AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Roy Jacobsen (132)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les bûcherons

7 décembre 1939, la ville de Suomussalmi, en Finlande, a été incendiée après que les quatre mille habitants ont été évacués sauf Timmo qui a refusé de partir.

Après le départ des habitants ce sont les soldats finlandais qui ont bouté le feu afin que l’armée russe qui progresse ne découvre que des ruines.

A l’arrivée des soldats, Timmo se déclare l’idiot du village et curieusement, il va survivre à cette guerre. L’histoire du bûcheron Timmo, contée par Roy Jacobsen, révèle les sentiments beaux et forts d’un homme simple pour qui Finlandais ou Russes sont avant tout des êtres humains.

A lire !
Commenter  J’apprécie          230
Les bûcherons

Ce roman humaniste raconte l'histoire d'un finlandais qui sauve d'autres hommes durant la "guerre d'hiver", peu importe leur nationalité, ce sont des laissés pour compte, russes ou finlandais.

Il décide tout d'abord de demeurer dans sa bourgade natale, incendiée par ses compatriotes pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi russe.

Quand celui-ci arrive, à l'aide d'un interprète, il prend la tête d'une équipe de bûcherons, ou du moins il essaye d'apprendre ce travail à ces pauvres êtres transis.

On le voit résister à la torture et suivre obstinément ce qu'il pense être son devoir.

Toute sa vie, d'ailleurs, celui que les gens considèrent comme l'idiot du village va empêcher les autres de mourir de froid, grâce à son bois.

Le langage est simple, on dirait que cet humble héros raconte lui-même son histoire.

J'ai moins compris le passage avant la fin de l'histoire qui pourrait suggérer que ce n'était qu'un rêve, le fruit de son imagination. Je pense plutôt que personne n'a voulu le croire, en l'absence des témoins russes, morts ou partis vers d'autres cieux, à l'Est ou à l'Ouest.

Ce livre m'a permis aussi de me documenter sur cet guerre d'hiver entre les finlandais et les russes, avant la 2nde guerre mondiale, et dont je ne me souvenais absolument pas. Aucun de ces deux peuples n'est sorti gagnant ni indemne et l'attention du monde a bien vite été détournée par d'autres combats.
Commenter  J’apprécie          220
Juste une mère

Il ne se passe pas grand chose et pourtant les pages se tournent très vite. C'est un vrai plaisir de retrouver Ingrid et ses proches sur l' île de Barrøy. La voilà revenue de son grand voyage et mère adoptive d'un jeune garçon, Mattis, abandonné par son père. A ses cotés, en compagnie de sa fille Kaja et de sa tante, la vie s'écoule doucement : un peu de pêche, de l'élevage, quelques plantations, des lettres échangées et chaudement conservées, la visite du pasteur. Des petits riens qui rythment la vie insulaire, faite de courts bonheurs et parfois de grandes peines. La guerre est toujours là, à distance, et le changement s'amorce, auquel il est difficile de résister. Mais Ingrid ne se laisse que rarement déstabiliser…

Un roman d'une agréable lenteur, à l'atmosphère envoûtante, aux questionnements toujours justes sur ce qu'est être une mère.

Je serai bien sûr au RDV pour le cinquième volume ❤️ (s'il y a).
Commenter  J’apprécie          200
Les invisibles

« Il avait sa manière à lui de se relier à la nature. Il avait développé une présence attentive à l’environnement. Il habitait si petitement ce monde, mais il lui rendait, à sa manière, grandement hommage. C’était un invisible qui n’avait d’yeux que pour le visible. »



Cet extrait n’est pas de Roy Jacobsen, mais de Jean-Noël Rieffel, dans « Eloge des oiseaux de passage », dont je viens de faire la critique.

Le personnage dont il parle ne vit pas aux Lofoten. Il n’habite pas sur une île minuscule où les rares habitants doivent faire face à une nature hostile.



Il sillonne des rues résidentielles en jaune fluo, il croise à longueur de journée d’autres passants, pressés et concentrés, comme les jus de fruits qu’on met en bouteilles.

Ceux-là déferlent en tous sens, comme les torrents des montagnes, translucides et insouciants. Comme des fourmis affairées à leur unique préoccupation, ils avancent dans la masse, la tête en bas, pour se faufiler sans se toucher.

Ils regardent le sol, las, dodo si facile à mirer, mais ils dénotent, hors de portée, sans voir le va-et-vient cadencé du balai qui rythme les trottoirs, d’une lenteur monotone.

Entre les mains du gilet jaune au masque bleu, qui collecte feuilles mortes, papiers, tickets de métro et mégots de cigarettes.

Il ne respire pas l’air pur du large, n’a pas ce sentiment de solitude intemporelle, il n’est que le cantonnier d’une municipalité, si pâle, alité pas encore, mais insensible à ces humains qui l’entourent, qui ne le voient pas dans cette jungle urbaine où les sons ne sont que des bruits inaudibles et assourdissants.

Il fait fi de cette foule hagarde, il a les yeux rivés au ciel à scruter le moindre vol, à épier le discret pépiement, il observe le visible au naturel.



Les invisibles sont partout, aux yeux de tous, pour qui sait s’en servir.

Il y a soixante ans, le biologiste Jean Rostand s’interrogeait :



« Il est des moments où je me demande si nous ne serons pas les derniers amants du réel, les derniers à nous servir passionnément de nos yeux pour rendre justice aux féeries du visible. »



On ne sait plus se servir de nos yeux, alors que nous sommes de plus en plus nombreux porteurs de lunettes.

Triste paradoxe d’une société qui refuse de voir le détail, obnubilée par l’effet de masse qui obscurcit l’horizon. Habituée aux écrans réducteurs, notre vue se rétrécit, et n’arrive plus à voir l’essentiel.

Même dans le brouillard, les îliens autochtones gardent une visibilité intacte. Ils connaissent leur environnement à la perfection, se réfèrent à tous les endroits qu’ils ont sillonnés, qu’ils ont imprimés dans leur mémoire, sans GPS.



C'est l'histoire d'une famille qui vit sur une île, au large de la Norvège, seule occupante des lieux vu la petitesse de l'endroit. Nous sommes au début du XXe siècle et Ingrid est une petite fille qui va être baptisée ; nous la suivrons jusqu'à l'âge adulte et c'est à travers elle que nous voyons d'abord le reste de la famille. Il y a là le grand-père Martin, puis les parents d'Ingrid, Hans et Maria, et la soeur de Hans, Barbro, un peu simplette.

La vie est dure sur l'île, le quotidien difficile, le père part tout l'hiver pêcher aux Lofoten. Ils ont tout juste le nécessaire et doivent se montrer ingénieux pour assurer leur subsistance dans ce lieu battu par les vents, livrés aux éléments où ils restent parfois isolés quelques jours parce qu'ils ne peuvent pas prendre la barque qui les mène au continent, juste en face. Là, se trouve l'usine avec laquelle ils font quelquefois commerce.

« Mais une île, c'est grand comment ? Il y a à peine un kilomètre du nord au sud et un demi-kilomètre d'est en ouest, elle possède de nombreuses buttes, des creux de terrain, des vallées herbeuses, elle est découpée par des criques profondes, des pointes tourmentées et trois plages blanches. Et même si, par une journée normale, ils peuvent surveiller les brebis du haut de la cour de la ferme, ce n'est pas si simple de garder un oeil sur elles quand elles se couchent dans les hautes herbes. Et cela vaut aussi pour les gens, même une île a ses secrets. »

Le roman se déroule sur un mode contemplatif, si l'environnement est rude, il est aussi magnifique, surtout à l'époque où le soleil ne se couche pratiquement plus. L'auteur ne décrit pas par le menu ce que pensent les personnages, mais nous le comprenons facilement à travers les actes des uns et des autres. Toute une vie palpite derrière une apparente immobilité. L'isolement rend les liens plus forts entre les membres de la famille. La pauvreté règne, mais Hans s'efforce de trouver des solutions pour améliorer leur vie.

Maria sait rester à sa place mais n’est pas une épouse inexistante. Elle a son mot à dire et ne se gêne pas pour le faire quand les décisions de Hans ne lui conviennent pas. Les caractères sont bien trempés. Ingrid observe toute cette vie autour d'elle et engrange les informations qui pourront lui être utiles plus tard.

L'île n'est pas loin de la côte et il y a des allers-retours fréquents, pour les achats, aller à l'école, éventuellement travailler. Il y a quelquefois des visiteurs, pas toujours bienveillants. Les années passent, avec leur lot d'épreuves, mais toujours les occupants reviennent dans l'île, leur point d'ancrage. Leur lieu de confinement, où le silence n’est pas un vide, mais une absence de son qui s’écoute.

« Sur une île, le silence est plus brutal que celui qui peut s’abattre sur la forêt, sans prévenir. La forêt est souvent silencieuse. Sur une île, il y a si rarement du silence que les gens s’arrêtent net, regardent autour d’eux et se demandent ce qui se passe. Le silence les étonne. Il est mystérieux, presque chargé d’espoirs, c’est un étranger sans visage vêtu d’un manteau noir qui arpente l’île à pas feutrés. Sa durée varie selon les saisons, le silence peut durer longtemps dans le gel de l’hiver, comme lorsqu’il y avait de la glace autour de l’île, mais celui de l’été est toujours comme une petite pause entre un souffle de vent et un autre, entre le flot et le jusant, ou pendant ce miracle qu’est l’instant où l’homme cesse d’inspirer avant d’expirer. »



La force du roman réside dans l'équilibre entre la description du quotidien et l'évolution des personnages auxquels on s'attache. Ils restent droits dans les épreuves, on ne triche pas dans un tel environnement et les enfants sont contraints de devenir des adultes avant l'heure, écrasés sous les responsabilités.

Les invisibles ne sont pas ceux que l’on croit. Ces îliens se connaissent tous, ils existent aux yeux de tous, bien plus que nous, anonymes dans la foule infernale. Ils ont soif d’idéal, montent les voiles, observent les étoiles, que des choses pas commerciales.

Leur ciel est clair, bien plus que nos idées, qui se donnent en spectacle sur les réseaux sociaux. Plus nous avons de suiveurs, plus nous sommes seuls.

Ils ne sont pas suivis, mais ils sont solidaires.

Leur décor est grandiose, nos écrans moroses.

Nous sommes un troupeau transparent muni d’oeillères.

Ce sont des invisibles qui n’ont d’yeux que pour le visible.

Un petit bonheur réconfortant.
Commenter  J’apprécie          207
Les invisibles

C’est peut-être un jeu de mot facile, mai ce livre est presque invisible. Bien sûr, le titre fait référence aux personnages, des gens de peu, qui vivent sur des îles isolées et qui sont donc invisibles dans l’histoire et dans la géographie. Mais pour dire ces invisibles, Roy Jacobsen utilise une écriture qui est elle-même presque invisible, tant elle est discrète et pudique, tant elle utilise le moins pour dire le plus.

Car cette famille, dont nous partageons le quotidien pendant une dizaine d’années (pendant l’entre-deux-guerres, comme le laisse deviner le contexte car ce n’est jamais précisé), est une famille de taiseux. Il y a Hans Barrøy, avec sa femme et son unique fille Ingrid, mais aussi sa sœur et son vieux père. Des gens qui disent peu, qui y réfléchissent à plusieurs fois avant de parler, et qu’il faut savoir comprendre à demi-mot.

Et pourtant, malgré cet abord un peu abrupt, on sent les sentiments affleurer, les émotions jaillir parfois d’une manière à laquelle on ne s’attendait pas. Et j’ai aimé accompagner cette famille dans sa vie, faite de hauts et de bas, faite de décisions pas toujours simples, d’espoirs parfois minuscules et parfois hors de portée.

Avec ses chapitres qui sont autant d’instantanés dans la vie de cette famille, avec sa localisation dans le temps et dans l’espace qui n’est jamais précisée, comme si tout était un peu en suspens, Roy Jacobsen a écrit un roman tout simple, d’une écriture toute en retenue, un roman qui remplit parfaitement un des rôles que l’on attribue à la littérature, celui de nous faire vivre des vies que l’on n’aurait jamais pu imaginer sans elle. J’ai beaucoup aimé ce livre, donc, et je lirai les deux suivants, autant pour retrouver les personnages que j’ai aimés que pour retrouver la plume délicate de Roy Jacobsen, même si la lecture de ce seul tome se suffit à elle-même.
Commenter  J’apprécie          1612
Les invisibles

La vie simple mais aussi parfois compliquée d'une petite famille d'insulaires en Scandinavie; tel est le thème de ce remarquable roman qui séduit par son dépouillement et son rythme en accord avec les saisons, tellement déterminantes pour Hans et son clan. Pour survivre, car c'est de ça dont il s'agit, un travail constant est requis de la part de tous, enfants compris. Et que d'ingéniosité aussi pour exploiter la moindre ressource, que ce soit de la terre, des bêtes ou de la mer. Pourtant personne ne se plaint malgré les rigueurs des hivers et les mauvaises surprises que peut réserver la nature. La mort cependant viendra décimer peu à peu le clan initial; la relève, elle, réussira-t-elle à s'en sortir? Les personnages sont attachants, notamment la très courageuse Ingrid qui devra devenir adulte bien trop tôt. Histoire de famille, mais aussi histoire de gens simples, débrouillards, acharnés, et de leurs relations avec les voisins des autres îles et du village côtier. Une superbe lecture pleine de tranches de vie inspirantes et de gens courageux.
Commenter  J’apprécie          162
Les bûcherons

C'est l'histoire d'une homme, un peu simple d'esprit, qui, à l'orée de cette nuit de la Guerre d'hiver, décide de ne pas quitter son village, malgré la menace, et tente de sauver ce qui peut être sauvé... Un homme ordinaire, avec un destin extraordinaire... qui sauvera une poignée de laisser pour compte, des marginaux, au delà de la race, de l'âge, de la fonction sociale... Une belle histoire de résilience, de courage, de vie...
Commenter  J’apprécie          160
Les invisibles

Ingrid et sa famille vivent seuls sur une petite île de Norvège. La vie s’y déroule au fil des saisons : la pêche, la culture des pommes de terre, la récolte du duvet d’eider, la tourbe qu’il faut ramasser pour se chauffer l’hiver. Un quotidien harassant, dans un environnement peu clément mais chacun y a sa place et vit en harmonie avec la nature, avec l’océan qui nourrit mais qui emporte aussi la vie des marins quand il se déchaîne.

Ingrid a une enfance heureuse, protégée entre ses parents - Hans et Maria - son grand-père et sa tante Barbro. Enfant unique, elle est choyée et lorsqu’elle doit quitter l’île pour aller à l’école, c’est un déchirement. Puis, elle s’accommode de cela aussi.

L’auteur dans un rythme lent, mais jamais ennuyeux, décrit tout un monde de labeur et de rituels, à la fois exotique et intemporel. C’est poétique, parfois brutal, à l’image du climat, mais toujours profondément humain. Sur l’île Barrøy, du nom de la famille, on vit, on s’aime, on se tape dessus aussi parfois, on meurt en silence. J’ai beaucoup aimé le personnage de Hans, travailleur, créatif, jamais à court d’idée et de projet pour améliorer les conditions de vie de sa famille, bon père, mari aimant et frère bienveillant pour sa sœur qui ne sera jamais tout à fait adulte.

Un voyage apaisant, un très joli roman, des personnages forts et tendres qui luttent contre l’adversité sans jamais abdiquer.

Commenter  J’apprécie          150
Les invisibles

Ce premier volume d'une trilogie prometteuse a pour héroïne Ingrid Barroy, dont le lecteur suit ici les pas de son plus jeune âge jusqu'à l'adolescence.

L'histoire débute dans la 1ère partie du XXème siècle sur une petite île de la Norvège septentrionale, non loin des Lofoten. L'auteur décrit l'âpreté d'une vie quotidienne qui a pour cadre la mer, sa rudesse et sa beauté. La famille Barroy vit seule sur cette île perdue, repliée sur elle-même, du travail de la pêche et de l'agriculture, un labeur difficile sous ces latitudes. Le partage constant des tâches, une entraide familiale parfois délicate, vont faire grandir très vite la jeune Ingrid qui, alors qu'elle est à peine majeure, se retrouve propriétaire de la propriété et ses dépendances.

Ce roman a l'originalité de se dérouler comme une succession de brèves scènes de vie, celle vécue par ces îliens habitués à ne compter que sur eux-mêmes, et qui, éloignés de tout, sont quasi "invisibles" pour les autres. Entre la 1ère et la dernière de ces scènes, plusieurs années se sont lentement écoulées avec ses joies et ses drames, mais la dernière image laissée au lecteur porte en elle un symbole qui va illuminer le paysage et devenir peut-être riche de promesses pour l'avenir.
Commenter  J’apprécie          152
Mer blanche

Je n'ai lu aucun autre livre de cet auteur, et je découvre ici son style si particulier. J'ai eu l'impression de lire à contre-temps : je comprenais tout une demi-phrase plus tard. Étrangement, ce n'était pas si déplaisant.



Il se dégageait de son écriture et de son héroïne une impression de silence et de résolution. La première moitié qui évoque une histoire d'amour belle et muette en quasi huis-clos m'a beaucoup plu, mais j'ai failli abandonner ma lecture ensuite : il y avait trop de monde sur cette île norvégienne au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Commenter  J’apprécie          144
Les invisibles

Ingrid est une petite fille née en Norvège, sur une petite île. Elle grandit entre ses parents Hans et Maria Barroy, et auprès de son grand-père et de sa tante Barbro, jeune femme un peu déficiente.

Seule la famille Barroy vit sur cette île. Pour se rendre dans un village, pour faire des achats, pour rencontrer le pasteur, il faut prendre le bateau.

Au milieu d'une nature magnifique et hostile, la famille lutte pour la survie, Hans pêche et toute la famille cultive un lopin de terre. L'élevage des brebis et des poules rapporte un peu d'argent, avec le poisson.

De saison en saison, pluie neige orages et tempêtes succèdent à l'implacable soleil. Les conditions de vie sont difficiles, et Ingrid bientôt doit se rendre à l'école...

Ce livre d'à peine 200 pages, je ne l'ai pas très vite avalé. Il m'a fallu souvent revenir sur des descriptions, des dialogues. Roy Jacobsen offre ici une belle réflexion sur l'influence de la nature sur l'existence, et analyse avec beaucoup de finesse la psychologie et les rapports des membres d'une famille vivant en huis clos.
Commenter  J’apprécie          121
Mer blanche

J'ai beaucoup aimé ce roman, découvert grâce à Babelio et la LC d'octobre "littérature du Nord de l'Europe". Les résumés, éditeur et membre, qui présentent ce récit comme une histoire d'amour au milieu de la guerre, ne font pas honneur à la véritable envergure de ce roman beau et puissant. J'ai pris grand intérêt à découvrir la guerre et l'occupation vu côté norvégien. Les mêmes bateaux de déplacés (comme chez nous, la route de l'exode et les bateaux vers l'Angleterre), les collabos, les tickets de rationnement, mais ici, il y a également les îles qui se vident, la faim, le froid, la neige, et le courage de cette femme, Ingrid, seule au milieu de l'Histoire. Il y a les enfants victimes de la guerre, les ados au regard vide, les blessés, ceux qui ont tout perdu et ceux qui sombrent dans la folie. Ce n'est pas un roman d'amour, c'est une histoire de survie. C'est passionnant et bien écrit. L'écriture de l'auteur est sobre et puissante.
Commenter  J’apprécie          120
Les invisibles

La vie en autarcie, au fil des saisons, au fil des générations. Le monde qui évolue et qui arrive par petites touches, petits souffles ténus jusqu'à l'île Barroy.

Le vent qui n'arrête pas de souffler, les brebis qui agnellent, la mer qui amène ses déchets parfois intéressants, la morue qui sèche, les hivers glacés, les petits et grands travaux pour améliorer le quotidien.

Le grand-père qui vieillit, le père qui devient le patriarche quand son temps arrive.

Une famille survit grâce aux liens qui unit chaque membre avec les autres.

La vie sur une île au début du siècle, une famille.

Des petites scènes qui se succèdent et dévoilent discrètement les secrets et les souffrances...

On naît sur une île, invisible sur la carte, on peut la quitter un moment, mais pour y revenir.
Commenter  J’apprécie          120
Les invisibles

Un petit chef d'oeuvre d'émotion et de poésie, comme savent si bien les écrire les nordiques. Des descriptions magnifiques des paysages arides et de l'utilité de ces iliens aux rapports très particuliers avec la mer et la terre. Un auteur que j'ai plus envie de découvrir et un livre que je recommande.
Commenter  J’apprécie          120
Mer blanche

Tout avait pourtant bien commencé : novembre 1944, sur une île perdue du nord de la Norvège Ingrid recueille un naufragé. Il s'avère peu à peu qu'il s'agit d'un prisonnier russe rescapé d'un navire de guerre allemand bombardé par les Anglais. Elle le sauve, ils s'aiment, malgré les difficultés de communication. Et puis le livre s'enlise. Il s'éternise sur les gestes quotidiens d'Ingrid, l'ennui me prend, je m'accroche et je laisse tomber à la page 154. C'est rare, cela arrive parfois, étonnamment le plus souvent avec des récits écrits au présent. Je m'en veux de cet échec avec ce premier contact avec la littérature norvégienne qui fait donc un flop !
Commenter  J’apprécie          113
Le prodige

Qu'est-ce que l'on comprend à la vie du haut de ses 9 ans ? Dans Le prodige, Roy Jacobsen raconte les bouleversements qui interviennent dans la vie de cet enfant. Une mère instable et au comportement souvent incompréhensible, une demie-soeur fragile qui apparait soudainement, des personnages secondaires qui sont autant de mystères à décrypter. La plume de l'écrivain norvégien est douce même quand elle évoque les moments les plus douloureux. Ce roman d'apprentissage, d'une veine très classique, ne manque pas de séduction, notamment dans l'amour inconditionnel que porte le garçon à sa mère avec tout l'acharnement qu'il met pour lui rendre la vie moins douloureuse. En laissant un certain nombre de faits dans l'ombre, Roy Jacobsen ne facilite cependant pas la tâche du lecteur qui doit lui-même combler les blancs du récit. Le livre est agréable mais peine à se détacher de la cohorte de romans consacrés au thème de l'enfance et de la formation.
Commenter  J’apprécie          110
Les yeux du Rigel

Le 27/11/1944, le navire MS Rigel qui transportait des prisonniers de guerre, principalement d'origine russe, a été coulé au large des côtes septentrionales de la Norvège par un avion britannique. A partir de ce fait de guerre avéré, qui fit plus de 2500 morts, Roy Jacobsen rédige une fiction, une "petite" histoire dans la "Grande", avec pour héroïne Ingrid Barroy , une jeune femme de 35 ans dont l'enfance a été racontée dans "Les invisibles".

Alors qu'elle vit désormais seule sur son île natale du Nordland, elle va recueillir, soigner et aimer un jeune russe rescapé du naufrage. "Mer blanche" raconte cette rencontre fortuite, et cette relation qui dura jusqu'à l'été 1945.

"Les yeux du Rigel" sont ceux de la petite Kaja née de cette brève liaison, ces yeux dont la couleur et l'expression vont constituer une sorte de passeport pour le long voyage que la mère et l'enfant vont entreprendre un an plus tard à travers la Norvège intérieure, dans le but de retrouver la trace d'un homme dont on ignore tout, ou presque. Ce périple hasardeux évoque ainsi la quête courageuse d'une femme à la recherche d'un amour dont elle rejette obstinément le caractère éphémère. C'est aussi pour elle un itinéraire d'apprentissage, fait de multiples rencontres, au coeur d' un pays qui panse difficilement les blessures nées d'une longue occupation étrangère.

L'écriture restitue plutôt bien l'âpreté des paysages, la rudesse de la vie dans ces contrés sauvages, et surtout la beauté sans artifices d'une femme solitaire et digne.

Une trilogie intéressante.
Commenter  J’apprécie          100
Les vainqueurs

Le préalable de la quatrième de couverture est saisissant :

« Alors oui, ici, il y a des histoires, un tas d'histoires, mais pas du genre qui s'entassent dans les livres et les bibliothèques, qui se lisent et qui durent, qui passent de génération en génération, non, ici, les mots sont arrachés par le vent à l'instant où ils sont prononcés ».

Une simple histoire familiale racontée avec une langue rugueuse, compacte qui murmure la vie, la douleur, les joies et les malheurs de tous les jours d’une famille norvégienne des années 1927 de la côte du Helgeland jusqu’à Oslo dans les années 1990.



Dans la première partie, c’est Marta, la narratrice. Elle nous fait découvrir la vie dans cette Norvège des années 1920, une vie âpre, où la faim et l’isolement remplissent tout l’espace dans une nature encore indomptée. Nous partageons ses émotions, ses amours pour cette famille pas vraiment gâtée par la vie, qui se débrouille comme elle peut pour survivre et qui ose tenter sa chance pour sortir de sa condition.



Dans la seconde partie, nous devenons citadin et accompagnons Marta qui laisse la narration à un de ses fils, le plus jeune, Rogern. Le ton change … c’est un petit mec qui nous parle de son vécu, des petites choses du quotidien dans la banlieue d’Oslo … c’est un petit gars qui détaille ses grands soucis d’ado, les relations avec ses frères, avec sa bande et bien sûr avec les filles … c’est un jeune adulte qui voit le monde autour de lui changer, les copains qui s’éloignent, la mère victime du temps qui passe.



Un gros pavé qui ne peut laisser indifférent, on ressent le vécu qui nous rappelle tant de souvenirs communs, les réflexions, les sentiments, les incertitudes, …

L’écriture est linéaire, chronologique, plutôt compacte alors parfois, on reste assommé par la place que peuvent prendre des petits tourments.

J’ai adoré la première partie, je suis restée un peu plus neutre dans la seconde, peut-être parce que je suis une fille et que c’est un garçon qui nous raconte son histoire.

Un gros pavé, il faut oser prendre son élan pour se lancer dans cette saga, mais ça vaut le coup!
Commenter  J’apprécie          100
Les vainqueurs

Ce roman norvégien traverse le 20é siècle mais par deux styles d'écriture différents.

La première partie retraçant l'enfance de Marta, est absolument magnifique, ma préférée. Après quelques pages un peu déboussolantes de par la structure des phrases, on adhère ensuite totalement au parler de ce peuple ; peuple si travailleur mais restant toujours et encore si pauvre.

J'avais le sentiment de lire un Victor Hugo norvégien du 20é siècle.

Roy Jacobsen a réussi à entrer dans le cerveau de ces braves gens, de ces enfants si adultes avant l'heure, à tenir un tempo très fort, tout en prenant le temps de dépeindre ces coeurs plein d'amour pour les leurs. Les enfants et la famille y ont une place centrale. C'est beau à lâcher une larme.

La pauvreté, et surtout la grandeur d'âme des personnages, créé un trouble indéniable.

Le style est cru, à l'arrache, et très vite accrocheur. On vit à leur rythme, on colle à leur pauvreté mais aussi à la beauté de leurs sentiments.

Dans la seconde partie, on traverse la deuxième moitié du siècle en accompagnant le fils de Marta, Rogern. Là, le rythme nous est plus familier mais tout aussi intéressant.

Belle balade norvégienne.
Commenter  J’apprécie          100
Les invisibles

J’ai aimé passionnément le décor, au point de négliger – presque – les personnages. Un roman de terroir norvégien. Une ile-confetti située tout au nord, habitée par une unique famille en quasi autarcie, au début du 20è siècle.





Le climat, tantôt très hostile, tantôt clément ; la nature et les bêtes dans toute leur splendeur. C’est tout le contraire d’un page-turner, j’avance lentement car j’aime m’imprégner de détails. Envoutant.





Sans doute, je fais tort aux personnages d’en parler si peu - ces vaillants laboureurs de la mer et de la terre. Hé oui - ce roman s’appelle Les Invisibles.





Pour les Norvégiens, cette œuvre de R Jacobsen est un chef d’œuvre moderne, un succès critique et un bestseller.





Merci à HordeDuContrevent pour son excellente critique.

Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roy Jacobsen (457)Voir plus

Quiz Voir plus

Au Louvre

Dans quel roman d'Émile Zola peut-on lire une scène dans laquelle se déroule une visite du Louvre le jour du mariage de Gervaise et de Coupeau?

Au bonheur des Dames
L'Assommoir
Nana

8 questions
22 lecteurs ont répondu
Thèmes : louvre , musée d'art moderne de new york , Paris (France) , culture générale , littérature , peinture , peintre , cinema , adaptation , adapté au cinémaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}