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Citations de Santiago Gamboa (123)


J’étais très étonné et, à vrai dire, flatté, euphorique. Une foule de questions se pressaient dans ma tête : qui leur avait donné mon nom ? De quel genre de congrès s’agissait-il ? Qu’avais-je à voir avec le monde des biographes ? J’avais publié des romans, quelques nouvelles, un récit de voyage et des milliers d’articles de presse, mais rien de tout cela, que je sache, ne pouvait être assimilé au genre biographique. Pourquoi donc avaient-ils pensé à moi ? Comment avaient-ils trouvé mon adresse ? La tombée de la nuit me surprit avec les mêmes interrogations qui allaient et venaient sans trouver de réponse.
Je dois dire que je traversais une période de grand ralentissement. Les aiguilles de ma montre tournaient sans discontinuer mais cela ne signifiait absolument rien pour moi. Je passais des heures les yeux rivés sur une photo dans le journal ou la couverture d’un livre sans me résoudre à l’ouvrir, absorbé que j’étais par le vide et mes propres sons internes, les battements de ce « cœur révélateur » dont parle Poe, ou encore le flux sanguin et la tension de certains muscles. Je venais de sortir d’une longue maladie qui m’avait écarté de la vie que je menais jusque-là, celle d’un écrivain actif et plus ou moins présent dans le petit monde des lettres. Que s’était-il passé ? Mes poumons s’étaient peuplés d’un virus malin, ke hanta, qui emplissait de liquide les alvéoles pleurales et liquéfiait les capillaires en créant des mares d’infection brutale, infestées de globules blancs. La fièvre fit de moi un hôte à plein temps de l’hôpital jusqu’à ce que quelqu’un décide de me faire transférer dans un centre médical de montagne, un sanatorium pour maladies respiratoires et de la plèvre, où je suis resté un peu plus de deux ans, loin de tout ce qu’était ma vie, laquelle se révéla au bout du compte n’être celle de personne car elle disparut dès que je me fus éloigné de la haute montagne (comme Hans Castorp).
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La discothèque était un local saturé de fumée, noir jusqu'en haut des murs, au deuxième sous-sol d'un vieux bâtiment de Telecom, dans le quartier de Chapinero. Il s'appelait la Cathédrale et c'était l'un des rares lieux de divertissement qui n'avait pas fermé après le siège, mais on l'appelait plutôt la Cathédrale de la Chair car, même si ce n'était pas franchement un bordel, dans ses recoins obscurs on pouvait surprendre des couples éphémères pratiquant la fellation, le cunnilingus et, bien entendu, les pénétrations multiples et variées ; d'autres choses, comme le sexe en groupe et, quoique mal vus, les attouchements entre hommes, avaient lieu dans des galeries adjacentes qui manquaient d'éclairage, mais pas d'humidité ni de rongeurs.
De ces obscures cavités avait surgi un soir une femme dans un état d'hystérie avancée. Elle tenait à la main une culotte minuscule et sa jupe était remontée jusqu'à la moitié du dos. Que lui était-il arrivé? A l'en croire, un énorme rat s'était dressé sur ses pattes arrières sous son nez, alors qu'elle était sodomisé par un lieutenant belge des Nations Unies.
La proximité de la mort déchainait un déchainement de libertinage. On voulait descendre dans sa tombe rassasié.
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- Je te rends ce petit cadeau, Olaf, lui dit-elle en l'embrassant sur la bouche. Et elle ajouta en regardant Bryndis : attaque-la après un bombardement, après qu'elle a vécu un truc difficile, ou quand elle aura la trouille. Et elle sera à toi. Si tu ne le fais pas, alors tu seras toujours un lâche. Rappelle-toi, un lâche, et Bogotá ne t'aura rien appris.
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"Les riches se débrouillent toujours pour être déprimés. Ils aiment être malheureux. C'est très élégant d'être triste".
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"Croyez-moi (...), la méchanceté de l'âme se colle au corps et le déforme."
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En les voyant, j’ai désiré profondément qu’il existe un dieu auquel ils demanderaient des comptes, qu’ils assiéraient sur le banc des accusés pour le juger et le condamner sévèrement. Pourquoi as-tu abandonné ainsi tes enfants ? il y a longtemps qu’il aurait dû y avoir un procès de Nuremberg pour Dieu. Le plus probable s’il existait, est qu’IL serait condamné à être fusillé pour avoir trahi le peuple qui l’aime. Mais c’est absurde. Les gens qui ont le moins de raison d’aimer la vie parce qu’ils sont relégués dans un triste recoin de la planète sont précisément ceux qui croient le plus en lui et lui rendent grâce, ceux qui prêchent le plus et adressent la prière à l’air sale et puant des villes. Prières, on le sait bien que personne n’écoute qui n’intéressent personne.
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« La vodka, c’est ce qu’il y a de mieux pour ouvrir et lubrifier le sexe des femmes. Pourquoi crois-tu que nous autres les Slaves on boit de la vodka ? La femme slave est belle mais un peu froide, petit, n’oublie jamais ça. Elle a besoin d’un peu de chaleur artificielle. C’est comme avec la plomberie : il faut chauffer un peu les tuyaux avant de les travailler. Le sexe, c’est la plomberie du corps, la théorie des fluides du corps. Ça t’aidera aussi pour bander dur et longtemps, tu me suis ? Ces cavités féminines, qui malgré la vodka garde un encore un peu du vent glacé de l’Oural, ont besoin d’un bon cierge pascal, d’un totem dressé, d’un pistons de lave qui ne perd pas sa chaleur tu piges ? Quand tu le fourres dans une Slave la température de ton corps baisse de quatre degrés. »
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Son corps était dans cette phase où, redressé et bien droit, ses rondeurs étaient alors à leur place, car lorsqu’elle était couchée sur le côté ou assise apparaissaient bourrelets et embonpoint contrariantes. Son ventre, comme chez toutes les femmes ayant eu des enfants était flétri ; sous son nombril s’était formé un tourbillon de peau très fine, comme de colophane froissée, qui descendait jusqu’au pubis et s’arrêtait à la cicatrice d’une césarienne ; elle avait des vergetures aux hanches et aux soins, des rides et des plissements violacés autour des yeux. Ses cheveux se décoloraient a la racine.
En somme c’était une belle femme mûre.
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Elle nous a dit qu’elle avait obtenu une bourse au Canada et qu’elle venait nous faire ses adieux. Je l’ai remerciée et lui ai offert un cadeau, un livre sur les origines de la ville de Québec et un CD de chansons de Léonard Cohen. « C’est ce que les Canadiens ont fait de mieux, je lui ai dit. À ma connaissance ils n’ont rien produit de plus intéressant. »
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Une nuit les cadavres de son grand-père et de son grand-oncle, des leaders libéraux, avaient été retrouvés décapités sur un chemin vicinal. Ce qui convainquit son père qu’il devait prendre au sérieux les menaces et partir, en abandonnant aux conservateurs ses deux champs cultivés et sa maison et « se déplacer » -un mot plus fréquent en Colombie que celui de « tomate »- vers une zone libérale.
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Parfois, la femme venait dans la cuisine lui donner son linge à laver, surtout des culottes pisseuse et merdeuses car sous l’effet du crack ses sphincters se relâchaient et elle souffrait d’incontinence. (…) Jusqu’à ce qu’un jour Elvira parte avec son fils chez sa mère et demande le divorce. Lucho accepta mais demanda en échange une pension car selon lui un artiste était comme un enfant il y avait besoin de protection.
Grâce à Dieu, dit Elvira, le juge aux affaires familiales n’était pas un imbécile et il a refusé cette demande aberrante, en plus, il lui a interdit tout contact avec l’enfant avant d’avoir subi une cure de désintoxication, dûment certifiée, pendant au moins deux mois, ce qu’évidemment Lucho n’a jamais fait.(…)
Trois ans plus tard, la police l’appela pour lui dire que son ex-mari avait été retrouvé mort d’une overdose, il s’était injecté une drogue très pure, peut-être de l’héroïne, et le plus incroyable est qu’il vivait encore avec cette femme qui s’était installée chez eux. Une vieillarde édentée et rachitique.
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Ce que ton ennemi ne doit pas savoir ne le raconte pas à ton ami
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Tout cela était prévisible dans ce pays de gens arrogants et complexés où la majorité, à l'exception de ceux qui souffrent et paient des impôts, avait comme seule ambition de s'enrichir et de monter en grade, pour ensuite s'abriter derrière le slogan national : "Vous ne savez pas qui je suis." Est-ce que, dans les autres pays, les gens sont aussi tarés ? Cette obsession pour la réussite et la richesse est mondiale ou seulement colombienne ? elle était fatiguée, ivre, mais elle se sentait mieux.
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[...] Il n’y a pas de pire malheur que d’être pauvre, mais être pauvre en Colombie c’est encore pire.
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[...] En fin de compte, ce n’était rien d’autre qu’un épisode de plus parmi les milliers qui ensanglantaient ce pays irascible et cruel.
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[...] Ce pays est unique au monde : il enfante à la fois des personnes de grande valeur et les assassins qui les tueront.
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[...] Elle avait enlevé son pantalon, découvrant de jolies jambes et une minuscule culotte. Julieta ne put s’empêcher de lui dire : – Mince alors, dans la guérilla on vous laissait porter ces petites culottes ? Ça ne doit pas être très commode pour tirer au fusil.
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Les femmes adorent, comme les hommes d’ailleurs, être écoutées et mises en valeur.
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Lolita, de Nabokov, tu connais ? Oui, bien sûr, c’est un de mes livres favoris, et elle a ajouté par contre j’ai détesté le film, je veux parler de celui de Kubrick, avec James Mason, et en disant cela je l’ai sentie très proche, je l’aimais presque, et elle a enchaîné tu te rends compte, c’est curieux, dans Lolita tout le monde parle de sexe avec une adolescente, mais moi je suis atterrée par cette perversion d’une femme si jeune, ses calculs quand elle devine qu’un homme est obsédé par elle, et bien sûr par cette capacité d’un homme à s’humilier, mon Dieu, tu crois que c’est ça, l’amour ? Et je lui ai répondu oui, je le crois, Sabrina, ça aussi c’est l’amour, hélas.
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J’avais peur depuis six ans. Aujourd’hui, demain, n’importe quand, une main peut s’abattre sur mon épaule et m’arrêter. Ne plus sentir la peur, comme c’est difficile ! La belle chose est restée en rade. Je suis un misérable, parce que j’ai laissé tomber la seule personne qui m’aimait. Je ne mérite rien, mais je ne demande rien non plus. Je survivrai encore un peu, pour voir comment les choses évoluent.
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