRIA EBRIETAS : « VOULOIR SAISIR ». Comprenant que les difficultés de la relation amoureuse viennent de ce qu’il veut sans cesse s’approprier d’une manière ou d’une autre l’être aimé, le sujet prend la décision d’abandonner dorénavant tout « vouloir saisir » à son égard. « Il faut que le vouloir-saisir cesse, mais il faut aussi que le non-vouloir-saisir ne se voie pas : pas d’oblation (c’est-à-dire de sacrifice à Dieu). Je ne veux pas substituer à l’emportement chaleureux de la passion « la vie appauvrie, le vouloir-mourir, la grande lassitude ». Pour que la pensée du non-vouloir-saisir puisse rompre avec le système de l’Imaginaire, il faut que je parvienne (avec la détermination de quelle fatigue obscure ?) à me laisser tomber quelque part hors du langage, de l’inerte, m’asseoir. Et de nouveau, ne pas vouloir saisir le non-vouloir-saisir ; laisser venir (de l’autre) ce qui vient, laisser passer (de l’autre) ce qui s’en va ; ne rien saisir, ne rien repousser : recevoir, ne pas conserver ; produire sans s’approprier… que le non-vouloir-saisir reste irrigué de désir par ce mouvement risqué : « je t’aime » est dans ma tête, mais je l’emprisonne derrière mes lèvres. Je dis, silencieusement, « Je me retiens de vous aimer ».
Commenter  J’apprécie          00
TEL : En désignant l’autre comme « tel », il me semble que je peux obtenir de moi de désirer l’autre moins et d’en jouir plus.
Commenter  J’apprécie          00
FAIRE UNE SCENE : La scène serait une manière de se donner du plaisir sans le risque de faire des enfants. Tout partenaire d’une scène rêve d’avoir le dernier mot […]. Par le dernier mot, je vais désorganiser, « liquider » l’adversaire, lui infliger une blessure (narcissique).
Commenter  J’apprécie          00
INFORMATEUR : Image amicale qui semble toutefois avoir pour rôle constant de blesser le sujet amoureux en lui livrant, comme si de rien n’était, sur l’être aimé, des informations anodines, mais dont l’effet est de déranger l’image que le sujet a de cet être.
Commenter  J’apprécie          00
DELICATESSE : Forme saine de la compassion.
Commenter  J’apprécie          00
LUNETTES NOIRES : Figure délibérative. Le sujet amoureux se demande, non pas s’il doit déclarer à l’être aimé qu’il l’aime mais dans quelle mesure il doit lui cacher ses « troubles » (turbulences) de sa passion : ses désirs, ses détresses ; bref, ses excès (« sa fureur »).
Commenter  J’apprécie          00
Revenons, pour terminer, à l’écriture, à ce complexe projectif – et prospectif – que j’ai essayé de nouer entre deux pôles, l’un explicite tout au long du Cours, l’autre sans cesse présent aussi, mais d’une façon indirecte : la Notation (le Haiku, l’Épiphanie, l’Incident, et aussi le Moment de vérité) et le Roman.
Tout d’abord ceci : il ne serait pas impossible de théoriser une lecture – et donc une analyse, une méthode, une critique – qui s’occuperait ou partirait des moments de l’œuvre : moments forts, moments de vérité ou, si l’on ne craint pas le mot, moments pathétiques (nous savons le lien avec le Tragique) ⟶ Critique pathétique : au lieu de partir d’unités logiques (analyse structurale), on partirait d’éléments affectifs ⟶ on pourrait aller jusqu’à une discrimination des valeurs (de la valeur) de l’œuvre selon la force des moments – ou d’un moment : tout le Casanova de Fellini (que je n’aime guère) sauvé parce que l’automate a fait tilt en moi bien entendu, alors aucune acception de goût culturel : je sais que pour moi il y a dans Monte-Cristo des éléments pathétiques qui me permettraient de reconstruire l’œuvre (j’ai pensé à un cours sur ce roman) ⟶ comme si nous acceptions de déprécier l’œuvre, de ne pas en respecter le Tout, d’abolir des parts de cette œuvre, de la ruiner – pour la faire vivre.
Le Roman, en effet (puisqu’il s’agit de lui), dans sa grande et longue coulée, ne peut soutenir la « vérité » (du moment) : ce n’est pas sa fonction. Je me le représente comme un tissu (= Texte), une vaste et longue toile peinte d’illusions, de leurres, de choses inventées, de « faux » si l’on veut : toile brillante, colorée, voile de la Maya, ponctuée, clairsemée de Moments de vérité qui en sont la justification absolue ; ces moments : Rari (Rarus : épars) : apparent rari (nantes) ⟶ Quand je produis des Notations, elles sont toutes « vraies » : je ne mens jamais (je n’invente jamais), mais précisément, je n’accède pas au Roman ; le roman commencerait non au faux, mais quand on mêle sans prévenir le vrai et le faux : le vrai criant, absolu, et le faux colorié, brillant, venu de l’ordre du Désir et de l’Imaginaire ⟶ le roman serait poikilos, bigarré, varié, tacheté, moucheté, couvert de peintures, de tableaux, vêtement brodé, compliqué, complexe ; racine pingo (peindre), broder avec des fils différents, tatouer ; cf. pigmentum > indo-européen peik, orner, soit en écrivant, soit en étendant de la couleur ⟶ le poikilos du roman = un hétérogène, un hétérologique de Vrai et de Faux.
Peut-être donc : parvenir à faire un roman (telle est la perspective – le point de fuite – de notre cours), c’est au fond accepter de mentir, parvenir à mentir (ce peut être très difficile, de mentir) – mentir de ce mensonge second et pervers qui consiste à mêler le vrai et le faux ⟶ En définitive, alors, la résistance au roman, l’impuissance au roman (à sa pratique) serait une résistance morale.
Commenter  J’apprécie          00
Mais, selon mon vœu, ce travail sera à l’articulation indécidable du Technique et de l’Éthique. Et si l’on pense que dans le champ de l’Écriture, le Technique a pour assomption une Esthétique, ce travail (ce Cours) : situé à l’entrecroisement, à l’enchevêtrement de l’Esthétique et de l’Éthique.
C’est un problème kierkegaardien (Ou bien, ou bien). Énonçons-le (et rectifions-le) avec Kafka (conversations avec Janouch) : « Kierkegaard est confronté au problème suivant : ou bien jouir de l’être sur le mode esthétique, ou bien vivre l’être sur le mode moral. Mais il me semble que c’est là une façon erronée de poser la question. Cet « ou bien, ou bien » n’existe que dans la tête de Soren Kierkegaard. En réalité, on ne parvient à une jouissance esthétique de l’être qu’à travers une expérience morale et humble. »
Le « Technique » : c’est au fond l’expérience morale et humble de l’Écriture ⟶ pas très éloignée en somme du Neutre. Y prendrez-vous de l’intérêt – même ceux qui n’écrivent pas, ou même ceux qui, écrivant, ne sont pas en proie aux mêmes problèmes que moi ? Mon espoir repose sur une expérience personnelle : je ne m’ennuie jamais quand les gens parlent de leur métier, des problèmes de leur métier, quel qu’il soit. Malheureusement, la plupart du temps, ils se croient obligés de s’en tenir à une conversation générale. Combien de fois j’ai été agacé et frustré parce que dans une conversation, que les autres rendent « générale », un spécialiste que j’aimerais tant entendre parler de sa spécialité, me tient des banalités culturelles et philosophiques, au lieu de me parler de sa profession ! – En particulier, les Intellectuels ne parlent jamais de leur métier, comme s’ils n’en avaient pas : ils ont des « idées », des « positions », sans métier ! Ironie amusée et indulgente avec laquelle a été accueillie l’enquête de Rambures (par lui-même d’ailleurs). Quoi ! Ces écrivains s’intéressent à leur stylo, à leur papier, à leur table ! Ils sont dingues, etc.
Commenter  J’apprécie          00
La jouissance passe par l'image : voilà la grande mutation.
Commenter  J’apprécie          00
La modestie profonde qui lui faisait avoir, non point d'affaires du tout (aucun ascétisme) mais peu d'affaires-comme si elle eût voulu qu'à sa mort on n'eût pas à "se débarrasser" de ce qui lui avait appartenu.
Commenter  J’apprécie          00
(Comme) c'est long, sans elle.
Commenter  J’apprécie          00
"Le fading de l'autre se tient dans sa voix. La voix supporte, donne à lire et pour ainsi dire accomplit l'évanouissement de l'être aimé, car il appartient à la voix de mourir. Ce qui fait la voix, c'est ce qui, en elle, me déchire à force de devoir mourir, comme si elle était tout de suite et ne pouvait être jamais rien d'autre qu'un souvenir.

Rien de plus déchirant qu'une voix aimée et fatiguée: voix exténuée, raréfiée, exsangue, pourrait-on dire, voix tout au bout du monde, qui va s'engloutir très loin dans des eaux froides: elle est sur le point de disparaître, comme l'être fatigué est sur le point de mourir: la fatigue, c'est l'infini même: ce qui n'en finit pas de finir. Cette voix brève, courte, presque malgracieuse à force de rareté, ce presque rien de la voix aimée et distante, devient en moi un bouchon monstrueux, comme si un chirurgien m'enfonçait un gros tampon de ouate dans la tête."
Commenter  J’apprécie          00
Je m'intéresse au langage parce qu'il me blesse ou me séduit. C'est là, peut-être, une érotique de classe? Mais quelle classe?
Commenter  J’apprécie          00
[...], le texte de plaisir, c'est Babel heureuse.
Commenter  J’apprécie          00
Roland Barthes
l’amour est une histoire qui s’accomplit, au sens sacré : c’est un programme, qui doit être parcouru.
Commenter  J’apprécie          00
"[le style] il est la voix décorative d'une chair inconnue et secrète il fonctionne à la façon d'une Nécessitée, comme si, dans cette espèce de poussée florale, le style n'était que le terme d'une métamorphose aveugle et obstinée"
Commenter  J’apprécie          00
C'est le rythme même de ce qu'on lit et de ce qu'on ne lit pas qui fait le plaisir des grands récits.
Commenter  J’apprécie          00
Les premières phrases : La vertu du catch, c'est d'être un spectacle excessif. On trouve là une emphase qui devait être celle des théâtres antiques.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roland Barthes Voir plus

Quiz Voir plus

A vos riques et périls

Où se passe l'aventure?

En Afghanistan
Sur une île deserte
Dans le Sahara

9 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : À vos risques et périls de Pascale MaretCréer un quiz sur cet auteur

{* *}