Un volet en droite lignée de son prédécesseur
Petit conseil : si vous n’avez pas lu le premier volet de la saga ("Les Rives de la terre lointaine"), ne commencez pas par celui-ci car vous n’allez pas y comprendre grand-chose. Les héros de ce nouvel opus sont,en effet, les fruits d’unions et de désunions multiples qui mériteraient presque un arbre généalogique à lui tout seul. En gros, il y a des mères, des pères des sœurs, des frères, des demi-frères, des demi-sœurs, des belles-mères, des beaux-pères, etc… Donc pas de zèle sur ce coup car, sinon, vous n’y survivrez pas !
Deuxième conseil : ne soyez pas effrayé par l’épaisseur de la bête (plus de 700 pages) car, comme pour le premier volume, cela se lit avec une facilité et une rapidité déconcertantes.
Cette suite s’intéresse avant tout à l’histoire de la deuxième génération des Coltrane et des Drury. On suit ainsi les destins de Sean, Colin, Heather ainsi que Matariki, destins qui, il faut l’avouer, n’ont rien à envier à ceux de leurs parents en matière de rebondissements et de complications en tous genres. Sarah Lark, comme dans "Les Rives de la terre lointaine", réussit à merveille à faire s’entrecroiser ces différentes destinées bien que cela ne relève pas, au premier abord, de l’évidence. Et c’est en cela que le roman surprend à plusieurs reprises en entraînant le lecteur vers des aventures auxquelles il ne s’attendait pas et ce, sans pour autant perdre le fil de l’histoire. C’est sans doute une des choses qui me plaît le plus dans les romans de Sarah Lark.
Côté thématiques, on reste dans la continuité. On retrouve la question des violences faites aux femmes, celle du conflit lié à la colonisation britannique et des rapports houleux entre armée et tribus maoris. On apprécie notamment l’illustration du mythe du bon sauvage donnée à travers la communauté de Parihaka et son chef, Te Whiti, sorte de Gandhi avant l’heure. L’humanité aurait d’ailleurs beaucoup à apprendre de ces passages remplis de bonté, de sagesse et de zénitude. Le féminisme inhérent à cette saga se retrouve, également, renforcé. En effet, outre les personnes féminins d’une force incroyable face à l’adversité de certains mâles mal dégrossis, Sarah Lark aborde la question de la lutte pour le droit de vote des femmes ou celle de l’homosexualité féminine, ce que j’ai trouvé absolument passionnant. Et les personnages de Rosie, Roberta et Atamarie nous prédisent un troisième tome qui devrait encore faire avancer la cause féminine… du moins sur le papier.
Ma chouchoute à moi
Etrangement, ce n’est pas un personnage des lignées Coltrane et Drury puisqu’il s’agit de Violette, cette enfant devenue, à la mort de sa mère, le souffre-douleur de son père et de son frère. Elle incarne à elle seule l’abnégation ultime quand sa sœur Rosie, suite à un épisode traumatisant, en arrive à perdre presque la raison. On sent en elle ce désir de vivre non pour elle-même mais pour ceux qu’elle aime. L’on n’espère qu’une seule chose tout au long du roman : c’est qu’elle trouve enfin le bonheur.
Mes têtes à claques à moi
Evidemment, les hommes décrochent le pompon en les personnages de Colin Coltrane, l’être le plus abject qui soit (mais bon quand on a connu son père dans le premier tome, on aurait presque envie de lui trouver des circonstances atténuantes… non, en fait, même pas) et Eric Fence qui aura, heureusement, un destin à la hauteur de sa médiocrité. Mais je décernerais quand même un accessit à deux personnages féminins : Cholé et Matariki. Parce que bon, quand même, elles sont un peu « cruchottes ». Toutes les deux tombent amoureuses de Colin, toutes les deux sont mises en garde par leurs proches et toutes les deux décident quand même de foncer la tête la première dans une histoire d’amour à sens unique… Je veux bien croire que l’amour est aveugle, mais là faut pas déconner !
Au final, une suite qui remplit pleinement son rôle en nous proposant une saga pleine de rebondissements avec des personnages hauts en couleur et voués à des destins étonnants. Je vous recommande grandement la découverte de Sarah Lark si vous ne l’avez jamais lue.
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