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Citations de Ryûnosuke Akutagawa (114)


"Engrenage"_

Je partis à travers le corridor désert rejoindre la chambre que j'avais réservée. Ce couloir me faisait davantage songer à une prison qu'à un hôtel. On m'avait apporté dans ma chambre, chapeau, manteau et sacoche. Quand j' aperçus le manteau accroché au mur, j'eus l'impression de me voir moi, debout.
Je m'empressai de le fourrer à l'intérieur de l'armoire qui se dressait dans un coin de la pièce. Je m'approchai alors du miroir et restai longuement à contempler mon double. Le miroir reflétait un visage osseux et décharné. L'image d'un asticot se dessina alors nettement dans la tête de l'homme qui se trouvait devant la glace.
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Il rencontra une femme qui pouvait, même par l’esprit, se mesurer à lui. Mais il composa un poème lyrique - Celle qui vient du nord - et échappa ainsi quelque peu à ce danger. Il éprouva la même douloureuse sensation que s’il ôtait d’un tronc d’arbre une écorce de glace étincelante.


Emporté par le vent le chapeau de paille,
Sur le chemin un jour retombera
Que m’importe mon nom
Je n’adore que le tien.
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Je peuplais l’univers du récit d’animaux surnaturels; l’un d’eux n’était du reste rien d’autre que mon autoportrait
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Ce fut le moment le plus terrifiant de toute ma vie. - Je n'ai plus la force de continuer à écrire. Vivre dans ces conditions m'est devenu une souffrance intolérable. Ah! Si quelqu'un pouvait avoir le geste de m'étrangler tout doucement pendant mon sommeil...
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Je vis a présent dans le plus malheureux des bonheurs. Mais, aussi étrange qu'il puisse paraître, je ne regrette rien. Je plains seulement ceux qui ont eu le mauvais mari, le mauvais père, le mauvais fils que je suis.
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Goi,de nature timide,n'avait jamais manifesté ,par crainte de mécontenter les autres ,la sympathie qu'il éprouvait à l'égard de quelqu'un.
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Bientôt, la vieille femme planta la torche entre les planches de la galerie et, posant ses mains sur la tête du cadavre qu'elle venait de contempler, se mit à retirer un à un, à la manière d'une guenon épouillant son petit, les longs cheveux qui, avec le mouvement de ses mains, semblaient s'arracher sans peine.
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Mais rien n'était plus surprenant que le regard apparemment satisfait avec lequel le peintre contemplait l'agonie de son unique fille. A ce moment, Yoshihidé incarnait cette solennité exaltée, par on ne sait quelle force, élevée au-dessus de l'humain [...].
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[...] ... Tokuzô avait viré les brancards et s'était approché.

- "Tu te donnes bien de la peine, Tokuzô ! Où es-tu donc allé ?

- Eh bien aujourd'hui, Mademoiselle visite Edo !"

Mon frère s'approcha de la voiture, un sourire narquois aux lèvres.

- "Tsuru ! Prends donc cette lampe et emporte-la à la maison, puisque tu y seras avant moi. J'en profiterai pour passer chez le marchand d'huile."

Je pris la lampe qu'on me tendait, mais notre dispute était encore fraîche et je fis exprès de ne rien répondre. Mon frère avait repris sa marche quand brusquement il se retourna et, posant la main sur le garde-boue, il me lança : "Tsuru ! Tu ne dois plus parler à papa des poupées, c'est compris ?"

Je ne répondis rien. Mais intérieurement, je me disais : "Comme s'il n'avait pas été assez méchant déjà ! Il faut encore qu'il me tourmente !"

Mon frère poursuivit à voix basse, sans se soucier de ce que je pouvais éprouver :

- "Si Père te défend de les sortir des boîtes, ce n'est pas parce qu'il a reçu un acompte, non, c'est parce que tout le monde éprouvera du regret si on les voit encore une fois. Tu saisis ? Si tu as compris ce que je viens de t'expliquer, tu ne dois plus te laisser aller à dire ce que tu as dit tout à l'heure."

Je perçus dans la voix de mon frère une intonation affectueuse que je n'avais encore jamais sentie jusqu'alors. Mais il ne fallait pas croire au miracle car personne n'était plus étrange que mon frère. A peine avait-il parlé de cette voix douce que l'instant d'après il me menaçait :

- "Bien sûr, si tu veux continuer à faire l'enfant, je ne t'en empêche pas. Mais je te préviens qu'il t'en coûtera !"

Il avait parlé d'un air mauvais et il hâta le pas avant de disparaître, sans même saluer Tokuzô. ... [...]
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Heikichi ne comprenait pas pourquoi il mentait autant. Les mensonges lui venaient spontanément à la bouche, sans qu’il ait l’intention de les proférer, dès qu’il se mettait à bavarder avec quelqu’un. Toutefois, il ne s’en souciait pas outre mesure. Il n’avait pas l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Aussi mentait-il chaque jour sans scrupule.
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Ivre, il ne l’était que par moments, alors qu’il était sobre la plupart du temps. C’est pourquoi on pouvait croire que le vrai Heikichi était celui qui ne buvait pas, mais lui-même hésitait étrangement à trancher cette question, parce que, à y réfléchir, les actes qu’il considérait comme ridicules, c’était généralement lorsqu’il était ivre qu’il les avait commis. Il ne s’agissait pas seulement de sa danse grotesque. Il jouait aussi aux cartes. Et il fréquentait les filles. Parfois même, il faisait des choses qu’il m’est impossible d’écrire ici. Dans ces cas-là, il ne pouvait concevoir qu’il avait tous ses esprits.
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Cependant, si Heikichi buvait, ce n’était pas uniquement, comme il le disait, par nécessité physiologique. Psychiquement non plus, il ne pouvait se passer de boire. En effet, l’alcool lui donnait de l’assurance et lui permettait de se sentir un peu moins gêné avec les gens. Il dansait quand il en avait envie. Il dormait quand bon lui semblait. Personne ne lui en faisait le reproche. Pour lui, c’était la chose la plus agréable qui soit.
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On voyait bien que, l’alcool aidant, son corps ne lui obéissait plus, car il lui arrivait de perdre l’équilibre et de n’agiter bras et jambes que pour éviter de passer par-dessus bord.
Il n’en était que plus drôle et, sur le pont, les cris et le tapage redoublaient. Les gens, tout en riant, échangeaient alors les commentaires les plus divers  : «  C’est quoi, cette façon de se tenir  !  », «  Pour qui il se prend, celui-là  ? D’où est-ce qu’il sort  ?  », «  Ce qu’il est marrant  ! Oh, il a failli s’étaler  !  », «  Il ferait mieux de danser quand il n’a pas bu  ». Telle était l’ambiance du moment.
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La plaine où résonnaient les fers des chevaux était, à perte de vue, couverte de roseaux morts. Les étangs qui se trouvaient çà et là reflétaient l'azur du ciel en une telle frigidité que cet après-midi d'hiver semblait s'y glacer tout simplement.
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"Seulement, moi, je brandis le sabre que j'ai à la ceinture, tandis que vous, vous n'en usez pas: vous tuez par le pouvoir, par l'argent ou même au moyen d'une simple parole d'apparence bénigne. Evidemment, le sang ne coule pas. La victime continue à vivre. Mais vous ne l'en avez pas moins tuée! Du poins de vue de la gravité de la faute, je me demande qui de nous, vous ou moi, est le plus criminel". (Le voleur dans "Dans le fourré")
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Rassemblant ses dernières forces, il voulut rédiger son autobiographie. Mais cela fut plus difficile qu'il ne l'avait imaginé...
C'est pourquoi il avait entrepris d’écrire brièvement sa "Poésie et vérité".
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Je n'ai plus la force de continuer à écrire. Vivre dans ces conditions m'est devenu une souffrance intolerable. Ah! Si quelqu'un pouvait avoir le geste de m’étrangler tout doucement pendant mon sommeil...
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C'est drôle, mais c'est au moment où l'on pourrait croire que l'on s'est détaché du monde humain que s'affirme avec une violence accrue une cupidité bien humaine...
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Pourquoi cette avion avait-il justement choisi de passer au dessus de ma tête plutôt qu'ailleurs? Pourquoi ce maudit hôtel ne vendait il que des Air Ship?
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J'ouvris une troisième lettre, elle était de mon neveu : "Je t'envoie une nouvelle edition du recueil de poèmes Lumières Rouge..."
Lumière rouge! Quelque chose me narguait, je le sentais, il fallait fuir cette chambre.
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