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Citations de Ryûnosuke Akutagawa (114)


Je sentais avec toutes les cellules de ma peau leurs yeux posés sur mon dos; leurs regards qui me vrillaient le corps comme des décharges électriques.
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Dix ans plus tôt non plus je n'étais pas heureux. Mais j'étais au moins en paix.
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Tout me faisait de plus en plus figure d'imposture. La politique, l'économie, l'art, la science,... ce n’était ni plus ni moins qu'un vernis multicolore qui masquait l'horreur de la vie humaine.
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[...] ...

La Magicienne.

Shinzô s'était avancé dans la pièce suivante ; il posa sans se gêner un coussin sous ses genoux et regarda autour de lui. L'endroit était conforme à ce qu'il avait imaginé : la suie noircissait le plafond et les poutres de cette misérable pièce de huit tatamis mais, assis en face de l'endroit où il se trouvait assis, on découvrait un espace surélevé d'une vingtaine de centimètres, orné d'une peinture sur rouleau où était calligraphié le nom de Baisara Daijin [= divinité bouddhique, tantôt bienveillante, tantôt très dangereuse]. Sous le rouleau s'alignaient soigneusement un miroir, un flacon de saké et trois où quatre bâtonnets de bois d'où pendaient des morceaux de papiers rouges, bleus et jaunes. A gauche se trouvait la véranda qui donnait sur la rivière Tategawa, vous vous rappelez, la rivière Tate ? N'était-ce qu'une illusion ? Il crut entendre le clapotis de l'eau qui retentissait sur les cloisons de bois hermétiquement closes. J'en viens maintenant au personnage qui nous occupe. Assise devant une commode, légèrement décalée par rapport au côté droit de l'alcôve, sur laquelle s'entassaient pêle-mêle boîtes de gâteaux, bouteilles de limonade, sachets de sucre, des oeufs même, autant de cadeaux que des clients lui avaient faits, une vieille femme corpulente, aux cheveux coupés courts, le nez épaté, une grande bouche dans un visage bouffi au teint blafard, occupait à elle seule la surface d'un tatami. Le col de son kimono non doublé de tissu noir était largement échancré. Elle dissimulait à moitié ses yeux sous des paupières aux cils clairsemés, et, tenant croisées ses mains aux doigts boudinés, elle trônait lourdement, tel le dieu des torrents et des bois.

J'ai dit tout à l'heure que sa voix faisait penser au coassement d'un crapaud, mais quand on l'avait sous les yeux, on se sentait l'envie de préciser : elle faisait penser à un crapaud, certes, mais, plus exactement, elle évoquait de façon indescriptible le spectre d'un crapaud à forme humaine, sur le point de cracher sa bave venimeuse. Et Shinjô avait beau vouloir faire le fier, il ne sentit pas moins la frayeur l'envahir, au point qu'il redouta même que la lampe au dessus de sa tête ne se mît à faiblir. ... [...]
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LA VIE D'UN IDIOT
Il la rencontra par hasard dans l'escalier d'un hôtel. Même ainsi en pleine journée, son visage semblait baigner dans le clair de lune. Tandis qu'il la suivait du regard (ils ne se connaissaient pas même un peu), il ressentit une tristesse jusqu'alors inconnue ...
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LA VIE D'UN IDIOT
Il se trouvait au premier étage d'une librairie. Il avait vingt ans. Perché sur une échelle de style européen appuyée contre les rayons, il cherchait de nouveaux livres, Maupassant, Baudelaire, Strinberg, Ibsen, Shaw, Tolstoï ...
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LE MAÎTRE
Il lisait un livre du Maître à l'ombre d'un grand chêne. Dans la lumière du soleil d'automne, pas une feuille ne bougeait. Au loin, dans l'espace, une balance aux plateaux de verre observait un équilibre rigoureux. Telle était l'image qu'il ressentait en lisant le livre du Maître ...
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On va incendier un char toituré de feuilles de palmier. Je m'arrangerai pour mettre une femme ravissante en costume de dame de cour. Une femme dans un char, qui agonisera et se tordra au milieu de flammes et de fumées noires ! Tu as eu l'idée de la dessiner ! Décidément, tu es le premier peintre entre le ciel et la terre. Je te félicite ! Oui, je te félicite !
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[...] ... Ainsi par exemple, l'hiver, s'il vous est arrivé de vous promener tard le soir dans la grande avenue de Ginza, je suis certain que votre œil a été attiré par les papiers qu'on avait jetés sur l'asphalte (il y a bien une vingtaine, si on les compte) qui se retrouvent en un seul endroit à voltiger au vent. Si ce n'était que cela, je n'éprouverais pas le besoin de vous le faire remarquer, mais je voudrais attirer votre attention sur les endroits précis où les papiers tourbillonnent. Entre Shinbashi et Kyôbashi, il y en a immanquablement trois du côté gauche, et un à droite ; par-dessus le marché, ce sont sans exception des endroits proches d'un carrefour, ce qui m'incline à penser qu'il n'est pas impossible que le phénomène ait un rapport avec l'atmosphère. Mais si vous y prêtez un peu plus attention, vous constaterez que dans tous les tourbillons, quels qu'ils soient, se trouve mêlé un papier de couleur rouge - publicité pour le cinématographe, bout de mouchoir déchiré, ou encore marque de boîte d'allumettes -, bref, si les objets sont d'une extrême diversité, il reste qu'immanquablement on constate la présence de la couleur rouge. Et alors qu'on croyait que le vent allait emporter tout d'un même élan, seul le papier rouge s'élève bien droit, avant de se mettre à tournoyer. Alors, du léger nuage de poussière qu'il soulève, parvient une voix à peine perceptible, puis les papiers blancs qui étaient épars çà et là s'évanouissent brusquement dans le ciel au-dessus de l'asphalte. Non, ils ne disparaissent pas. Formant bientôt un cercle, ils se mettent à tourbillonner sans discontinuer. Il en va de même lorsque le vent tombe, et selon mon expérience jusqu'à ce jour, c'est le papier rouge qui cesse le premier de voltiger. Parvenu à ce point, je pense que de vous-même, vous allez trouver étrange ce comportement. Il va sans dire que je m'interroge également. En fait, il m'est arrivé à deux ou trois reprises de m'arrêter dans la rue pour observer, à travers le large reflet d'une vitrine proche, la danse ininterrompue des papiers. Je ne vous cache pas que c'est parce que j'avais le sentiment qu'en fixant ainsi mon attention à ce moment, il me serait donné d'entrevoir, ne fût-ce que vaguement, comme dans un halo, des choses que l'œil humain ne voit pas d'ordinaire, même si cette vision devait être aussi floue que le vol d'une chauve-souris dans l'air du soir. ... [...]
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[...] ... Parmi ceux qui connaissaient la nature des liens unissant Nobuko à son cousin, il ne faisait de doute pour personne qu'ils finiraient un jour par se marier. Les compagnes de Nobuko enviaient l'avenir auquel elle semblait promise, la jalousaient même. Plus particulièrement encore, celles qui ne connaissaient pas Shunkichi (Comment ne pas trouver cela cocasse ?) étaient les plus affirmatives quant à l'éventualité de leur mariage. Nobuko, de son côté, tout en démentant leurs suppositions, les avivait sans le vouloir. Ainsi, jusqu'à sa sorite de l'université, l'image du couple que formaient les deux silhouettes inséparables de la jeune fille et de Shunkichi resta gravée dans l'esprit de Nobuko, comme une photo de mariage.

Mais, une fois ses études terminées et contrairement à toutes les prévisions, Nobuko se maria inopinément avec un jeune homme qui sortait d'une école supérieure de commerce et venait d'entrer dans une entreprise dont le siège était à Ôsaka. Deux ou trois jours après la cérémonie, elle partait en compagnie de son jeune époux. Aux dires de ceux qui allèrent raccompagner le jeune couple à la Gare Centrale, Nobuko, toujours égale à elle-même, arborait un sourire radieux et prodiguait des paroles de consolation à sa sœur Teruko qu'un rien faisait pleurer.

Toutes les camarades d'université de Nobuko s'interrogèrent. Etrangement, la joie se mêlait à leur étonnement en même temps qu'une forme de jalousie, sensiblement différente de celle qu'elles avaient ressentie naguère. Et si certaines ne doutaient pas de la sincérité de Nobuko et mettaient tout sur le compte de sa mère, d'autres ne se gênaient pas pour murmurer que les sentiments de la jeune fille avaient dû changer. Néanmoins, elles-mêmes devaient bien se douter que leur interprétation des faits n'était rien d'autre que le produit de leur imagination. Pourquoi donc Nobuko n'avait-elle pas épousé Shunkichi ? Elles furent toutes pendant quelque temps à se poser question sur question, et leur conversation finissait toujours par tomber sur cet événement. Au bout de deux mois environs, elles avaient totalement oublié Nobuiko ... De même bien sûr que la rumeur concernant le roman qu'elle était censée écrire, qui s'était évanouie sans laisser de trace. ... [...]
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Les rues électrisées de lumière où se pressait la foule éveillaient toujours en moi le même malaise. Sachant que je ne pourrais sans doute jamais supporter de rencontrer quelqu’un que je connaissais, je m'en allais comme un voleur, choisissant autant que possible les ruelles obscures.
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Yuzi de Shouling dont parle Han Feizi et qui, avant d'assimiler la façon de marcher de Handan, avait fini par oublier celle de Shouling, son pays natal qu'il avait regagné en rampant comme un reptile.
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Ryûnosuke Akutagawa
Qu'un être humain s'avise de perdre une jambe, elle ne repoussera jamais. Le lézard, lui, on pouvait bien lui couper la queue : il s'en fabriquait aussitôt une de rechange.
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Ryûnosuke Akutagawa
L'enseignement n'est pas une profession. Je crois qu'il serait plus juste de dire que c'est une vocation.
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