Citations de Ruth Ware (198)
Harrington Echo, 26 septembre
UNE TOURISTE LONDONIENNE
PORTÉE DISPARUE
AU COURS D'UNE CROISIÈRE
SUR UN BATEAU NORVÉGIEN
Tu vas mourir ici.
Personne ne le saura.
Oh mon Dieu. Oh mon Dieu oh mon Dieu oh...
C'était comme si tout l'amour dans ce vieux coeur retors, toute la tendresse, toute la douceur, s'étaient portés sur une seule personne, concentrés en un unique faisceau d'adoration si farouche que Hal avait l'impression qu'il aurait pu lui brûler la peau.
La femme qui sortit sous l'auvent avait une quarantaine ou une cinquantaine d'années, très ronde, avec des boucles teintes d'une nuance de jaune légèrement improbable, semblable aux soucis mouillés qu'elle portait encore sur la tête.
J'avais envie d'écrire dans mon journal, comme je le fais toujours quand c'en est trop - tout laisser sortir sur la page, comme dans une saignée, laisser l'encre et le papier absorber tout le chagrin et la colère et la peur jusqu'à ce que je puisse de nouveau les encaisser.
Quelque chose s'est contracté dans le creux de mon ventre. je m'étais retrouvée trop souvent dans cette situation pour ne pas reconnaître le tour qu'elle était en train de prendre. Mon premier boulot après le lycée, celui de jeune serveuse, avec un patron qui me faisait miroiter une augmentation en me complimentant sur mon soutien-gorge fuschia. D'innombrables tordus, lors d'innombrables sorties, qui se mettaient entre moi et la porte. Les pères en rut à la crèche, qui tentaient d'attirer la sympathie en se plaignant de leurs femmes en dépression post-partum, qui ne les comprenaient pas...
Bill était l'un d'entre EUX.
Depuis l'autre canapé, Clare les contemplait et je me suis brusquement aperçue que moi je la regardais, me rappelant combien elle aimait observer, lancer une remarque, comme un galet dans un étang, et se retirer discrètement pour étudier les cercles tandis que les gens se bagarraient.
Les enfants de cinq ans peuvent se montrer d'une cruauté inimaginable. Ils disent des horreurs qu'un adulte n'oserait pas, se permettent des commentaires désobligeants sur le physique, la famille, la façon de parler, l'odeur corporelle, les tenues vestimentaires.
Le temps guérit la peine, dit-on, mais ce n'était pas vraiment, du moins pas tout à fait. La plaie à vif du deuil s'était refermée, oui, la peau s'était reformée. Mais la cicatrice qu'elle avait laissée ne guérirait jamais. Elle serait toujours là, douloureuse et sensible.
Hal sentit le sang quitter son visage, et son pouls se mit à cogner dans ses oreilles, sifflant comme les vagues qui s'écrasaient sur la plage.
C'est à peu près ce que j'ai dit à Ali [ son mari] quand ils m'ont donné Nadia pour que je la ramène à la maison, à la maternité. Je fais quoi, maintenant , bordel !
Est-ce si étonnant qu'on soit arrivées à cet âge vénérable ? Je sais que j'avais un poster " Vivre vite, mourir jeune " au dortoir, mais il ne fallait pas le prendre au premier degré.
C'était terrifiant, tout ce qu'on pouvait trouver sur Internet.
Il n'y a aucune raison, en théorie, que j'ai besoin de ces cachets pour affronter la vie. J'ai eu une enfance très heureuse, des parents aimants - rien à redire. Je n'ai pas été battue ou violentée, et on exigeait pas de moi de n'obtenir que des A. Je n'ai connu qu'amour et encouragements. Mais pour une raison ou pour une autre, ça n'a pas été suffisant.
Est-ce que ça allait être comme ça , dorénavant ? Est-ce que j'allais devenir ce genre de fille qui panique à l'idée de faire le trajet entre le métro et son appartement, ou de passer la nuit toute seule chez elle sans son mec ?
Non, pas question, putain . Je "refusais " de devenir ce genre de fille.
Sur ce, Maud à pris le morceau de cabillaud tout flasque à pleines mains et se l'est fourré dans la bouche. J'ai cru entendre les arêtes craquer sous ses dents.
Au bout d'un moment, il a arrêté de dormir. Il faisait les cent pas toute la nuit. Puis il est devenu fou. Les gens deviennent fous, tu sais, si on les empêche de dormir suffisamment longtemps.
Un intolérant au lactose, un régime sans gluten, trois végétariens. Pas de végan. Ça va être simple.
Ma mère était une femme aigrie, toxique, et son seul but dans la vie était de répandre son poison aussi loin que possible.
Nous voulions absolument vivre ici, nous intégrer à la communauté, vous comprenez ?
J'ai hoché la tête, comme si le dilemne de la résidence secondaire faisait partie de mon quotidien.