Rose M. Becker

– Je voudrais que tu vives avec moi.
Ah. Comme ça. Directement.
– Que… comment ?
Je ne suis pas très réveillée ce matin.
– Bien sûr, nous nous connaissons depuis seulement quelques semaines… mais j’ai beaucoup réfléchi cette nuit et j’aimerais que tu emménages chez moi.
– Moi ? Vivre chez toi ? Tous les jours ?
Pas réveillée, je vous dis.
Elio ne peut s’empêcher de sourire face à mes yeux de merlan frit. Comme d’habitude, je ne trouve rien à répondre d’intelligent, si bien que je cafouille, bafouille et postillonne. Et voilà, ça recommence ! Ils n’avaient pourtant pas annoncé de la pluie pour aujourd’hui…
– Je… bien… c’est… crois pas… soudain… tu…
Parfaitement plurilingue en français, italien, espagnol, chinois, japonais et en Elena Lavigne, Elio sourit de plus belle. Il tient à présent mes deux mains entre les siennes.
– Dois-je prendre ça pour un « oui » ?
– Toi… moi… maison…
E.T., sors de mon corps ! Rentre chez toi ! 

– Pardon ?
– Encore sur la lune ? s’amuse Elio avec un sourire.
– Oui. C’est ma seconde patrie. J’ai la double nationalité. 

– Chut, chut, Elena…
– Agé bour gour.

Euh… je parle Klingon maintenant ?
Je commande du boulgour ?

– Merci, merci, merci !
– Ce n’est pas comme si tu m’avais harcelée pour venir.
– Je ne t’ai pas harcelée. J’ai poliment demandé à t’accompagner cent ou deux cents fois. Ce n’est pas la même chose.
– Tu m’as suppliée, quoi !
– Voilà, exactement… 

Alice me décoche un clin d’œil et je finis par lui rendre son sourire. Pourquoi pas, après tout ? De toute manière, avec son culot magistral, elle arriverait à vendre des grains de sable à un touareg. Ou une soirée huppée à Elena Lavigne. 

Sous les boules blanches du gui, nos bouches s’entredévorent, nos langues s’affrontent, nos corps se cherchent… comme si nous évacuons la tension accumulée depuis trois jours.

On ressemble à deux bonshommes de neige en train de faire la conversation. Les habitants de West Yellowstone ne sont pas très glamour en hiver ? Mais revenez en été et vous verrez ce que vous verrez.

Le grand patron sait récompenser ses employés à leurs justes valeurs.

- Ce métal est réputé pour protéger son détenteur des esprits malveillants et des démons.
Un kilo, s'il vous plaît !

Pour moi, quand on bat une femme tous les jours, c'est qu'on programme sa mort à long terme.

Quelque chose vient de se briser entre nous. Et j'ai peur que ce ne soit notre relation, en petits morceaux à nos pieds.

Je le regarde à mon tour, longuement.
- Tu sais que tu es bizarre parfois ?
Son sourire s'affirme.
- Je le prends comme un compliment.

J'ai le sentiment d'attendre cet instant - ou cet homme ? - depuis toujours.

- Personne. Parfois, j'ai l'impression de n'être personne.

Il me sourit; pas l'un de ces sourires éblouissants dont il a le secret mais un sourire un peu inquiet.

- Billie, vous ne pouvez pas faire ça à un courageux prince charmant qui a parcouru sur son fier destrier la moitié de la ville!
J'essaie de pas rire.
- Vous? Un prince charmant?
- J'avoué,je n'ai pas le titre de noblesse.Mais je peux être très charmant quand je m'en donne la peine!

Il est beau à damner toutes les saintes du paradis,à corrompre tous les anges dé la création avec ses yeux dé velours noirs,profonds et troublants, et ses lèvres sensuelles,un peu entrouvertes.
Grrr! J'ai directement envie de lui sauter dessus. Pour changer.

- Il n'est pas question de dette, Jane.Je te donne sans penser à recevoir.Je te donne parce que j'en ai envie, parce que j'ai envie de toi.Ton plaisir est le mien.

À nouveau,il dépose un baiser au creux de ma main,avant de l'appuyer très fort contre sa joue -et c'est plus fort,plus intense que n'importe quelle étreinte.J'en ai les larmes aux yeux.

Un sourire séducteur s'épanouit lentement sur ses lèvres.J'ai l'impression que le désir flambe entre nous.Nos regards se cherchent,nos doigts se nouent.