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Citations de Sandrine Collette (1581)


Alors je ferme les yeux et je n’entends plus que le pas des chevaux dans l’eau, ça fait une fontaine un ruisseau le bruit d’un oiseau qui se baigne dans une flaque après la pluie. Je ferme les yeux et la sensation que j’ai est celle d’une légèreté inouïe et je réalise qu’il n’y a qu’avec Aru que je ressens ça. Page 111
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C’est le jour où elle est morte que j’ai compris que le monde sans quelqu’un pour qui non donnerait tout c’est l’enfer, et pour moi l’enfer c’est quand l n’y a plus de sens, où que tu ailles ça sonne creux.Quand c’est creux c’est vide ce n’est pas compliqué tu tends la main et il n’y a personne.
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Pourtant, cela faisait des mois que les vieux avaient prévenu. Et à la fois ils avaient senti que quelque chose arrivait, et ils s'étaient trompés dans les grandes largeurs. Mais il n'était plus là pour en causer, ni gueuler de qui avait eu raison ou tort, puisqu'ils étaient aussi morts que les autres que leurs chapeaux de paille flottaient à la surface de l'eau en suivant les courants et les méandres de cette nouvelle mer. Cependant, s'il fallait leur rendre justice, ils avaient bel et bien perçu l'infléchissement du climat. Ils avaient été les premiers à regarder le ciel et à dodeliner de la tête en fronçant les sourcils dans un murmure. Tout ça n'était pas normal, chuchotaient-ils, d'abord entre eux, puis très vite à qui voulait l'entendre. Non, ces vents qui tournaient en rond, revenant sans cesse abîmer les maisons et les cultures, ces trous d'air qui inquiétaient les bêtes et donnaient au coucher du soleil des teintes jaunes et pourpres, cela ne présageait rien de bon, rien que l'on connaissait, et ils hochaient la tête à nouveau, attendaient, certains qu'un jour cela serait.
Les autres, les gouvernements, les politiques, sans doute qu'ils le savaient tous aussi bien. Mais là-dessus, ça avait été bouche cousue. Personne n'en avait parlé, en dehors de poignées d'illuminés qui sonnaient l'alarme sur des sites internet et que l'on traitait aussitôt d'hérétiques et de mauvais prophètes en leur faisant des procès ou en leur opposant dix études signées, certifiées, validées. Quelques centaines d'habitants, l'hiver précédent, avaient quitté la région sans rien dire - il ne s'agissait pas de faire effondrer le marché immobilier et de partir les mains vides. On s'en souvenait avec un rictus méprisant : Ah, eux ? Les trouillards ? Et puis voilà. Bref, les vieux avaient eu raison, parce que le ciel et les saisons s'étaient déréglés, et qu'une ère de tempêtes et de petits ouragans avait commencé. Cela secouait la mer en face d'eux, et les arbres qui perdaient des branches chaque fois, tel des épouvantails auxquels on aurait arraché un bras puis un autre, et les branches, et les arbres, tombant et roulant, avaient tué quelques personnes et bien davantage de bêtes, les vents avaient étêté les maisons et les vagues avaient creusé des trous et monté des geysers dans le sable de l'océan qui n'y comprenait plus rien.
Mais ce que les vieux n'avaient pas vu, c'est que la catastrophe, la vraie, la grande, celle qui avait fait des milliers ou des millions de morts - impossible de savoir aujourd'hui-, était venue d'une tout autre chose : sur l'Île perdue dans la mer en face d'eux, le volcan c'était effondré, provoquant un raz-de-marée géant qui avait englouti la moitié de la terre.
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Est-ce qu'il n'a pas dit que le maître doit apprendre à l'élève à apprendre sans maître ?
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Il y a des gens comme ça, des sauveteurs, des saint-bernard, il y a des gens comme ça : qui ne savent rien faire pour eux-mêmes mais sont des magiciens pour les autres.
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Il y a des gens pour qui l'existence est un trop grand défi. Ce n'est la faute de personne. C'est comme ça.
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Ce n'est qu'un môme, il aura bientôt six ans et à cet âge-là on n'est pas prêt pour être un adulte. S'il perd du temps à regarder un papillon quand je l'envoie chercher de l'eau c'est qu'il est capable de poésie, cette poésie il la perdra bien assez vite tout seul, la vie s'en chargera et ce n'est pas la peine de l'engueuler.
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C'est un pays que j'aime, un pays où chaque jour est tellement grand qu'on peut se perdre sans cesse et les routes sont des pointillés qui s'effacent. Parfois d'un côté il y a un paysage et de l'autre côté ça n'a rien à voir, et avant une forêt il y a un décor et après la forêt tout est différent. Ce pays-là personne ne le connaît entièrement et si quelqu'un essayait de le faire de toute façon ça changerait tout le temps, ce territoire ne veut pas qu'on sache qui il est ni comment il se renouvelle c'est sa force. Dans les grands bois on crée des chemins d'exploitation pour les coupes d'arbres et l'année d'après la nature a tout brouillé et les pistes forestières ont disparu, c'est ce que racontent les gars qui y travaillent. Moi je pense que ce n'est pas du hasard. Je sais que c'est vrai parce que dans la montagne aussi il y a des choses comme ça et je dirais que c'est plus subtil, c'est la nature qui efface les traces des hommes. C'est comme si elle nous détestait, la nature, et dès qu'on fait quelque chose elle tend à le détruire pour reprendre tout l'espace. On croirait qu'il n'y a pas de place pour elle et nous, il y en a un de trop là-dedans. Au début je me rappelle Henry disait que la nature a horreur du vide alors elle le comble c'est tout mais à mon avis c'est bien davantage. Ce n'est pas qu'elle le comble, elle ne se contente pas de remplir les vides. Si c'était simplement ça, dans le monde il y aurait des œuvres à elle et à côté des œuvres à nous et ainsi de suite. Or j'en ai vu des maisons ou des villages désertés par les hommes, et je peux affirmer qu'en quelques années ils se font dévorer par les herbes et les lianes et les arbres. J'en ai traversé des ruines comme ça et la façon dont la nature monte à l'assaut de nos constructions ça n'est pas juste pour venir se coller tout contre elle : c'est pour les engloutir, c'est ni plus ni moins ce qu'un boa constrictor fait avec un lapin c'est exactement l'idée que j'en ai. La nature si elle peut, elle nous bouffe.
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Je suis en colère contre la terre la vie le monde, et le monde je jure je lui ferai la peau. La peau du monde je la tendrai sur un cadre, je la raclerai jusqu'à la dernière miette de sa chair et je l'exposerai devant chez moi pour que l'on sache ce qui se passe quand on me fait du mal. La peau du monde ce sera mon trophée, je la brandirai comme on brandit un crâne, je l'assècherai comme on sèche un cœur ce sera un lambeau une squame une toile et sur cette toile je réécrirai quelque chose avec le sang de mes veines avec le sang de ma haine, la peau du monde ce sera mon vêtement. Je lui marcherai dessus je la piétinerai jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle, je lui dirai qu'il ne fallait pas - il ne fallait pas me prendre ce que j'aime et maintenant nous sommes là elle et moi ça ne rime à rien, nous sommes là elle et moi il faut bien que les choses adviennent mais ce qu'elle doit comprendre avant tout c'est que c'est moi qui décide et c'est moi qui choisis, et dans cette folie qui me prend je revois la carte chez l'épicier et sur la carte le lac que je ne connais pas et c'est là que je j'irai parce que je fais ce que je veux. Parce que le blanc de mes yeux est rouge et ce n'est pas le chagrin, c'est la rage et je sais que je ne réfléchis plus vraiment, c'est cette fureur qui me porte il y a des étincelles dedans ma tête, des soleils devant mon regard et ça m'aveugle et je n'ai plus besoin de voir. Alors je continue la route comme j'avais dit et je presse mon cheval. Là où je vais il y aura bien une solution, une réponse, quelque chose. Si je me trompe je continuerai à marcher en brûlant le monde, derrière moi il n'y aura que des cendres et des enfants qui pleurent et moi je rirai de ces terres calcinées de ces vies qu'on saccage, et je chanterai plus fort pour ne pas entendre les cris et je gueulerai à m'en casser la gorge, la peau du monde ce sera ma vengeance.
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Il y a toujours quelque chose qu'on ne prévoit pas, quelque chose qui semble impossible et puis ça arrive. Ces choses impossibles c'est une suite de coïncidences qui individuellement ne présente aucun danger pourtant mises bout à bout ça fait une chaîne et à la fin il y a une catastrophe.
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C'est le jour où elle est morte que j'ai compris que le monde sans quelqu'un pour qui on donnerait tout c'est l'enfer, et pour moi l'enfer c'est quand il n'y a plus de sens, où que tu ailles çà sonne creux.
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Tout me demande davantage d’effort et ça ne me met pas en colère là-dessus aussi j’ai changé, tant que je suis lent c’est que je suis vivant aussi. J’ai l’impression de profiter différemment du monde.
(page 194)
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La montagne est pleine de silence c’est pareil juste après les tempêtes quand tout se tait les insectes, les oiseaux le monde il n’y a plus de bruit. Tout ce qui est vivant attend de voir si c’est fini bien fini avant de ressortir, des fois qu’une tornade se relève sans prévenir alors il vaut mieux patienter, au point où on en est.
(page 183)
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S’il perd du temps à regarder un papillon quand je l’envoie chercher de l’eau c’est qu’il est capable de poésie, cette poésie, il la perdra bien assez vite tout seul, la vie s’en chargera et ce n’est pas la peine de l’engueuler.
(page 139)
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La nature si elle peut, elle nous bouffe.
(page 131)
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… en ce temps-là je crois qu’il n’y avait pas ces haines et ces peurs, en ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes ça ne faisait pas de différence, on était le monde. Le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux.
(page 88)
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C’est comme les régions où les gens pensaient qu’ils étaient bien douillets, soit ils crèvent aujourd’hui de cette putain de chaleur qui est arrivée soit ils encaissent les inondations et les coulées de boue deux fois l’an et tout bien réfléchi c’est pareil, les choses impensables sont devenues possibles.
(page 83)
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C’est pareil pour les gars qui sont revenus des guerres on les a regardés et il y avait cette drôle de pensée, pourquoi eux ils étaient rentrés et pas les autres, pourquoi c’étaient eux qui restaient. Il n’y a pas d’explication et parfois la chance n’en est pas vraiment une quand tu survis et qu’on t’en veut pour ça.
(page 71)
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Ou alors il est tellement malheureux que son seul recours c’est sa mère morte et c’est ça que je réalise, parfois on est mieux avec les gens morts qui nous aimaient qu’avec ceux qui restent et qui ne représentent rien pour nous, et moi je suis ce type lointain qui ne s’occupe pas de lui et a voulu le noyer et puis c’est tout. 
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Je voudrais hurler pour dire que ça ne va pas seulement je ne hurle pas et ça reste au fond de moi et les dégâts sont immenses.
Je suis en colère contre la terre la vie le monde, et le monde je jure je lui ferai la peau. La peau du monde je la tendrai sur un cadre, je la raclerai jusqu’à la dernière miette de sa chair et je l’exposerai devant chez moi pour que l’on sache ce qui se passe quand on me fait du mal. 
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