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Critiques de Sara Stridsberg (65)
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La Faculté des rêves

On a du mal à entrer dans ce roman atypique. L'histoire est coupée, hachée, racontée par plusieurs personnages centraux. Et c'est bien évidemment cette particularité qui fait de La faculté des rêves un roman original.

Ne vous arrêtez pas aux premières pages, aventurez-vous un peu plus loin. vous prendrez alors conscience de la force de la personnalité de Valérie. Vous découvrirez ce qui l'a mené petit à petit à la folie, jusqu'à tirer sur Andy Warhol.

Personnage mystérieux, à la fois réel et en partie romancé par Sara Stridsberg, Valérie Solanas bouleversera vos codes... et changera certainement votre perception de la société.

A lire avec patience.
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L'Antarctique de l'amour



Inni meurt. Dès le début du récit on se trouve face à la mort, la mort inéluctable, la mort qu’on regarde venir, et qu’on accepte alors même qu’on avait la vie devant soi. La mort dans une forêt, près de Stockholm, au bord d’un lac. On est envouté par la poésie qui se dégage de ce texte. Et il nous faut effectivement une bonne dose de poésie pour supporter l’insupportable. Une prostituée - Inni , un homme - son client, et la nature. La nature qui semble s’être mise au diapason de l’horreur à venir. « Le sol était une seule et même viscosité singulière ou j’avais la sensation d’être attrapée par des mains invisibles depuis les tréfonds tandis que des gouttes de salive froide tombaient de sa bouche et atterrissaient sur mon visage ». Et Inni revoit sa mort, chacun des instants qui ont précédé sa mort. Elle revoit toute sa vie avec ceux qui ont compté pour elles. Son mari Shane, ses enfants Valle et Solveig qui ont été placés dans des familles, son amie Nanna, sa mère Raksha qui l’a élevée seule, son père Ivan « qui s’est carapaté » et son petit frère Eskil qui s’est noyé jeune. Elle voit aussi comment ses parents la cherchent après sa mort et comment ses enfants grandissent loin d’elle, avec des fortunes diverses.





Et puis il y a la drogue, les sensations qu’elle procure, l’évasion qu’elle offre, le combat incessant pour essayer de l’arrêter… et les rechutes. C’est Inni qui avoue: « En fait je n’ai jamais voulu arrêter l’héroïne ». Est ce que la drogue offre la liberté qu’on espère? Est ce que la drogue ouvre les portes du paradis? « Ça me fait faire un état du tonnerre, la petite flamme bleue et le liquide foncé qui se répand dans mon sang, les pulsations de mon coeur qui m’emporte dans un autre univers ». Mais qu’est ce que la liberté? Est-on plus libre sous l’emprise de la drogue ou plus libre mort que vivant? Qu’est ce que la mort? Inni affirme: « Je me suis dit que la mort n’est rien d’autre que ça : se trouver en dehors du temps, se trouver en dehors d’un corps humain dans lequel le temps peut être mesuré ». « Je crois que la mort signifie la fin, je l’espère, j’espère que tout s’arrête vraiment ici. »





Tout au long du récit, on est submergé par l’émotion. On est emporté dans une longue réflexion sur la vie et sur la mort. On s’interroge aussi sur la destinée. « J’avais l’impression de m’être toujours dirigée vers cet instant » dit Inni évoquant le moment qui précède sa mort. Etait-ce écrit qu’Inni devait mourir étranglée et dépecée par un client déséquilibré? Est-ce que « des forces supérieures en voulaient à Eskil »? Inni conclut: « On doit essayer d’aimer sa destinée ou en tout cas de l’accepter, quelqu’en soit le prix, quelqu’en soit l’enfer. » Bref, c’est un beau roman qu’on prend plaisir à lire et à relire et qui fait réfléchir.
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Beckomberga

Mes ailes sont devenues trop grandes, je ne peux plus voler



« Un oiseau de mer blanc plane en solitaire à travers les couloirs de l’hôpital de Beckomberga, dans le pavillon Grands Mentaux Hommes. Il est immense et luminescent et dans mon rêve je lui cours après pour tenter de le capturer mais je ne parviens pas à le rattraper à temps : il s’enfuit par une fenêtre brisée et se volatilise dans la nuit »



En premier lieu, une mise en texte, une écriture faite de paroles, en particulier de Jackie ; le temps des souvenirs, celui des rencontres, l’aujourd’hui mêlé à cet hier structurant, « Il n’y a pas de chronologie à ce niveau, il n’y a pas de carte » ; l’enfermement et les sorties… Une écriture faisant sens dans cet univers pour des êtres dans et hors de « châteaux des Toqués », dans cette architecture du chagrin, dans ce temps long d’une structure hospitalière jusqu’au « Dernier patient », dans ces conversions entre une fille et un père, entre celles et ceux qui sont ou furent liés…



Dire les personnes, leurs souffrances et leurs espérances, les lieux, « ce lieu est effrayant dans la mesure où il représente ce qu’il y a de plus imparfait en nous l’échec, la faiblesse, la solitude »…



Jackie et Jim, « Et tandis que je le vois ainsi, dans la lumière, je comprends pour la première fois qu’il n’appartient qu’à lui-même, que beaucoup d’autres gens le rendront heureux et désespéré – pas seulement moi », Jackie et Marion, les autres, les ami·es et les amant·es…



La folie des un·es et notre folie, les territoires non hospitaliers qui refont « de vous un être humain », l’allée des tilleuls, la lumière à l’orée de la conscience, l’idée de bonheur, le surgissement des photos d’enfants, ce que l’on en soi sans le savoir, la mort d’Olof Palme, le chagrin et son image personnalisée, l’alcool, le monde qui n’existe plus, la maladie qui permet de comprendre le monde…



« J’aimerais que tu sois avec moi quand ce sera la fin. Si seulement tu pouvais être avec moi sur la plage quand je m’en irai dans l’eau. J’aurais moins peur comme ça »…
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Beckomberga

Qu'est-ce que la folie ?

Si le but de "Beckomberga, Ode à ma famille" n'est pas de répondre à cette question complexe, on ne peut s'empêcher, à l'issue de la lecture du roman de Sara Stridsberg, de se la poser...



Jim fut interné des mois durant à Beckomberga, le plus grand hôpital psychiatrique de Suède, construit au début des années 1930, et fermé en 1995, lorsque la réforme de la psychiatrie initiée par le gouvernement préconisa une intégration des malades dans la société. Sa fille Jackie, alors adolescente, lui rendait régulièrement visite au "château des Toqués".



Elle revient sur cette période de sa vie, au fil d'une narration toute en liberté, qui laisse une impression de spontanéité, et de sincérité aussi, comme si, plutôt que dans un livre, nous nous trouvions dans son esprit, emportés avec elle par le fil de souvenirs déferlant sans logique apparente. Les réminiscences d'épisodes vécus à Beckomberga alternent avec des séquences du présent, en une succession de courts chapitres qui impulsent au récit un rythme quasi hypnotique.



Devenue adulte, Jackie vit seule avec son jeune fils, dont elle a quitté le père parce qu'elle se sentait incapable de "partager" son enfant. Elle entretient des relations lointaines avec son père, septuagénaire qui vit maintenant en Espagne, et qui lui exprime régulièrement ses intentions suicidaires. Hantée par les moments passés à Beckomberga, elle y retourne régulièrement, flânant parmi les vestiges du domaine désormais abandonné, en quête des fantômes de ses souvenirs.



Homme charismatique, liant, mais instable, Jim est depuis toujours atteint d'un insondable mal-être et d'un profond dégoût du monde. Le doit-il à un funeste héritage, sa mère, dépressive, étant morte d'alcoolisme sans même lui dire au revoir ? Quand il l'évoque, il donne l'impression que ce drame l'a amputé de la capacité à se fixer au monde, à s'ancrer dans l'existence. Inapte à l'amour, à éprouver des sentiments assez forts pour donner un sens à sa vie, il explique son attirance pour la mort du fait que rien ni personne ne le retient... Lone, son épouse, et mère de Jackie, avait fini par jeter l'éponge, impuissante à lutter contre les pulsions auto destructrices de son mari.



Jackie manifesta quant à elle durant tout le séjour de son père à Beckomberga une inaltérable fidélité, lui rendant inlassablement visite, au point que l'hôpital devint un second foyer, et le lieu d'inoubliables rencontres. La relation de cette proximité avec l'univers psychiatrique laisse une impression d'errance dans une réalité incertaine, où les individus ont une perception douloureuse et bancale d'eux-mêmes, et où leurs réactions, les rapports qu'ils entretiennent les uns avec les autres, relèvent de codes incompréhensibles pour ceux de l'extérieur. Ils agissent tantôt de manière instinctive, laissant s'exprimer leur "anormalité", tantôt avec une sorte d'égarement passif, qui rappelle que leur présence à Beckomberga est liée à une immense détresse.

Jackie éprouve de la fascination pour ce lieu hors du temps, où évolue des êtres qui, abordant l'existence avec une intensité destructrice, se parent à ses yeux d'une dimension extraordinaire.



Sa relation avec son père est alors empreinte à la fois d'une intimité sereine, liée à une profonde compréhension mutuelle, et d'une distance créée par la folie de Jim. Avec le recul, elle s'interroge sur cette relation, et sur ce qu'elle espérait de ces visites au "château des toqués". Imaginait-elle pouvoir sauver son père ? Était-elle en quête des raisons profondes de la détresse paternelle, de ses mécanismes, afin d'échapper à un éventuel déterminisme familial dont elle aurait pu elle-même devenir victime ?



"Beckomberga" est un récit à la fois beau et terrible, à l'image de ces "malades" et de la façon dont les perçoit Jackie, magnifiques de profondeur et de mélancolie, quand leur yeux injectés d'alcool, leurs visages rendus bouffis par les médicaments, devraient les rendre pitoyables. Personnages morts et vivants se mêlent (les premiers hantant les rêves des seconds) et laissent ainsi une empreinte forte en nous. Il émane du roman de Sara Stridsberg un esthétisme un peu morbide, les forces et les failles de ses héros se fondant en une étrange osmose.



La menace de la bascule dans un gouffre intérieur, où l'on ne peut que se perdre, est omniprésente... la folie résiderait dans le désespoir suscité par l'incapacité à le combler ?
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Beckomberga

Le père de Jackie, Jim, surnommé Jimmie Darling, a toujours eu du mal à vivre. Ni sa femme Lone, ni sa fille n'ont pu constituer d'amarres suffisantes, c'est pourquoi il a passé quelques temps (semaines ? mois ? années ?) à l'hôpital psychiatrique de Beckomberga, un lieu qui a réellement existé, dans la campagne près de Stockholm, créé dans les années 30 dans le but d'offrir de meilleures conditions de vie aux malades mentaux, "une nouvelle sorte d’hôpital, un nouveau monde où personne ne sera laissé pour compte, où l'ordre et le souci de l'autre seront de mise, où les rebuts du genre humain [...] vont enfin être libérés et sortir dans la lumière."



A travers des chapitres courts regroupés dans de plus grands ensembles portant des titres thématiques, on accède à la vision de Jackie, d'abord enfant puis adolescente, fascinée par Beckomberga, qui représente, contrairement à ce qu'on pourrait penser, un lieu sécurisant et le plus heureux qui soit, pour Jim, pour Sabina, la femme dont il tombe amoureux, et d'autres patients. Sans aucune transition, la narratrice évoque aussi le présent, son lien avec ce père plus âgé mais toujours aussi dépressif et vivant dans un petit village en Espagne et la présence lumineuse et solaire de son fils Marion.



C'est un livre étrange et magnifique, écrit dans une langue pure, poétique, mélancolique et puissante ; en revanche, il vaut mieux abandonner toute notion de chronologie ou de logique, pour suivre d'autres formes de cohérence, un amour inconditionnel et tout-puissant d'une fille pour son père, une magnifique réflexion sur la folie et la force de vie.



Merci à Babelio de m'avoir permis de lire ce beau roman (et manifestement très bien traduit) en avant-première !



"Il se dit que les anciens patients reviennent encore et encore à Beckomberga, qu'ils arpentent le parc du Beffroi, qu'ils se tiennent sous les arbres en appuyant leurs mains sur le mur déteint par le soleil, comme si un cœur institutionnel battait toujours à l'intérieur, un pouls humain aux pulsations faibles contre ma paume quand je caresse la couleur rouge sans délavée de la façade. Il y a les ombres et les voix de toutes celles et de tous ceux qui ont séjourné ici, elles s'élèvent et s'abaissent comme des oiseaux enfermés."
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Beckomberga

Sara Stridsberg est une auteure reconnue qui a sorti pour cette rentrée littéraire « Beckomberga : Ode à ma famille« , une histoire faite de moments épars saisis ici et là. On suit de façon discontinu la relation entre un père souffrant d’une maladie psychique, d’un mal-être profond et sa fille encore adolescente. L’écriture est sublime, les descriptions aussi mais malheureusement l’on peine à s’attacher à ces personnages. La faute à un récit qui ne fait qu’entrebâiller la porte sur ce qui aurait pu constituer une formidable histoire. On ne comprend pas l’attirance morbide du père qui ne cesse d’évoquer devant sa fille son envie de se supprimer, soulignant au passage que rien ne le retiendrait.. pas même sa fille. On effleure le sujet enveloppé dans de très belles descriptions certes mais qui peine à toucher au cœur ce qui est quand même un comble quand on aborde une telle thématique. Sans empathie pour le père et sans compréhension du lien pouvant l’unir à sa fille. Ce père qui ne donne pas de nouvelles, ce fantôme errant enveloppé dans ses vapeurs d’alcool, suant des médicaments par tous les pores de la peau, usant de drogues au passage de façon dilettante.. vous l’aurez compris ce type de personnage peine à trouver en moi une quelconque résonnance. Bien écrire est une chose, avoir une histoire à raconter c’est encore mieux. Une déception.
Lien : https://thedude524.com/2016/..
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Beckomberga

En 1995, l’institut psychiatrique Beckomberga ferme ses portes et renvoie ses derniers patients. Ouvert dans les années 30 à Stockholm, l’institut se voulait novateur : un lieu permettant d’accueillir les malades mentaux dans le bien être et le confort, et leur offrir un espace de chaleur et de lumière.



Beckomberga, c’est l’histoire de cet institut hors norme – je garde en mémoire Edvard, le psychiatre auquel se confie tous les jours Jim et qui, le soir venu, emmène ses patients en soirée…



Beckomberga, c’est aussi l’histoire d’un père suicidaire et alcoolique, raconté par sa fille, Jackie. L’histoire d’un amour sans concessions pour la figure paternelle. Jim est interné en 1986 à Beckomberga parce qu’il ne cesse de tenter de se suicider et qu’il ne parvient pas à se défaire de l’alcool. Il y rencontrera des personnes qui le marqueront, au point qu’il ne voudra plus quitter cet endroit…



Sara Stridsberg nous délivre un beau roman sur la folie et son hérédité ; l’auteure développe des réflexions également sur la mort et la maternité – Marion, ce fils pour qui Jackie est prête à tout quitter, qui la fait renaître au monde.



Il règne dans ce roman une atmosphère propre aux romans nordiques – je ne saurais pas la décrire. J’ai aimé cette narration faite d’éclats de voix venues du passé. Même s’il ne se passe pas grand chose, la lecture de ce roman suédois m’a à la fois déroutée et séduite. Je me suis laissée bercer et entraîner par la plume poétique et fluide de Sara Stridsberg et j’ai découvert un portrait de père touchant et profondément nostalgique. Il m’a cependant manqué un petit quelque chose pour que cette lecture demeure inoubliable…
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La Faculté des rêves

Si vous ne voulez pas risquer comme moi, de recommencer cette lecture après avoir découvert la postface pour l'édition française, commencez donc par venir faire un petit tour page 453, où Sara Stridsberg nous explique ce qu'elle a ressenti en découvrant la vie de Valerie Solanas, ce qu'elle a ressenti avant, pendant et après, ses recherches sur cette intellectuelle activiste féministe américaine.

Valerie Solanas, connue pour son pamphlet SCUM Manifesto, un appel à la lutte violente contre les hommes et à la libération des femmes ( acronyme de Society for Cutting Up Men, « Association pour tailler les hommes en pièces » pour certains ou pour d'autres juste le sens du mot scum, crasse, excrément, racaille, ou salaud en anglais. )

Ainsi que pour sa pièce Up Your Ass , « Dans ton cul », mettant en scène une prostituée mendiante haïssant les hommes, ( la signification du verbe cut up est également discutée, certains le prenant au sens littéral de mettre en morceaux, et d'autres en extrapolant le sens à émasculer. )

Les explications que l'auteur nous donne, jettent un autre regard sur son texte et nous éclairent sur une relecture possible de ces cris remontant d'outre tombe.

Il n'empêche que je reste sceptique sur le phrasé parfois utilisé concernant les narrateurs, les architectes, les psychanalystes, ....

Exemple :

A soleil noir, neige noire, ...

B un sac à mains plein de dollars. ...

C le ciel cette nuit la etait fait de rien. ...

Et ça continue sans rien nous épargner jusqu'au

Z l'explosivité et la peur sont une seule et même chose.

Énumération abracadabrante, douteuse, qui m'a semblé sans grand intérêt !

L'autre reproche que je pourrais faire est non lié à une tournure littéraire mais beaucoup plus à la théorie exposée parfois sur la suprématie de la femme sur l'homme ... travers maintes fois empreinté par des mouvements féministes.

Théorie qui va jusqu'à proposer l'extermination des souris mâles !

Si malgré tous ces conseils, vous vous lancez dans cette lecture et éprouvez de la difficulté à suivre cette fausse biographie, laissez vous guider jusqu'à l'énumération "de l'autre côté de l'alphabet", une merveille d'écriture même si le sujet est éprouvant pour qui a déjà vécu ces instants là :

A la mourante est souvent inconsciente au cours des toutes dernières heures.

....

Z un livre ou un ouvrage manuel.
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Beckomberga

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour l'envoi de Beckomberga en avant première de la rentrée littéraire.

Si le sujet de la folie m'intéressait beaucoup, la manière de le traiter m'a complètement perturbée. J'ai eu beaucoup de mal à comprendrer qui était qui et les liens entre les différents personnages. Le va et vient dans le temps m'a perdue. Je n'ai ressenti aucune compassion pour aucun des personnages et surtout pas pour les soignants car je ne comprenais pas ni ce qu'ils faisaient, ni leurs intentions.

J'en suis d'autant plus surprise que j'avais beaucoup apprécié Le présent infini s'arrête de Mary Dorsan et Le cas Edouard Einstein de Laurent Seksik où il est également question de troubles psychiatriques.

J'ai vraiment l'impression d'être passée complètement à côté de Beckomberga, de n'avoir jamais réussi à entrer ni dans l'histoire, ni dans le style. ça me laisse perplexe, de marbre. Du coup, j'abandonne la lecture à la page 293 parce que je n'en peux plus. Ce n'était peut-être tout simplement pas le bon moment pour moi.

J'espère que Voici venir les rêveurs de Imbolo Mbue m'intéressera davantage.
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Darling River

Cette lecture m'a fait penser à une ballade dans un brouillard épais. Je sais que je peux respirer mais à chaque pas je suffoque sure que cette bouffée d'air sera la dernière.

Il y a une tension, une angoisse, une violence incroyable dans ce petit roman(par la taille non par le récit).



Chaque personnage semble être un écho des autres. J'ai du tenir mon esprit en brides, cherchant à les lier, les relier, les situer les uns par rapport aux autres. Mais l'auteur brouille les pistes, par un mot , un contexte, une ambiance...

J'ai eut l'impression d'être perdue et pourtant il y a des références géographiques, Paris, l'Alaska, l'Europe... Mais ces lieux décris par les personnages semblent hors réalité, tout comme l'époque. On ne sait qui à la préséance, qui cohabitent avec qui...

J'avais reproché à Lolita de Nabokov de nous parler de Dolores que du point de vue de Humbert Humbert, et donc de nous priver de sa réalité à elle. Ici ce sont les femmes qui parlent (je reviendrai plus tard sur le cas de la femelle chimpanzé, qui vivent...

Tout d'abord Dolorès de Darling river.Enfant blessé par la disparition précoce et inexpliquée d'une mère. Un père étrange, voir pervers... J'ai eut l'impression d'un monde apocalyptique. A la fois à l'extérieur et à l'intérieur. Les paysages incendiés se reflètent sur le corps taché de Dolores. La mort et la maladie sont partout. Tout est corrompu. Elle ne semble pas avoir d'âge précis, de but précis, d'existence réelle...

Ensuite Dolorès Haze, celle de Nabokov, mais pas forcément la première de ce récit. On la suit après que son beau-père, Humbert humbert, lui ait donné l'argent qui lui permet de partir pour l'Alaska avec son mari Richard. C'est plutôt une fuite qu'un voyage vers une destination. Elle apparaît comme fragile mais aussi étrangère à elle-même.Elle se fuit, elle fuit son avenir de mère, son passé.

Une mère et non LA mère. Ce pronom indéfini jette le trouble sur qui elle est. Peut être la mère d'une Dolorès, peut être une Dolorès plus vieille en fuite... Ici aussi on retrouve cette notion de fuite, de négation de soi, d'oubli. Ici aussi l'histoire est cruelle, crue, dure, sans pitié.Elle se perd dans les voyages, dans la photographie, dans le sexe.

Enfin un petit mot sur Ester la femelle chimpanzé aux prises avec un scientifique détraqué. Ici c'est lui qui parle. C'est peut être moi mais j'ai eut l'impression de me retrouver dans la trame de l'histoire du Lolita de Nabokov. C'est peut être voulu ou ce n'est peut être que mon impression. Mais ce scientifique qui cherche à modeler cette chimpanzé selon son désir, qui par son regard même la corromps, qui l'aime mal mais qui l'aime, qui va chercher avec une autre la délivrance physique, qui geint m'a fait penser à Humbert. Cette jeune femelle qui se trouve dépossédée de ce qu'elle est, de qui elle est, obligée d'endosser un rôle qui n'est pas le sien me semble être la soeur de Dolorès, des Dolorès.

L'auteur a un style prenant. Prenant parce qu'on ne s'arrête pas avant le point final. Prenant parce qu'il retourne jusqu'aux tripes, parce qu'il ne laisse pas indemne.

J'ai apprécié les répétitions au cours de la lecture, ces impressions de déjà vu. Ces "Darling", les lys, l'enfant... Autant de petites choses qui augmentent la sensation d'écho, de similitude. J'ai aimé me perdre dans cette noirceur pour une fois le livre fini retrouver un peu de lumière.

Un petit plus avec l'Encyclopédie qui émaille le récit. Des définitions bouleversantes mais tellement parlantes.
Lien : http://livravivre.blogspot.fr/
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La Faculté des rêves

Etrange livre que celui-là. Sara Stridsberg se glisse dans la peau de Valérie Solanas, féministe radicale, qui tenta d’assassiner Andy Warhol en 1968. La peau qu’elle habite… Il s’agit réellement de cela tant la voix de Valérie résonne au plus profond de nous par la grâce d’une écriture hypnotique. Lire ce livre est une expérience sensorielle et intellectuelle. Expérience qui nous emmène loin dans l’imaginaire de l’auteur...
Lien : http://manoes.canalblog.com
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Valérie Jean Solanas va devenir Président de l'..

Intéressante pièce de théâtre mettant en scène Valerie Jean Solanas, écrivain, féministe à sa façon, punk avant l'heure, auto-proclamée "première pute intellectuelle d'Amérique"et surtout connue pour avoir tiré sur Andy Warhol, le pape du pop-art. Loin de la simple biographie, Sara Stridsberg réinvente Solanas pour en faire un personnage de roman avec énormément d'intelligence et de poésie. Une seule critique négative sur ce livre : quand on a lu auparavant "La faculté des rêves", le roman de cette jeune auteur suédoise (ce qui est mon cas), on a l'impression de lire un peu la même chose (y compris des tirades entières). Comme toute pièce de théâtre, le texte gagne à être vu sur scène.
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La Faculté des rêves

On assiste ici à l’exploration du dossier Valérie Solanas, bien loin de la biographie traditionnelle à l'Américaine ou de la biographie romancée. On ne sait qui de Solanas ou de Stridsberg a le plus besoin de l'autre mais ça donne un grand roman-puzzle, politique et poétique, sordide et lumineux.

J'ai adoré ce livre, hommage posthume à une femme intelligente et libre que la société américaine a étiqueté comme folle, marginale et inadaptée, petite étoile dans la constellation de femmes-artistes maudites.

Le parti pris de fragment se prête bien au "cas Solanas" et le livre se lit agréablement. Une seule critique : certains passages sont moins convaincants et on peut déplorer un systématisme dans les procédés (A., B. jusqu'à Z, à plusieurs reprises suivis de quelques lignes de texte).


Lien : http://histoiresatroces.blog..
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Beckomberga

Pas facile de mettre des mots sur le ressenti de ma lecture. J’aime l’écriture aérienne de l’auteur, cette façon d’écrire, gracile, sans peser, comme les ailes d’un papillon sur une fleur ou comme le vol d’un oiseau. Sa façon de décrire Beckomberga. Ce no man’s land. L’atmosphère y est pure et aérienne. Et pourtant l’auteur parle d’un sujet grave : la folie. Celle qui peut toucher n’importe lequel ou laquelle d’entre nous. Jackie aime désespérément son père et tente de l’aider mais Jim ne peut recevoir ni donner. Jim vit sa vie à l’aide de l’alcool sans se soucier de ceux qui l’aime et il casse tout sur son passage sans faire de bruit. Nous sommes dans un autre monde et pourtant l’auteur ne donne pas de la folie, l’image que l’on attend dans un tel centre. Les fous y sont des êtres comme nous brisés par un événement ou par une addiction. Un peu lent peut être mais cette lenteur va avec le rythme des personnages.
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Darling River

L'anti Lolita par excellence . Là ou Nabokov à fait passer pour un chef d'oeuvre un "truc" immonde qui ne peut que parler aux bas instincts de l'homme , Stridsberg démontre tout le coté malsain , sale , de ce genre d'histoires . Les admirateurs de Nabokov crieront au scandale ,mais au final cet opus est salutaire . Costaud et efficace !
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Valérie Jean Solanas va devenir Président de l'..

Extraordinaire . Voila le terme qui convient le mieux à cette piéce de théatre qui certes reprend la thématique de La faculté des réves mais qui donne une nouvelle vision de cet opus. Dire que ce texte est secondaire serait mentir , un tel art ne peut étre vu comme secondaire . Les idées sont géniales , le rythme parfait , c'est intelligent , drole et pertinent , il faut absolument découvrir ce texte !
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La Faculté des rêves

Valérie Solanas était une femme étrange. Féministe radicale dans les Etats-Unis des années 70, elle fut surtout connue pour avoir tenté d’assassiner Andy Warhol en 1968. Elle vivait dans ses extrêmes, voulait éradiquer le genre masculin mais a vécu un temps de la prostitution, vouait une admiration féroce à Warhol mais a tenté de le tuer, se voulait libre mais est tombée dans la toxicomanie. Une femme sans repères, passionnée, qui vivait aux confins de la folie. Sara Strisberg propose une biographie de ce personnage hors norme dans ce texte à l’écriture aussi hachurée et non linéaire qu’était la vie de Solanas. On alterne entre des moments biographiques classiques et une immersion dans la pensée tourmentée du personnage. Cet éparpillement laisse au lecteur le soin de construire le puzzle de la vie de Valérie Solanas.



J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce texte, je ne me suis pas prise au jeu peut-être à cause du peu d’empathie que m’inspirait la vie de cette femme, qui n’a pas su exister pour elle seule et s’est perdue dans des idéaux et des passions. Une façon de s’annihiler dans ses rêves et de fuir la réalité
Lien : http://loeilquifume.wordpres..
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La Faculté des rêves

Son enfance a été piétinée : violée par son père, délaissée par sa mère alcoolique, lâchée par ses deux amis disparus, utilisée par Andy Warhol qu'elle a tenté d'assassiner, Valérie Solanas n'a plus la force de lutter ; elle a brisé une carrière prometteuse de chercheur à l'Université du Maryland et son rêve d'écrivain.

Une histoire sordide, glauque et désespérée.
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Darling River

Après la force peu commune de La faculté des rêves, Sara Stridsberg revient avec Darling River, qui entremêle plusieurs histoires, comme autant de variations autour de la Lolita de Nabokov. J'ai été vite rebuté par la forme de ce faux roman, qui part dans toutes les directions et ne semble avoir d'autre objectif que de créer un énorme malaise. Pour Sara Stridsberg, Lolita est un livre pédophile, et elle multiplie les scènes dérangeantes et les obscénités douloureuses. J'ai abandonné avant la fin, vaincu autant par la crudité du ton que par l'aspect décousu et protéiforme de l'oeuvre. Ce qui avait fonctionné dans La faculté des rêves, et avec quelle puissance, m'a semblé ici artificiel et uniquement sous-tendu par la volonté de choquer. Ce n'est que mon partial avis.
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La Faculté des rêves

un ovni

dialogue, interview, narration, ...le récit est fait sur plusieurs styles

âme sensible s'abstenir

je ne sais pas si j'ai toujours tout compris car il faut bien avouer que ça nous entraîne loin...
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