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Critiques de Seicho Matsumoto (126)
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La Voix

Six récits méticuleusement construits autour d'assassins d'un jour. Ne devient pas assassin qui veut. Même après être passés à l'acte, les gens ordinaires devenus assassins sont rappeléS à la réalité par ces voix obsédanteS que sont la peur, la jalousie, le doute... Chacun des récits est prenant et nous mène par son suspense et les détails des enquêtes dans les tréfonds de la psychologie humaine. Tout savoir, tout contrôler, assumer, ne pas douter... La peur mène à la folie quand on n'a pas sa conscience tranquille -ou au meurtre. L'auteur nous fait profiter du paysage japonais pour balader ses personnages et les lecteurs de crimes en crimes.

Ma nouvelle préférée Le Roman-feuilleton: un récit original, dans lequel le suspens va crescendo, d'erreur en erreur la coupable avoue ce dont le lecteur ne se serait pas douté.
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Un endroit discret

Plus qu'un roman policier, nous avons la description d'une facette de la société japonaise, par le prisme d'un fonctionnaire carriériste. La partie polar est un prétexte pour nous montrer la psychologie de Asai qui souhaiterait que la vie soit un long fleuve tranquille. Mais Asai est pointilleux : la mort de sa femme le dérange "Quand Eiko a eu son attaque, ou se trouvait-elle ?", puis un infime détail sur l'heure du décès.



Pour se rassurer, il va mener une enquête minutieuse, une trace de jalousie transparait peu à peu et va le consumer.



Un suspens jusqu'à la dernière page.
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Un endroit discret

Je ne ferai pas ici le résumé de ce roman, la quatrième de couverture donnant déjà suffisamment d'éléments.



Le rythme de ce roman noir est tout d'abord très lent. Puis il s'accélère et se précipite sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle jusqu'au dénouement. Soit dit en passant, la chute de l'histoire m'a beaucoup fait rire par son côté ironique.



L'intrigue est centrée autour de Asai Tsuneo, haut fonctionnaire efficace, intelligent, froid et calculateur par de nombreux aspects. Malgré le drame qui le touche dès la seconde page, il est difficile d'éprouver de la compassion pour ce personnage qui semble doter d'un sang-froid à toute épreuve.

Son caractère méticuleux et réfléchi rend son enquête particulièrement prenante.



Un autre point intéressant de roman, rédigé dans les années 70, tient dans le contexte social dans lequel évolue Asaisan. Une fois de plus, on constate une conception du travail assez différente decelle en France. Asai a gravi les échelons hiérarchiques petit à petit, à force de travail, d'abnégation et d'années, et en sacrifiant une grande partie de sa vie privée. On assiste cependant à une évolution de cet ancien système d'avancement par l'âge avec l'arrivée de jeunes recrues issues de grandes universités qui sautent les échelons (merci le piston souvent).



On sent également de façon palpable la forte pression exercée par son travail: tous ses faits et gestes, grands ou petits, sont conditionnés par la peur de faire rejaillir l'opprobre sur ses supérieurs, ou même simplement les mettre dans l'embarras. Il n'est qu'à voir les courbettes et autres phrases de politesse et d'excuses que Tsuneo adresse à son supérieur quand il doit le laisser à cause de la nouvelle de la mort de sa femme! On le voit plus embarassé de ne pouvoir accomplir son devoir que touché par le décès brutal de sa femme.



Enfin, le roman offre une image du mariage japonais plus basé sur la raison que les sentiments. Eiko est la seconde femme de Tsuneo. Au cours de la narration, on apprend qu'il a eu à nouveau recours à un intermédiaire pour la rencontrer. La décision de s'unir ressemble ici à une froide équation dans laquelle le statut professionnel l'emporte. D'ailleurs, Tsuneo se le répète à diverses reprises: ne se sentant pas le moindre charme, ses chances maritales résident dans sa position de fonctionnaire du Ministère de l'Agriculture.

On se marie donc car il est normal, à compter d'un certain âge de le faire. D'ailleurs, l'auteur laisse entendre que pour Eiko, 27 ans quand elle l'épouse, c'était pour ainsi dire la dernière chance de convoler en justes noces. Dépasser les 25 ans sans être mariée est considéré comme honteux pour les femmes japonaises (Amélie Nothomb y fait référence dans "Stupeur et tremblements" en parlant de Mori Fubuki).

Vue de l'extérieur, le couple que forment Tsuneo et Eiko apparaît donc forcément comme bien fade, quoique matériellement stable.



Matsumoto Seichô dissèque ici la société japonaise contemporaine et se sert des coercitions sociales pour créer une intrigue intelligente et bien menée.
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Tokyo express

Un bon polar à l’ancienne qui, plus que de chercher whodunit va s’attacher à how, tant le coupable semble être désigné d’emblée. Mais, bon sang-de-bon-soir, comment a-t’il pu ? alors qu’il se trouvait de l’autre côté du Japon, sans cesse de train en train ou en bateau ?



Une histoire de corruption au ministère X et de deux suicidés au cyanure retrouvés sur une plage.



Un chouette bouquin pour les amateurs du genre avec une enquête un peu complexe mais qui se dénoue petit à petit et avec suffisamment d’explications pour que tout reste clair, même pour qui ne connaîtrait absolument pas le Japon et ses horaires de trains à la précision légendaire (oui… difficile de transposer ça au pays de la SNCF)
Lien : https://www.noid.ch/tokyo-ex..
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Journal local

Yoshiko, une jeune femme s’abonne à un journal local prétextant un roman-feuilleton passionnant. L’écrivain ému, lui écrit une lettre pour la remercier. Or un mois plus tard Yoshiko se désabonne. L’écrivain ne comprend pas les raisons de cette femme, le feuilleton prenant corps. Il va alors mener une enquête et rechercher des évènements qui pourraient être reliés à Yoshiko.



Petite nouvelle policière, plein de charme mêlant enquête d’un écrivain et vengeance d’une femme. Malheureusement bien trop courte, mais joliment illustré et bien ficelé.
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Le vase de sable

Ardu, par le nombre de personnages et les patronymes utilisés qui se greffent progressivement et dont on a du mal à faire la liaison avec le meurtre. Ainsi que la géographie : ville, gares et districts, les dialectes et accents des régions. Car L'inspecteur Imanishi Eitarô va nous faire voyager dans cette enquête longue et triste. Triste car elle décrit le japon de la guerre, les différences sociales, la honte de ses origines pour les enfants abandonnés, les léproseries. Le décalage de deux sociétés celui des artistes d'avant garde, des intellectuels qui se protègent du reste du japon peu cultivé, rural. Plus qu'un polar on va retrouver une critique sociale du japon.



L'intrigue de ce policier est inattendu. Le meurtre à l'origine ne donnant que peu d'éléments Imanishi va à force de volonté, essayé de découvrir le mobile de ce meurtre. Et c'est avec des fausses pistes, des réflexions scientifiques, une enquête menée avec la plus grande rigueur que Imanishi nous mènera jusqu'au coupable.



Ce roman est beaucoup plus malaisé à lire que les précédents que j'ai pu dévorer, pour découvrir Matsumoto "Un endroit discret" est beaucoup plus abordable et ne perdra pas le lecteur.
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Tokyo express

Un jeune couple est retrouvé mort sur une plage dans le sud du Japon. L'enquête conclue rapidement à un double suicide. Mais l'inspecteur Mihara diligenté par le commissariat de Tokyo est sceptique. Cette conclusion hâtive ne le satisfait point. Quelques détails l 'interpellent.il pense que c' est un meurtre bien camouflé. Rapidement il va être amené à suspecter un homme qui baigne dans une affaire de corruption. Mais celui-ci a un alibi en béton, trop bien ficelé peut-être.....

Matsumoto est considéré comme le Simenon japonais.. Dans ce roman, il instille un rythme lent et laborieux, calqué sur l'évolution des réflexions de Mihara qui s'acharne à résoudre ce rébus hermétique. L'auteur a écrit une histoire, dans le Japon de l 'après guerre, plus basée sur la réflexion que l' action.

J'ai apprécié ce polar japonais, sa lenteur n'a pas été un obstacle pour moi, car certains détails ferroviaires dans l'enquête sont un peu ténus et cela permet de les intégrer. On retrouve ici avec nostalgie, cette époque révolue des années 50, où les moyens techniques surdéveloppés des polices modernes n'existaient pas, où les seuls outils du policier étaient ses réflexions et son intuition, ce qui a un certain charme.
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Tokyo express

Deux cadavres sont découverts au bord de la mer. La police pense immédiatement à un double suicide, pratique apparemment tellement courante au Japon, qu'on ne pratique même pas l'autopsie. Mais un inspecteur a un doute, sur la base d'un ticket de repas découvert dans la poche de l'homme. Mais ses recherches n'aboutissent pas à grand chose. Toutefois, la mort de l'homme pose question en haut lieu : mêlé à une importante affaire de corruption, son décès paraît de par trop providentiel pour des gens haut situés. Un jeune inspecteur de Tokyo se charge de découvrir la vérité.



Ce qui est étrange c'est la façon dont est menée cette enquête. D'une certaine façon, l'inspecteur dès le départ ou presque connaît le coupable. Tous les indices matériels découverts successivement innocentent l'homme, néanmoins, notre inspecteur s'obstine de plus en plus, et finit aux forceps à trouver des failles dans les alibis. Mais c'est tellement incertain, que sans le double suicide du présumé coupable et de sa femme, il n'est pas sûr qu'un tribunal l'aurait condamné. Le livre décrit donc cette traque de l'indice, en particulier dans les horaires de trains. Même si au final, c'est de l'avion que viendra le salut de notre inspecteur.



Cela se lit facilement, il faut dire que les phrases sont courtes, factuelles. Pas d'états d'âme, ni d'aspects psychologiques très développés. Je ne me suis pas ennuyée, même si j'ai un peu zappé quelques démonstrations ferroviaires, mais je suis à peu près certaine que d'ici quelques semaines, je ne m'en souviendrai plus. Enfin, je ne sais pas. Au début de ma lecture, j'avais une sensation de déjà vu. C'était en réalité provoqué par le fait que j'avais déjà lu un autre roman de l'auteur, et que l'écriture est la même, la même sécheresse dans la description des faits bruts, et le même soucis des trains (était-il subventionné par la SNCF nippone ?). Donc c'est qu'il doit y avoir quand même quelque chose d'un peu marquant, spécifique en tous les cas. Et je crois que c'est cette écriture, simple et factuelle qui contribue grandement au succès du livre, qui devient une lecture idéale pour les trajets (par exemple en train) auxquels l'homme moderne est soumis en permanence.

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Un endroit discret

Tsuneo Asai est gêné, et même très gêné. Il doit quitter le repas qu'il partageait avec une geisha et son directeur le chef de cabinet Shiraishi, car on vient de lui annoncer le décès de son épouse. Mais que faisait donc Eiko dans ce quartier reculé de Tokyo où elle vient de passer de vie à trépas, victime d'un incident cardiaque ?

Asai veut comprendre. Pas par désespoir d'avoir perdu sa femme, mais plutôt parce qu'il est quelqu'un de méticuleux et qu'en bon fonctionnaire, il aime aller au bout des choses et ne lésine pas sur les moyens d'atteindre ses objectifs. Alors, il embauche un détective pour enquêter sur la vie de cette épouse dont il n'a pas fait grand cas de son vivant, car il s'intéressait alors principalement à sa carrière. Et des découvertes, il va en faire ! Jusqu'à la confrontation avec l'amant de sa femme qui va tourner au drame...



Ecrit au début des années 1970, voilà un polar intemporel, cérébral et à l'écriture ciselée, qui vaut vraiment le détour. Orfèvre du détail, Seichō Matsumoto nous dissèque à la loupe la quête d'un homme froid, intelligent et déterminé, pour qui la vie n'est que rationalité, sacrifices et multiples courbettes à qui pourrait servir ses intérêts. Une ambition démesurée qui finira par le perdre !



Trois bonnes raisons de vous le procurer :



- Pour cette immersion dans la culture japonaise avec ses règles de politesse incontournables.

- Pour l'intrigue sombre et allant crescendo, ainsi la psychologie aiguisée des personnages (ce n'est pas pour rien que cet auteur est surnommé le Simenon japonais).

- Pour son intrigante couverture, illustrant à merveille la dualité des personnages centraux de ce roman !
Lien : http://leslecturesdisabello...
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Un endroit discret

Embarquez-vous pour un polar différent. Différent, mais en quoi ?



Le narrateur, Tsuneo Asai, est un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture japonaise. Il mène une vie assez morne. Pas d'excès, pas de vague, pas d'ambition, pas de boisson, pas de loisir. Il monte les échelons professionnels simplement avec le temps qui passe.



Il s'est marié après le décès de sa précédente femme. Mais la passion ne règne pas. C'est un couple très japonais : lui travaille, elle resta à la maison et s'occupe via des activités culturelles. Sa femme ayant des problèmes de coeur, ils ne font plus l'amour ou alors de façon très espacée.

Lors d'un de ses voyages professionnels, on l'appelle au téléphone. Sa femme est morte d'une crise cardiaque.

Mais elle est morte dans un quartier de Tokyoqu'elle ne fréquentait pas.



Qu'y faisait-elle ?



Le mari se pose des questions. le doute se mue lentement en soupçon puis en certitude, puis en piste à suivre. Attention le rythme n'est pas celui d'un roman policier classique. Pas d'échéance pressante. de plus, Tsuneo n'a pas beaucoup de moyens. Il enquête seul, sur son temps libre, sans en parler à la police. Il ne commet aucune infraction. Il se sert juste d'un cabinet de privé pour une enquête de "voisinage".



À force de patience, il finit par découvrir sa femme. Il l'avait si peu connue de son vivant ! Il ne connaissant rien de ses loisirs de ses fréquentations.



Gardant une façade calme et professionnelle au travail, il progresse au fur et à mesure. Il se retrouve face à des évidences. Confonté à la réalité crue, va-t-il conserver son flegme et son sang-froid ?



En relisant cette critique, j'ai l'impression de donner une vision absolument morne de ce roman. C'est une erreur. L'auteur a du talent. D'un narrateur sans passion, il distille un suspens qui va croissant. Toutes les enquêtes ne se résolvent pas en quelques jours. Parfois les intuitions, les indices mettent du temps à s'emboiter. C'est exactement ce qu'illustre ce roman. de plus typiquement japonais, Monsieur Asai, ne veut pas déranger, faire de vague lui même.



Pas d'action coup de poing, donc. Mais une vérité qui monte lentement au fur et à mesure et qui nous entraine vers l'inéluctable. Un suspens croissant et une tension croissante nous entrainent vers une fin intéressante.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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La Voix

Avec La voix, Matsumoto Seichô nous entraîne sur les traces de six victimes et criminels.



Même si les nouvelles sont parfois semblables en terme de structure narrative, je les ai toutes beaucoup appréciées. On sent que les criminels que nous côtoyons sont rongés par leurs passés, et leur imagination, leur angoisse prennent le pas sur leur vie quotidienne rationnelle, et les rattrapent. Pour ce qui est des victimes, on sent dès le début ce qui risque de leur arriver et on est donc assez angoissé. Ce sont des histoires qui ont lieu dans des endroits ordinaires, auprès de personnes lambda, ces histoires pourraient arriver à n'importe qui et c'est peut-être cette simplicité du mal qui est la plus effrayante.



Gros coup de coeur pour la nouvelle éponyme !
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Le point zéro

Un polar dans le Japon quelques années après la défaite de 1945 par un auteur contemporain de cette période. Si vous aimez l'hémoglobine, les introspections névrotiques ou le suspense haletant, passez votre chemin car vous risqueriez d'être déçu. Le charme du livre réside dans le traitement lent de l'intrigue et la manière dont son élucidation éclaire un temps. Les personnages progressent au fil de voyages en train, de visites formelles toujours entourées d'une politesse surannée. Comme l'âme humaine garde ses noirceurs et que l'époque a été particulièrement cruelle pour le peuple japonais, le roman comporte ce qu'il faut de cadavres et de sombres mobiles. Mais tout cela est abordé avec une distance un peu froide, une certaine élégance qui rend sa fierté à l'ensemble des personnages.
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Le point zéro

J'ai beaucoup aimé ce roman policier de Matsumoto que j'ai trouvé très bien construit.

L'énigme est ficelée à la perfection et il est difficile de deviner ce qu'il a bien pu se passer. Nous avançons en tâtonnant, comme Teiko, dans l'enquête sur la disparition de son mari. Les retournements de situation sont intéressants et inattendus, nous laissant encore plus perplexes face à la situation, jusqu'à ce que la lumière se fasse petit à petit.

J'ai beaucoup aimé les personnages que l'auteur a peaufinés avec soin, leurs réactions, leur politesse et la douceur qui peut émaner de certains. Je me suis beaucoup attachée à Teiko ! J'ai également apprécié la description de cette société dans le Japon d'après-guerre, des difficultés et des secrets que les gens veulent enfouir, comme par exemple les "pan-pan", ces jeunes japonaises n'ayant eu souvent d'autres choix que de se prostituer pour les soldats américains afin d'échapper à la pauvreté.

Les descriptions des paysages sont elles aussi réussies. L'auteur nous emmène dans le Nord du Japon, un territoire où la neige est très présente, où la mer se fracasse contre les falaises et où les montagnes sont imposantes. Nous avons l'impression d'y être !

Matsumoto semble avoir un faible pour les trains. J'avais trouvé ce point passionnant dans son roman "Tokto express" et même si c'est moins flagrant dans "Le point zéro", il est tout de même souvent question de trajets en train, des lignes existant à l'époque etc. Encore quelques-uns de ses romans et je serai incollable sur les lignes ferroviaires au Japon dans les années 50 !

Trêve de plaisanterie, je vous conseille donc vivement ce roman qui est passionnant, que ce soit au niveau de la découverte de la société japonaise de l'époque, de la richesse de l'intrigue, de la description des paysages et des personnages.

Petit bonus : la courte présentation du roman policier au Japon dans la postface écrite par Takashi Atoda est très intéressante !
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Un endroit discret

Quel surprenant roman policier !

Une écriture sobre, qui joue d'un ton impersonnel, froid jusqu'à ce que la névrose, la paranoïa et la panique n'aient raison du personnage principal.Il a une quarantaine d'années, il a gagné un situation professionnelle à la force de son intelligence et de sa parfaite connaissance des rouages d'un grand ministère ; il est marié à une jeune femme parce que il faut avoir un statut conjugal. Le décès de cette épouse , suite à un infarctus, est la conséquence de la maladie cardiaque dont elle était atteinte. Mais, cette mort survient alors qu'il est en déplacement en région avec son nouveau supérieur hiérarchique. Plus que du chagrin c'est plutôt le côté mal-à-propos de cet événement ressenti un peu comme un manque ... de courtoisie.

Voilà bien le moteur de cette intrigue : cette politesse poussée à l'extrême.

C'est par politesse qu'il ira remercier la boutiquière chez laquelle sa femme avait poussé le dernier soupir. Et c'est à partir de cette visite, qu'il commencera à décrypter d'infimes indices de la vie de sa femme qui le mèneront à la conclusion que celle-ci avait une liaison. En souffre-t-il ? Que nenni. Il veut savoir.

Intelligent et manipulateur il arrivera à reconstruire les faits. De l'amant de sa femme il n'attendra de celui-ci que ...des excuses, celles auxquelles il a droit. Sauf que..."Alors, vous voulez dire que vous ne reconnaissez absolument pas la nécessité de vous excuser ?" . A partir de là, le récit change puisque cette situation en total affront aux règles de bienséance précipite le crime.

A partir de là, le roman bascule dans la description de la névrose de cet homme. Pas de remords juste un inextricable réseau de pressions qu'il subit et auquel il essaie d'échapper. Sa plus grave erreur : avoir susciter un lien de reconnaissance en son encontre de la part de ceux qu'il voulait éloigner.

Certes, beaucoup d'informations sur la société japonaise et surtout concernant les relations de travail en cette fin du vingtième siècle.

Plus que cela, ce qui pour moi est le meilleur de ce roman c'est la description d'une grande finesse de la psychologie de ce fonctionnaire dont la perversité de raisonnement se dissimule derrière une intelligence manipulatrice implacable. Quant au piège que la destinée lui réserve, et dont les prémices émaillent toute la partie d'après meurtre, c'est un vrai moment de plaisir. J'avoue avoir sourit devant la malice de la conclusion et ... failli applaudir. Mais bon, j'étais en public, alors par bienséance, je me suis abstenue.

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Un endroit discret

Je me suis demandé pendant une bonne partie du livre pourquoi il était édité dans une collection de policier, et puis la réponse est venue. Inattendue pour moi.

J'ai aimé ce livre qui n'est pas trépidant mais avance tranquillement tout en permettant d'étudier le monde du travail au Japon. Ici un ministère.

Je me suis demandé si l'auteur avait l'habitude de faire des conférences comme son héros, car il reprend assez régulièrement les informations précédentes comme pour s'assurer que le lecteur suit, ce qui m'a un petit peu agacée.

Pas un livre inoubliable mais un polar agréable et "ethnologique".

Le rapport des Japonais au travail m'étonne, même si je sais que les codes ne sont pas identiques. J'imagine mal un occidental réagir ainsi à l'annonce du décès d'un proche alors qu'il est au travail.
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Tokyo express

Voilà un roman policier "nipponissime".D'abord par l'objet de l'enquête :un double suicide d'amoureux, pratique classique.Ensuite,par le style de l'enquête :foin des flingues et des torgnoles,l'arme fatale est un horaire de chemin de fer..Enfin par l'extrême subtilité tant du chassé que des chasseurs:les deux policiers impliqués devront déjouer pièges après pièges pour faire tomber alibis et fausses pistes.Par ailleurs de nombreux aperçus sur la société japonaise sont mis en évidence :corruption,soumission à la hiérarchie, modernisme et usages archaïques. Excellent roman,à mon goût.
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Le rapide de Tokyo

Lecture très difficile. A mettre en partie , je pense, sur le compte de la traduction "adaptée de l'américain", comme il est signalé. Très poussif.

De plus, sans dévoiler l'intrigue, on assiste à de nombreux voyages en train d'un bout à l'autre du Japon, avec beaucoup d'horaires à suivre pour bien comprendre l'action. Pas toujours facile. Une bonne connaissance de la géographie du Japon s'impose, et n'est parfois pas évidente pour un lecteur occidental.

En outre, l'enquête en elle-même, bien que n'étant pas un spécialiste du genre, me paraît assez faible.

Au final, polar très décevant.



Ce livre a été de nouveau réédité aux éditions Picquier sous le titre "Tokyo Express".
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Le vase de sable

Nous sommes dans le Japon d’après-guerre. Un Japon qui se veut plus moderne, ouvert, notamment à l’art contemporain, théâtre et musique (inaudible et insupportable pour cette dernière, mais ce n’est que mon point de vue, et sans doute celui de quelques personnages du roman). D’ailleurs, ces jeunes artistes sont très bien introduits auprès du pouvoir en place. L’un d’entre eux ne va-t-il pas épouser la fille d’un ministre ? Qui a dit qu’art et pouvoir ne faisaient pas bon ménage ? Ces artistes, après tout, contribuent au rayonnement du Japon !

Cependant, un premier mort survient, puis un second. En fait, dès que l’inspecteur Imanishi souhaite interroger quelqu’un, ou approfondir certains points avec les témoins, le sus-dit témoin meurt de mort presque naturelle. Pratique, non ?

C’est peu dire qu’il faut que l’inspecteur s’acharne pour découvrir l’entière vérité. Il doit pour cela à la fois se plonger dans le passé du Japon, mais aussi dans son présent, pour ne pas dire son avenir. Dans ce récit, des survivances quasi-médiévales côtoient la pointe de la technologie, et les usages que des gens mal intentionnés pouvaient en faire.

Certains pourront dire que le rythme est lent, ou qu’il est difficile de se repérer avec ses noms japonais. Et pourquoi ne pas prendre son temps ? Une enquête ne peut pas toujours se résoudre dans les quarante-cinq minutes d’une série télévisée !
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Tokyo express

Je ne prétendrai pas à l'originalité en précisant avant toute chose que, lorsque je porte mon choix sur un polar venu d'ailleurs, c'est tout autant cet ailleurs qui m'intéresse que l'intrigue proprement dite.

Pour le coup j'avoue rester sur ma faim avec ce Tokyo express.

Le Japon des années 50 est bien là mais trop peu à mon goût sauf à être un passionné du train.

La mécanique de l'intrigue est parfaitement huilée, si parfaite d'ailleurs qu'elle peut lasser lorsque l'enquêteur accumule les raisonnements basés sur les horaires de trains.

A lire néanmoins.





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Tokyo express

Voici un roman policier comme je les aime. Une intrigue bien ficelée dont le dénouement n'apparaît qu'à la fin du roman. Ni hémoglobine, ni violence. Et de plus, ce roman vous fait découvrir cette culture japonaise, cette vie de tous les jours ou cette vie tout court à ce point codifiées à tous les niveaux. Un grand coup de coeur.
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