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Critiques de Roy Braverman (530)
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Le Premier Fils

Encore un livre magnifique, Le Premier Fils de Roy Braverman, vous savez que je suis fan de cet auteur sous ses multiples pseudonymes, je n’y peux rien. Dur de reprendre sa respiration, tant il est captivant, addictif et qu’il file à plus de cent à l’heure. Ce n’est que mon simple ressenti.



Nous sommes à Buenos Aires, en Argentine. Maria « Tigre » Mendoza, se remuscle le dos en faisant du kayak, tous les matins, dans le delta de Tigre, (ville et delta), après avoir pris deux balles dans le dos, lors d’une intervention musclée, entre gang. Elle est policière. Des gamins l’attendent autour d’un pont, pour essayer de la renverser, en faisant de grosses vagues, un jeu entre eux. Soudain, «Maty monte sur le rebord de la balustrade à son tour, bras en croix, pour son saut périlleux, et tous les autres agitent les mains. Maty n’est pas vraiment sourd. Il est malentendant. Il compense son infirmité par une audace et une gentillesse sans limite.

Et ils croient à une pitrerie quand il se désarticule en plein vol. Seule Maria comprend aussitôt. Maty vient d’être frappé par une balle en plein élan. Dans le dos. »



Nous sommes à Saint Pierre et Miquelon, Bixente, mesure des homards en compagnie de son fils Patxi, il veut lui faire voir une photo, son fils a disparu, tué par une balle.



Nous sommes à Marseille, « une belle villa à l’ombre bleue des pins parasols, en surplomb d’une calanque aux falaises safran enchâssant une mer d’émeraude » une fête se prépare, puis le drame, un bébé, traversé lui aussi par une balle, dans les bras de son grand-père.



A chaque fois, le sniper abandonne son arme, avec trois munitions non tirées, marquées des lettres TFS.



Avec les deux dernières affaires, nous faisons connaissance avec l’agent Karakozian, dit Kara qui essaiera de remonter aux sources pour trouver l’assassin. Maria se joindra à lui avec son enquête. Tous deux se précipiteront dans une course contre la montre entre Beyrouth, Gaza, Israël…Très vite, il apparaît que les grands-pères des victimes ont en commun un passé militant agité. L’un dans les factions libanaises au Proche-Orient, l’autre comme armurier de l’ETA basque, le troisième au sein de la mouvance palestinienne. A chaque fois les victimes sont des enfants. Quel est le lien qui réunit ses hommes ? Qui est le tueur ? Qui voudrait se venger, d’un fait sordide, terrible, arrivé en2001, à Gaza, un enfant est abattu en direct, devant des caméras, lors d’un accrochage entre Palestiniens et soldats israéliens. Des deux côtés on crie au complot, mais que s’est-il réellement passé ?



Une histoire passionnante que vous ne pourrez pas lâché. Les deux comparses, n’ont peur de rien, même au péril de leur vie. Actions, rebondissements en cascade, humour qui allège un petit peu ce récit où les plus puissants, peuvent toujours régir le monde, politique et financier, à leur façon.



J’ai été emportée par cet excellent thriller. Un super moment. Une très belle intrigue. Je vous le conseille. Vivement le prochain. Merci Monsieur Braverman.



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Pasakukoo

Cette fois, immersion à Rhode Island avec ses lodges majestueux d’écrivains milliardaires auxquels tout semble réussir :



Nous avons, d’un côté Benjamin Dempsey, auteur sérieux et reconnu et de l’autre côté du lac Pasakukoo. Le lodge de Akerman, auteur de best-sellers dont les fêtes sont somptueuses et dont le talent laisse plus à désirer. Tous les deux ont été amis, autrefois, mais actuellement il semblerait que tous les coups soient bons pour se dénigrer mutuellement. Chacun a affublé l’autre d’un surnom moqueur : Gasby le petit pour Akerman, versus Emile pour Dempsey



Dempsey est en train de rédiger son dernier roman, et il est assisté d’un stagiaire, Matthew, chargé de faire les corrections, avant de mettre le manuscrit dans le coffre, le soir, tout en discutant philosophiquement sur la vie, l’amour, voire le talent de manière cynique le plus souvent.



Un soir, alors qu’ils sont installés confortablement, débarquent trois jeunes femmes, champagne à la main, décolletés plongeants, invitées à la fête d’Akerman. Dempsey les expédie en face, plus ou moins vexé qu’on ait pu confondre les deux propriétés, la sienne étant quand même la plus belle !



Une des jeunes femmes, Esther, va revenir dans la soirée, traversant le lac en barque avec l’envie d’accrocher Dempsey à son tableau de chasse, mais il préfère s’abstenir et demande à son stagiaire de la raccompagner, étant donné qu’elle a déjà beaucoup bu !



Le lendemain le corps de la belle est retrouvé flottant sur le lac. Meurtre, suicide ? Toujours est -il que Blansky, le shérif débarque. Or, il y a un vieux contentieux entre eux : Dempsey a séduit l’épouse puis la fille du shérif, et la vengeance est un plat que se mange froid.



La belle était en train d’écrire un roman sur sa vie et celle de sa famille, les familles paternelle et maternelle sont richissimes, magouilleuse et n’hésite pas à proposer une grosse somme pour être prévenue des moindres avancées de l’enquête… Et curieusement, intervient Douglas Dwayne, un tueur à gages au casier judiciaire long comme le bras ainsi que sa sœur Abigail.



Un crime en entraînant un autre, je me suis laissée happer par ce roman addictif (je lui dois deux nuits d’insomnie car je ne voulais pas le lâcher !) et cette histoire m’a beaucoup plu , car Roy Braverman nous entraîne dans les coulisses du monde littéraire, les bons écrivaines et les moins bons, les arrivistes qui veulent devenir calife à la place du calife, les vies sexuelles débridées, Dempsey et Akerman font les mêmes conquêtes, se piquant leurs amourettes, leur animosité n’est pas seulement littéraire !



Bien-sûr, on ne peut pas, ne pas penser à « La vérité du l’affaire Harry Québert » de Joël Dicker, où il est question également de la relation de maître à élève. J’ai lu les deux mais j’ai préféré « Pasakukoo », car l’intrigue est bien plus aboutie.



J’ai retrouvé avec plaisir la plume, le style, la créativité de Roy Braverman, alias Ian Manook et il me reste encore quelques opus ) découvrir sous les deux (et probablement plus) pseudos !



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Hugo publishing poche qui m’ont permis de découvrir ce roman addictif et de retrouver la plume d’un auteur qui me plaît bien décidément…



#Pasakukoo #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Pasakukoo

Pasakukoo: c'est un lac du Rhode Island, villégiature choisie par deux écrivains qui jouent à se détester. Mais un soir, le jeu se dérègle, la jeune femme envoyée par l'un comme tentation à l'autre est retrouvée noyée dans le lac. et les morts violentes vont s'enchainer.

Le contexte, les personnages, le décor sont moins violents, moins flamboyants que dans d'autres romans de l'auteur. j'ai mis un peu plus de temps à me laisser prendre par le roman, regardant d'un peu loin ce combat d'égos entre les deux écrivains ou entre eux et le shériff.

Et puis le rythme s'accélère, les personnages se complexifient, les bons ne sont pas forcément ceux que l'on pense, le shérif cocu se met à réfléchir, et une femme blessée par le meurtre de son truand de frère vient se glisser au milieu d'eux, attisant leurs réflexions.

Et les réflexions ne sont pas seulement celles de l'enquête, ou des enquêtes d'ailleurs, puis que les meurtres et autres crimes se succèdent. L'auteur nous fait le portait d'une Amérique où certains pensent que l'argent donne tous les droits, permet de tout acheter, de tout réglementer y compris la vie de femmes qui ont eu le tort de tomber enceintes.

J'ai bien aimé la structure du roman où chaque chapitre s'ouvre sur les réflexions d'un des protagonistes, non identifié, dont on sait qu'il va mourir. et j'ai souri à de nombreuses reprises, retrouvant avec plaisir les traits d'humour dont l'auteur parsème ses romans.

Je remercie les Éditions Hugo Poche pour ces retrouvailles avec un auteur que j'apprécie #Pasakukoo #NetGalleyFrance
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Hunter

Si vous avez des envies de neige, si la montagne vous gagne et que le soleil vous réchauffe trop la couenne, un conseil, évitez à tout pris le patelin de Pilgrim’s Rest !



Non seulement, Pilgrim’s Rest, c’est le trou du cul du trou du cul de l’anus des Appalaches, mais en plus, il y fait plus dangereux s’arrêter que dans villes les plus dangereuses du monde, sans compter que certains habitants ont des esprits plus petits que la bistouquette d’une moule fossilisée et plus étroit que… le chas d’une aiguille (vous avez eu peur, hein ?).



Pourtant, c’est apparemment la destination de Freeman (pas Morgan, même s’il a la même couleur de peau) et celle de Hunter (pas Rick Hunter le flic de la série), tueur en série qui s’est échappé du couloir de la mort. Freeman veut lui faire la peau et accessoirement lui faire dire où il a enterré sa fille, disparue il y presque 15 ans.



C’est l’hiver, la neige tombe dru et les températures vous gèlent tout ce qui dépasse, s’il dépasse encore un truc… Quand je vous dis qu’il ne fait pas bon s’arrêter à Pilgrim’s Rest, je ne vous ment pas !



Pourtant, le voyage, s’il fut éprouvant, valait la peine d’être effectué parce qu’il était des plus adrénalitiques (j’invente des mots, et alors ?) !



Si je devais résumer ce roman, je dirais que c’est une sorte de ©Kinder Surprise avec une coquille d’oeuf en véritable chocolat digne de cette appellation et des surprises dans la surprise générale. Un Kinder Surprise qui aurait été croisé avec une matriochka, en quelque sorte…



L’avantage c’est que tu ne dois pas attendre minuit pour la première surprise, ni le premier coup d’adrénaline. Ensuite, tu apprends des choses que les protagonistes du roman ne savent pas et hop, bardaf, une surprise dans la surprise.



Mieux que le Kinder, je te le dis ! Avec, en prime, des sueurs froides, du sexe (y’en a qui n’ont pas froid au cul), de la violence, des crimes, des énigmes, du mystère, du suspense, une enquête de dingue, un ancien flic têtu et borné, un shérif qui a la gâchette facile, un commando, un agent du FBI crétin et du serial killer que tu sauras plus pour finir qui vient de tuer qui…



Serres les fesses, ami lecteur ou lectrice, tu sauras tout au fur et à mesure, même parfois avant les flics à tel point que tu auras envie de leur gueuler la solution, tant ceux du FBI ne sont pas les plus dégourdis, surtout le mec !



Avant d’oublier, il y a aussi une touche d’humour un peu décalé, comme je l’aime et ça fait vraiment un souffle de chaud sur tout ce froid. Ou alors, ça donnera un coup encore plus froid à ceux qui y sont imperméables…



Une écriture sèche, rapide, sans temps mort, avec des pointes d’humour ou de sexe dans toute cette violence, un côté un peu surjoué à l’américaine, qui ne dénote pas du tout dans cette ambiance survoltée tant on a l’impression que le roman a été écrit par un amerloque pur jus ayant enclenché le bouton « sadisme envers le lecteur » pour écrire ce roman qu’on a pas envie de lâcher avant la fin.



Après ça, tu as envie d’un peu de calme et c’est l’heure de se revoir un petit Julie Lescaut bien tranquille ou même, un Derrick, juste pour calmer le jeu et le cardiofréquencemètre qui vient de piquer un sprint et faire redescendre votre tension.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Hunter

Définitivement conquise par cet auteur,quel que soit le pseudo sous lequel il écrit! J'avais adoré sa trilogie éditée sous le nom de Ian Manook,je suis aussi séduite par le tome 1 du nouvel univers(une vallée perdue dans les Appalaches),que je viens de découvrir.

J'ai eu froid dans un paysage glaçant et glacé,au côté des habitants tous très ancrés dans leur réalité,qu'ils soient bourreaux ou victimes,ou un peu les deux.Séquestration,syndrome de Stockholm,souffrances morales et (ou) physiques ,manipulations,humanité perçant parfois sous la monstruosité,défaillances des institutions si respectées en Amérique......Un style très abouti,un univers traumatisant à souhait.

Pour conclure,je ne saurai que vous dire:LISEZ LE!
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Le cas Chakkamuk

Travailler à Notchbridge n'est pas de tout repos pour les autorités locales...



Après une disparition inquiétante, des accusations de viol portées à l'encontre du shérif du coin et les considérations venant de l'au-delà d'un mort, le jeune adjoint Taylor ne va plus savoir où donner de la tête ! Et ce n'est pas l'arrivée du FBI, de l'ancien shérif et d'un "collecteur de dettes" qui vont arranger les choses.



En ouvrant "le cas Chakkamuk" j'ai découvert une affaire intéressante aux personnages aux personnalités très atypiques, voire machiavéliques, mais malheureusement je n'ai pas réussi à rester concentré dans l'histoire, peut-être à cause de la fatigue. Pourtant, l'enquête se révèle passionnante car la manipulation est le maître-mot et que la relation entre les deux personnages principaux apporte un certain comique de situation agréable à lire.



Même si le cas Chakkamuk peut se lire indépendamment, je pense que c'est un plus d'avoir lu les autres romans de l'auteur car nous retrouvons ici des personnages récurrents que l'on est content de retrouver.



Je tiens à remercier les Éditions Hugo Thriller et Netgalley France pour m'avoir permis de lire le dernier roman de Roy Braverman, l'écrivain aux nombreux pseudonymes, qui nous offre ici un ouvrage où la manipulation et la machination sont de mise...
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Crow

Ce Crow de Roy Braverman (ou Ian Manook pour ceux qui connaissent) est la suite de l'excellent Hunter que j'ai lu il y a quelques mois.

Fiasco, ainsi surnommée à la suite des événements relatés dans le précédent opus et qui l'ont poussée à quitter le FBI, se voit rappelé par le bureau fédéral.

On vient de retrouver les corps de deux jeunes gens assassinés, semble-t-il, dans les mêmes conditions que les victimes du tueur précédemment traqué.

Ce tueur c'est Crow, qui avec la complicité de Hunter avait réussi à échapper à ses poursuivants et à disparaître.

La chasse est ouverte.

Braverman va vous épuiser.

Vous avez intérêt de vous équiper.

Des habits chauds, bien sûr, de bonnes chaussures, des fusils, des couteaux et même une bombe à poivre.

Croyez-moi, avec ce roman vous n'êtes pas prêt de dormir, il est hyper addictif.

De toute façon, une fois que vous êtes partis à la chasse, plus question de faire demi-tour.

Et dans ce bouquin, des chasseurs, il n'y a que ça.

Des flics et des agents du FBI qui chassent le duo de supposés assassins, un autre ex-agent qui suit les premiers à la trace pour se venger du même duo, un chasseur de primes (collecteur de dettes, il y tient à ce titre...), bref c'est une dizaine de personnages qui vont nous tenir en haleine pendant ces 365 pages. Et pour pimenter le tout, ajoutez quelques ours, quelques loups, orignaux ou boeufs musqués, des rencontres pas toujours sympathiques.

Vous aimez les thrillers sanglants sans être gores ?

Vous aimez vous promener au milieu d'une nature parfois hostile ?

Vous aimez quand les femmes savent, d'un coup de genou bien placé, recadrer le macho qui fanfaronne ?

Vous aimez les personnages agaçants parce qu'ils savent toujours tout et même se tirer des situations les plus compliquées ?

Alors Crow est pour vous.

Le seul truc c'est qu'il vaut mieux avoir lu Hunter avant, je pense.

Comme c'est bientôt Noël les deux font un joli cadeau sous le sapin...



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Hunter

Roy Braverman, alias Ian Manook, Paul Eyghar, Jacques Haret, de son vrai nom Patrick Manoukian (un jeu des sept familles à lui tout seul presque) signe avec Hunter le premier tome d'une nouvelle trilogie qui se déroule aux États-Unis. C'est ma première lecture de cet écrivain pluripseudonyme et ce que je viens de lire m'incite grandement à aller voir du côté de sa série en Mongolie en attendant de nouvelles aventures en Islande.



Mais retour à Hunter. Les Appalaches sous la neige, ça fait très carte postale qui vend du rêve (quand on aime le froid). Le hameau paumé de Pilgrim's Rest, quant à lui, pourrait devenir synonyme de cauchemar. L'endroit fut le point d'achèvement une douzaine d'années auparavant du parcours sanglant d'un monstrueux tueur en série. Terminus de ce que les journalistes appelèrent le Murder Drive, là fut arrêté un jeune métis indien, Hunter, accusé du meurtre de six hommes et de la disparition de la compagne de ceux-ci. Six femmes comme disparues de la surface de la Terre. Parmi elle, Louise, 17 ans à l'époque, la fille de Freeman, ex-flic noir de Brooklyn qui voue chaque instant de sa vie à suivre enquête, comparutions au tribunal, etc. Alors quand Hunter s'évade, forcément, il est sur le front.



Roy Braverman offre un thriller terriblement efficace avec ce premier tome. Bien qu'il révèle rapidement des faits qui m'ont laissée bouche bée, le suspense ne retombe pas, bien au contraire. Dans ce coin perdu secoué par de violentes bourrasques de neige, les personnalités se mettent à jour et ce n'est pas forcément très beau à regarder. Un racisme profond imprègne une bonne part de la population.



Les personnages de Freeman et de Denise résidente du hameau, dont la petite soeur fait partie des disparues, m'a tout particulièrement touchée. Réunie par le chagrin et la haine envers l'homme cause de leurs malheurs, ils n'en perdent pas pour autant toute humanité et représente une lueur dans les ténèbres qui entourent les secrets de Pilgrim' Rest.



Prise par l'intrigue et le rythme haletant des courts chapitres, j'ai dévoré le roman dans la journée. Impossible de le lâcher. C'est très noir, désespérant sur plusieurs points, nerveux et perturbant mais qu'est ce que c'est bien! Le dernier chapitre n'incite qu'à une chose : entamer le plus rapidement possible Crow, le second volet de la trilogie.
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Le cas Chakkamuk

Curieux roman que ce « Cas Chakkamuk », j’avoue que j’ai été déroutée au début de ma lecture par ces disgressions d’un narrateur mystérieux qui livre des réflexions sur l’intrigue parfois, sur l’auteur de temps en temps ou sur tout autre chose. Je ne voyais pas trop le rapport avec l’histoire qui tourne autour d’une disparition, d’une accusation de viol, de meurtres et d’argent. Puis je me suis habituée à cette voix ironique qui tient des propos parfois drôles et qui nous balade de lieux en lieux pour suivre les turpitudes des personnages.



On comprend rapidement que Douglas Warwick est un personnage trouble, que ces accusations de viol cachent autre chose. Heureusement le perspicace Mardirossian (l’arménien est fin connaisseur de l’humain) nous permet de dénouer les ficelles nombreuses de cette affaire dans laquelle trempent une bimbo en quête d’argent, une sœur naïve, une enquêtrice du FBI déchaînée, un écrivain curieux, un ancien policier soupçonné de détournement de fonds et un adjoint du shérif dépassé par les événements. Tel est pris qui croyait prendre, c’est ce qu’on doit retenir de ce roman atypique.

Je remercie les Editions Hugo et Babélio d’avoir pu découvrir ce roman lors d’une masse critique.



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Le cas Chakkamuk

L’an dernier, et déjà grâce à NetGalley, j’avais apprécié la lecture de Pasakukoo dont l’intrigue se passait déjà près du lac éponyme.



Le nouveau sherif est accusé de viol par sa belle-sœur puis par sa femme. Son jeune adjoint est obligé d’enquêter sur son chef et demande de l’aide à Blansky, l’ancien shérif et propriétaire du journal local ainsi qu’à Dempsey, l’auteur survivant du précédent volume !



L’auteur va nous embarquer dans une machination dont il m’a été difficile de dénouer le fil et savoir qui manipulait qui !



Le narrateur-auteur-acteur du roman débute les chapitres parfois en digressions ou commentaires et souvent avec humour sans que nous puissions déterminer quel personnage du roman s’exprime ! Ces incursions dans la psyché de l’intervenant dédramatisent souvent les événements, quitte à nous embrouiller d’ailleurs.



L’auteur est un cas de personnalités multiples et a certainement des comptes à régler avec les shérifs, en tout cas ils ne sont jamais épargnés. Bon, d’accord, les auteurs non plus, en réalité il n’y a pas grand monde pour s’en sortir sans égratignures !



Un polar-thriller avec beaucoup d’humour et plein de gens bizarres ! J’espère que Roy Braverman ne va pas s’arrêter en si bon chemin, après tout Blansky et Dempsey sont toujours vivants et entiers !



#LecasChakkamuk #NetGalleyFrance
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Le cas Chakkamuk

Voilà un roman policier qui déménage ! Machinations et mensonges sont décuplés et on se demande qui tire les ficelles. On croit mettre un nom sur le manipulateur ou la manipulatrice, on est certain d'avoir dénoué le chmilblik puis, au chapitre suivant, tout est remis en question; et cela à partir de la deuxième moitié du livre jusqu'à la fin. Je n'ai donc quasiment pas lâché la lecture même si j'ai fini par ressentir une certaine lassitude. Tous ces multiples rebondissements ont été un peu excessifs à mon goût, car l'invraisemblance du récit pointait le bout de son nez.



Pour ce qui est des personnages, les deux soeurs, belles et provocantes, sont agressives à souhait, surtout Brenda. Quant à l'agent Daimler du FBI, elle est si odieuse, vulgaire, bornée au point d'en devenir stupide que je ne l'ai pas trouvée crédible du tout.

Heureusement, d'autres protagonistes sont mieux représentés. J'ai beaucoup aimé le journaliste-écrivain Dempsey. Sa curiosité, ses déductions, son sens de l'hospitalité dans son lodge avec vue sur le lac, le rendent attachant. D'autant plus qu'il m'est paru bel homme, fin et élégant (et oui, on ne se refait pas !). Pour le vieil Arménien Mardirossan, sa sagesse et sa philosophie, ainsi que le mystère entourant sa personne apportent un côté fort plaisant au récit. En fait, Dempsey et Mardirossan feraient un bon duo d'enquêteurs.



Originaux, sont les débuts de chapitres où un des personnage se pose des questions sur son existence en tant que création de l'auteur. Une sorte de dialogue entre eux et qui nous donne une petite idée sur la création d'un roman.



En résumé, Roy Braverman, alias Patrick Manoukian, m'a moins emballée que Yan Manook ;-). Mais ce livre apporte un bon moment de détente.



Je remercie vivement Babelio et les éditions Hugo Thriller pour l'envoi de ce livre et la découverte d'un autre facette de l'écrivain.

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Le cas Chakkamuk

Je ne connaissais pas l’univers de Roy Braverman , ici avec Le cas Chakkamuk et même si j’ai lu que ce dernier roman était moins bien que les précédents , j’ai beaucoup aimé .

Le style , l’atmosphère, tout m’a plu . L’intrigue est assez compliquée et surprenante , j’ai vraiment été séduite par ces rebondissements incessants .

On se demande tout au long de cette lecture si le shérif est coupable , si les deux sœurs sont machiavéliques et on va de surprise en surprise et cerise sur le gâteau c’est bourré d’humour .

Une bonne pioche .#lecaschakkamuk#netgalley

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Manhattan Sunset

Un policier de plus, peut-être, mais un policier magnifié par le don de l'auteur pour créer en quelques phrases des personnages atypiques et ponctuer les dialogues et les situations d'un humour féroce que je retrouve avec plaisir. L'enquête, même si elle est bien ficelée, en devient presque secondaire.

Donelli est flic à New-York. Nous faisons sa connaissance sur une scène de crime : une jeune fille assassinée et brûlée au chalumeau pour empêcher toute identification. Donelli discute avec son équipier, quoi de plus normal…. Sauf que Pfiffelmann a été assassiné quelques semaines plus tôt et vient hanter son ex-coéquipier et ami pour que celui-ci enquête sur son décès. Et Donelli dont tous les proches tombent comme des mouches va suivre les deux enquêtes en parallèle.

Un polar comme je les aime, un roman où l'atmosphère créée par l'auteur nous enveloppe et nous emmène loin de notre quotidien. On y est à New-York, on est avec Donelli et Georges sur le toit de l'Astor pour célébrer le Manhattanhenge, coucher de soleil dans l'axe exact de la 42ème rue, phénomène qui n'arrive que deux fois par an. Un Manhattan où l'auteur nous peint le contraste entre ces buildings qui montent le plus haut possible et les défavorisés qui hantent les rues au pied de ceux-ci, où les tensions entre ethnies différentes peuvent à tout moment dégénérer, où les cadavres s'amoncellent, où la guerre des polices n'est pas qu'une image….

Et des personnages qui prennent vie sous nos yeux, parfois seulement pour quelques pages mais toujours avec le même brio, qu'ils soient victimes, policiers ou truands. Ils sont souvent cabossés par la vie, essayent d'avancer malgré tout, se défendent comme ils peuvent contre les coups du sort. Même les pires révèlent une part d'humanité (sauf peut-être une …). Ils hantent encore ma mémoire quand j'écris ces lignes, j'ai l'impression de les connaître depuis très longtemps. Je garderai Donnelli dans mes flics préférés : c'est un personnage complexe, qui se révèle au fil du roman et dont j'ai apprécié le geste final. Il est dans toutes ces pages admirablement secondé par sa nouvelle co-équipière, subtilement surnommée Blue Bite.

Que dire de l'humour qui nous permet de souffler, et vient alléger un peu ces pages parfois très noires. Les discussions entre Donelli et le fantôme de Pfiff sont à chaque fois l'occasion de situations ubuesques, qui relâchent un peu la tension.

Un très grand polar

Merci aux éditions Hugo Thriller pour leur confiance #ManhattanSunset #NetGalleyFrance

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Hunter

Patrick Manoukian aime décidément les pseudonymes et il s’en explique dans la brève préface de Hunter. Ian Manouk faisait évoluer son commissaire Yeruldelgger, éponyme de son passionnant roman, en Mongolie. Roy Braverman situe Hunter aux États-Unis. Mais quel que soit le pseudo qu’il utilise, Patrick Manoukian maîtrise l’art du récit. Je le reconnais bien volontiers même si cette fois, je ne l’ai pas suivi jusqu’à la fin…

***

Les chapitres 1 et 2 présentent très brièvement deux des personnages principaux et le troisième nous propose une incroyable scène « Où un terrible chaos naît de la vengeance », scène qui oblige, je crois, n’importe quel lecteur à se la représenter visuellement. Pour ma part, grâce au rythme et à la précision des détails, je me suis retrouvée dans un film. Imaginez : pendant une tempête, un chasse-neige sans conducteur dévaste d’abord le parking et les voitures qui s’y trouvent avant de s’attaquer au restaurant pour finir par une voie de chemin de fer. Autre particularité de cette même scène, les commentaires lapidaires d’un des spectateurs passablement défoncé (une sympathique gradation : Méga cool ! Whaouuu ! Cosmique, mec ! Galactique ! Ultra spatial !) réussissent à provoquer le rire sans faire baisser la tension dramatique. Ça commence très fort, donc…

***

Malheureusement, malgré le rythme trépidant et (à cause ?) de nombreuses surprises, j’ai lâché à la page 125, continué en diagonale jusqu’à la page 193 et finalement abandonné : beaucoup trop d’invraisemblances, d’incohérences, de grosses ficelles, de clichés, de facilités, etc. La plupart des personnages sont outrés : du vieux flic black (pas noir, hein, black), au shérif meurtrier (je ne dévoile rien, on le sait dès le début), flanqué d’un petit frère simplet, en passant par la droguée obsédée sexuelle jusqu’au sang-mêlé (oui, oui) chasseur émérite, comme son nom l’indique, condamné injustement. On aura forcément droit à une évocation d’enfances malheureuses et à une débauche de majuscules, comme en anglais, je suppose. Bref, je suis déçue : je ne lirai plus de Roy Braverman, mais j’essaierai volontiers un autre Ian Manook ! Et comme toujours, ce qui m’a déplu enchantera d’autres lecteurs, et c’est parfait comme ça !

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Crow

Voyage en Alaska, où la faune règne.



Elle nous observe.

Comme on regarde, avec envie, le menu du restaurant.



Une suite extrêmement bien menée.

On espère le 3e.

Mais avec l'épilogue, c'est à se demander comment il pourrait y avoir une autre fin.



Mais une chose me chicote encore, comment peut-on tirer les cheveux d'un chauve ?

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Pasakukoo

Depuis que j'ai découvert , grâce à Onee que je remercie grandement, que Roy Braverman était un des pseudos de Ian Manook, il me fallait impérativement et sans délai me lancer dans l'aventure et je n'ai pas été déçue en allant me balader au bord du Lac Pasakukoo, dans le Rhode Island , un endroit privilégié dont les rives abritent quelques lodges où viennent se ressourcer et écrire des écrivains connus.



D'abord Benjamin Dempsey qui peaufine son dernier roman se faisant seconder pour les corrections d'un jeune homme Matthew . Cet écrivain a une réputation sulfureuse de coureurs de jupons et s'est fait quelques ennemis, en particulier le shériff Blansky pour avoir séduit la femme puis la fille du shériff...



En face de sa demeure, habite Akerman , un autre écrivain, noceur notoire . Les deux hommes , autrefois amis se sont brouillés un soir de cuite .

La relative tranquillité du lieu va être soudainement brisée par une série de meurtres, d'incendies ... La première mort par noyade concerne une jeune femme Esther qui a déboulé d'abord chez Dempsey avant de se rendre à une fête chez Akerman.

Il n'en faut pas plus pour soupçonner Dempsey et ce n'est que le début de son long parcours de galères !



Le rythme est soutenu, sans pause pour le lecteur attrapé comme une mouche sur une bande de glu jusqu'au final toujours aussi fatal pour de nombreux personnages .



Mais l'histoire est plus complexe et subtile que l'enquête sur cette noyade ou la confrontation entre mâles plus ou moins dominants . Les personnages rencontrés au fur et à mesure ne sont pas que des faire-valoir des écrivains, chacun a son rôle et fait dévier le cours du récit , que ce soit le shériff Blansky, Abigail Dwayne, la sœur de Douglas, tueur à gages, Eileen , la mère d'Esther et les autres.



Le travail d'écriture , l'inspiration des auteurs mais également le milieu des éditeurs font partie du cœur de l'intrigue et Roy Braverman en commençant chaque chapitre par des réflexions anonymes, (on ne saura qu'à la fin même si on peut avoir des soupçons) particulièrement affutées met la pression à un degré supplémentaire .



Entre les tensions humaines, Roy Braverman nous offre quelques fulgurances poétiques sur la beauté du paysage pour ne pas nous faire oublier la magnificence des lieux .



Je me suis demandée si on pouvait prendre cette plume pour un auteur américain, je ne pense pas car il se dégage du récit une sensualité qui n'est pas habituelle de l'autre coté de l'océan ainsi que la facilité de dégager de façon radicale et parfois violente certains personnages qui ne font pas partie du camp des méchants ...Mais je ne suis pas spécialiste et je n'ai lu que cet ouvrage .



Belle découverte et je vais continuer avec le Cas Chakkamuk, j'en salive d'avance !

Lu en Juillet 2022
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Storia 2022



Paru le même jour que le dernier 13 à table, ce recueil de nouvelles n'inclue que des auteurs de la grande famille du noir et du polar. Il s'agit du troisième dont les droits seront reversés à l'association ELA ( Association Européenne contre les Leucodystrophies ) après Phobia paru chez J'ai lu en mars 2018 et Storia 2021 paru aux éditions Hugo poche il y a un an. Une façon de faire une bonne action, de sensibiliser les lecteurs à ces maladies infantiles ( elle se déclinent sous de multiples formes ) et de se faire plaisir puisque des recueils de cette qualité, même si vous boudez les nouvelles en règle générale, je n'en n'ai pas lus souvent.

Mais avant de passer au contenu je vais peut-être parler de cette maladie, même si des familles le font beaucoup mieux que moi au travers de leur vécu, sous forme écrite ou de vidéo accessible par un flashcode en fin d'ouvrage. Confirmant que les aides de l'association parrainée par Zinedine Zidane va certes en grande partie à la recherche mais également aux familles : le budget requis en matériel médical adapté est en effet extrêmement onéreux.



Le témoignage ému d'une mère s'interrogeait sur la faculté du gouvernement à dégager des fonds abyssaux lorsqu'il a fallu s'adapter au covid 19, rechercher un vaccin, aider les entreprises. Et à ne rien faire pour elle ou son fils de dix ans hospitalisé à domicile, ayant perdu toutes ses facultés motrices, devenu aveugle, mettant des couches. Il entend encore, mais c'est provisoire. Et pourquoi est-il dans cet état presque végétatif, aux portes de la mort, alors que tout allait bien à la naissance ? Parce qu'il a hérité de mauvais gènes.

Moins d'un enfant par jour naît en France avec cette pathologie qui ne sera détectée au plus tôt qu'au bout de quelques mois, souvent après plusieurs années. Cette maladie neurodégénérative, on peut désormais en ralentir les effets destructeurs via des effets cliniques, des structures adaptées. Quelques années de gagnées avec la chair de votre chair que vous n'aimez que davantage pour son courage. Mais au final ses premiers pas seront du passé quand ramper deviendra son unique moyen de déplacement, ses premiers mots ne seront plus que des borborygmes, et une paralysie totale finira par vous l'ôter avant l'arrivée de la grande faucheuse.

Votre vie sociale en souffrira, le regard d'inconnus sera souvent gêné, parfois déplacé. Pour se faire des amis il faut taire son quotidien et simuler une joie de vivre sans trop mentionner les visites aux hôpitaux et les batteries d'examens qui rythment votre quotidien. Parce qu'il ne faut surtout pas mettre mal à l'aise nos interlocuteurs.



Il est devenu coutumier de donner une thématique désormais aux recueils de nouvelles. Je ne sais pas qui a instauré cette mode. Des textes courts sont commandés pour figurer dans une anthologie particulière. Les noms des auteurs sont probablement plus vendeurs que la qualité des textes. Cela dit, ça n'est pas non plus inintéressant de voir comment peut se décliner un même sujet, certains écrivains en profitent pour sortir de leur zone de confort et surprendre leurs lecteurs. Mais la qualité est rarement régulière. On lit frénétiquement un petit bijou d'inventivité et après on se fait chier comme un rat mort. C'est peut-être pour ça que les nouvelles n'ont pas toujours l'accueil qu'elles mériteraient.

C'est à nouveau Damien Eleonori, auteur de la mort n'existe pas, qui réunit de nombreux auteurs pour faire parler de cette association ELA. le premiers des thèmes proposé était la phobie, les contes de fée dans une version détournée et plus moderne l'année dernière, et j'ai beaucoup aimé celui-ci : Les auteurs doivent se mettre en scène dans une anecdote, un fantasme, un cauchemar. Quasiment tous les narrateurs et narratrises seront donc les écrivains eux mêmes qui vont entraîner le lecteur dans d'insoupçonnés délires.

Parce qu'il est bien connu que les auteurs de romans noirs ne sont pas bien dans leur tête.

Et c'est ainsi que nous retrouvons quelques uns de nos auteurs préférés, et quelques inconnus également, dans des mises en abîmes où ils incarnent un jumeau virtuel, lui même écrivain, racontant ses déboires avec son éditeur, mettant un point final à son roman, en plein salon du livre avec ses lecteurs. Certains prennent plaisir à jouer les monstres, d'autres préfèrent parler de leurs proches ou encore de leurs souvenirs.

Certains par contre n'ont pas vraiment joué le jeu, incarnant juste n'importe quel personnage lambda, se contentant de lui donner leur prénom ou de parler de lui à la première personne du singulier. Ce qui ne veut pas dire pour autant que sa nouvelle était ennuyeuse.



L'une de mes préférées a été celle du Québecois Hervé Gagnon. Son alter ego, un auteur répondant au nom d'Edgard Wagner, est abasourdi en entendant aux informations que Blanche Neige et les sept nains allait être interdit sous toutes ses formes, le film portant préjudice aux personnes de petite taille. Alors Edgard se met à rédiger un long pamphlet libérateur en se posant des questions humoristiques sur ce qu'ont devrait interdire par mesure de tolérance, pour ne heurter personne. Retirer Obélix et le père noël qui pourraient offusquer les obèses ? Ne plus vendre les chaussures par paire par respect pour les unijambistes ? Si le bikini est aujourd'hui considéré comme sexiste alors la burka peut-elle être le symbole de la libération de la femme ?

"On réécrit Barbe bleue pour cause de violence conjugale ?"

Et son discours n'en finit pas de parler de toutes les minorités, de tous les courants sexuels si nombreux qu'il n'y comprend plus rien, et ce qui en ressort avec un humour acide c'est que la tolérance ne se demande pas pour tout et à n'importe quel prix, et qu'il ne faut pas rendre l'homme blanc hétérosexuel responsable de tous les maux.

Je l'ignore mais j'emets l'hypothèse qu'Hervé Gagnon a été probablement énervé après les accusations de racisme à l'encontre d'Annie Cordy, d'Hergé, ou d'Agatha Christie qui s'était appuyée sans aucune arrière-pensée sur une vieille comptine de 1869 quand elle rédigea les dix petits nègres. Ou encore des accusations de pédopornographie complètement infondées auprès d'un de ses confrères écrivain, Yvan Godbout, dont le livre Hansel et Gretel avait été interdit provisoirement.



Ils sont deux à rêver du prix Goncourt dans ce recueil.

D'abord il y a Victor Guilbert, persuadé qu'Urinoirs pour dames fera un très bon titre pour le prochain prix et qui, sous l'effet de psychotropes, écrira frénétiquement l'histoire de Solange, dame-pipi à l'aéroport de Roissy, pleinement épanouie par son métier, sa vocation. Il apprendra parallèlement que son richissime voisin n'est autre que Guillaume Musso, et se mettra en tête de lui voler son manuscrit. Quiproquos et sourires garantis !

Si vous l'ignoriez, Fred Mars, auteur de la lame mais aussi de nombreux manuels de sexologie, et Mö Malö, auteur bien français de polars nordiques, ne font qu'un. Mais ils se dissocieront dans "Le point G" et accueilleront à leur table Emma, romancière de livres érotiques, afin de réunir leurs talents respectifs pour régiger le futur Goncourt à six mains. Ce qui est bien sûr formellement interdit. Arriveront-ils à écrire le texte parfait sous une seule identité ?

Là encore, un texte qui détend, à lire avec beaucoup de second degré. Mais on y apprend aussi plein de petites choses sur le Goncourt.



Autre auteur aux multiples identités, avec lesquelles il va d'ailleurs jouer tout en s'amusant avec le lecteur, Ian Manook et Roy Braverman, son alter ego qui écrit désormais des thrillers à l'américaine. Lui va voir son appartement se remplir peu à peu des personnages issus de son imaginaire alors qu'il est en pleine crise de la page blanche. Et ses personnages ont des exigeances. Blanche par exemple en a assez de se faire défoncer le cul dans une scène mièvre que l'auteur n'a de cesse de réécrire. Son amant se rebelle également et exige un twist dans lequel il tomberait amoureux d'un homme d'église, même s'il n'y en n'a pas le moindre dans le livre en cours.

Paradoxalement, l'auteur se défend ainsi : "C'est moi qui décide de qui vit et qui meurt dans mes romans", autrement dit il est le seul maître à bord.

Mais il explique aussi en conférence de presse que "Ce sont mes personnages qui décident de mes romans." Encore une nouvelle totalement barrée d'un auteur qui s'en donne à coeur joie en donnant vie à ses personnages.

Marlène Charine choisira une formule approchante puisqu'un soir trois de ses personnages récurrents ( Tombent les anges et Inconditionnelles sont publiés chez Calmann Levy ) prendront corps sur la banquette arrière de son véhicule et auront eux aussi des exigences, notamment de faire partie de son quotidien comme des personnes à part entière. Mais comment les présenter à sa famille ?



Quelques uns ne s'éloigneront pas de leur terrain de jeu favori et resteront dans le polar, au sens large du mot.

C'est le cas de Damien Eleonori qui va mettre en scène un double interrogatoire, celui du couple Barent interrogé par un commandant suite à la disparition d'une jeune femme à proximité de leur domicile, peu après y avoir été invitée. Mais où est donc l'auteure dans tout ça ?

Même question dans la nouvelle "dernière limite" de Ludovic Lancien, où il est question d'un cauchemar onirique dans lequel Lucie croise le jeune Adam dans un état de putréfaction avancé, qui la maudit avant de s'enflammer sous ses yeux. Elle se verra également dans un cimetière s'arracher les ongles pour creuser dans la terre sous laquelle repose le corps de sa mère. Et ainsi se succèdent les épisodes anxiogènes de Lucie, enfermée dans son imaginaire infernal.

Et Angelina Delcroix, qui a été criminologue et psychothérapeute, reprend le temps de son histoire sa casquette de psy. Parmi ses patients, Maxine, seule au monde et qui manque cruellement de confiance en elle. Alors que la déontologie l'interdit, Angelina va nouer un lien très fort, presque amical, avec cette femme. Elle se sent également responsable parce qu''il semblerait qu'un autre de ses patients, peu avenant, peut-être psychopathe, les ai pris pour cibles Maxine et elle.



Les salons littéraires et les fans perturbés serviront de terrain de jeu à Barbara Abel, Amélie Antoine et Salvatore Minni.

Sous forme d'anecdotes, les trois auteur(e)s se souviennent de rencontres un peu particulière.

-"Comment une si charmante personne peut-elle imaginer des trucs pareils ?" Nous rigolons souvent, mon amie et consoeur Karine Giebel et moi, de cette phrase récurrente qui semble nous définir comme deux monstres déguisés en romancières cordiales et sympathiques - écrit Barbara Abel, souvent en compagnie de la Varoise et du farceur François-Xavier Dillard dans les salons. Un jour elle fera la rencontre plus originale d'une lectrice prénommée Bérénice et de fil en aiguille, les deux femmes se rendront compte que l'imagination littéraire de l'une coïncide avec la vie bien réelle de l'autre. Leurs prénoms, celui de leurs conjoints, leurs professions et bien d'autres détails encore. Et connaissant Barbara Abel, pas toujours tendre avec ses personnages, la lectrice veut s'assurer qu'il ne va rien lui arriver de grave. Comme si sa vie était dictée par la Belge. Alors ? Simple coïncidence ? Piège ? Et dans le cas contraire quelles concessions faire sans dénaturer son style ? Un petit bijou !

Amélie Antoine nous relate quant à elle son quotidien avec son conjoint et leurs enfants, ainsi que ses angoisses qui perturbent son comportement et la rendent agressive, invivable.

Elle a en effet reçu l'inquiétant message "Souviens-toi l'été dernier" dans sa boîte aux lettres. Ou plus précisément "Je sais ce que tu as fait. Il est temps de payer." Même chose sur messenger. Un véritable harcèlement. Et ça n'est pas le premier puisqu'un fan obsessionnel ( je précise ici quand même que ça n'était pas moi ) se rendait à chaque salon pour la rencontrer et passer du temps avec elle où que ce soit, imprimait chacune de ses photos disponibles sur internet ou ailleurs après l'avoir fait agrandir. D'abord flattée, elle a ensuite appréhendé chacune de ces rencontres. Est-ce qu'il serait de retour ? Quel secret cache Amélie ? En dépit d'une fin un peu convenue encore une réussite que cette nouvelle où la Lilloise nous confie un peu de son quotidien, tout en nous livrant une autre facette d'elle-même.

Monsieur Concerto. C'était le nom d'un des principaux personnages du roman Claustrations de Salvatore Minni. Qui vient de finir de rédiger son troisième "one-shoot". Ses romans ne sont pas destinés à avoir de suite ou d'enquêteurs récurrents. Lui aussi reçoit d'inquiétants courriers. "Tu sais ce que j'attends de toi."

Jennifer est une fan, et quand il la rencontre à un salon du livre elle est particulièrement insistante : Elle veut retrouver ce fameux Concerto dans un prochain livre. Et l'auteur a beau lui expliquer que ça ne sera pas le cas elle continue à insister lourdement. Victime de vandalisme, Salvatore Minni se demande forcément si tout ne serait pas lié.



Passé, présent et futur : Trois choix pour des auteurs qui incarnent leur propre personnage dans des versions légèrement différentes.

Ainsi Vincent Radureau, entré au service des sports de Canal + en 1992, se souvient d'un des premiers matchs qu'il a commenté. Lady Diana était encore en vie, le tunnel sous la Manche toujours en cours. Et ce jour-là à Manchester s'affrontaient les deux équipes de la ville ( City et Chelsea ). Y jouait alors un petit français du nom d'Eric Cantona. Et le journaliste également auteur de deux romans noirs raconte dans une version peut être un peu exagérée comment il a failli arriver en retard en négligeant le décalage horaire ... et en étant poursuivi par des hooligans dont il avait percuté la voiture en oubliant un instant de quel côté on roulait en Angleterre. Pas alléchant dit comme ça mais au final on a un véritable petit thriller.

Petite scène de famille au présent pour Nicolas Druart ( L'enclave, Nuit blanche, Jeu de dames ). Il incarne son propre rôle de papa d'une adorable fillette de trois ans à qui il va acheter un tipi à la brocante, elle qui adore jouer aux indiens. Et ce malgré les avertissements du vendeur qui ne voulait pas mettre l'objet réputé maléfique en vente. Pas la nouvelle majeure du recueil.

Guillaume Ramezi se projette quant à lui en 2049 où il sera en mission spatiale, et bientôt le premier homme à mettre le pied sur mars. Si du moins tout se passe comme prévu.



Les deux dernières nouvelles, signées Mathieu Parcaroli et Ophélie Cohen, ont trait à la violence conjugale. Et on peut vraiment les rapprocher à plus d'un titre.

L'un commence par un meurtre, le second par un enterrement dans le jardin.

Tous les deux racontent l'escalade dans l'horreur.

"Pour tout et surtout pour rien, il me frappait, m'injuriait, me rabaissait." ( Parcaroli )

"Où que 'aille, il allait. J'étouffais mais je ne pouvais pas le quitter." ( Cohen )

Dans les deux on retrouve le cheminement habituel du pervers narcissique qui prive sa victime de liens extérieurs. Les amis disparaissent.

Les auteurs ne sont pas vraiment présents. L'auteur de "Le cri des corbeaux" a été témoin au mariage qui s'annonçait pourtant heureux. Quant à Ophélie Cohen, elle raconte une histoire à la première personne du singulier mais cette nouvelle ayant remporté un prix et clôturant le recueil, j'imagine qu'il faut la voir comme un cadeau aux lecteurs.

Et dans les deux cas, il ne s'agit pourtant pas de la violence domestique au sens où on l'entend habituellement. En particulier le couple dans "Lui et moi" signé par l'auteure d'Héloïse. Encore deux écrits de qualité.



Et c'est d'ailleurs le cas, honnêtement, des trois quart de ce recueil, il n'y a que quatre ou cinq textes qui n'ont pas remporté ma totale adhésion mais ils ne m'ont pas non plus ennuyé pour autant. Et c'est vraiment très rare une telle homogénéité sur cinq cent pages et dix-sept nouvelles. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs connus mais il ne suffit pas de commander des histoires aux dix écrivains les plus vendus pour assurer la valeur d'une anthologie. Bien au contraire.

Si vous êtes convaincu de ne pas aimer les histoires courtes, trop souvent déçu, accordez leur une dernière chance avec Storia 2022. Au pire des cas vous aurez fait une bonne action.

Son seul défaut au final c'est que si vous avez déjà comme moi un an de lecture devant vous, vous allez avoir envie de découvrir encore d'autres auteurs.

Avouez qu'il y a pire comme reproche.



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Freeman

Freeman Roy Braverman Hugo Thriller

Immersion en Louisiane, la vraie celle de la zydeco, de l'alcool, du sexe, de la violence gratuite ou payante, de la mafia contre la NOPD et le FBI, du FBI contre le NOPD, des riches contre les pauvres, des blancs face aux noirs. Immersion aquatique au pays des ouragans où les alligators sont légion et aiment bouffer de l'humain, blanc ou noir peu importe.

Des premières pages éblouissantes, de couleurs, d'odeurs, de bruit , l'ouragan est là palpable, tangible. Les personnages, les évènements se mettent en place au gré des coups de vent. Le lecteur essaye de se rattraper aux branches, balloté d'un endroit à l'autre sans savoir où. Je me suis aventurée dans Freeman sans avoir compris que c'était le dernier tome d'une trilogie et je suis arrivée à bon port.

Un récit trépidant, une narration addictive ont rendu cette lecture plaisante. Je n'oublie pas bien sur le cadre fantastique voir surréaliste de la Nouvelle Orléans qui ajoute une plus value certaine , beaucoup de magnifiques pages sont consacrées à ce pays, à ses us et coutumes, à ses habitants, l'auteur prenant alors le risque de noyer son lecteur dans des descriptions à n'en plus finir.

Une bien belle découverte. Je remercie vivement les éditions Hugo Thriller via netgalley.

#Freeman #NetGalleyFrance
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Hunter

Impossible de ne pas relever que derrière ce nouveau pseudo de Roy Braverman se cache (sans vraiment se cacher) Patrick Manoukian, alias Ian Manook, papa de Yeruldelgger. Voilà, c’est dit, parlons maintenant de ce (futur) fameux Roy.



Hunter va vous secouer, vous prendre aux tripes (et ailleurs parfois), vous bousculer. Après la Mongolie et le Brésil, place aux Appalaches, dans un des trous du c… des États-Unis. Voilà un thriller à l’américaine, noir, très noir. De l’action pure et dure, avec la différence qui le fait sortir du lot : le talent.



L’auteur caméléon, a décidément une capacité hors norme à enfiler un nouveau costume, à se fondre dans son nouvel environnement comme s’il y avait toujours vécu. C’est assez impressionnant de le voir ainsi toujours trouver sa propre voix dans ses multiples voies.



Hunter, est un thriller d’action survitaminé. Étouffant, violent et sexuellement explicite (certains personnages ont le feu aux fesses, malgré les températures glaciales).



Les récits hyper testostéronés ne sont pas toujours ma tasse de thé, l’environnement remuant et brutal ne laissant jamais le temps de respirer un tant soit peu (mais l’auteur maîtrise l’art de ces breuvages, rappelons-nous le thé au beurre salé mongole) Et pourtant, j’ai plongé la tête dedans (dans la neige et dans l’intrigue) sans jamais la relever, prenant un vrai plaisir (sadique) à cette lecture.



Les mots de Braverman sont comme des images. Il a une capacité étonnante à donner vie à ses scènes. Lorsque les personnages croisent un majestueux orignal sur leur route, vous avez l’impression de le voir de vos yeux, de sentir le souffle chaud de l’animal sur vous. Étonnant.



Même s’il surjoue parfois (c’est le genre qui veut ça), se retrouver coincé quelques jours dans ce patelin paumé est une expérience de lecture aussi stressante que prenante.



La cerise sur le glaçage du gâteau, c’est l’humour qui apporte un décalage à certains dialogues franchement jouissifs. C’est pour mieux se prendre un nouveau coup de pelle dans la tronche, juste après. Braverman joue avec nous (et on aime ça).



Accrochez-vous aux branchages, le blizzard Roy Braverman n’est pas prêt de s’arrêter de souffler, Hunter étant le premier thriller oppressant d’une trilogie. Si vous croisez sa route (au livre), surtout arrêtez-vous !
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Le Premier Fils

Roy Braverman nous entraîne dans un road movie à travers le monde, en Argentine, au Liban, en Israël, en France. C’est un roman d’espionnage et de vengeance implacable et féroce. Des enfants sont assassinés par un sniper qui laisse à chaque fois, son arme sur le lieu de tir. Ces armes portent toutes les initiales TSF. Ces crimes atroces sont liés au passé de leurs grands-pères, qui auraient participé à un attentat à Beyrouth en 2002. Qu’est-ce qui les relient ? Et pourquoi cette vengeance atroce ? Qui est derrière tout cela ? Kara aura fort à faire pour débroussailler les différentes pistes pour enfin trouver qui se cache derrière ces crimes. Les personnages sont attachants pour certains, notamment ceux qui collaborent avec Kara, une pointe d’humour, de bons petits plats, et aussi des peines et des chagrins incommensurables, sont les ingrédients qui font de ce livre une réussite.



Ce qui est remarquable avec l’écrivain Patrick Manoukian, dit Ian Manook ou Paul Eyghar, ou Manook ou Roy Braverman, c’est que quel que soit le nom d’écrivain qu’il emprunte, c’est à chaque fois différent. Certes, on retrouve sa patte, mais pas une histoire n’est semblable. C’est sa force.

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