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EAN : 9782253156611
480 pages
Le Livre de Poche (02/03/2011)
3.68/5   51 notes
Résumé :
Sara Stridsberg rouvre le dossier de Valerie Solanas, cette féministe radicale qui tenta d'assassiner andy Warhol en 1968, juste après avoir écrit le SCUM Manifesto, dans lequel elle prône la destruction du genre masculin.
Nous plongeons dans le passé de V. Solanas, avec ses souvenirs obsédants: ses conversations avec sa mère, ambigüe et destructrice, le directeur de l'université de psychologie où elle a été admise, Andy Warhol lui-même et son désir obstiné d... >Voir plus
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 La faculté des rêves annexe à la théorie sexuelle  de Sara Stridsberg (traduit par Jean-Baptiste Coursaud) propose l' approche d'un personnage hors du commun Valerie Solanas.
L'auteur Sara Stridsberg nous avertit que « La faculté des rêves n'est pas une biographie mais une fantaisie littéraire s'appuyant sur la vie et l'oeuvre de l'Américaine Valérie Solanas, aujourd'hui décédée. » 
Une fantaisie littéraire dans laquelle j'ai plongé dès les premières pages pour suivre le parcours atypique, extra-ordinaire de Valerie Solanas qui se définit elle-même comme « la seule pute intellectuelle publique de l'Amérique. »
Un parcours qui narrativement commence par le terminus: le Bristol Hôtel, 56 Mason Street, District de Tenderloin, San Francisco, Avril 1988 où à l'agonie elle attend sa fin.
Valérie malade, souffrante, fiévreuse n'est plus que l'ombre d'elle même, seule la gabardine en lamée argent dans cette chambre crasseuse, nauséabonde nous rappelle que dans les années 60, elle était une étoile montante : auteur de SCUM manifesto, accueillie à la Factory où Andy Warhol la filme dans «  I, a man « en 1968.
La narratrice (l'auteur) s'imaginant à son chevet rembobine le film de sa vie en séquences, prenant pour décor des lieux significatifs, symboles d'étapes décisives de son cheminement intellectuel, artistique, mais aussi de rencontres marquantes.
La vie de Valerie Solanas n'est pas la vie d'une fille cousue de fil blanc mais de fils d'or et d'argent.
Oui de fils d'or et d'argent, ceux que Dorothy, Dolly pour les intimes, sa mère, cousaient dans les doublures de ses robes pour lui porter bonheur.
Dolly son premier et éternel amour, c'est le temps de Ventor, les années 40, celui de son enfance et de son désenchantement, celui de l'adolescence et de la naissance de son dégoût des hommes (Valérie est abusée par son père, puis son beau père). Sa mère un éternel papillon qui s'enivre de vin sucré, butine le coeur des hommes et ne voit rien ou ne veut rien voir.

Plus tard, loin de chez elle, loin de son désert, elle rentre dans la spirale de la prostitution : elle vend son corps pour survivre mais vendre son corps ce n'est pas vendre son âme…
Direction Alligator Reef, Floride, la plage, le tapin, la lecture, une boulimie de livres, l'espoir d'entrer à l'Université , de réaliser ses rêves et Silky boy, le garçon de soie, son double, son compagnon de la débrouille, une rencontre chaleureuse.
15 ans en 1951, pour son anniversaire elle reçoit enfin une machine à écrire, le cadeau tant espéré, Valerie n'en démord pas elle veut devenir écrivain.
Mais de fil en aiguille, les livres ouvrent l'esprit, elle décide de tenter sa chance à l'Université pour devenir psychologue.
Et là bingo, sa candidature est retenue. Départ pour l'Université de Maryland, années 50, une nouvelle vie s'ouvre à elle, une nouvelle voie un nouvel amour, Cosmogirl ou Ann Duncan.
Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille, elle change de cap, affirme ses points de vue, se sent un peu à l'étroit et met le cap sur New York.

New York, années 60, lieu de sa réussite artistique et noeud du drame.
En effet si aujourd'hui Valerie Solanas est connue du grand public pour la tentative d'assassinat sur Andy Warhol en 1968 c'est pourtant son pamphlet Scum manifesto que l'on devrait retenir. Avant-gardiste, qualifiée de féministe anarchiste aujourd'hui , Sara Stridsberg ressuscite cette figure hors du temps et grâce à son travail nous permet de palper la société américaine sur un déroulé d'une trentaine d'années.

Un beau roman, captivant et émouvant.
Une écriture poétique et crue.
Un texte qui chamboule, qui émeut avec des instants lumineux et d'autres très noirs.
Alcool, addiction aux psychotropes, et la noire araignée qui tisse sa toile dans l'esprit de Valérie… nous ne pouvons qu'assister à sa chute inévitable.

Où est-tu partie Valérie Solanas , oiseau lumineux, blessé et noir ?
« Le soleil surfe partout dans le ciel, tu fardes tes lèvres de vieux rose, tu te regardes dans le miroir brisé. La plus belle gamine de neuf ans de toute l'Amérique. La surfeuse la plus rapide d'Alligator Reef. L'étudiante star de l'Université du Maryland. La femme qui n'a pas réussi à tuer Andy Warhol. »

Un coup de coeur, une double découverte: celle d'un auteur, Sara Stridsberg et celle d'une artiste et de sa production , Valérie Solanas et son Scum manifesto.
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Coup de coeur, émerveillement ; je suis tombée amoureuse de Sara Stridsberg.
A la façon de Joyce Carol Oates avec Marilyn Monroe dans "Blonde", elle invente une Valerie Solanas* de fiction. Mais loin du mirage du rêve californien, à travers l'histoire de "sa" Valerie Solanas, elle raconte l'Amérique rouillée des "white trash", des déserts brûlants et des océans glacés, l'Amérique rongée par la folie, l'inceste, la drogue, la solitude, la prostitution, la mort, sur fond de bombe atomique et de chaise électrique.
Cependant, le roman ne sombre jamais dans le misérabilisme. Grâce à l'immense talent de Sara Stridsberg, il est au contraire lumineux et vivifiant. Ecrit dans un style très organique et forcément cru, il est nimbé d'évanescence, et donne l'impression d'être plongé dans un rêve doux mais angoissant, où les personnages portent des noms magiques tels que Dorothy, Silkyboy, Cosmogirl. J'adore ! J'adore aussi la poésie de l'auteur, qui évoque des "minutes rose foncé" et des "baisers anarchistes" ; sa manière de décrire un rouge à lèvres qui déborde de la bouche : "il s'appelait Cherrybomb, il était collant et avait un goût sucre." Tous ces détails contribuent à créer un univers éthéré, hallucinant et fascinant. Toutefois, le récit n'est pas linéaire, il s'offre de façon éclatée, façon pop-corn, et sa lecture est ardue et requiert de l'attention afin d'en apprécier toute la richesse.
Sans être une véritable biographie, ce livre m'a permis de découvrir davantage Valerie Solanas, sa soif d'écriture et son féminisme radical. J'ai notamment été surprise de constater combien elle a influencé mes héroïnes, de Virginie Despentes à Courtney Love -et moi aussi, par conséquent.
C'est un roman qui peut déranger ou mettre mal à l'aise, mais je l'ai trouvé grandiose. I love Sara Stridsberg. Jag älskar Sara Stridsberg. J'aime Sara Stridsberg.

*Valerie Solanas (1936-1988) : féministe sans foi ni loi, auteur du SCUM Manifesto, qui tira sur Andy Warhol en Juin 1968, ce qui lui valut de nombreuses années d'enfermement en HP.
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En préambule, Sara Stridsberg nous interpelle sur le fait que «la faculté des rêves n'est pas une biographie mais une fantaisie littéraire».
Et effectivement, l'auteur s'autorise une écriture qui ne peut laisser indifférent: tour à tour poétique, trash, construit sous formes de dialogues entre la narratrice (Sara Stridsberg) et l'héroïne qu'est Valérie Solanas, elle se permet toutes les libertés. le récit, écrit au présent, est déstructuré: on le débute par la chambre sordide où se meurt celle qui a donc failli tuer Andy Wharol vingt ans plus tôt puis on alterne avec son enfance et sa vie de jeune adulte.
J'ai nettement préféré le «récit» du début de sa vie qui n'est pas sans rappeler certains romans de Joyce Carol Oates qu'elle cite, d'ailleurs en postface, faisant un rapprochement avec le travail fait sur «Blonde» et le sien sur «La faculté des rêves». J'ai, pour ma part, retrouvé des ambiances qui me rappelaient plutôt «premier amour» ou «Eux».
Alors, évidemment, il y a des moments de pur éblouissement littéraire mais qui alternent souvent avec des passages plus déconcertants, voire difficilement compréhensibles (les chapitres «abécédaires», par exemple, constitués de vingt-six courts paragraphes -de A à Z-, dont je n'ai pas saisi la signification).
On réussit, malgré tout, à suivre l'histoire de Valérie Solanas, féministe, prostituée, toxico au cours de ces 95 chapitres, tous assez courts même si le fil de la narration se tend parfois du fait du style inattendu et c'est vrai que sa détermination autodestructrice à devenir «la première pute intellectuelle de l'Amérique» nous est bien transmise. Au passage, l'image d'Andy Wharol ressort un peu ternie...
Je comprend que l'auteur ait voulu donner une forme résolument originale à son roman afin de traduire une personnalité hors du commun mais, finalement, je ressors du livre assez déconcertée, le mystère du personnage restant entier.
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Si vous ne voulez pas risquer comme moi, de recommencer cette lecture après avoir découvert la postface pour l'édition française, commencez donc par venir faire un petit tour page 453, où Sara Stridsberg nous explique ce qu'elle a ressenti en découvrant la vie de Valerie Solanas, ce qu'elle a ressenti avant, pendant et après, ses recherches sur cette intellectuelle activiste féministe américaine.
Valerie Solanas, connue pour son pamphlet SCUM Manifesto, un appel à la lutte violente contre les hommes et à la libération des femmes ( acronyme de Society for Cutting Up Men, « Association pour tailler les hommes en pièces » pour certains ou pour d'autres juste le sens du mot scum, crasse, excrément, racaille, ou salaud en anglais. )
Ainsi que pour sa pièce Up Your Ass , « Dans ton cul », mettant en scène une prostituée mendiante haïssant les hommes, ( la signification du verbe cut up est également discutée, certains le prenant au sens littéral de mettre en morceaux, et d'autres en extrapolant le sens à émasculer. )
Les explications que l'auteur nous donne, jettent un autre regard sur son texte et nous éclairent sur une relecture possible de ces cris remontant d'outre tombe.
Il n'empêche que je reste sceptique sur le phrasé parfois utilisé concernant les narrateurs, les architectes, les psychanalystes, ....
Exemple :
A soleil noir, neige noire, ...
B un sac à mains plein de dollars. ...
C le ciel cette nuit la etait fait de rien. ...
Et ça continue sans rien nous épargner jusqu'au
Z l'explosivité et la peur sont une seule et même chose.
Énumération abracadabrante, douteuse, qui m'a semblé sans grand intérêt !
L'autre reproche que je pourrais faire est non lié à une tournure littéraire mais beaucoup plus à la théorie exposée parfois sur la suprématie de la femme sur l'homme ... travers maintes fois empreinté par des mouvements féministes.
Théorie qui va jusqu'à proposer l'extermination des souris mâles !
Si malgré tous ces conseils, vous vous lancez dans cette lecture et éprouvez de la difficulté à suivre cette fausse biographie, laissez vous guider jusqu'à l'énumération "de l'autre côté de l'alphabet", une merveille d'écriture même si le sujet est éprouvant pour qui a déjà vécu ces instants là :
A la mourante est souvent inconsciente au cours des toutes dernières heures.
....
Z un livre ou un ouvrage manuel.
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Sara Stridsberg se penche sur le cas de Valerie Jean Solanas née en 1936 dans un milieu populaire de l'Amérique profonde, au sein d'une famille complètement dysfonctionnelle. Figure du féminise radical, elle se revendique comme pute et intellectuelle. Son parcours de vie est douloureux , sa révolte violente et permanente.
Si elle est devenue tristement célèbre, c'est pour avoir tenté d'assassiner Andy Warhol.
Avec sa personnalité borderline, elle nous choque par sa véhémence et nous touche par sa détresse.
C'est une lecture difficile, éprouvante aussi bien par le sujet que par le style "complètement alambiqué et azimuté". Déroutant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
De la lumière électrique dans le désert. Dorothy sur la véranda avec de l'eau oxygénée dans les cheveux, le papier d'alu qui capture le soleil et libère des flashes lumineux, un magazine féminin à la main, des pages brillantes, des rêves éveillés. Tu déambules sous les arbres avec tes pensées gratte-ciel. Il y a les grands arbres américains, il y a entre les troncs des ombres aveugles et sanguinolentes, il y a dans ton souvenir les cheveux blonds de Louis qui tombent et retombent sur tes mains, la lumière du soleil, les vapeurs d'essence, cette sensation de gaz carbonique dans tes bras. Tu rêves d'une machine à écrire, que Dorothy t'offre enfin une machine à écrire, tu rêves que vous vous sauvez d'ici, que vous déguerpissez du désert, de cette vie merdique à Ventor. Tes mains font des envolées et des étincelles sur les touches noires de la machine, sur l'autoroute qui s'enfuit d'ici.
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VENTOR, ETE 1948:

DOROTHY: Toutes les femmes au foyer adorent le savon.
VALERIE: Ah bon.
DOROTHY: Les femmes au foyer éliminent au lavage le vieux malheur et elles adorent leurs petites filles.
VALERIE: Sauf que tu n'es pas une femme au foyer. Tu es une fille. Une fille de bar. Une fille ouvrière.
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Les tapisseries sont jaunies par le temps, par le soleil, par des journées heureuses et désespérées, peuplées de fenêtres crasseuses et de nourriture dégueulasse, tous les ans, toutes les mouches. Les mains chaudes de Dorothy sur ton visage. Le visage de Dorothy entre les ombres démesurées projetées par les arbres. Dorothy étendue dans ton lit, ivre de vin sucré, quand tu rentres de l'école l'après-midi. Dorothy et ses papiers tue-mouches, Dorothy et sa voix de desperado : Je ne veux pas choisir, Valerie. Je ne veux pas Tout ou Rien. Si je dois choisir alors je choisis Tout. Je te choisis, toi, Valerie. Et je choisis Moran, Valerie.

Les relents de leur sueur, de leur bibine et de leur amour de film d'horreur qui est la proie des bombes et des brasiers, se dressent autour d'eux comme une cloison pestilentielle lorsque tu prends tes affaires et la poudre d'escampette par la même occasion. Dehors le ciel est un flamboiement rosé et le jardin un océan d'étoiles falotes. Les verres et les bouteilles près de la balancelle tout comme la véranda sont noyés dans le soleil du matin. Tu refermes la porte de la maison pour la dernière fois et tu traverses le désert pour la dernière fois. Ce désert où Louis s'est éclipsé, où le fleuve a été rendu toxique, où Dorothy a chassé des nuits entières et brûlé les manches de ses robes, où vous zigzaguiez main dans la main sous le ciel. Tu le raconteras, plus tard, à Sister White :

j'ai détalé. J'ai couru dans le désert comme une dératée. Je n'ai jamais retrouvé le chemin de la maison. Tout n'était qu'une seule et même accumulation de requins bleus et froids. J'étais une enfant malade. Je désirais retrouver Louis. Retrouver cette électricité, cette sensation de gaz carbonique dans les jambes et dans les bras. Il était impossible de m'aimer. J'ai marché dans le désert. Il faisait clair, c'était lumineux et solitaire. j'ai pris mes affaires et je suis partie à jamais. Tout en moi criait : le coeur, Dorothy. La lumière scintillait. Les assiettes de soupe et les bouteilles de la soirée précédente étaient toujours sur la table, les taches de vin, une nappe crasseuse, les lettres roses de Dorothy, les insectes qui se pourchassaient au-dessus de la toile cirée. Ca puait la pluie, l'eau, l'essence et la vieille bibine. Un lézard me regardait, hissé dans le vieux verre de Whisky de Moran. Le vent soufflait ce jour-là. J'ai pris le lézard, je l'ai mis dans mon pull, puis j'ai détalé
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En fond sonore les cris désespérés des animaux du désert. Le soleil brûle sur le Géorgie, sur la maison du désert sans tableaux, sans livres, sans argent, sans projet d'avenir. Un ciel rose Ventor, rose boursouflé, force le barrage de la fenêtre et tout dès lors se retrouve à nouveau empaqueté dans ce tapis humide et caniculaire de bonheur. Dorothy vient de sortir un sac de voyage rempli de vieilles robes brûlées, vous êtes certainement en route aujourd'hui encore pour rejoindre la mer, rejoindre Alligator Reef et ses ciels d'éternité, rien que toi et elle.
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Nous sommes tous à l'agonie. Nous sommes tous en train de mourir. La mortalité dans ce pays est de un pour cent, nous sommes tous des condamnés à mort, nous allons tous disparaître, la seule chose immuable c'est la mort. La mort est la fin de tous les récits.
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