Sarah West

Je m'assois au fond de mon siège et lui dis:
- C'est une hallucination due à l'alcool, ou bien c'est le réel, monsieur ?
Il me regarde avec un petit sourire et me répond.
- Oh, c'est bien réel ! Tu ne vas pas tarder à t'en rendre compte et appelle- moi Logan, s'il te plaît, pas monsieur.

Moi aussi, j'aurais pu le juger parce qu'il ressemble à un bouseux, j'aurais pu, par exemple, prendre l'accent qu'ils ont tous ici, ce truc affreux qui m'oblige à utiliser mon traducteur interne.

-Comment osez-vous être aussi méchant ?
-Montez, vous pourrez dire tout le mal que vous pensez de moi pendant qu'on chevauchera et, surtout, quand j'aurai le vent dans mes oreilles pour ne plus vous entendre.

- Ecoutes- moi bien, tu n'es plus une gente dame à partir de maintenant. Tu es mon esclave et tu dois faire tout ce que je te dis ou je te punirais. Et crois- moi, ma chère Catherine, je n'attends que ça. D'ailleurs, ta place est par terre et non à côté de moi.

J'allume le contact et pars. J'attends d'être assez loin pour mettre ma musique en route. Dès les premières notes de Rammstein, je me détends tout de suite. Je m'enfonce dans mon siège et me laisse porter par la chanson "Du hast". La musique est mon salut, c'est ce qui permet de me contrôler. Si je n'avais pas ça, je défoncerais tout, je tuerais tout le monde.

Nous n'avons que dix-sept et dix-huit ans et nous sommes tous les deux déjà dans un tourbillon où nous ne serons jamais des gens normaux. Lui me comprend, moi, j'essaie de le faire. S'il me quitte, en fin de compte, je me retrouverais à jamais seule, car personne ne pourra me comprendre autant que lui.

Je souris pendant que ce gros porc se fout à poil. Quand il se retourne, je ne peux que constater son ventre opulent. J’essaie par curiosité de trouver son sexe, mais je ne vois rien.
— Et bien au moins je n’aurai pas mal.
Il suit mon regard, je constate sa rage que je le mette devant ce qui doit être son complexe.
— Je comprends pourquoi tu dois acheter des filles. Gratuitement, personne ne voudrait coucher avec toi.

De toute façon, je suis à sa merci, je lui appartiens jusqu'à ce qu'il me tue, j'espère que ça sera le plus vite possible.

Ce que je ne rajoute pas, c'est que ça la lie à moi à jamais, elle ne pourra jamais me quitter ou s'échapper après avoir signé ces documents. Ça s'apparente plus à un pacte avec le diable qu'à une réelle histoire d'amour, mais je ne vais pas lui dire.

Je doute de tout, de lui, de nous, de tout ce qu'on a vécu. Je vois maintenant les choses d'une autre façon, cet endroit m'a obligée à grandir, à sortir de mon monde enchanté et cela fait bien plus mal que toutes les douleurs physiques que l'on m'a infligées.

Un seul son sort de ma bouche car je suis surprise, mais il n'en aura pas plus, aucune larme ni supplication.
Il peut faire ce qu'il veut de mon corps, mais il n'aura pas mon âme.
Jamais.

Il me connaît depuis longtemps, il sait exactement de quoi je suis capable et tout ce que je peux faire pour arriver à mes fins. Pots de vin, meurtres, tortures, quand je veux quelque chose, je n'ai aucune limite.

Partir avec toi et t'épouser serait me condamner à la damnation et je ne parle même pas de ma communauté qui me bannirait à vie. Je ne pourrais revoir personne d'ici, jamais. Mais si c'est pour être avec toi, je serais prête à accepter tout ça, et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai compris ce que tu m'expliquai sur les sentiments de l'amour.

Comment ce type peut être mon frère ? Il est mauvais, tout l'inverse de moi. On dit que je suis l'autre côté de son âme, mais il faudrait déjà qu'il en ait une.

Beaucoup de gens pourraient dire qu'ils rêveraient d'avoir ma vie, car j'ai de l'argent. Certes, mais même si je le savais déjà, mon histoire avec Dylan me montre encore que l'argent ne fait pas le bonheur.

Les nuances de gris, qui ont chaviré mon cœur, ont aussi fait changer mon âme blanche et fait comprendre que la couleur de peau, l'ethnie et la religion ne nous caractérisent pas.

Je te veux pour moi, rien que pour moi et pour toujours. Je veux que tu me comprennes et que tu me suives. Je veux que tu sois mon double, l'autre moitié de moi.

Il y a tellement de cadavres que j'ai enterrés ici que ça pourrait faire concurrence avec le cimetière public de coin.

- C’est ma copine, je l’ai pas vue depuis des mois, on en profite.
- Alors je vais vous demander de sortir, car seule la famille est autorisée ici.
- Ça tombe bien, car je suis aussi son frère.

Il se prend pour un dieu, il va comprendre que quand un dieu rencontre le diable , c'est toujours le diable qui remporte la partie.