Citations de S. J. Watson (270)
Je n'arrive pas à imaginer comment je supporterai de découvrir que la vie est derrière moi, qu'elle s'est déjà déroulée et qu'il n'en reste pas une trace. Pas de coffre aux trésors plein de souvenirs, Pas la moindre richesse issue de l'expérience, Pas de sagesse accumulée à transmettre. Que Que sommes nous d'autre que la somme de nos souvenirs ?
Lu en un temps record tellement j'ai été happée par cette histoire... deuxième livre lu de cet auteur, toujours autant captivée.
J'aspire à un sol ferme, à quelque chose de réel, quelque chose qui ne disparaîtra pas pendant mon sommeil. J'ai besoin de jeter l'ancre quelque part.
Ce livre est très bien écrit
L'histoire est tellement captivante qu'elle a fait l'objet d'un film avec nicole kidman.
Un peu différent du livre (sur des détails techniques) mais pas trop.
Je suis entrain de flotter, sans le moindre ancrage, à la merci de la première brise.
Je mène peut-être une vie au cours fragmentaire, mais au moins, les fragments sont assez importants pour que je manifeste un semblant d’indépendance. J’imagine que cela signifie que j’ai de la chance.
Mon nom est Christine Lucas. J'ai quarante-sept ans. Je suis amnésique. Je suis assise ici, sur ce lit inconnu, en train d'écrire mon histoire, vêtue d'une nuisette en soie que l'homme qui se trouve au rez-de-chaussée - qui me dit être mon mari, et s'appeler Ben - m'a apparemment achetée pour mon quarante-sixième anniversaire. La pièce est plongée dans le silence et la seule lumière est celle de la lampe posée sur la table de nuit, une douce lueur orangée. J'ai l'impression de flotter, suspendue dans un nuage de lumière.
L'âge nous rattrape tous, me suis-je dit tandis qu'il levait les yeux. De manière différente.
Je sors le journal de mon sac.
Je me sens tendue. Je ne sais pas ce que je vais trouver dans ce livre. Ce qui va choquer et surprendre. Quels mystères. Je vois l'album photos posé sur la table basse. Il s'y trouve une version de mon passé, choisie par Ben. Le volume que je tiens en contient-il une autre? Je l'ouvre.
La première page est blanche, sans lignes. J'ai écrit mon nom à l'encre noire au milieu. Christine Lucas. Je m'étonne de n'avoir pas écrit Personnel! en dessous. Ou Lecture interdite! Quelque chose a été ajouté, quelque chose d'inattendu, de terrifiant. De plus terrifiant que tout ce que j'ai vu aujourd'hui. (...) Mais il n'y a rien que je puisse faire. Je tourne la page. Je commence à lire l'histoire de ma vie.
Je me suis tournée vers lui. Le vent soufflait en rafales au sommet de cette colline, je sentais le froid dans mes jambes. Un chien a aboyé quelque part. Je n'étais pas sûre de savoir jusqu'où aller ; il sait que je ne me souviens absolument pas de lui.
Je voyais bien qu'il était triste lui aussi, mais son expression paraissait déjà nuancée d'autre chose. C'était peut être de la résignation ou de l'acceptation, mais pas un choc.
Dans un frisson,j'ai compris qu'il avait déjà fait tout cela auparavant. Son chagrin n'est pas nouveau. Il a eu le temps de se déposer au fond de lui,de devenir partie intégrante de son vécu, il n'est plus un séisme qui l ébranle.
« Mais elle se trouve là, dans cette boite, et je suis ici, devant la boite, incapable même de pleurer. C’est impossible à croire et, quelque part, je sais que je l’ai abandonnée. «
"Je suis né demain
Aujourd'hui je vis
Hier m'a tué"
Parviz Owsia
Peut-être que tout cela n’était qu’une invention. Une création de mon imagination, pas un souvenir. Etait-il possible que, incapable de saisir le simple fait d’un accident sur une route verglacée, j’aie tout inventé ? Si c’est le cas, ma mémoire ne fonctionne pas. Les choses ne me reviennent pas. Je ne vais pas de mieux en mieux, je suis en train de devenir folle.
Mon cerveau s'est figé un instant, puis s'est lancé dans une activité folle. Il a trébuché, s'est heurté aux arrêtes aiguës de la révélation, le fait que non seulement j'avais porté un enfant, et je le portais au moment où cette photo avait été prise dans ma salle à manger, mais je le savais, j'en étais heureuse.
Cela n'avait aucun sens. Que s'était-il passé ? L'enfant devait avoir... quel âge ? dix-huit, dix-neuf, vingt ans aujourd'hui ?
Mais il n'y avait pas d'enfant me dis-je. Où est mon fils ?
-Je veux savoir, j'ai besoin de savoir."
(...)
- Tu ne veux pas tout savoir, quand même?
Je reste aussi immobile que possible. Généralement, je parviens à me rappeler comment je me mets dans des situations pareilles, mais pas aujourd'hui. Il y a dû y avoir une fête, ou une sortie dans un bar ou dans une boîte. J' ai dû pas mal picoler. Au point que je ne me souviens plus de rien. Au point d'être rentrée avec un homme qui a une alliance au doigt et des poils dans le dos.
Je replie les couvertures aussi doucement que je le peux et m'assois au bord du lit. D'abord, il faut que j'aille aux toilettes. J'ignore les pantoufles posées à mes pieds - après tout, se faire sauter par le mari est une chose, mais je ne pourrais jamais enfiler les chaussures d'une autre femme - et j'avance à pas de loup jusqu'au palier. Je me rends compte que je suis nue, et j'ai peur de choisir la mauvaise porte, de tomber par hasard sur un locataire, un fils adolescent.
Nous changeons toujours les faits, nous réécrivons toujours l'histoire pour nous rendre la vie facile, pour la faire coincider avec la version des événements que nous préférons. Nous le faisons automatiquement. Nous inventons des souvenirs. Sans y penser. Si nous nous répétons suffisamment souvent que quelque chose a eu lieu, nous finissons par le croire, et ensuite nous pouvons nous en souvenir
Comme mon corps m'est étranger! Comme il m'est inconnu. Comment puis-je être heureuse de l'offrir à quelqu'un d'autre, alors que je ne le reconnais pas moi-même?
Pendant un moment, il me donne l'impression qu'il ferait n'importe quoi pour moi. C'est comme si le fait de partager un secret nous avait déplacés dans un territoire différent, nous avait réunis sur la ligne grise qui flotte entre l'ombre et la lumière sur la lune, celle qui sépare la nuit du jour.